« Résonnant d’échos et de caractère divin », tels sont les mots que prononça Lawrence d’Arabie lorsqu’il découvrit le Wadi Rum, cette immensité désertique faite d’espaces infinis.

De Petra à Wadi Rum

A 260 km au sud d’Amman. 
Sur la route allant de Petra au Wadi Rum, il ne faut pas manquer de s’arrêter à Ras al-Naqab, un village situé à 1 200 m d’altitude et d’où on jouit d’un panorama exceptionnel sur une véritable mer de sable avec ses îlots, ses presqu’îles, ses péninsules.
En contrebas de Ras al-Naqab, une route mène à El-Humayma. Il s’agit de l’ancienne Auara, fondée par le roi nabatéen Arétas III, au ier siècle av. J.-C. Plus tard, cette ville se trouva sur la Via Nova, tracée par l’empereur romain Trajan. Puis elle devint une cité byzantine et enfin abbasside. Le site était cultivé grâce à des citernes retenant l’eau de pluie l’hiver et à un aqueduc acheminant l’eau d’une source à 19 km. Des fouilles récentes ont mis à jour des thermes byzantins, une église, un marché, un fort romain et un des restes de la décoration d’un petit palais abbasside.
Après Quweira, la route, qui s’engage dans le Wadi Rum, traverse une vaste plaine sablonneuse. On voit, par endroits, les traces d’un chemin de fer, qui sert à transporter les phosphates vers une usine de retraitement.

Wadi Rum Dromadaire © Tangka

Wadi Rum Dromadaire © Tangka

La réserve naturelle du Wadi Rum

Le visiteur risque d’être surpris lors de son arrivée au Wadi Rum. Les constructions des Bédouins en parpaings et couverts de tôle ondulée qui entourent la Rest Housesont assez déconcertantes. C’est ici que l’on retire les billets donnant accès au parc naturel et d’où s’organisent les excursions. Que l’on se rassure, le reste de la vallée est soigneusement préservé et on ne se lassera pas de contempler l’immensité du paysage, la couleur changeante de la roche et du sable, qui va du jaune clair au noir le plus sombre. Le meilleur moment de la journée est le coucher de soleil, lorsque tout paraît s’enflammer. 
Le succès du Wadi Rum a entraîné une forte augmentation du nombre de touristes à partir du milieu des années 1990. C’est d’ailleurs le site le plus visité du pays après Petra. Mais le corollaire de cet engouement est la pollution croissante dont souffre le site : trop de détritus, trop de passages, etc. Le très fragile écosystème (chacals, loups, fennecs, chats des sables, oryx, aigles, vautours, serpents, scorpions, araignées …) du Wadi Rum étant clairement menacé, une zone naturelle protégée a été créée en 1998. Elle est la plus grande de Jordanie.

Suivez le guide !
Un Français, Wilfried Colonna, a monté une association, The Desert Guides qui organise toutes sortes d’excursions, du chameau au VTT, du cheval à la randonnée pédestre (www.desertguides.com).

Rum

Le village
Le village de Rum n’a aucun charme. Il faut dire que les Bédouins n’ont jamais eu le sens des constructions en dur. Mais il suffit de s’en éloigner de quelques centaines de mètres pour se laisser emporter par ce lieu majestueux. Le petit fort abrite désormais la patrouille du désert, une police montée à dos de chameau dont les membres ont fière allure lorsqu’ils enfilent leur tenue traditionnelle : longue djellaba kaki, keffieh à carreaux rouges, cartouchière en bandoulière, poignard porté à la taille et fusil de collection. Cette compagnie méhariste fut créée par l’Anglais Glubb Pacha dans les années 1930 pour contrôler les turbulentes tribus bédouines, faire respecter la loi et patrouiller le long des frontières. Aujourd’hui, l’essentiel de son travail s’effectue en 4 x 4 et consiste à traquer les trafiquants de drogue et les terroristes potentiels cherchant à traverser la longue frontière avec l’Arabie saoudite. Il leur arrive aussi de partir à la recherche de touristes disparus. 
La source d’Aïn Abou Nkheileh, qui se situe à une heure de route,remonte à l’ère nabatéenne. Des inscriptions, dites thamoudéennes (iiie-ive siècle apr. J.-C.), sont visibles. La source a servi à Lawrence d’Arabie et à ses compagnons.
A 400 m de la Rest House, sur une petite colline, un petit temple nabatéen, vieux de 1 900 ans, a été exhumé. L’édifice avait été édifié par le dernier roi nabatéen, Rabbel II, en l’honneur de la déesse Allat, qui représentait la planète Vénus. Le plan du temple est très simple : une cour carrée autour d’un podium surélevé. On a mis à jour près du sanctuaire des inscriptions antérieures à sa construction et remontant au iie siècle av. J.-C.

