Vallée de l’Ostriconi
Entre le désert des Agriates, les vallées de l’Asco et du Golo, la vallée de l’Ostriconi est restée longtemps secrète. Elle s’est ouverte au tourisme très récemment, lorsqu’on y a tracé une belle route rectiligne entre la plage de l’Ostriconi et Ponte-Leccia.
Accrochés à la montagne, des villages authentiques avec leurs ruelles étroites en pas d’âne et leurs passages voûtés.
Pour les randonneurs, l’excursion au sommet du monte Asto(1 535 m, 3 h de marche) offre un panorama unique sur le golfe de Saint-Florent.
U pagliagliu
Le « pailler » est une maison de berger dont le toit est arrondi ou en terrasse.
Construit en terre sèche ou en pierre, près d’une source, il servait à s’abriter, ou à y parquer les bêtes. Le pailler n’a qu’une seule pièce. Des niches sont prévues dans les murs pour ranger les outils.
Chroniques villageoises
Depuis 1993, Lama organise chaque été pendant la première semaine d’août un festival international de cinéma ayant pour thème la ruralité. Dans trois sites de projection en plein air, il programme une vingtaine de longs métrages, inédits, en avant-première ou rarement diffusés, une compétition de courts, des documentaires, un regard sur la production corse, des programmes pour les enfants, des tables rondes, des animations musicales… et la convivialité. Une semaine de cinéma sous le regard des étoiles… Jacques Weber, Yolande Moreau, Sandrine Bonnaire, Manuel Poirier, et bien d’autres, sont venus y présenter leurs films.
Lama
Plantées sur un éperon rocheux, les hautes maisons étroites du vieux village s’agrippent les unes aux autres.
Des venelles minuscules s’ouvrent sur des passages voûtés, des escaliers de pierre. Une dizaine de palazzi s’étagent sur les flancs de la montagne, un étonnant belvédère à arcades couronnant le plus riche d’entre eux.
Dans une ancienne écurie voûtée de pierre, le Stallo, une exposition de photographies, raconte la vie quotidienne au début du siècle : les foins, les élections, l’école, la chasse au sanglier.
On peut emprunter le sentier de randonnée (facile, une heure) pour rejoindre le village voisin d’Urtaca, à travers le maquis parfumé.

l’Ostriconi en Corse By: cremona daniel – CC BY-NC-SA 2.0
Région du Giunssani
Couronnée par les austères sommets du monte Padre et du Capo-a-Dente, perdue au milieu des forêts de châtaigniers et de chênes, entre la Haute Balagne et la vallée de l’Asco, la secrète région du Giunssani est d’une beauté sauvage.
Vallica
Bâti en terrasses sur les pentes exposées au sud, ce village contemple la haute silhouette du monte Padro (2 393 m), d’où dévale une cascade. Sur fond de forêt, ses maisons médiévales et une petite église baroque composent un décor délicieusement romantique.
Un sentier conduit au pont romain sur la rivière Tartagine (2 h de marche aller/retour).
Les fresques
Les fresques gothiques réalisées à la fin du XVe siècle se cachent dans des chapelles romanes.
Véritables livres d’images, elles présentaient aux fidèles du Moyen Age le Christ, les saints et les apôtres. Mais, au fil des siècles, les campagnes se sont vidées, et les fresques rongées par le temps et l’humidité ont fini par s’estomper. Elles étaient plus d’une centaine au début du XVIe siècle. Il en reste aujourd’hui moins d’une vingtaine, et beaucoup sont dans un état pitoyable. Dommage !
Olmi-Cappella
Principal village de la région, Olmi-Cappella cache, au milieu des châtaigniers, ses hautes maisons disposées en balcon au-dessus de la vallée, quatre dolmens et son église Saint-Nicolas.
Des ruelles pentues conduisent à des places, d’où le point de vue est toujours saisissant. A partir de la maison forestière, des chemins muletiers remontent la vallée de Tartagine, peuplée de pins maritimes, de pins lariccio, de chênes verts.
Deux magnifiques ponts génois enjambent le torrent Francioni. Au bout, le paysage splendide du col de Bocca-di-a-Battaglia.
Aux environs
Plus à l’intérieur du Giunssani montagneux, d’autres villages oubliés restent blottis à l’ombre des chênes : Pioggiola, situé à 1 000 m (l’un des plus hauts de la Corse), et Mausoleo, un des plus vieux villages de la région, qui aurait été fondé deux siècles avant notre ère par une tribu espagnole, et qui abrite un monolithe au lieu-dit Cima.
