Le Troodos

C’est le cœur historique et spirituel de l’île. C’est aussi, l’été, un refuge pour se reposer de la chaleur qui accable Chypre. Facilement accessible, ce massif montagneux, qui culmine à près de 2 000 m à la cime du mont Olympe, occupe la partie ouest de l’île. Sur ses pentes ou dans ses vallées, le promeneur découvre de superbes monastères et de très belles églises byzantines, ainsi que de pittoresques villages en terrasses accrochés au flanc de la montagne. Trois régions composent le Troodos : la Pitsilia, la vallée de la Solea et la vallée de la Marathasa. Le massif est doté de bonnes routes qui le relient à Lefkosia, à Lemesos et aux plages du sud. Des sentiers de randonnée ont été récemment tracés dans la montagne. Longs de 3 à 9 km, ils offrent de nombreux sujets d’intérêt aux botanistes, aux naturalistes, aux ornithologues… ou aux simples promeneurs. On y trouve notamment des plantes et des fleurs endémiques à la seule région du Troodos. Les principales stations estivales sont Troodos même, à 1 500 m d’altitude, Prodromos (1 530 m) où l’on trouve les meilleures pommes et prunes de l’île, Platres (1 230 m), point de départ de nombreuses excursions à travers la forêt, Pedoulas (1 200 m), Kakopetria et Galata (730 m), Kalopanayiotis (760 m) et enfin Agros (1 265 m). 

Vallée de la Pitsilia

Sur le versant est du Troodos, très facilement accessible à partir de Lefkosia ou Lemesos, la région de la Pitsilia est une des plus intéressantes de l’île. Parmi les vignes, les champs d’amandiers et les étendues de fleurs sauvages, s’égrènent des petits villages hors du temps… 

Louvaras 
A 28 km au nord de Lemesos, en direction de Zoopigi, en passant par Palodeia et Gerasa. A droite, prendre la direction d’Apsiou et par une route secondaire on arrive à Louvaras.
Eglise d’Agios Mamas 
Au centre du bourg. Ouvert tlj, horaires variables. Entrée libre.
Construite en 1455, elle possède de superbes fresques signées par Philippe le Goul, un artiste libanais qui connut son heure de gloire à la cour des Lusignan. Sa particularité était son goût pour les couleurs vives dont le rouge, omniprésent dans ses œuvres.

Le Troodos, un refuge 
Ce sont les vallées isolées et les pentes des monts sauvages du Troodos qui ont accueilli au fil des siècles les moines byzantins venus y peindre leurs icônes et y protéger leurs manuscrits. Souvent chassés par des seigneurs, ou condottieri, partis à l’assaut de l’île, ils furent au VIIIe siècle rejoints par d’autres moines, venus de Constantinople, et fuyant la querelle des Images. Ces religieux refusaient en effet de se plier à la volonté des empereurs Léon III et Constantin V qui les obligeaient à détruire les icônes et leur interdisaient d’en peindre. Enfin, plus récemment, lors de la lutte pour l’indépendance, le Troodos a été, de 1955 à 1959, le centre de la résistance à l’occupation anglaise.

Suivez le guide ! 
Goûtez sans hésiter aux deux spécialités de la région : le jambon fumé aux herbes, et le soudjouko, du jus de raisin aux amandes que l’on déguste avec du cognac.

P7230024, Kakopetria, Village dans la vallée de Solea, montagnes du Troodos, Chypre © Erwin Franzen

Kakopetria, Village dans la vallée de Solea, montagnes du Troodos, Chypre © Erwin Franzen

Platanistassa 
A une trentaine de km au nord de Louvaras.
Eglise Stavros tou Agasmati 
A 3 km du village de Platanistassa et à 30 km de la route Lefkosia-Astroméritis, à gauche avant d’arriver au village de Peristerona. Les visiteurs peuvent demander la clé de l’église au pope du village.
L’église de la Sainte-Croix a été construite au XVe siècle. Elle est remarquable par son toit originel à dôme, recouvert d’un autre toit à double pente. On retrouve, sur ses murs, la patte de Philippe « le Goul », qui signe les ensembles de fresques du XVe siècle les plus complets de Chypre.

Agros 
A 45 km au nord de Lemesos, et environ 60 km au sud de Lefkosia.
Agros est le centre administratif de la région. Son climat est sec et très sain.
De nombreux potagers et vergers ceinturent le village. Les sources abondent. L’une d’entre elles, juste à la sortie du bourg, est réputée offrir l’immortalité à celui qui boit son eau. Sur l’emplacement de l’église actuelle, du XIXe siècle, était bâti, jadis, le monastère de la Panayia Eleousa, fondé au IXe siècle, par des moines venus de Constantinople.

