Durant des décennies, le Vietnam fut l’usine à clichés, l’auberge espagnole des fantasmes politiques et guerriers de la seconde moitié du XXème siècle. La guerre française d’Indochine, Dien Bien Phu, les correspondants à gilets pare-balles donnant par télex les nouvelles du front ; puis la guerre américaine du Vietnam avec ses films, ses drogues, son rock’n roll, et ne jamais oublier les millions de Vietnamiens tués par ces conflits où régnait l’Horreur si fabuleusement psalmodiée par Marlon Brando dans « Apocalypse now ».

La guerre est finie depuis plus de quarante-cinq ans. Pendant vingt ans, le pays panse ses blessures et depuis les années 90, formidable renaissance de ce peuple qui donne aujourd’hui, de Hanoi à Ho-Chi-Minh Ville, le spectacle fascinant d’hommes et de femmes à motocyclettes et à Solex, ambiance électrique dans les marchés chinois et les restaurants à ciel ouvert à constater pendant un voyage Vietnam, chez les minorités ethniques de Sapa et de Lao Cai tissant leurs petites poupées, leurs châles et leurs jaquettes, complétées par les ouvriers du textile qui fabriquent au Vietnam les chaussures et les vêtements des grandes marques de Paris, de New York et d’ailleurs.

Mais le plus beau, le plus éblouissant, ce sont évidemment les rivières de Hoa Lu, la traversée en jonque de la Baie d’Halong et ses centaines d’îles posées comme des sentinelles sur la mer, le séjour magique au Moon Garden de Ky Son aux massages et aux bains traditionnels administrés dans l’atmosphère la plus sereine qui soit, et enfin les sublimes rizières en terrasse de Sapa d’où vous n’avez plus envie de bouger.

Good morning Vietnam. Des pagodes millénaires de Dinh et de Le aux night-clubs très branchés d’Ho-Chi-Minh, un mélange détonnant de poésie et d’adrénaline, de modernité et d’éternité. On ne quitte pas le Vietnam : on l’emporte avec soi.

André Bercoff