Région du Niolo
Au cœur de l’île, une cuvette cernée par les hautes montagnes du Cinto, la Paglia-Orba, la Punta-Artica et le défilé rocheux de la Scaladi-Santa-Regina. Imposant et rude, le Niolo est le pays des superlatifs : il a les villages les plus hauts, les plus belles forêts, le fleuve le plus long de Corse, le mode de vie le plus authentique. Isolés dans leurs montagnes, ses grands bergers blonds aux yeux bleus y ont perpétué, plus longtemps qu’ailleurs, les traditions ancestrales.
Calacuccia
A plus de 800 m d’altitude, sur fond de sommets dentelés et coiffés de neige, la petite capitale du Niolo étale ses belles maisons aux escaliers extérieurs, au-dessus des eaux calmes du barrage qui irrigue la plaine orientale de l’île.
Le paysage boisé qui l’entoure contraste avec les roches arides du rude défilé de la Scala-di-Santa-Regina.
Le village est le point de départ d’excursions faciles et de randonnées plus sportives vers les sommets qui l’entourent.
L’Aria di u Giunssani
Sous l’impulsion du comédien Robin Renucci, fondateur de l’Association des rencontres internationales artistiques (Aria) en Haute-Corse, les quatre villages du Giunssani accueillent, à la fin du mois de juillet, plus d’une dizaine de spectacles présentés par des élèves comédiens et leurs aînés.
Il Campiello, de Goldoni, joué sous les étoiles, dans les décors naturels de Pioggiola, ou des extraits de Sophocle déclamés à la Bocca-di-a-Battaglia. Art et nature se rencontrent, pour le bonheur des spectateurs.
La Scala-di-Santa-Regina
Une dispute entre saint Martin et le diable aurait apporté le chaos dans cette région.
Puis, la Vierge réorganisa les rochers de la montagne de part et d’autre d’un défilé rocheux. C’est ainsi que la légende explique le nom de ce canyon de granite rouge qui a été, pendant longtemps, la seule voie d’accès aux villages du Niolo.
Il le doit, plus vraisemblablement, au sentier en escalier qui permettait d’accéder au village de Calacuccia. La route suit, en un lacet serré, les méandres du torrent qui a taillé son lit à la serpe. Quelques sentiers escarpés conduisent jusqu’au lit du Golo.
Couvent Saint-François
Au milieu des châtaigniers, à quelques centaines de mètres du village, ce couvent date de 1600.
C’est un haut lieu de l’histoire corse, car onze paysans y ont été pendus par l’armée française sous Louis XV. Il abrite un petit musée des Arts et Traditions populaires de la région, qui rassemble de vieux outils (demander les heures d’ouverture à la mairie).
Casamaccioli
Face au monte Cinto, ce rude petit village de montagne, caché au creux des châtaigniers, accueille chaque année au début du mois de septembre la grande foire du Niolo et la fête religieuse de la Santa, dont la statue est abritée dans l’église.
La foire rassemble tous les bergers de la région et donne lieu à des joutes chantées.
Deux improvisateurs s’affrontent en couplets rimés de 3 à 6 vers, dans lesquels chacun essaye de railler l’autre et de le mettre en difficulté. Le jeu peut durer des heures !
Albertacce
Dans ce petit village se trouve le musée archéologique Licninoi, qui recense les vestiges archéologiques retrouvés dans le Niolo : menhirs, statues-menhirs, dolmens (ouvert de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h, tlj en été, les samedis et dimanches seulement en juin et septembre, entrée payante).
Le pèlerinage de la « Santa »
La célébration de la Nativité de la Vierge, le 8 septembre, est le plus important pèlerinage de toute la Corse. Tous vêtus de blanc, les hommes portent sur leurs épaules la statue de la Santa en procession et accomplissent le rite de la Granitola, en tournant en spirale autour de la croix.
Les bergers du Niolo
Les Niolins formaient une communauté à part, menant une vie dure. La vie dans le Niolo était rythmée par la foire.
Les bergers conduisaient leurs moutons en Balagne et leurs chèvres dans le désert des Agriates, suivaient le maquis jusqu’à Galeria, passant l’hiver très loin de chez eux. La région, difficile d’accès, vivait coupée du reste de l’île et les traditions s’y sont maintenues plus longtemps qu’ailleurs.