Palaichori 
A 45 km au sud de Lefkosia, sur la route Lefkosia-Agros-Lemesos, à 3 km au sud-est d’Askas.
Construit sur les flancs de deux collines, ce charmant village conserve le souvenir de la lutte pour l’indépendance avec son impressionnant monument à la gloire de la « mère patrie chypriote ». Il est surtout intéressant pour ses deux églises

Eglise tou Sotiros 
Demander la clé au pope du village.
Cette église de la Transfiguration du Sauveur est une chapelle construite au début du XVIe siècle sur la hauteur qui domine le village. L’intérieur est tapissé de fresques du XIe au XVIe siècle.

Eglise de la Panayia Chrysopantanassa 
Demander la clé au pope du village.
Remarquable de par sa construction basilicale, elle possède quatre ensembles de fresques qui hélas n’ont encore pas été restaurés.

Lagoudhera 
Aux abords du village de Lagoudhera, à 15 kilomètres d’Agros et à 9 km de la route Kakopetrio-Troodos-Lemesos, au carrefour de Karvounas.

Une île semi-aride 
La question de l’eau est au centre du développement de Chypre. Semi-aride, l’île a toujours souffert de la sécheresse. Le gouvernement chypriote a donc lancé une ambitieuse politique de construction de barrages, qui fera passer les réserves de l’eau de l’île de 6 000 000 m3 à 325 000 000. Les principaux barrages sont ceux de Yarmasoyia, dans la région de Lemesos, Vassilikos-Pendaskinos entre Lemesos et Larnaka, Alassa, près de Lemesos, et Dasprokremmos dans la région de Pafos. En 1960, toutes les villes de l’île étaient approvisionnées en eau courante mais seulement 15 % des villages. Aujourd’hui, toutes les maisons, à la ville comme à la campagne, possèdent l’eau courante. D’autre part, deux usines de dessalement d’eau de mer ont été construites, d’autres sont en projet.

Eglise de la Panayia tou Arakou 
Demander la clé au pope.
Une merveille de l’art byzantin ! Cette église de la Vierge d’Araka a été bâtie en 1192 exactement, année où les Lusignan s’installent dans l’île. Remarquable à plus d’un titre, elle possède un toit surmonté d’un dôme et recouvert d’un autre toit à double pente. Le style comnémien tardif s’illustre dans un magnifique Christ pantocrator et trouve ici une profonde parenté avec les représentations que l’on admire dans toute la Grèce, les Balkans et la Russie. Il faut également s’attarder sur sa Nativité, ses anges, ses enfants Jésus et son iconostase, décorée d’un feuillage verni. Les spécialistes de l’art byzantin considèrent cet édifice comme un des plus intéressants de l’île avec ceux d’Asinou et d’Agios Nikolaos à Kakopetria.

Spilia 
A quelques km de Lagoudhera en remontant vers Kakopetria.
Pour la visite du pressoir, il faut demander la clé à l’association des Chypriotes d’outremer, qui est dans la maison voisine.
Il faut absolument visiter l’eliomyios (pressoir à olives). Abrité dans un bâtiment à pièce unique au toit pentu, ce pressoir datant du XIXe siècle possède un mécanisme en bois et une meule de pierre très bien conservés. Divers outils et objets utilisés pour la production de l’huile y sont exposés.

Pelendri 
A 3 km au-dessous du village de Kato Amiantos, à 32 km de Lemesos.
En dehors de ses deux églises, ce village plonge aussi le visiteur dans l’histoire.
Il était, dans la seconde moitié du XIe siècle, le fief de Jean de Lusignan, prince d’Antioche, fils d’Hugues IV, le roi de Chypre.

Eglise tou Timiou Stavrou 
Horaires variables. Demander la clé au pope du village. Pour la visite du musée, s’informer au : 05 53 22 52.
Construite au XIIe siècle, et agrandie au XIVe siècle, l’église de la Sainte-Croix ne fut décorée d’une série complète de fresques qu’au XVIe siècle. Toujours aussi superbes, elles constituent le clou de la visite et tapissent la nef et les deux contre-allées. L’église abrite le Musée ecclésiastique, qui expose une belle série d’icônes et d’objets religieux.

La vallée de la Solea

A cinquante kilomètres de Lefkosia, mais aussi de Lemesos, en passant par Kato Amiantos et Saïttas, la vallée de la Solea, colorée par des milliers de pommiers, abrite deux stations estivales qui sont aussi de pittoresques villages, Kakopetria et Galata. Ici, les églises byzantines déploient leur faste et leurs couleurs. 

Kakopetria 
A 50 km à l’ouest de Lefkosia et Lemesos.
Capitale de la vallée de la Solea, Kakopetria est le village où les habitants de Lefkosia font traditionnellement escale quand ils « montent » dans le Troodos.
Déclaré zone protégée, le vieux quartier du village a été restauré avec goût.
Dans Citrons acides, Lawrence Durrell écrit : « Kakopetria replié sur lui-même, enroulé sur le bord d’un torrent de montagne, à l’ombre d’énormes peupliers blancs, exhale une paix enchanteresse. » De vieilles maisons restaurées accueillent le visiteur et lui donnent le goût de la Chypre de jadis. Au gré des vieilles ruelles, les bâtiments en pierre avec poutres apparentes côtoient des balcons en bois fleuris. Il faut se laisser bercer par la musique de sa cascade d’eau fraîche, près du moulin.