Aïn Ghazale, ou le petit Siq, se trouve au pied d’un massif de grès qui s’ouvre par une faille assez étroite pénétrant dans la montagne. Le site est à une heure à dos de chameau. On peut voir des graffitis gravés sur les parois : des mains, des pieds, des personnages et des animaux.
Au sud-ouest de Rum, se trouve Khirbet Rizqeh, un sanctuaire funéraire préislamique. Des pierres y sont disposées en cercles de 20 m de diamètre. A l’intérieur se trouvaient des dalles funéraires, décorées de portraits grossièrement gravés. 
La source d’Aïn al-Shellaleh, ou puits de Lawrence, fait partie des principales curiosités du Wadi Rum. Elle se trouve à 500 m au sud-ouest du fort. L’eau coule directement à flanc de montagne. Elle est maintenant canalisée par des tuyaux. On y trouve des graffitis de l’époque nabatéenne.
Burdah, ou Rock Bridge, est une immense arche naturelle en pierre, à 80 m de hauteur. Elle se trouve à 40 km du village de Rum. Il faut une heure et demi pour la gravir. Il vaut mieux venir accompagné d’un guide et être en bonne condition physique. Il est possible de camper sur place.
Umm Frouth est également une arche naturelle de pierre, beaucoup plus facile à escalader. Elle ne nécessite ni guide, ni équipement. Elle se trouve à 13 km du village.
Enfin, le wadi Umm Ishni est une sorte d’escalier gravé dans la pierre par les Nabatéens entre deux falaises. Avec l’usure, beaucoup de marches se sont effacées et il faut impérativement venir avec un guide. 
On peut voir les grandes dunes de sable rouge, typiques du Wadi Rum, à 6 km du village.

Suivez le guide !
Les fans de Lawrence d’Arabie peuvent effectuer un pèlerinage jusqu’à sa maison, bâtie sur les fondations d’un temple nabatéen, à 9 km du village de Rum. Il n’en reste qu’un tas de ruines mais la vue sur l’immense désert rouge est splendide.

Aux environs
Diseh
A 22 km au nord-ouest de Rum. 
Le village de Diseh est un autre point de départ d’excursions dans le désert. Les places en camping y sont moins chères. La région est parsemée d’anciens barrages nabatéens, de ponts de pierre et de gravures rupestres. Les inscriptions les plus belles sont celles d’Abou al-Hol, hautes de 2 m. Le djebel Kharaza compte lui aussi une très belle arche de pierre. Le Barra Canyon est une étroite vallée longue de 5 km qui vaut la peine de parcourir à pied ou à dos de chameau.

Les excursions dans le Wadi Rum

Le Centre des visiteurs, qui se dresse en face des Sept piliers de la Sagesse, est le point névralgique à partir duquel sont centralisées toutes les activités dans la réserve naturelle du Wadi Rum. C’est là aussi que l’on achète les tickets d’entrée donnant droit d’accès à la zone et que l’on paye le droit de bivouac pour les campeurs. On y trouve des cartes militaires de la région. Les prix des ballades sont assez élevés. Les Bédouins, qui servent de guides, travaillent à tour de rôle. Si l’on désire partir avec un guide particulier, il suffit de le signaler un peu à l’avance au Centre des visiteurs.

Trekking
Il faut tout d’abord rappeler que le désert n’est pas la campagne française. C’est un milieu hostile et dur, voire dangereux l’été lorsque les températures avoisinent 50 °C à l’ombre. L’insolation arrive très vite et rien n’est plus facile que perdre sa trace. Il faut donc impérativement se munir d’une réserve d’eau (les points d’eau potable sont très rares) et de fruits secs, d’un chapeau, de crème solaire haute protection, de lunettes de soleil… et surtout se faire accompagner d’un guide local. Si vous voulez passer la nuit dans le désert, pensez à prendre un sac de couchage : la température chute rapidement au dessous de zéro, même en été. Une randonnée courte et facile, consiste à remonter le Makharas Canyon, en partant des Sept Piliers de la Sagesse, puis traverser des sables rouges en direction du djebel Umm Ishrin avant le retour à Rum.

Pick-up, jeep

Les chauffeurs se regroupent devant le Centre des visiteurs. C’est le lieu où vous trouverez d’autres compagnons de voyage pour partager le coût d’un circuit sur lequel vous vous serez préalablement mis d’accord. Il faut bien discuter avec le chauffeur à l’avance, pour éviter tout malentendu. La durée peut ne pas être respectée, en revanche, la liste des sites visités, sera suivie. La plupart des véhicules peuvent prendre six passagers. Deux modèles existent : les 4 x 4 fermés, plus confortables et les pick ups ouverts, où l’on avale beaucoup de poussières et de cahots mais aucun toit ne vient gêner la vue.

Chameau
L’idéal est de parcourir le Wadi Rum à dos de chameau. C’est le mode de transport le plus écologique et le plus naturel. Il permet aussi d’approcher le mode de vie traditionnel des Bédouins. Attention toutefois aux courbatures, ce n’est pas de tout repos. Pour les randonnées de plusieurs jours, il faut payer en sus le chameau du guide, ce qui permet de mener le sien soi-même. Des agences proposent ainsi de rejoindre Aqaba ou Petra en trois ou quatre jours.

Cheval
Pour les cavaliers émérites, des randonnées à cheval, nettement plus rapides que les chameaux, permettent de se faire des souvenirs inoubliables. Rum Horses, une agence dirigée par un Français, s’est spécialisée dans de tels types de circuits.

Montgolfière
L’idée est originale et séduisante : visiter le Wadi Rum par les airs, avec nul autre bruit que le vent, comme si l’on était un rapace. C’est assez cher mais inoubliable. Il faut quatre passagers au minimum. Il est également possible d’effectuer des vols en ULM et du parapente.

Escalade
L’escalade est une activité relativement récente au Wadi Rum. Il existe donc peu de guides et il faut amener son matériel. Un des parcours les plus prisés est l’ascension du djebel Rum. Le livre en anglais, de Tony Howard et Di Taylor, Treks and Climbs in the Wadi Rum, recense les ascensions possibles. Pour ceux que la varappe pure effraie, il existe le scrambling qui nécessite une bonne condition physique, de bonnes chaussures et un bon guide. Il vaut mieux, toutefois, ne pas souffrir du vertige.

 

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