Avec ses 200 km de côtes sablonneuses, Israël s’est aménagé, presque au lendemain de sa création, un beau domaine balnéaire. Chaque station a sa personnalité. Ce qui ne gâte rien, c’est la richesse en sites archéologiques de l’arrière-pays, sans oublier les phares que sont Haifa, Acre et surtout Tel-Aviv, le « labo » du nouvel Israël.
Tel-Aviv et Jaffa
Son nom en hébreu veut dire « colline du Printemps », qui n’est autre que le tire d’un roman utopique du fondateur du sionisme, Theodor Herzl. Créée en 1909 par 150 habitants, elle vient de fêter ses cent ans, et a dépassé son premier million… d’habitants ! La ville des temps héroïques a disparu sous les buildings et les banlieues, dans lesquelles s’entassent les émigrés russes.
C’est le laboratoire du nouvel Israël, où une jeunesse agacée par les rappels constants des camps de la mort, les impératifs religieux et les rappels du service militaire, entre dans l’insouciance de la dance et des bars branchés.
A travers la ville
La plage, plus prisée des Télaviviens que des touristes, s’étend sur sept kilomètres : un centre commercial, des bars de nuit, la tour de l’Opéra, le parc Charles-Clore… C’est l’endroit idéal pour les promenades en amoureux, version XXIe siècle. Dizengoff, pompeusement couronnée Champs-Élysées de Tel-Aviv, porte le nom du fondateur de l’ancienne capitale ; ce n’est qu’une rue courbe bordée de magasins chers, passage obligé pour gagner la charmante Tel-Aviv ha-Ktana, la « petite Tel-Aviv » aux immeubles années 1930.
La plupart des édifices relèvent de l’école d’architecture allemande du Bauhaus. Un coup d’œil à la place Yitzhak Rabin, également au centre-ville, et les friands de shopping pourront aller dénicher les nouvelles boutiques de mode de rehov Allenby. Voici aussi kerem ha-Temanim, où se concentre la population yéménite, et le souk ha-Karmel, toujours animé. L’avenue Rotschild est devenue l’artère branchée où l’on trouve de nombreux restaurants, bars, clubs. La jeunesse s’y presse le soir.
Au sud, Neve Tzedek (« oasis de Justice ») fut le premier quartier construit par Aharon Chelouch. Mal famé naguère, il affiche aujourd’hui de coquets pavillons ou petits immeubles pastel fraîchement repeints. Le visiteur y croisera peut-être « les petits rats » du ballet du centre Suzanne Dellal.
Suivez le guide !
Tel Aviv se lance dans les vélos libre service avec près de 150 stations et 15 000 bicyclettes : une agréable manière de découvrir la ville.
Musée de la Diaspora (Beth ha-Tefoutzot)
2, rehov Klausner, campus (porte 2) de l’université de Tel-Aviv, Ramat-Aviv. Ouvert de 10 h à 17 h du dimanche au jeudi (19 h le mercredi) et de 9 h à 14 h le vendredi. Fermé le samedi. Entrée payante.
Créé en 1978, il conte l’histoire des communautés de toute la Diaspora. Des expositions temporaires, de nombreux documents audiovisuels, des programmes éducatifs et culturels complètent les activités régulières.
Musée Eretz Israël
2, rehov Haim Levanon, Ramat-Aviv. Ouvert du dimanche au mercredi de 10 h à 16 h, jeudi de 10 h à 20 , et vendredis et samedis de 10 h à 14 h. Entrée payante.
Sur Tel Qasile, le musée de la Terre d’Israël dissémine dans un parc paysager ses pavillons thématiques :art du verre, vieux de 3 500 ans, céramiques, monnaies… La place des Mosaïques présente des pavements des VIe et VIIIe siècles, le pavillon Nehoustan les objets trouvés à Timna (une mine a même été reconstituée), quant au centre « L’homme et son travail », il se penche notamment sur les efficaces techniques agraires israéliennes. Le musée vient également d’ouvrir un Planetarium.
Musée d’Art
27, sterot Shaul Hamelech. Ouvert de 10 h à 16 h lundi, mercredi et samedi, jusqu’à 14 h le vendredi et 22 h les mardis et jeudis. Entrée payante.
Créé en 1932, ses quatre galeries mêlent arts classique et contemporain, un département pour les jeunes, un auditorium où sont donnés concerts et rétrospectives cinématographiques, ainsi que de nombreuses salles pour les expositions temporaires. A voir aussi, le pavillon d’art moderne Helena Rubinstein (sderot Tarsa, même ticket d’entrée).
