C’est la région baignée par le Danube, qu’encadrent les vallées de la Drave et de la Save. On y retrouve les paysages typiques de l’Europe centrale : de vastes plaines fertiles entrecoupées de collines au sommet desquelles veillent des châteaux forts hérités de l’époque féodale.
Zagreb, la capitale croate, lovée entre le mont Medvenica au nord et la Save au sud, était autrefois, comme Budapest, dédoublée. Gradec (ou Gric), la ville haute, refuge de l’aristocratie et de la bourgeoisie, faisait face à Kaptol, la ville ecclésiastique, établie sur la colline voisine. Une rivière, la Medveščak, asséchée au début du XXe siècle, coulait entre les deux.
Rappel historique
Zagreb a neuf cents ans. Le premier document écrit qui mentionne son nom date de 1094, année de la fondation de l’évêché de la ville. En 1242, une incursion des Mongols dévaste la région, et les habitants de la ville haute se retranchent derrière leurs murailles. Le roi hungaro-croate Béla IV y trouve aussi refuge. Une fois les envahisseurs repoussés, il accorde à Gradec le statut de ville royale libre. Kaptol, qui n’était pas fortifiée, est en ruines. Au XIVe siècle, les rivalités entre Gradec, où sont rassemblés les notables, et Kaptol, où vivent les chanoines, dégénèrent parfois en conflits. Les deux cités ne font front commun que pour lutter contre les Ottomans qui, au XVIe siècle parviennent jusqu’au mur d’enceinte de la cathédrale.
A partir de 1621, le ban établit sa résidence à Gradec. Plusieurs incendies ravagent la cité, mais à la faveur du commerce avec la Hongrie l’essor se poursuit. A la chute de l’Empire ottoman, à la fin du XVIIIe siècle, les remparts n’ont plus d’utilité. On construit plutôt des palais baroques. Bientôt, Gradec et Kaptol adoptent une dénomination commune, Zagreb (Agram en allemand). Au XIXe siècle, des architectes, formés pour la plupart à Vienne, impriment aux nouveaux quartiers un style néo classique. Un plan d’urbanisme s’attaque aux collines septentrionales (la rive droite de la Save n’est annexée qu’au XXe siècle). Le tremblement de terre de 1880 réduit en poussière des pans entiers de la capitale. Les architectes redoublent d’ardeur. Zagreb reste jusqu’à la moitié du XXe siècle un important centre d’architecture. Le baroque a fait place à l’historicisme et à ses multiples variantes (néo gothique, néo Renaissance…). La Belle Epoque préfère le style Sécession, inspiré aussi par Vienne, que remplace juste avant guerre le modernisme.

L1030290 © Robert Majetic
Canonnade
Le coup de canon qui retentit chaque jour à Zagreb vers midi rappelle une légende qui remonte à l’époque des guerres contre les Turcs. Le pacha et son armée assiégeaient la ville depuis plusieurs jours. Les cuisiniers s’activaient au pied des remparts pour préparer le déjeuner du pacha. Soudain, un boulet de canon tiré de la forteresse emporte le dindon destiné au déjeuner du pacha. L’incident, plutôt comique, sème la panique dans les rangs de l’armée ottomane, et les assaillants lèvent le camp presque aussitôt. Zagreb avait une fois de plus échappé au pire.
Gornji Grad
La ville haute abrite, rassemblées autour d’une même place face à l’église Saint-Marc, les plus hautes instances de l’Etat croate : dans un édifice baroque le Banski Dvori (palais du Ban), siège le gouvernement, et dans un bâtiment du XIXe siècle siège le Sabor, Parlement croate. Du fait de fréquents incendies jusqu’au XVIIe siècle, les constructions dans Gradec sont rarement antérieures au XVIIIe, voire au XIXe siècle. On peut accéder à Gradec par le funiculaire (mis en service en 1889) ou gravir les marches qui le longent jusqu’à la Strossmajerovo šetalište (promenade Strossmayer), de laquelle la vue plonge sur les toits de Zagreb.
Eglise Sveti Marko
Trg Sv. Marka. Ouvert tlj de 7 h à 19 h. Entrée libre.
Elevée au XIIIe siècle en style gothique, mais remaniée plusieurs fois avant d’être restaurée dans les années 1930 par Ivan Meštrović, elle doit sa célébrité à sa toiture, recouverte de tuiles émaillées aux couleurs nationales et décorée d’écussons aux armes de la Croatie et de Zagreb.