Mines d’amiante 
La vie économique de Pelendri a été principalement liée à l’exploitation des mines d’amiante, accrochées aux flancs de la montagne. Lawrence Durrell, qui a vécu près de trois ans à Chypre, a écrit à propos de ces mines : « Les maisons, les ateliers et les entrepôts étaient recouverts d’une poudre blanche comme après une forte chute de neige. Un paysage lunaire. » On trouve le souvenir de cette exploitation dans les noms de certains villages environnants, comme celui de Kato Amiantos. Ces mines sont désormais fermées.

Eglise Agios Nikolaos tis Stegis 
A 5 km au nord de Kakopetria. Ouvert tlj de 9 h à 16 h. Entrée libre.
Entre les pins et les peupliers apparaît l’église Saint-Nicolas-au-Toit, qui appartenait jadis à un monastère. Elle est recouverte d’un toit à double pente.
Des fresques datant du XIe au XVIIe siècle décorent l’intérieur de cet édifice qui est un des plus prisés de l’île. Il faut notamment voir sa belle Entrée du Christ à Jérusalem.

Les autres églises 
Deux autres petites églises près de Kakopetria méritent une visite pour découvrir des fresques du XVIe siècle.
Tout d’abord la Panayia Theotokos à l’entrée du village, un peu à l’écart de la route Lefkosia-Troodos. Enfin à l’est du village, l’église d’Agios Georgios Perachoritis présente une série de fresques très originales.

Merci pope 
Les églises accessibles par les transports en commun sont rares dans le Troodos. Car la plupart se situent à l’écart des routes principales et ne peuvent être atteintes qu’au moyen d’un véhicule privé. Du fait de la valeur des icônes et des fresques présentées, nombre d’églises, de chapelles et de monastères restent fermés. Cependant, les visiteurs peuvent toujours demander de se faire accompagner par le pope ou toute autre personne responsable que l’on trouve habituellement au café du village. Il ne faut pas hésiter à demander ce service. C’est toujours avec amabilité et gentillesse que le visiteur est accueilli et conduit là où il le souhaite.

Suivez le guide ! 
Dans le village de Galata, ne manquez pas l’auberge Chani Kalianon. Très bien restaurée, elle présente un bel exemple d’architecture rurale.

Galata 
A quelques kilomètres au nord de Kakopetria. Pour les églises, demander la clé au café ou au pope du village.
Le village de Galata et ses alentours offrent aux visiteurs trois églises et une chapelle. Les fresques de ces trois édifices religieux sont signées Syméon Afxenti, un peintre du début du XVIe siècle qui choisit Galata comme lieu privilégié d’expression de son art.

Eglise Agios Sozomenos 
Au centre du village. Demander la clé au pope.
Etonnante avec son toit pentu, elle possède un ensemble de fresques de style post-byzantin qui révèlent leur influence latine.

Eglise de l’Archangelos Michaïl 
Au-dessous du village. Demander la clé au pope.
Consacrée à Panayia Theotokos, cette chapelle est surmontée d’une toiture en bois. Ses murs sont recouverts de fresques du début du XVIe siècle, de style post-byzantin.

Eglise de Panayia Podithou 
Au-dessous du village. Demander la clé au pope.
Elevée en 1502 et recouverte d’un toit à double pente. Ses fresques sont le moyen de découvrir comment les artistes de l’époque ont su adapter la peinture orthodoxe au goût vénitien.

Chapelle Agia Paraskevi 
Entre Kakopetria et Galata.
Solitaire au bord de la route, elle date de 1514. Ses fresques rendent un hommage aux nombreux saints qui peuplent la vie religieuse de Chypre.

Nikitari 
Chapelle de la Panayia tis Asinou 
A 20 km de Kakopetria, à 5 km du village de Nikitari, sur la gauche de la route principale Lefkosia-Troodos-Lemesos. Le visiteur demandera la clé au pope du village de Nikitari.
Asinou est à l’art byzantin ce que Kourion est à l’archéologie. Une petite merveille entièrement tapissée de fresques du XIIe au XVIe siècle, et surtout d’une fraîcheur inattendue. A Asinou, les artistes byzantins ont déployé un art du savoir-faire comparable aux plus somptueux dessins de l’Orient grec. Une exubérance de couleurs où se détache un Christ pantocrator, entouré de la Vierge, des anges et des saints. La théologie orthodoxe a trouvé à Asinou une superbe illustration. Les spécialistes estiment qu’Asinou compte parmi les plus beaux exemples de peinture byzantine de l’île.

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