En particulier, celle de la vendetta. Au XVIIIe siècle, une grande tuerie fit 36 morts pour une histoire de brebis blessée…
Quelques randonnées
La Bocca-di-San-Pietro et le lac de Nino(2 h 30) s’avère une marche facile dans la forêt de Valdo-Niello, par les sentiers qui conduisent jusqu’aux rives gazonnées du lac Nino (1 711 m d’altitude), où se mirent les hauts sommets des montagnes.
L’escalade au monte Cinto(7 h de marche, dénivelé important) se fait à partir de Lozzi(4 km de Calacuccia) pour rejoindre ensuite le refuge del’Erco.
On atteint le sommet au bout de quelques heures de montée assez rude.
Bien qu’il n’en ait pas l’allure, le géant de la Corse est un volcan de rhyolite rouge.
Il est beaucoup moins abrupt côté Niolo qu’au nord. Du sommet, la vue est fastueuse sur une grande partie de l’île. Mieux vaut partir très tôtcar des brumes de chaleur gâtent ensuite le panorama.
Corte et sa région
C’est ici que bat le cœur de la Corse. Centre de l’île, sauvage comme les montagnes qui l’entourent, Corte a été à l’origine de toutes les révoltes insulaires.
Loin de la mer, des ports et des plages, il revendique toujours sa place de capitale.
La route qui va jusqu’à Sidossi, Lozzi et Poggio révélera de vieux villages typiques où cochons, ânes et mulets vivent en totale liberté.
Petit rappel historique
Construite à 1 100 mètres d’altitude, au milieu d’une couronne de montagnes, Corte dispute à Sartène le titre de « plus corse des villes corses ».
Seule citadelle construite à l’intérieur des terres, la ville est née au XVe siècle, alors que Vincentello d’Istria, vice-roi de Corse nommé par le roi d’Aragon, cherchait un emplacement pour tenir tête aux Génois.
Sur un fortin, au confluent de trois fleuves (le Tavignano, la Restonica et l’Orta), il fait construire une citadelle qui sera symboliquement placée à égale distance de ces deux villes rivales : au sud, Ajaccio, la capitale de l’Au-Delà-des-Monts et, au nord, Bastia, capitale de l’En Deçà-des-Monts.
En 1729, C’est à Corte que démarre la révolution des Quarante-Ans, la révolte des patriotes corses contre l’occupation génoise. Six ans plus tard, un berger y compose le Dio vi salve Regina, qui deviendra l’hymne de la Corse. Et, entre 1755 et 1769, c’est encore à Corte que Pascal Paoli installe le premier gouvernement de Corse. Il crée une imprimerie nationale et ouvre une université où l’on enseigne, en toscan, le droit civil et le droit criminel, la rhétorique, les sciences naturelles, la philosophie et la morale.
Après la bataille de Ponte-Nuovo, le gouvernement français ferme l’université et fortifie la citadelle. Sous Louis XVI, on démolit la haute ville, où l’on construit une caserne. Puis, desservie par une route mal entretenue, la ville tombe dans l’oubli, jusqu’à la réouverture de l’université, en 1982. Depuis, la cité paoline vit toute la semaine… au rythme des étudiants !
Ville
Corte s’est développée autour de la citadelle. D’abord, la cité ancienne, avec ses hautes maisons grises, ses venelles pentues.
Puis, à ses pieds, et beaucoup plus banale, la ville moderne traversée par le cours Paoli, artère principale de Corte. La place Paoli, où trône la statue de bronze du Père de la Nation, marque la démarcation entre la ville haute et la ville basse. La rue Scoliscia conduit à la place Gaffori, qui abrite la statue de Gian Pietro Gaffori, premier « général de la Nation corse » en 1751.
Sous l’impulsion de sa femme, Faustine, les Cortenaises firent le vœu de ne pas se marier avant que leur pays ne soit libéré des Génois pour éviter de mettre au monde des esclaves….
De la chapelle Sainte-Croix part la procession de la Granitola, tous les jeudis saints.
La nature est… fragile !
Dans la vallée de la Restonica, des sentiers conduisent jusqu’aux deux superbes lacs de Melo et de Capitello, tous deux d’origine glaciaire. A partir de la bergerie de Grotelle, leur accès est facile mais la fréquentation un peu trop importante, l’été.
