Voici le petit carnet de voyage de ma famille qui retrace notre voyage en Bolivie durant le mois d’Août 2005.

Un récit de voyage de Carole Dardaine

03 AOUT : Départ depuis Paris direction LA PAZ via les Etats-Unis.

04 AOUT : Il est 05h40 du matin  (heure locale) quand nous atterrissons à La Paz (1,5 million d’habitants) ; 25 heures se sont écoulées depuis notre départ de Paris Charles De Gaule. Nous posons pieds à terre à environ 3800 mètres d’altitude, alors que la ville, à proprement dit se situe à 3660m. En ce qui me concerne, le manque d’oxygène se fait aussitôt sentir, ce qui me vaut un début de malaise dès nos bagages récupérés.

Juste avant le passage aux douanes, je suis accompagnée par un infirmier jusqu’à l’infirmerie où l’on m’allonge et l’on me met sous un masque à oxygène. Mes membres se dérobent sous moi et des bourdonnements me font tourner la tête. Après quelques minutes sous le masque, je récupère peu à peu mes esprits, tandis que Gil et Nicolas m’ont rejoints rapidement en passant prioritaires aux douanes, et que l’infirmier me caresse ma main droite et me rassure sur mon état.

Une fois sortis de l’aéroport, nous nous rendons dans le centre historique de la ville et allons nous loger à l’hôtel MAYA, dans la rue SAGARNACA. La chambre pour trois (mais à quatre lits), avec salle de bain et w.c privatifs ainsi que le petit déjeuner servi à l’étage supérieur nous coûte 23,87 dollars par nuit.

Nous jetons nos sacs à terre et nos corps sur les matelas confortables afin de récupérer un peu de force. En ce qui me concerne j’ai bien récupéré tandis que Gil est pris de violents maux de tête et Nicolas de nausées. Il parait que c’est normal et qu’il faut quelques jours au corps pour s’acclimater à l’altitude. Nous allons quand même dans un centre médical d’urgence pour que Nico soit vu car les symptômes sont assez violents et douloureux pour son estomac, et je préfère être rapidement munie des fameuses pilules contre le « sorroche », ce fameux mal des montagnes qui sévit dès 3000 mètres et qui peut s’avérer mortel si les symptômes persistent plus de deux jours. Les médecins nous conseillent donc deux jours de repos forcés en restant proches de notre hôtel en cas de grosse fatigue, étant donné que nous sommes là pour quatre semaines, rien ne sert de courir…

05 AOUT : Nos corps se sentent mieux, nous avons bien dormis sous nos grosses couvertures de laine et nos duvets. Nous avons encore un peu mal à la tête mais vraiment rien de bien méchant. Nous nous promenons un peu le matin dans notre rue qui regorge de boutiques et ensuite Gil fait une sieste tandis que Nico et moi faisons des jeux de société. Vers 13h nous allons manger dans un petit restaurant à côté de notre hôtel puis nous faisons une ballade de 3km dans La Paz, c’est très sympa mais nous prenons notre temps dans les dédales de boutiques et de ruelles car le moindre effort est pour nous encore éprouvant.
Nico nous trouve un pub sympa tenu par un Anglais où nous buvons des sodas et un café avant de regagner notre chambre pour un temps de repos ; devoirs, courrier, lecture… Le soir c’est encore tranquille, nous sommes biens.

La Paz, Bolivie

La Paz, Bolivie parStockSnap / Pixabay

06 AOUT : (samedi). On se réveille vers 7h30. Après notre petit déjeuner on se promène dans notre quartier très animé et nous préparons notre départ de demain pour COPACABANA sur les bords du lac TITICACA. Nous y réservons par téléphone une chambre à 30 Bolivianos par personne (1$ coûte 7,60 B), soit 3,9$ par personne. Le trajet en car nous coûte 25B chacun, et le départ est à 7h30 demain matin.
Le midi nous mangeons juste en bas de notre hôtel, au restaurant « 100% NATUREL », c’est une très bonne adresse.

