Alexandrie, l’hellénisme en Afrique

Egypte, Alexandrie, le front de mer

Egypte, Alexandrie, le front de mer

Egypte, Alexandrie, la necropole de Kom-El Shoqafa

Egypte, Alexandrie, la necropole de Kom-El Shoqafa

Dénommée « la perle de la Méditerranée », Alexandrie fut fondée par Alexandre le Grand en 331 avant J.-C. Située à l’extrémité de l’angle nord-ouest du Delta, sur une bande de sable séparant la mer du lac Maréotis, la ville est naturellement favorisée. Ses habitants enrichis par de multiples immigrations en firent au cours de l’Histoire le centre le plus important de l’hellénisme, des sciences et des arts. Avec Rome, elle devint une des premières cités de l’Antiquité. De nos jours, Alexandrie (El-Iskanderya) compte environ 6 millions d’habitants et est la deuxième ville d’Égypte en importance. 
Ville de transit, Alexandrie n’a jamais tout à fait appartenue à l’Égypte car elle a été une ville de rencontre entre l’Orient et l’Occident. C’est elle qui créa la première académie, avec son Muséon et surtout la célèbre Bibliothèque, qui abritait des grammairiens, des médecins et des poètes. Il y avait 700 000 volumes en papyrus concernant le monde hellénistique mais il n’y avait presque aucune oeuvre égyptienne. Elle brûla en 48 puis au IV e siècle. Les Arabes transmirent une partie des textes antiques à l’Occident, à l’époque de la Renaissance. Aujourd’hui, une nouvelle Biblioteca Alexandrina, située face à la mer, a été reconstruite en une architecture futuriste. Les travaux, commencé en 1989, sous l’égide de l’Unesco, ont été achevés en 2002. Elle abritera 10 millions d’ouvrages et 5.000 manuscrits précieux. 
Le fort de Qaït Bey a été construit sur l’île de Pharaos maintenant rattaché au continent dont le phare, l’une des Sept Merveilles du monde, guidait les navires : un tremblement de terre le détruisit au XVIe siècle. Des fouilles sous-marines menées à partir de 1994 ont permis de remonter des restes du phare et des installations portuaires de la cité grecque. 
Le Port Est est réservé aux embarcations légères pour la pêche ; l’autre côté de Pharaos protégé par un brise-lame de 4 km forme le Port Ouest qui est aménagé pour le trafic maritime moderne. C’est là que l’on débarque en arrivant tout près du palais de Ras el-Tin. L’influence grecque apparaît presque partout ; dans le musée, on en retrouve des vestiges qui permettent de suivre l’évolution artistique de la ville. À proximité : marché aux poissons.
Quand Amr ibn el-As prit Alexandrie pour son calife en 641, peu à peu la ville perdit toute son importance au profit du Caire. Ce n’est qu’avec la conquête de Bonaparte en 1798 et l’arrivée au pouvoir de la dynastie de Méhémet Ali qu’Alexandrie retrouva la vie et devint un centre de commerce des plus actifs entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie. À la fin du XIXe siècle, la ville retrouva son ambiance cosmopolite, avec la construction du canal de Suez, regroupant aussi bien Français, Anglais, Arméniens, ‘recs, Levantins, Italiens, etc. Dans les années 1930, la ville connut les grandes fêtes des Khédives. Le poète grec Cavafy et plus tard l’Anglais Lawrence Durell avec le célèbre Quatuor d’Alexandrie ont décrit la ville avec un « romantisme » désabusé. Alexandrie tend maintenant à perdre son caractère particulier, mais garde tout de même un charme indéfinissable de vieille ville cosmopolite.
La fraîche brise du Nord qui prédomine crée un climat agréable et salubre (quoique humide). Les plages de sable fin d’Alexandrie sont très recherchées, que ce soit dans la ville même, le long de la Corniche ou plus loin sur la côte à l’est comme à l’ouest ; elles s’étendent sur plus de 80 km. 
Ici comme au Caire, on commencera les promenades place de la Libération ou midan el-Tahrir avec la statue équestre de Méhémet Ali. De là continuez par midan Orabi et la Corniche qu’on suivra en gardant la mer à gauche, on atteint au bout de quelques minutes la gare de Ramleh et la jolie mosquée El-Kaïd Ibrahim. Tourner à droite dans la sharia Champollion pour aller au Musée gréco-romain. La plupart des objets exposés ont été découverts dans la région d’Alexandrie : pièces de monnaie, fragments de papyrus, statues, sarcophages, urnes, amulettes, bas-reliefs, peintures, etc., et datent de la période comprise entre le ive siècle avant J.-C. et le IV e siècle après J.-C. Ils sont représentatifs des différents bouleversements culturels et religieux connus par l’Égypte entre ces deux dates (ouvert tous les jours de 9 h à 17 h, fermé le vendredi entre 11 h 30 et 13 h 30). 
Après cette visite, prendre l’avenue El-Horreya, la sharia Nabi-Daniel jusqu’à la gare puis la sharia Bab Sidra qui mène à la Colonne dite de Pompée élevée sur une petite hauteur de la sharia Amoud el-Sawari. Cette colonne au chapiteau corinthien (hauteur : 30 m y compris la base) fut dédiée en marque de gratitude à l’empereur Dioclétien qui mit fin à la famine de l’an 297 apr. J.-C. On croyait que Pompée était enterré à cet endroit, c’est pourquoi elle porte ce nom. À côté, vestiges du Serapeum (temple dédié au dieu Sérapis adoré par les ‘recs et les Égyptiens et qui tenait de Zeus et d’Osiris) et statue d’Isis trouvée dans la mer.