Les piétinements répétés, les feux, les monceaux d’ordures cachés dans les taillis entraînent une pollution qui met en danger l’écosystème.
Pour conserver toute leur beauté à ces sites, il faut absolument respecter les consignes des gardiens du parc naturel régional !
Citadelle
C’est par la place du Poilu que l’on pénètre dans la vénérable citadelle, perchée sur son éperon rocheux. Il faut grimper 166 marches en marbre de la Restonica pour y accéder. L’enceinte renfermait des maisons et une chapelle, avant d’être transformée en caserne sous Louis XVI.
Toute pimpante après de récentes rénovations, elle accueille également le Musée régional d’Anthropologie de la Corse, le Fonds régional d’art contemporain de Corse, le Centre de culture scientifique et technique de Corse et le pôle touristique centru di Corsica.
A l’extrémité du rocher, se dresse, comme une figure de proue, le site fortifié en 1419 par Vincentello d’Istria, « le nid-d’aigle ». Point culminant de la citadelle, il offre un panorama exceptionnel sur la ville (la visite – fortifications, prisons – dure 30 min).
Musée de la Corse
Citadelle, tél. : 04 95 45 25 45. Ouvert de 10 h à 17 h du 1er novembre au 31 mars sauf dimanche, lundi et jours fériés, de 10 h à 18 h sauf le lundi du 1er avril au 21 juin, tlj de 10 h à 20 h du 22 juin au 20 septembre, de 10 h à 18 h tlj sauf lundi du 22 septembre au 31 octobre. Fermeture annuelle du 31 décembre au 14 janvier. Entrée payante.
Le tout récent musée régional d’Anthropologie de la Corse s’est organisé autour d’une très intéressante collection d’objets traditionnels corses légués par le révérend père Doazan : métier à tisser, vaisselle, outils, etc., qui donnent une très bonne vision de la société, de l’économie et de la culture de la Corse traditionnelle et d’aujourd’hui. Le Musée présente ses collections autour de deux espaces permanents, la galerie Doazan et le « Musée en train de se faire » et d’un espace d’expositions temporaires.
La galerie Doazan recèle 3 000 objets patiemment collectés de 1973 à 1978, qui racontent la vie des bergers, des agriculteurs, les coutumes, les croyances. La galerie du « Musée en train de se faire » s’intéresse à la Corse d’aujourd’hui, à ses aspects sociaux, économiques et culturels.
L’espace d’expositions temporaires accueille chaque année, une grande exposition.
La collecte du père Doazan
C’est grâce à lui que s’est constituée la collection du musée de la Corse de Corte. Professeur de sciences naturelles à Ajaccio dans les années cinquante, le révérend père Louis Doazan organisait des camps de vacances l’été parmi les bergers et rapportait des objets relatifs à la flore et à la faune pour illustrer ses cours. En 1973, il est déchargé de son ministère et se consacre à la collection de cartes et de monnaies, qu’il a patiemment recueillies et dont il a fait don à l’Etat, sous la condition expresse qu’elle soit exposée et enrichie en Corse.
Soixante-quatre cahiers d’ethnographie, qu’il a rédigés lui-même, font partie de la collection du musée de la Corse et relatent la façon dont les hommes organisaient leurs relations matérielles et sociales.
Suivez le guide !
Faites une promenade le long des remparts, pour admirer la vue sur les montagnes du Cortenais. Par une rampe qui longe la citadelle, on accède à un belvédère.
Salles du F.R.A.C.
Le Fonds régional d’action culturelle propose des expositions temporaires d’art contemporain avec des œuvres d’artistes insulaires ou pas.
Excursions aux environs de Corte
Autour de Corte, on recense les plus hauts « toits » de l’île : le Cinto (2 710 m), le Rotondo (2 622 m), le Renoso (2 532 m), le Cardo (2 453 m). Ces sommets surplombent des gorges étroites, et des vallées profondes.
Au pont de Frassetto, un sentier balisé permet d’atteindre, en une heure et demie, le plateau d’Alzu, à environ 1 700 m d’altitude.
A partir du torrent de Timozzu, le sentier serpente avant de franchir le torrent et de s’élever ensuite vers le lac d’Oriente (compter 3 h de marche). On peut ensuite gagner le sommet du Rotondo (2 h de plus).