Vers 14h nous allons faire un temps repos puis à 15h nous repartons pour un « City Tour » de 3 h qui nous emmène aussi visiter la « Vallée de la lune ». Le chauffeur de notre minibus se nomme Théophile et notre guide  s’appelle Elsa. Tout est génial à l’exception d’un peu de vent qui soulève la poussière et nous irrite les yeux. La Vallée de la lune est à 10km du centre ville, c’est un étrange labyrinthe de canions et de pitons rocheux taillés dans le flanc d’une colline. Ses paysages et sa végétation sont désertiques à l’exception de nombreuses espèces de cactus.

Il fait très bon. Ce soir, c’est la fête nationale et nous avons prévu après dîner, d’aller sur une place proche de notre rue pour y voir des danses folkloriques. Pour dîner nous retournons dans le petit restaurant tenu par une femme très sympa, qui connaît l’Europe car son ancien compagnon (et père de son fils) est Italien, elle y sert de très bonnes pizzas originales ainsi que des pâtes ou gnocchis arrangés de sauces « maison ».Nicolas accuse un violent mal de ventre à peine notre commande passée, ce qui nous fait regagner notre chambre avant le service. Nous le couchons, préparons nos sacs pour le lendemain et regardons les feux d’artifices depuis notre baie vitrée.

07 AOUT : Le réveil sonne à 6h30, le petit déjeuner est pris à 7h et nous sautons dans notre bus à 7h30 à destination de COPACABANA ! (54300 habitants et à 3800m d’altitude)
Notre petit bus fait plein d’arrêts pour charger de nouveaux passagers, ce qui nous permet de découvrir d’autres facettes de cette superbe ville. Nous mettons 4h pour atteindre notre but, et ce en traversant des zones désertiques, de pauvres villages (ce n’est pas péjoratif), et un énorme plateau aride avec la cordillère des Andes en toile de fond.

Les couleurs du paysage changent régulièrement au fil des km. La Terre se montre rouge, puis verte, puis ocre…et tout à coup, sur notre gauche, juste en dessous du ciel bleu clair, apparaît une tâche turquoise : c’est le lac TITICACA !
De tout, ou plutôt du peu que j’ai vu de notre planète jusqu’à ce jour il me semble être MA perle sur Terre.

Notre bus nous transporte jusqu’à SAN PABLO DE TIQUINA, où nous devons en descendre et prendre un petit bateau, tandis que le bus passe ce petit bras du lac sur un bac en bois plus que délabré poussé par de jeunes gens voire même des enfants pas plus vieux que Nico (11 ans). Cette petite traversée dure 10mn mais nous a fait économiser presque 2h de car jusqu’à SAN PEDRO DE TIQUINA, où nous regagnons nos places dans la car. Il est presque midi quand nous arrivons à COPACABANA.

Il y a plein de monde car c’est encore la fête et nous sommes dimanche de surcroît.  Nous trouvons facilement notre hôtel « HOSTAL EMPERADOR ». La chambre y est à 20B par personne, soit 9$ la nuit pour trois !!! Notre location est petite mais très propre et entièrement rénovée, on y sent encore la peinture fraîche. L’hôtel est sympa, en définitive, c’est une ancienne auberge de jeunesse, il y a un patio ensoleillé et une terrasse d’où l’on voit le lac et la cathédrale. Depuis le toit on entend la musique des fanfares et les grondements de pétards.

Copacabana, Bolivie

Copacabana, Bolivie par StockSnap / Pixabay

Nous faisons un rapide tour sur la place principale, en se méfiant (peut être à tort), mais notre logeuse m’a conseillé de laisser sacs et appareil photos dans la chambre, car parait-il, qu’aujourd’hui, c’est très dangereux car il y a plein de voleurs venus de Bolivie et du Pérou et que l’alcool coule à flot ! Demain la bourgade aura retrouvée un peu plus de tranquillité. Malgré toutes ces recommandations, nous allons déjeuner dans un restaurant perdu au milieu de cette foule et de ces exposants d’artisanat divers, mais une fois de plus mon petit Nico se plaint de douleurs abdominales à peine sa truite servie.

