Zanzibar et Pemba, les îles aux épices
Ces deux îles peu éloignées de la côte africaine, 50 km pour Pemba et 36 km pour Zanzibar, ont un passé commun qui les différencie du continent noir.
Au fil de l’Histoire
Au XVIIIe siècle, après avoir bouté les Portugais hors de leur zone d’influence sur la côte est africaine, les Omanais s’imposèrent comme seuls intermédiaires commerciaux entre les populations africaines et les Européens, notamment dans le trafic des esclaves et de l’ivoire. Au XIXe siècle, les commerçants installés dans les îles de Zanzibar et Pemba, s’intéressèrent à une épice nouvellement introduite, venue d’Indonésie, le clou de girofle et investirent leurs profits dans la création de plantations cultivées par des esclaves.
En 1840, Seyyid Saïd Bin Sultan, sultan d’Oman et Zanzibar, décida de transférer sa capitale de Mascate à Zanzibar. A sa mort en 1856, le sultanat fut scindé en deux, son fils aîné lui succéda à Oman et son cadet à Zanzibar. Néanmoins, le sultan Seyyid Saïd Bin Sultan avait ouvert les portes de la prospérité.
Le sultan de Zanzibar contrôlait aussi les îles de Pemba et Mafia, toutes proches, ainsi que les villes swahilies de la côte est-africaine, de Kilwa au sud à Lamu au nord. Même si les Anglais lancèrent leur croisade contre le trafic des esclaves, les Omanais continuèrent de passer outre, à l’aide de pavillons de complaisance français. Ils exportaient en plus des épices cultivées sur les îles, du coprah et de l’ivoire. Stonetown, la ville de Zanzibar, témoignait de cette richesse, négociants arabes et banquiers indiens se firent construire de superbes maisons aux hauts murs blancs presque aveugles, aux toits en terrasses et aux magnifiques portes en bois sculpté, clouté ou incrusté de cuivre.
Cependant, la colonisation de l’Afrique était en marche et elle n’épargna pas Zanzibar. Les rivalités furent âpres entre l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne pour le contrôle du prospère sultanat. Ce fut la Grande-Bretagne qui l’emporta et imposa en 1890 un protectorat sur Zanzibar et Pemba. L’indépendance fut accordée, en 1963, aux deux îles comme aux autres colonies d’Afrique de l’Est mais en rétablissant le sultanat. La population africaine, largement majoritaire, ne put l’accepter et se rebella en janvier 1964. Cette révolte entraîna un rapprochement avec le Tanganyika. Cette union fut scellée en avril 1964 par la création de la Tanzanie, regroupant le Tanganyika et Zanzibar.
Visiter Zanzibar
La ville principale et capitale de Zanzibar porte le même nom que l’île, c’est une déformation swahilie de Zendj el Bar, une expression arabe signifiant « terre d’esclaves ». Le quartier de Stonetown n’a de charme que pour les amateurs de nostalgie car bien des maisons sont à l’abandon et se délitent, d’autres sont défigurées par des toits en tôle ondulée. Pourtant, depuis quelques années, le gouvernement tanzanien encourage les propriétaires, chassés de l’île par la révolution de 1964, à revenir et à remettre en état leur maison. L’évolution est encore timide mais quelques maisons ont fait l’objet de restaurations. La promenade dans les rues étroites et fraîches mène vers la cathédrale Saint-Joseph, construite sur l’emplacement de l’ancien marché aux esclaves. Le musée contient quelques modestes souvenirs : des objets ayant appartenu à Livingstone, des animaux naturalisés, des outils et des symboles de l’époque du sultanat.
La Beit El Ajab
« la maison des merveilles », sur le front de mer, est l’ancien palais du sultan construit en 1883. Il ne se visite pas, tout comme la Government House bâtie par les Anglais juste à côté. En revanche, on peut entrer dans l’ancien fort portugais remanié par les Omanais. Il est séparé de la mer par le jardin Jamituri où les Zanzibari aiment venir prendre le frais à la tombée de la nuit. Pour aller voir les ruines de Mahurubi Palace, le palais des princesses qui fut détruit par un incendie en 1899, Mtoni, une résidence construite par un riche négociant, ou la maison de Livingstone (ne se visite pas), il est amusant de louer une bicyclette. Ces grands vélos chinois noirs et chromés, copies conformes des Raleigh britanniques, sont très populaires dans l’île. L’excursion la plus classique conduit vers le nord de l’île à travers les plantations de girofliers. Cette culture est souvent associée à celle du cocotier et à l’ombre de ces arbres aux troncs élevés poussent d’autres épices ou fruits exotiques.
Mangapwani
est une plage de rêve d’où étaient embarqués clandestinement les esclaves pour la traversée de l’océan Indien. On peut encore voir la grotte où ils étaient parqués. On peut continuer jusqu’à Mkokotoni face à Tumbatu Island, en traversant la forêt de Kicwele. Au centre de l’île, se trouvent les vestiges du palais Dunga, construit par une famille arabe implantée pendant des générations dans l’île, et la forêt de Jozani, réserve qui abrite quelques centaines de singes Red Colobus. Les plages de la côte orientale sont merveilleuses et à Matemwe et Uroa se trouvent deux hôtels-bungalows très agréables. Pour les amateurs de fonds sous-marins, ne pas oublier masques et tubas. Il est possible d’aller nager et pêcher à la journée sur les îlots qui font face à Zanzibar town : sur Prison Island, les cellules sont en ruines et seules s’ébattent quelques tortues géantes.