Split, comitat de Split-Dalmatie, Croatie.

Split, comitat de Split-Dalmatie, Croatie. By: Bernard BlancCC BY-NC-SA 2.0

La Krka, qui se jette dans l’Adriatique à Šibenik, annonce la Dalmatie centrale, dont Split est le cœur. La côte devient plus escarpée, le relief des îles au large plus marqué.

Split

Installée au pied de la colline de Marijan, abritée à l’ouest par le massif du Kozjak, à l’est par celui du Mosor, et bordée au large par des îles, Split jouit d’une situation privilégiée. Capitale administrative et économique de la Dalmatie, elle est aussi aujourd’hui la ville la plus peuplée de la côte adriatique. Elle s’est largement étendue autour de son noyau, le palais de Dioclétien, tant en direction du port commercial que de la colline de Marijan, ou de Salone (Solin).

Rappel historique
A l’âge du bronze, une tribu illyrienne occupe le flanc sud de la colline de Marijan. Des Grecs leur succèdent. Ils baptisent les lieux Aspalathos, devenu Spalatum pour les Romains, Spalato pour les Italiens et enfin Split. A l’époque romaine, 10 km séparent Split de Salone, capitale de la province de Dalmatie. L’empereur romain Dioclétien (245-313), originaire de Dalmatie, édifie à la fin du IIIe siècle un gigantesque palais dans la baie de Split. Au Ve siècle, l’ancienne résidence impériale, abandonnée, abrite des commerces. Quand Salone est envahie au VIIe siècle par les Slaves, les habitants se réfugient en masse dans l’enceinte du palais. Au Moyen Age, une véritable ville se développe à l’intérieur du palais. Venise impose à Split sa domination dès 1420, pour la maintenir jusqu’en 1797. Pour résister aux attaques des Ottomans aux XVIe et XVIIe siècles, les fortifications sont consolidées. Après une courte période d’administration française, au temps des provinces illyriennes de Napoléon, Split devient autrichienne et le reste jusqu’en 1918. La ville est à cette époque le foyer du mouvement de renouveau national croate. Split est intégrée en 1945 à la Yougoslavie. La ville a souffert notamment sur le plan économique de la guerre de 1991-1995.

Suivez le guide !
Le palais de Dioclétien est bâti en pierre de l’île de Brač. La même pierre a servi à construire le Parlement de Vienne et la Maison-Blanche à Washington.

Dioklecijanova Palaca
Ouvert tlj. Entrée libre, sauf pour la visite des soubassements du palais (Ouvert de 9 h à 19 h. Entrée payante).
Le palais de Dioclétien est entouré d’un mur puissant, fortifié par des tours carrées placées à chaque angle et percé de quatre portes qui s’ouvrent dans le milieu de chacune des murailles : Porta Aurea (la porte d’Or) au nord, Porta Argentea (la porte d’Argent) à l’est, Porta Ferera (la porte de Fer) à l’ouest, et enfin Porta Aenea (la porte de Bronze) au sud.

A l’intérieur du palais
La Porta Aenae (porte de Bronze) ouvre sur Obala, la promenade le long de la mer. Elle ouvrait autrefois directement sur la mer. Elle permet d’accéder aux appartements de l’empereur dans les soubassements du palais. Un escalier mène ensuite directement au Peristil (péristyle), cour à ciel ouvert entourée sur trois côtés de colonnes, qui marque le cœur du palais où autrefois le cardo et le de-cumanus se croisaient (aujourd’hui les rues Dioklecijanova, Krešimirova et Kraljice Jelene).

Diocletian Palace, Split, Croatia © L. Richard Martin, Jr.

Diocletian Palace, Split, Croatia © L. Richard Martin, Jr.

Suivez le guide !
Seules certaines parties du palais de Dioclétien ont gardé leur aspect primitif : le péristyle, le mausolée, le vestibule et le temple de Jupiter.

Cathédrale Sveti Dujam
Ouvert tlj de 8 h à 20 h. Entrée libre.
C’est l’ancien mausolée de Dioclétien, débarrassé de ses idoles au VIIe siècle pour être transformé en cathédrale. Les reliques de saint Dujam, patron de Split, et de saint Stas y reposent. Les vantaux de bois de la porte de la cathédrale sont sculptés de minuscules scènes illustrant la vie du Christ. Le clocher, élevé entre le XIIIe et le XVIe siècle, copieusement restauré en 1900, atteint 50 m de haut. Il est le symbole de la ville : de loin, même du large, on distingue sa silhouette blanche.

