C’est ainsi que, parallèlement à ce qui se passa dans les Caraïbes, le syncrétisme prit corps au Brésil, donnant naissance à une vision du monde particulièrement originale, mêlant des pratiques européennes et africaines, le tout acclimaté à la couleur locale ambiante. Longtemps, le candomblé fut réservé aux Noirs. Ces cérémonies, plus ou moins secrètes, étaient consi¬dérées avec mépris par la majorité blanche de la population.
Aujourd’hui, l’ umbanda, un dérivé adouci du can¬domblé, se pratique toujours dans les Etats du Sud, à Rio de Janeiro ou à Sao Paulo en particulier, démontrant la force d’une culture qui est très loin de représenter un simple résidu folklo¬rique. Cependant, les rites se sont pro¬gressivement détachés de leur sub¬stance originale africaine, à cause, d’une part, de la fusion des différentes « nations » entre elles, et d’autre part, de leur passage obligé à travers le catholicisme dominant. C’est donc d’un apport culturel nouveau qu’il s’agit, et qui demeure largement méconnu, à l’exception d’une petite minorité d’initiés dont le cercle s’élargit de plus en plus à l’heure actuelle, par simple curiosité ou par nécessité d’une ferveur nouvelle. Chaque individu, homme ou femme a son orixa à qui il s’adresse pour obtenir une quelconque faveur ou pour jeter un sort sur son ennemi ou son rival. Il doit périodiquement déposer des offrandes à son intention en effectuant parfois des sacrifices d’animaux.
Chaque orixa a ses propres sym¬boles et ses propres cérémonies. Les plus importants sont: • Oxum, féminine, sensuelle, déesse de l’amour dont la couleur symbolique est le Jaune; • Xango, coléreux et violent qui adopte le rouge comme couleur ; • Omulu, le guérisseur ; • Yemanja, déesse de la mer, représentée par le bleu ; • Oxala, assimilé au Christ, sa couleur est le blanc ; • Ogum, dieu de la guerre; • Obatala, enfin, le père de tous les dieux. Evidemment, la liste est bien plus longue. Il ne faut pas oublier Exu, Oxosse, Ossanha, Congobila, Oshu¬marê, Obaloaié, Lansa et beaucoup d’autres. Le choix ne manque pas pour trouver son dieu tutélaire. Les cérémonies proprement dites se déroulent dans les terreiros de candomblé, qui proliférèrent à partir du XIXe siècle, surtout dans le Nordeste à Salvador da Bahia en particulier. D’abord clandestins, ils finirent par acquérir droit de cité, principalement dans les favelas et dans les quartiers pauvres. Les cérémonies sont organisées le jour de la fête de l’Orixa. Celui-ci descend s’emparer du corps et de l’âme de l’officiant choisi qui entre dans un état de transe souvent incontrôlable. Le Pai de Santo ou la Mae de Santo, les péres ou mères de saint, gèrent l’ensemble du rituel et sont également chargés d’introniser les nouveaux initiés, qui ont dû s’y préparer pendant une trés longue période.
La musique accompagne le rituel tout au long de son déroulement. Elle est rythmée par trois tambours sacrés, les atabaques, réservés pour cette occasion. Les chants et les danses, tous d’origine africaine, sont parfaitement réglés, jusqu’au moment ou se produit la venue d’un saint qui prend possession de l’un ou de l’autre des participants. Celui-ci entre alors dans un état second, en même temps que s’accélère le rythme de la musique. Le Pai de Santo ou la Mae de Santo intervient alors pour canaliser l’énergie de celui qui est possédé. Ce sont de véritables intermédiaires entre l’officiant et les dieux. Pour avoir le programme des séances des Candomblé, contacter la Fédération du culte afro-brésilien, Rua Alfredo do Brito, 39 (Pelourinho), tél 321-0145, ouverte du lundi au vendredi de 8h à 12h