Juif et soviétique
Persécutés sous le tsarisme, qui fermait les yeux sur le massacre de quartiers ou de villages entiers, les juifs russes, Trotski en tête, ont joué un rôle de premier plan dans la révolution de 1917. A la chute du communisme, Israël favorise leur immigration : il s’agit de rétablir l’équilibre démographique face à la forte natalité des populations arabes. Après quelques mois d’hébreu intensif et d’instruction civico-religieuse, ils reçoivent les postes les plus ingrats, jusqu’alors tenus par les Palestiniens. Cela permet de pallier le fort absentéisme, dû aux fréquents bouclages des « territoires ». Mais le juif soviétique est travailleur et entreprenant. Il gravit l’échelle sociale à grande vitesse. Au grand dam des autochtones, qui s’aperçoivent parfois qu’il n’est juif… que sur la foi de certificats de complaisance délivrés par quelque rabbin de Minsk ou d’Odessa.
Musée de la Haganah (Beth Elyahou)
23, sterot Rothschild. Ouvert de 8 h 30 à 16 h du dimanche au jeudi et de 8 h 30 à 12 h le vendredi. Fermé le samedi.
Un passionnant panorama de la lutte de la Haganah (ancêtre de Tsahal, l’armée israélienne) pour la défense des implantations sionistes et la création d’Israël.
Maison de la Ville (Beth Ha’ir)
27, rehov Bialik. Ouvert du lundi au jeudi de 9 h à 17 h, le vendredi de 10 h à 14 h. Fermé le dimanche. Entrée payante.
Inauguré pour le centenaire de la ville, à quelques pas du quartier Dizengoff, l’ancienne mairie de Tel Aviv, un bel immeuble de style Bahaus – comme de nombreuses maisons dans cette rue – abrite le nouveau musée historique. Sur quatre étages, il retrace l’histoire de Tel Aviv-Jaffa à travers une fabuleuse collection de films, photos (plus de 15 000 !), et témoignages de ses habitants. Au 1er étage, on visite également l’ancien bureau du maire, l’ex-salle de réception. A ne pas manquer, la vue depuis les terrasses sur la ville.
Jaffa (Yafo, Joppé)
A l’époque pharaonique, c’est le port de Jérusalem. L’aménagement de Césarée par Hérode met fin à sa gloire. A leur arrivée, les croisés en expulsent la colonie juive, la remplaçant par des Pisans. Après une suite de prises et de reprises, Baybars la rase en 1267. C’est aujourd’hui un petit port de pêche romantique, doté de l’âme qui fait défaut à Tel-Aviv. La tour de l’Horloge, commanditée par le sultan ottoman Abdülhamit II en 1906, marque l’entrée de la ville. A l’ouest se dressent la mosquée Mahmoudiya et sa belle fontaine. Après la visite du musée des Antiquités (on y voit le matériel archéologique découvert dans la région de Jaffa), se rendre à l’église Saint-Pierre et ses annexes construites sur deux salles de la forteresse franque. Dans le Parc archéologique, on notera un portique égyptien, rappel des liens commerciaux avec Alexandrie. En contrebas, les ruelles et les volées d’escaliers dessinent le quartier des artistes, où l’on trouvera d’agréables petits restaurants.
Citybus
Renseignements à la société Egged Tourisme, à Tel-Aviv. Tél. : 527 12 12. L’opération Citybus Tel-Aviv-Jaffa Circline vous permet de faire un tour des deux localités. Pour une vingtaine de shekelim par jour (environ 5 €), vous empruntez des minibus climatisés, descendez à votre gré aux stations judicieusement placées dans les différents lieux touristiques, reprenez plus tard cette même ligne (n° 101) pour rentrer vers votre hôtel. La durée totale du trajet du musée de la Diaspora à l’église Saint-Pierre, à Jaffa, est d’environ deux heures. Une orange rebondie indique les arrêts du Citybus.
Suivez le guide !
La tour Shalom et les 3 tours Azrieli (ascenseur payant) vous offrent une vue panoramique sur Tel-Aviv et une vision quasi aérienne sur le Néguev…
Suivez le guide !
Le marché aux puces de Jaffa est un grand bric-à-brac dans lequel les découvertes insolites abondent.
Au sud de Tel-Aviv
Rishon-Le-Zion
A 15 km de Tel-Aviv.
Aujourd’hui, les vins israéliens s’exportent. Mieux : ils jouissent d’une réputation très correcte. Il faut dire que c’est le baron de Rothschild, maître du Mouton éponyme, qui a permis l’installation de vignobles autour de la ville, dont on peut visiter les caves.