Baptistère Sveti Ivan
Kraj Svetog Ivana.
Il s’agit de l’ancien temple de Jupiter, aménagé en baptistère au haut Moyen Age. On y a installé une imposante statue de saint Jean-Baptiste, œuvre d’Ivan Meštrović, un sphinx en granit trône à l’entrée. Un autre décore le péristyle. Douze sphinx provenant d’Egypte ont été découverts, dit-on, dans l’enceinte du palais de Dioclétien.

Muzej Grada
Papalićeva, 5. Ouvert du mardi au vendredi de 10 h à 17 h l’hiver, de 9 h à 12 h et de 17 h à 20 h l’été, samedi et dimanche de 10 h à 12 h. Entrée payante.
Le musée de la Ville est installé dans le plus bel édifice gothique de Split, le palais Papalić. On l’atteint en marchant en direction de la Porta Aurea (porte d’Or). Les collections qu’il abrite retracent l’histoire de la ville. En sortant du palais de Dioclétien par la Porta Aurea, on observe la monumentale statue de Grégoire de Nin (Grgur Ninski) réalisée par Ivan Meštrović.

Les dalmatiens
La Dalmatie est la patrie des dalmatiens, les chiens dont Walt Disney a fait les héros de son dessin animé Les 101 Dalmatiens. A l’époque des guerres contre les Turcs, les dalmatiens étaient dressés pour exciter les chevaux avant la bataille et désorganiser ainsi la cavalerie ottomane. Des dalmatiens sont souvent figurés sur les blasons des vieilles familles croates. Aujourd’hui, il arrive d’en croiser quelques spécimens tenus en laisse sur la Riva. Leurs propriétaires sont en général fiers de les laisser photographier.

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Quatre cents maisons sont entassées à l’intérieur du palais de Dioclécien. Environ 2 000 personnes vivent encore dans l’enceinte même du palais.

Obala
Appelée aussi Riva, c’est la promenade du bord de mer, ombragée de palmiers, sur laquelle les Splitois déambulent en fin d’après-midi. Elle relie les anciens quais au port de transit. A l’époque des provinces illyriennes, elle était baptisée quai des Français. Un marché pittoresque, adossé au mur du palais de Dioclétien aux abords de la Porta Aenea (porte de Bronze), se tient tous les matins. Le dimanche ou les jours de fête, ses étals rejoignent presque la Riva.

Narodni Trg
Elle est située hors de l’enceinte du palais de Dioclétien. Dès le Moyen Age, des maisons se sont appuyées sur le mur où était percée la Porta Ferera (porte de Fer). Au XVIe siècle, une muraille est venue protéger ce nouveau quartier. Bordée par l’ancien hôtel de ville, le palais Karepić, de style Renaissance, le palais Pavlović et une maison en forme de tour surmontée depuis le XVe siècle de l’horloge de la ville, la place de la Nation est l’un des lieux les plus animés de Split.

Trg Brače Radića
Une statue en bronze de Marko Marulić, père de la littérature croate à la Renaissance, exécutée par Ivan Meštrović, se dresse au milieu de la place. Elle tourne le dos au palais Milesi, magnifique spécimen d’architecture baroque.

Trg Republike
Accueillant de nombreuses terrasses de cafés dont la vue ouvre sur la mer, elle a des allures plutôt austro-hongroises, sans doute à cause des édifices construits au XIXe siècle qui la bordent. Le cloître du XVIe siècle d’un couvent franciscain subsiste néanmoins à l’entrée de la place, le reste du bâtiment ayant perdu son caractère à force de restaurations.

Marmontova Ulica (rue Marmont)
Le maréchal Marmont, gouverneur général des provinces illyriennes, auquel Napoléon avait accordé le titre de duc de Raguse, est oublié en France. Seuls les inconditionnels de l’épopée napoléonienne s’en souviennent. En Dalmatie, le duc de Raguse est resté dans les mémoires. Une rue porte encore son nom à Split. Elle longe le marché aux poissons à quelques mètres de la Riva. L’Alliance française y a installé ses locaux au n° 3 en 1912. On peut chaque jour venir y lire Le Monde ou y emprunter un roman. La bibliothèque offre un vaste panorama de la littérature française de l’entre-deux-guerres, de Colette à Montherlant en passant par Chardonne ou Morand.

Galerija Meštrović
šetalište I, Meštrovića, 46. Ouvert du mardi au samedi de 9 h à 16 h (jusqu’à 21 h de mi-mai à fin septembre), dimanche de 10 h à 15 h. Entrée payante.
Le musée, consacré au Rodin croate est aménagé sur les hauteurs de Split, dans la villa dont il a lui-même dessiné les plans au début des années 1930. Une centaine d’œuvres sont exposées. Les jardins méritent aussi une visite.