Kom al-Shugafa se trouve tout près de la colonne. Des fouilles ont révélé des catacombes et une nécropole datant sans doute du II e siècle apr. J.-C. La construction funéraire (non-chrétienne) comporte trois étages communiquant par un escalier ; elle comprend une rotonde avec deux chambres funéraires et des sarcophages ainsi que des niches pour les urnes.
Suivre maintenant une rue menant au canal Mahmoudieh, que l’on longera en tournant à droite ; passer devant les bâtiments et dépôts du port de l’Ouest pour arriver finalement au Palais de Ras el-Tin, résidence officielle d’été des souverains d’Égypte depuis le début du XIX e siècle. En 1952, le roi Farouk partit en exil du quai de ce palais. Aujourd’hui, celui-ci est réservé aux hôtes d’honneur ; les dépendances sont occupées par l’armée. 
Derrière le palais de Ras el-Tin voir la mosquée Mohamed Karim et tout près la nécropole d’Anfoushi, exemple parfait de l’art gréco-égyptien, sur les 6 hypogées creusées dans le roc au II e siècle av. J.-C. on en visite 2 (fermé le vendredi entre 12 h et 14 h). 
Allant vers l’est (sharia Qasr Ras el-Tîn), on passe devant le Yacht Club, la belle mosquée Abou Abbas el-Moursi et le musée d’Hydrobiologie (aquarium de poissons de la Méditerranée, du canal de Suez et de la mer Rouge). De là, on peut aussi se rendre au Fort de Qaït Bey, entièrement rénové, qui date du XV e siècle et fut construit sur l’emplacement de l’ancien Phare réputé entre autre par sa hauteur et par sa portée. De cet endroit belle vue sur le port de l’Est et sur la ville. 
Autres promenades :
– les jardins Nouzha et Antoniades au sud-est de la ville. 
– le théâtre romain de Kôm ed-Dik, récemment dégagé, en marbre et en granit. Il pouvait réunir huit cents spectateurs. Tout le site est parsemé de ruines (bains du IIIe siècle et du VIe siècle). Au Ve siècle, il servit de lieu de culte aux chrétiens. 
Au bout de la route qui longe la corniche vers l’est, on atteint le palais de Montazah, autre résidence d’été des rois égyptiens ; très beau parc et plage agréable très fréquentée en été. 
Le phare d’Alexandrie Sous le règne de Ptolémée II Philadelphe, en 729 avant J.-C., l’ingénieur-architecte Sostratos de Cnide construisit une « tour à feu » dans l’île de Pharos (d’où le nom de phare), au milieu d’un zone portuaire parsemée d’écueils. Elle devait guider les navigateurs pendant près de quinze siècles. Y est situé aujourd’hui le fort de Qaït Bey qui date du XVe siècle. 
Ce phare en marbre, haut d’une centaine de mètres fut le premier prototype de tous les phares ; il en fut le plus efficace car il éclairait jusqu’à une portée de 60 km. La décoration sculpturale était en marbre et en bronze. 
Le phare était dressé au milieu d’une cour entourée de colonnes ; il comportait 3 étages. Le 1er étage, d’environ 70 m de hauteur, était rectangulaire et possédait de nombreuses chambres qui servaient d’entrepôts, il se terminait par une plateforme décorée de tritons. Le 2e étage, haut de plus de 30 m, était de forme octogonale. Le 3e étage, de forme cylindrique et de 10 m de haut, possédait une lanterne ou un foyer alimenté par un feu permanent, placé sous un dôme porté par 8 colonnes. Au-dessus du dôme s’élevait une statue de bronze de 7 m de hauteur, censée représenter Poséidon. La phare fut entretenu ou restauré successivement par Cléopâtre, l’empereur Anastase Ier et Ibn Touloun vers 880 de notre ère. Trois séismes survenus au VIII e siècle, au XII e et enfin au XIV e siècle, ainsi que les canons des Mamelouks vinrent à bout du prestigieux monument et le détruisirent. En 1480, le sultan mamelouk Qaït Bey (1468-1496) y construisit un ouvrage de défense côtière.

Aboukir

Á 24 km après Montazah, c’est ici que Bérénice offrit aux dieux sa chevelure pour les remercier du retour de son époux, Ptolémée III. L’offrande disparut dans le ciel et un astronome crut la reconnaître sous la forme d’une nébuleuse d’étoiles à laquelle il donna le nom de la reine. 
C’est à Aboukir, en 1798, que Bonaparte fut battu par l’amiral Nelson. Une équipe archéologique de plongeurs, en 1986, fouilla l’épave du Patriote et remonta l’un des canons. Il a été remis à la France par le président Moubarak. Il reste peu de vestiges.

Rosette

Ville où la fameuse pierre fut découverte avec ses inscriptions en égyptien et en grec qui permirent à Champollion de déchiffrer les hiéroglyphes. Là, les eaux boueuses du Nil pénètrent profondément dans le bleu de la Méditerranée. La ville compte de belles maisons de style arabe des XVI e et XVII e siècles.

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