Suivez le guide !
En quittant la place Saint-Marc, on peut s’engager dans la Mletačka Ulica et visiter au n° 8 l’atelier d’Ivan Meštrović (Ouvert du mardi au samedi de 9 h à 14 h). Le sculpteur y a travaillé de 1922 à 1942.
Kamenita Vrata
Kamenita Ulica.
Gradec était autrefois entourée de remparts, avec des ouvertures ménagées par cinq portes. Seule subsiste aujourd’hui la porte de Pierre, surmontée d’une tour quadrangulaire du XIIIe siècle. Elle abrite une chapelle consacrée à la Vierge, dont l’autel est protégé par une grille en fer forgé, véritable chef-d’œuvre du baroque.
Musej Grada Zagreba
Opaticka, 20. Ouvert du mardi au vendredi de 10 h à 18 h (22 h le jeudi, 14 h samedi et dimanche). Entrée payante.
Il est installé dans l’ancien couvent des Clarisses construit au milieu du XVIIe siècle. Des fenêtres en trompe l’œil ont été peintes sur sa façade, autrefois aveugle (les religieuses étaient cloîtrées). Le musée retrace l’histoire de Zagreb. Des maquettes illustrent le dédoublement de la ville jusqu’au XIXe siècle. La guerre d’indépendance (1991-1995) est évoquée à travers des reportages photographiques.
Kaptol
En face de Gornji Grad, de l’autre côté de Tkalčićeva Ulica.
Le quartier était jadis constitué d’une partie épiscopale (la cathédrale et le palais de l’Archevêché) et d’une partie dite du Chapitre (Kaptol), où résidaient les chanoines. Aujourd’hui, une seule rue, Kaptol ulica, le traverse de part en part. Les numéros des maisons se suivent, comme sur une place. Kaptol est dans sa plus grande partie réservé aux piétons.
Cathédrale Marijina Usnesenja
Kaptol. Ouvert tlj de 9 h 30 à 15 h, dimanche de 13 h à 17 h. Entrée libre.
Elle a été copieusement restaurée après le tremblement de terre de 1880. Un fronton et deux clochers néo gothiques ont été élevés sur l’ancienne structure. La cathédrale d’origine a été bâtie au XIIIe siècle, sur les vestiges d’une première église en partie démolie par les Mongols. Des transformations apportées au XVe siècle l’ont rapprochée du gothique flamboyant. La sacristie est ornée de belles fresques du XIIIe siècle. Le trésor de la cathédrale, au-dessus de la sacristie, renferme quantité de pièces d’orfèvrerie, manuscrits enluminés, habits sacerdotaux… Plusieurs grandes figures de l’histoire croate reposent dans la cathédrale, notamment les princes Zrinski et Frankopan, pendus pour avoir ourdi un complot contre les Habsbourg, et le cardinal Stepinac, béatifié en 1998 en présence de Jean-Paul II.
Palais de l’Archevêché
Kaptol, au sud de la cathédrale. Ouvert tlj. Entrée libre.
La forteresse initiale s’est transformée en palais baroque au XVIIIe siècle. Des travaux entrepris au siècle suivant lui ont conféré un aspect plutôt néo classique. La chapelle Sveti Stjepan (Saint-Etienne) se dresse à l’emplacement de la première cathédrale de Zagreb. Elle remonte au XIIIe siècle, mais a été modifiée depuis. Elle conserve à l’intérieur des fresques du XVIe siècle.
Pijaca Dolac
Ouvert tlj de 6 h à 14 h, dimanche jusqu’à 12 h.
C’est le marché principal de Zagreb. Il se tient pour partie en plein air, à quelques pas de la cathédrale, pour partie sous une halle des années 1920. Les paysans des environs de la capitale qui viennent vendre leurs produits sont parfois encore vêtus du costume traditionnel.
Franjevački samostan
Jandriževa, 21. Ouvert du lundi au samedi jusqu’à 18 h, le dimanche pendant les offices.
La légende veut que saint François ait trouvé refuge en ces lieux. La petite chapelle baroque du couvent des Franciscains, Sveti Franjo, au décor de stucs, se trouverait à l’emplacement même de la cellule du saint.