Marijan
Put Meja Ulica.
La colline de Marijan surplombe la ville. De son sommet (175 m), la vue s’ouvre sur la baie des Kaštel et l’île de Brač. Elle a été aménagée en parc au début du XXe siècle. Les Splitois se promènent volontiers le dimanche le long de ses allées ombragées.

Les environs

Ile de Brač
Accès par ferry au départ de Split jusqu’à Supetar. Durée de la traversée 1 h. Liaisons fréquentes.
Elle s’étend au large de Split, dont elle protège la baie. Le sommet de la chaîne calcaire qui forme son ossature culmine à 778 m : Vidova Gora est le point le plus élevé de tout l’archipel dalmate. Les cyprès recouvrent une partie de l’île et les pâturages sont encore nombreux. La vigne pousse sur les coteaux ensoleillés. Le bolski plavac, vin rouge produit aux alentours de Bol, est particulièrement réputé. Brač est aussi renommée pour ses carrières, situées au nord de l’île, près de Pušišće, d’où l’on extrait la pierre calcaire blanche qui a notamment servi à la construction du palais de Dioclétien.

Supetar
C’est l’agglomération principale, située sur la côte nord de l’île, face au continent. Le port de pêche a conservé son charme malgré le développement du tourisme. Les complexes hôteliers, installés à l’écart du vieux village, sont en partie masqués par les pinèdes. Dans le cimetière de Supetar, le mausolée de la famille Petrinović, surmonté d’un ange sculpté, mérite un détour.

Nerežišća
A 9 km au sud de Supetar.
La bourgade est située au cour de l’île. Elle en était le chef-lieu jusqu’à ce qu’en 1828, les Autrichiens lui préfèrent Supetar, qui offrait l’intérêt d’être un port. Nerežišća s’enorgueillit de posséder l’église la plus monumentale de l’île, Sveta Marija (Sainte-Marie), au style plutôt baroque. Les maisons alentour ont souvent conservé un toit de lauzes.

Bol
A 35 km au sud de Supetar.
La longue plage de galets de Bol, Zlatni Rat (le cap d’Or), dont la pointe oscille selon la direction du vent, illustre depuis des décennies les brochures touristiques. Le petit port de pêche, surplombé par Vidova Gora, plus haut sommet de l’île, a néanmoins gardé son caractère. L’asphalte n’a pas encore remplacé les pierres rondes qui pavent ses ruelles. Un tournoi de tennis (classement WTA) a lieu chaque année début mai à Bol. La plage de Zlatni Rat est un des meilleurs spots de planche à voile de la côte dalmate.

Blaca
A 2 h de marche de Murvica, à l’ouest de Bol. Visite sur rendez-vous, tél. : 021 635 122.
Cet ermitage fut fondé en 1551 par des prêtres de l’arrière-pays de Split fuyant devant l’avancée ottomane. Ils ont fait usage de l’alphabet glagolitique jusqu’au siècle dernier. Après la disparition du dernier religieux dans les années 1960, les lieux ont été transformés en musée.

Ile de Šolta
Accès par ferry au départ de Split. Arrivée à Rogac. Durée de la traversée 1 h. Liaisons fréquentes.
Au large de Split, particulièrement facile d’accès pour les Splitois en fin de semaine, l’île accueille de nombreuses résidences secondaires. Ses plages sont réputées belles et tranquilles. Les vignes et les oliviers couvrent encore une grande partie du paysage. La récolte du miel continue de constituer l’ordinaire des habitants de Šolta.

Ile de Hvar
Accès par ferry au départ de Split. Arrivée à Hvar. Durée de la traversée 2 h. Liaisons fréquentes.
Montagneuse, elle s’allonge sur 89 km. Sa côte nord est creusée de baies, tandis que sa côte sud, beaucoup plus abrupte, est à peine habitée. La vigne et l’olivier sont cultivés dans la partie orientale de l’île, où s’étend une petite plaine, Velo Polje. Ailleurs, forêts de pins, champs de lavande et maquis se partagent le paysage. Hvar jouit d’un ensoleillement exceptionnel (2 700 heures par an), qui lui vaut le surnom de Madère croate. La douceur du climat et la luxuriance de la végétation y ont ouvert la voie au tourisme dès le XIXe siècle.