Par ailleurs, ne manquez pas le petit musée interactif de la ville qui relate l’arrivée des colons en Israël.
Rehovot
A 24 km de Tel-Aviv.
Traversant les plantations des célèbres oranges « Jaffa », on atteint Rehovot. La ville est surtout connue pour son industrie pharmaceutique et son institut scientifique qui veille sur la tombe de Haim Weizman, premier président d’Israël et chimiste de renom : il obtint le feu vert britannique pour la fondation d’un foyer juif en Palestine, après avoir conçu des explosifs, fort utiles face aux soldats du Kaiser, en 1914 !
« Wonder Sabra »
Le Sabra, c’est l’Israélien juif né en Israël. Le surnom n’est pas très flatteur : il signifie « cactus ». Mais le Sabra assume. Par un lieu commun énoncé jusqu’à la lassitude : « Oui, nous sommes des cactus ; rêches au dehors, tendres à l’intérieur. » Ce portrait – dû à l’intéressé, lui-même – est évidemment quelque peu idéalisé. Pétard dans la ceinture ou carabine en bandoulière, le Sabra est capable du pire comme du meilleur. Comme tout homme, finalement. Il a colonisé Israël avec un courage parfois surhumain. Aujourd’hui, il est prompt à se placer en première ligne pour s’opposer aux revendications arabes, qui mettraient à bas tous ses efforts. Sabra est aussi le nom d’une liqueur douce et sirupeuse.
Suivez le guide !
A Rishon-Le-Zion, un tracé jaune sur le sol permet de repérer tous les centres d’intérêt de la ville. Malin !
Ashdod
A 43 km de Tel-Aviv.
Le plus grand port israélien reprend le site privilégié d’une importante escale philistine.
Ascalon (Ashqelon, Asqalan)
A 64 km de Tel-Aviv ; 28 km au nord de Gaza.
Les abords de la ville, ce sont d’abord des immeubles coiffés de capteurs solaires : Ascalon est destiné à résoudre la criante crise du logement… et à servir de tampon face à la proximité de la bande de Gaza.
C’est, paraît-il, à Ascalon que naît Hérode le Grand. Contrôlée par l’Egypte jusqu’au Moyen Age, elle devient une base dangereuse contre la Jérusalem franque, qui réussit à grand-peine à s’en emparer. Ascalon donne alors son nom à l’oignon qu’elle exporte vers l’Europe, l’échalote. Refortifiée par Richard Cœur de Lion, plusieurs fois perdue et reprise, c’est Baybars qui signe sa condamnation. En la rasant…
Parc national
Ouvert tlj de 8 h à 17 h, 16 h en hiver, 14 h les vendredi et veilles de fêtes. Entrée payante.
Les artificiers de Baybars ont fait du beau travail : la muraille n’est plus qu’un terre-plein en fer à cheval, où l’on distingue deux plates-formes de tours et un glacis de pierre. De l’église des Croisés il ne reste que le mur du chœur. Du côté de l’agréable plage, où l’on croise joggers et pêcheurs, on remarque les colonnes antiques récupérées à l’époque byzantine pour former des quais.
Gaza-Ville (‘Aza)
A 77 km de Tel-Aviv. Sous autorité palestinienne.
On rallie Gaza au terme d’une route rectiligne bordée de maisons en ruines, consolidées avec des pneus : depuis l’Intifada, qui débuta ici, Gaza a été au cœur de drames humains, de l’expulsion des colons juifs en 2005 aux bombardements de représailles de 2008-2009.
La première impression est celle du gigantisme de la ville, en pleine expansion depuis son indépendance. Située sur une voie de commerce avec la Mésopotamie, Gaza était une métropole religieuse et commerciale des Philistins. C’est dans le temple dédié à leur dieu Dagon qu’ils enchaînèrent le musculeux Samson à deux colonnes. L’Hercule hébreu les écarta à mains nues, provoquant la destruction de l’édifice.
Suivez le guide !
Vous irez flâner à plaisir dans le marché d’Ascalon, au centre-ville, où vous découvrirez des jouets en tôle chinois et des gadgets qu’on ne trouve nulle part ailleurs.
Grande Mosquée
Visite soumise aux horaires des prières.
Sa rosace et son portail gothique révèlent qu’il s’agît de l’église franque Saint-Jean-Baptiste (XIIIe), elle-même construite sur une ancienne synagogue, dont il reste une menora et une inscription gréco-hébraïque.