La vallée du Yarlung.
Les Tibétains nomment Yarlung le fleuve qui, contournant la barrière himalayenne dans un gigantesque détour, se jette près des bouches du Gange sous le nom de Brahmapoutre. La vallée de ce grand virage est la terre des premiers rois du Tibet.
Tsethang
A 170 km au sud-est de Lhassa.
A l’ouest de ce bourg plane le souvenir de la dynastie de Yarlung. Dix tumulus (à 26 km) servirent de sépultures à ses rois. Pillés depuis longtemps, ils ont éventé leurs secrets, mais la légende veut que les compagnons des souverains aient été immolés pour être ensevelis à leurs côtés avec leurs chevaux et leurs objets favoris. A Yumbu Lhakang(à 12 km au sud-ouest), un donjon domine les ruines d’un château royal perché sur l’éperon d’une colline rocheuse.

Samye Monastery © brogge1
Samye, ancêtre des monastères
Il faut traverser le Yarlung sur un bac qui louvoie entre les bancs de sable pour atteindre Samye (à 30 km de Tsethang). A la fin du VIIIe siècle, sept Tibétains y furent pour la première fois ordonnés moines bouddhiques, tandis que s’organisait une grande controverse pour savoir laquelle, des formes indienne et chinoise du bouddhisme, serait suivie par le royaume. Le parti indien triompha. Rebâti à plusieurs reprises, le sanctuaire principal de Samye est un pavillon d’or cerné de murs obliques. Sa constellation de bâtiments annexes suit les prescriptions des diagrammes cosmiques, utilisés dans la méditation, que l’on appelle mandala.
Sur le chemin de Katmandou
Une route grandiose entre des montagnes festonnées de glaciers suit la piste des caravanes qui commerçaient entre Tibet et Népal. Vertigineuse, la montée vers le col de Kampa (4 974 m) démontre que les hommes ne sont pas les seuls à souffrir de la raréfaction de l’oxygène : les moteurs s’essoufflent aussi ! Au sommet, on embrasse le lac Yamdrog, bleu à force de refléter l’azur du ciel tibétain. Pour gagner Gyantse, il faut encore passer un col, le Karo la, à 5 045 m d’altitude.
Gyantse
A 260 km à l’ouest de Lhassa.
Avec ses cavaliers solitaires, ses maisons de terre et ses chiens furetant dans les ruelles poussiéreuses, Gyantse est bien plus tibétaine que Lhassa. Elle a à peine grandi au pied de son monastère, le Palkor Chode, construit au XVe siècle. On repère celui-ci de loin grâce au rempart crénelé courant sur l’échine montagneuse à laquelle il s’adosse et surtout grâce à la fantastique pyramide blanc et or de son Kumbum, le temple des Cent Mille Images. A l’intérieur, de minuscules chapelles jalonnent un parcours qui grimpe en spirales sur cinq étages jusqu’à une dernière salle, aux murs enluminés de peintures, d’où la vue s’échappe vers le bourg et quelques fermes isolées dans les lointains.
Shigatse
A 350 km à l’ouest de Lhassa.
Deuxième ville du Tibet et capitale du Tsang, la cité, aussi sinisée que Lhassa, est dominée par le Tashilumpo (1447), résidence et nécropole des panchen-lamas, seconde autorité spirituelle après le dalaï-lama. Un entrelacs de ruelles empierrées, nimbées de la fumée des lampes à beurre et des fumigations de rameaux de genévriers, dessert l’agglomération monastique, que dominent les silhouettes rouges de ses quatre temples. Une effigie de cuivre doré géante de Maitreya, le Bouddha à venir, se dresse dans l’un d’eux.
Sakya, citadelle monastique
A 152 km à l’ouest de Shigatse.
Perché sur une falaise lunaire festonnée par l’érosion, le couvent de Sakya fut créé en 1073. Il dut sa puissance à la protection de la famille aristocratique locale et sa richesse aux caravanes circulant entre le Tsang et le Népal. Au XIIIe siècle, son abbé devint le vice-régent de l’ensemble du Tibet sous la suzeraineté des Mongols successeurs de Gengis Khan. Aujourd’hui encore, il est d’une austérité frappante, quasi martiale, avec ses murs anthracite à peine rayés de blanc ou de rouge. L’intérieur renoue avec les salles sombres et les cours lumineuses, les divinités farouches ou bienveillantes des monastères tibétains.
Quand paraît l’Everest
A l’ouest de Shigatse, le paysage hésite entre désert d’altitude et prairie de lichens, et les villages se font de pierres sèches. Par grand beau, à Tingri, c’est le miracle : la vision du Chomo Lungma des Tibétains, l’Everest des himalayistes, pris dans l’écharpe de la chaîne du Toit du monde. Un dernier col à 5 200 m, et ce n’est déjà plus le Tibet. A Zhangmu (Khasa), le pont de l’Amitié forme la frontière, et on plonge vers Kodari, la frontière népalaise, et l’enchevêtrement végétal de l’Asie des moussons.
Les cités monastiques du Tibet oriental
Aujourd’hui intégré dans les provinces chinoises du Gansu et du Qinghai, l’Amdo servit de tête de pont de la diffusion du lamaïsme vers la Mongolie du XVIIe au XXe siècle.
Pour l’atteindre, il faut franchir les solitudes minérales du Changthang, le haut plateau tibétain.
La route la plus haute du monde
Mille neuf cent trente-sept kilomètres séparent Lhassa de Xining, la capitale du Qinghai. Cairns, drapeaux de prières et murs de pierres votives marquent le passage des hommes sur des cols qui dépassent l’altitude du mont Blanc. On croise parfois une ferme isolée, annoncée par un troupeau de yaks dans une steppe d’ajoncs où flottent les parfums de l’armoise et du genévrier. Près de Tuotuohe jaillit l’une des sources du fleuve Yangzi, puis c’est Golmud, ville transit à deux jours de Lhassa. Passé les pâturages de Chaka, on longe le Kokonor, 4 500 km2 d’eau salée, refuge d’innombrables oiseaux.
Le Kumbum (en chinois : Taer si)
A 26 km au sud-est de Xining.
Ce monastère a grandi autour du chorten érigé en 1378 par la mère de Tsongkhapa pour marquer son lieu de naissance. Au carrefour de la Chine, de l’Asie centrale et du haut plateau tibétain, ses constructions mêlent harmonieusement tous les styles, dominés par la note chinoise des toitures à croupe couvertes de tuiles vernissées. Mais les moines du Kumbum tirent surtout fierté d’un singulier trésor : des statues du panthéon tibétain, modelées dans du beurre de yak coloré, en groupes très saint-sulpiciens.
Suivez le guide !
A Labrang, mêlez-vous à la foule des moines et des fidèles en grande tenue le 13e jour du 1er mois lunaire. Dans le ciel pur de l’hiver, on déroule alors le grand thangka, peinture géante de Bouddha que possède le monastère.
Labrang Tashi Khyil (en chinois : Labuleng si)
A 230 km au sud-est de Xining ; 272 km au sud-ouest de Lanzhou.
En 1709, les Bonnets jaunes élirent le bassin de la rivière Daxia pour installer leur dernière grande cité monastique. Bâtie à flanc de colline, elle reflète l’architecture du Tibet central, avec son étagement de constructions trapézoïdales, ses lamaseries chaulées de blanc et ses salles de prières aux murs ocre ou vermillon. Malgré les ravages de la Révolution culturelle (il ne reste plus que 12 temples sur les quelque 80 qui s’y dressaient au temps de sa splendeur), le spectacle de Labrang est un éblouissement.