Tkalčićeva ulica
Elle sépare Kaptol de Gradec. Autrefois, la rivière Medveščak coulait à cet endroit. Aujourd’hui, la rue Tkalcićeva est bordée de cafés et de restaurants qui installent aux beaux jours leurs terrasses sur le trottoir. C’est depuis plusieurs dizaines d’années le quartier général de la jeunesse zagréboise. En fin de journée, étudiants et lycéens y déambulent, commandent une boisson dans un premier café, se lèvent en emportant leur verre et rejoignent un groupe d’amis assis à une terrasse voisine. Et le manège se répète de café en café tout au long de la soirée. Les jeunes gens abandonnent les verres vides sur un comptoir, renouvellent leur consommation dans l’établissement suivant, la sirotent dans un autre. Consommateurs et consommations circulent librement. Apparemment, la concurrence entre les établissements n’existe pas.

Zagreb Croatie By: Brankinha – CC BY-NC-SA 2.0
Donji Grad
La ville basse s’est développée au XIXe siècle autour des vieux quartiers, mais selon un plan établi. Les remparts ont cédé la place à une succession de jardins baptisés Fer-à-Cheval-Vert-de-Lenuci, du nom de leur concepteur, Milan Lenuci (1849-1924). On peut suivre le fer à cheval de la place Jelačić vers la place Zrinski jusqu’à la gare, puis en bifurquant jusqu’à la Bibliothèque nationale, enfin en remontant vers le Théâtre national.
Zrinski trg ou Zrinjevac
Avec ses platanes, ses jets d’eau et son pavillon de musique, elle a incontestablement des allures viennoises. L’architecture néo classique ou néo baroque voisine avec l’Art nouveau. L’Académie croate des arts et des sciences, fondée par l’évêque Strossmayer, figure de proue de l’illyrisme, a un style plutôt néo Renaissance. Elle abrite la galerie Strossmayer et ses collections de tableaux des grandes écoles européennes (Zrinjskog, 11. Ouvert du mardi au samedi de 10 h à 17 h. Entrée payante).
Suivez le guide !
Le pavillon des Arts, conçu à l’origine pour l’exposition internationale qui s’est tenue à Budapest en 1896, a ensuite été transféré à Zagreb.
Trg Bana Jelačića
Située à la jonction de la ville haute, de Kaptol et de la ville basse, c’est le lieu le plus animé de Zagreb. On y croise des passants quelle que soit l’heure. Au Moyen Age, les grandes foires annuelles s’y déroulaient. Parmi les immeubles qui bordent la place, l’un (au n° 15) a conservé une superbe façade néo baroque, un autre (au n° 4) est décoré de bas-reliefs exécutés par Ivan Meštrović.
Maksimir Park
Maksimir Perivoj. Ouvert tlj de 9 h à 19 h. Entrée libre.
Avec ses chênes centenaires, ses cinq lacs (un zoo est aménagé au bord de l’un d’eux), son belvédère, son chalet suisse, il a été offert en 1843 aux Zagrébois par leur archevêque. Conçu à l’origine comme un jardin à la française, il s’est progressivement transformé en parc romantique. Sa superficie à l’époque dépassait celle de la capitale, à la périphérie de laquelle il se trouvait. Il est aujourd’hui en plein cœur de la ville.
Le « ban » Jelačić
La statue équestre qui se dresse sur la place principale de Zagreb représente le ban Jelačić, l’une des figures marquantes de l’histoire croate. A la fois ban de Croatie et général de l’armée de la Double-Monarchie, il écrase en 1848 la révolte hongroise, mais n’obtient aucune reconnaissance de Vienne. Les billets de banque de 20 KN sont à son effigie. Sa statue, érigée en 1866, avait été escamotée par les communistes à leur arrivée au pouvoir. Elle a repris sa place en 1991, mais l’épée du ban, qui pointait autrefois vers le nord, donc vers la Hongrie, est désormais dirigée vers le sud… c’est-à-dire vers la Serbie !
Mirogoj
Mirogoj, 10. Ouvert tlj jusqu’à 18 h, 20 h d’avril à septembre.
Situé sur les hauteurs de Zagreb, c’est sans doute avec son style monumental néo-Renaissance l’un des plus beaux cimetières d’Europe. Il est bordé sur un côté par des arcades, surmontées de dômes, qui mêlent la croix catholique, la croix orthodoxe et l’étoile juive. L’église du Christ-Roi se dresse juste derrière. Mirogoj est aussi une espèce de musée de la Sculpture en plein air. Ivan Meštrović, ou encore Robert Frangeš-Mihanović, élève de Rodin, en ont réalisé les plus beaux monuments funéraires.