Rappel historique
Hvar est habitée depuis la Préhistoire. Des Grecs de l’île de Paros, dans les Cyclades, fondent en 385 av. J.-C. la cité de Pharos sur la côte nord, puis, un peu plus tard, celle de Dimos à l’emplacement de l’actuelle ville de Hvar. Ensuite, l’île est conquise par les Romains. Puis elle connaît la domination byzantine, pour passer au XIIe siècle sous le contrôle des Vénitiens, qui la restituent finalement à Byzance. Hvar passe ensuite sous l’autorité des rois hungaro-croates. Rattachée un temps à la république de Dubrovnik, elle retourne en 1420 sous la tutelle de Venise. En 1797, Hvar devient autrichienne, puis française à partir de 1806. En 1807, elle subit un bombardement russe, suivi d’un blocus naval des Anglais. La garnison française en poste sur l’île se rend en 1813. Hvar passe à l’Autriche jusqu’en 1918.

Ville de Hvar
La vieille ville, blottie dans une baie, a conservé son unité architecturale. Légèrement en retrait du port, la Pjaca offre une harmonie rare. La cathédrale Sveti Stjepan, Saint-Etienne(Ouvert tlj. Entrée libre), mélange de styles Renaissance et baroque, flanquée d’un étroit campanile, se dresse à l’arrièreplan. Un puits datant de 1529 en occupe le centre. Le Fontiko, bâtiment où l’on entreposait autrefois le sel ou le blé, et l’arsenal du XVIIe siècle se partagent un côté de la place. La loggia municipale, reconstruite à la fin du XVIe siècle, la borde en face. A quelques pas de là, l’hôtel Palace, premier grand hôtel de l’île, inauguré en 1868, est bâti sur les vestiges des défenses de la ville. Il convient de visiter également l’église Sveti Kužma i Damjan (Saint-Côme-et-Saint-Damien) et d’admirer la façade gothique du palais Hektorović. La rue qui conduit au couvent franciscain est bordée de maisons aux balcons de fer forgé.

Fortica Spanjola
Accès libre par un sentier.
La forteresse, au sommet de la colline qui surplombe le port, remonte au XVIe siècle. Elle a été construite par des ingénieurs militaires espagnols qui lui ont laissé son nom. L’ascension est récompensée : du fort, la vue s’étend jusqu’aux îles Pakleni (îles de l’Enfer), l’archipel au large de Hvar dont les côtes échancrées font le bonheur des baigneurs et notamment des naturistes.

Stari Grad
A 20 km de Hvar.
La ville est bâtie à l’emplacement de l’ancienne cité grecque de Pharos. Des tronçons de remparts de cette époque subsistent. Le clocher de l’église Sveti Ivan (Saint-Jean) a été élevé sur l’un d’eux. Le château de Tvrdalj (Ouvert tlj de 10 h à 13 h et de 17 h à 21 h. Entrée payante), malgré son allure de forteresse, a été construit à la Renaissance. Il devait servir de refuge aux villageois en cas d’attaque turque. De Stari Grad, la route qui traverse l’île de Hvar conduit jusqu’à Vrboska, petit port de pêche niché dans une rade étroite, puis à Jelsa, station balnéaire aujourd’hui un peu assoupie.

Suivez le guide !
Komiza, sur l’île de Vis, est resté un authentique petit port de pêche, entouré de champs de vigne et d’oliviers. Il est aussi doté de belles plages.

Ile de Vis
Accès par ferry au départ de Split. Durée de la traversée 2 h. Liaisons régulières.
La colonie grecque de Vissa, fondée au IVe siècle av. J.-C. à l’emplacement de l’actuelle ville de Vis, a longtemps tenu un rôle prépondérant dans l’Adriatique. A l’époque romaine, Vissa n’est pourtant plus qu’un oppidum au large de la Dalmatie. A partir du XVe siècle, l’histoire de l’île de Vis se confond avec celle de Hvar, dont elle dépend. Vis a néanmoins servi pendant la Seconde Guerre mondiale de base avancée aux Alliés. Sous la Yougoslavie de Tito, l’île est déclarée zone militaire, interdite aux touristes étrangers jusqu’en 1989. Elle a conservé des paysages intacts.

Ville de Vis
Deux bourgades autour d’une même baie, Luka à l’ouest et Kut à l’est, forment la ville actuelle. Les notables de Hvar ont jadis possédé des résidences d’été à Vis. Le palais Gariboldi, à la belle architecture Renaissance, en témoigne. Au XVIIe siècle, Vis a été fortifiée. La tour Perasti en reste l’un des rares souvenirs.

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