Nous nous restaurons rapidement pour regagner notre chambre afin qu’il y fasse une sieste. Il est déjà 15h30 quand j’écris cette phrase et il dort toujours. 30mn plus tard nous sommes enfin prêts pour aller prendre un bain de foule plus ou moins enivrée qui nous mène jusqu’à la plage. La plage est sale car elle subit la fête depuis une semaine. Toutes les voitures stationnées sont Péruviennes. En remontant vers la cathédrale nous faisons quelques achats (colliers, cartes postales…), puis visitons la cathédrale pleine de décorations en or.

La plus part des décorations sont protégées par des bâches de plastique transparent. Nous regagnons notre hôtel pour jouer aux cartes. Vers 19h30, nous allons dîner dans un restaurant pas bon du tout, les spaghettis qui accompagnent ma truite sont au beurre rance. Une douche festive et très chaude nous délasse avant de nous glisser sous nos couvertures pour un moment de lecture.

08 AOUT : Réveil à 7h45, rigolades suivit d’un petit déjeuner Américain en ville. Nous nous promenons dans cette ville agréable et prospectons dans les diverses agences de tourisme pour nous rendre sur « L’ISLA DEL SOL » le lendemain. Nous continuons notre promenade en dehors de COPACABANA, pour nous rendre un peu plus loin que le cimetière afin de voir le site du « Tribunal de l’Inca ». C’est finalement un endroit sans réel intérêt, ce n’est qu’un champ de rochers grossièrement sculptés en forme de sièges ou de niches.

Nous retournons sur le bord du lac  après avoir déposé nos blousons à l’hôtel, car une fois le soleil levé, ça cogne dur ! Nous offrons par la même occasion un sac de feutres, crayons, ciseaux et stylos à Paméla une des petites filles de la gérante de l’hôtel qui travaille avec ses frères et soeurs à l’entretien de l’hôtel. Elle doit avoir 11 ans et fait la lessive et le ménage des routards. Elle n’est pas une exception en Bolivie et comme pas de pays d’ailleurs…

Je reviens donc au moment où nous arrivons sur la plage du lac, où nous louons un pédalo pour 30mn. C’est très sympa mais les quelques coups de pédales nous rappellent vite l’altitude à laquelle nous sommes : 3800 mètres. Un enfant du pays fait lui aussi un tour en pédalo et se met à jouer avec nous en nous abordant et en sautant de son embarcation à la notre.

Vers 12h30, nous allons boire un verre en terrasse surélevée afin de profiter au mieux du soleil et de la vue. Nous déjeunons un peu plus loin dans la rue « 6 de Agosto ». En guise de digestion et pour faire plaisir à mes hommes, nous entamons une ascension pour atteindre le « Cerro Calvario » au sommet d’une colline, à 1h30 de montée, d’où la vue sur la cité est remarquable. Le sentier un peu abrupt est jalonné de 14 stations de chemin de croix.

Il y a encore des stands de buvettes ou de toutes autres petites babioles religieuses qui sont encore installées le long du chemin escarpé. Des familles s’y tiennent encore sous des bâches de plastique, y font leur cuisine, d’autres ont improvisé des bars de fortune, tandis que d’autres encore ne sont que des survivants aux yeux vitreux de cette semaine de beuveries. A mi-chemin, mon cœur se met à  battre la chamade et je peine à récupérer mon souffle. Gil fait donc des photos depuis cette moitié d’ascension mais  je suis déçue pour mes hommes qui ne préfèrent pas continuer sans moi.

Cerro Calvario, Bolivie

Cerro Calvario, Bolivie Photo par Where Is Your Toothbrush?

Après avoir retrouvé un sol stable et plat sous mes pieds, je propose une randonnée de 3h30 aller-retour qui enchante tout le monde et qui nous mène au « Bain de l’Inca ». Nous marchons d’une plus vive allure qu’en montée (3800 mètres obligent), et empruntons des ruelles encore inexplorées. Au sortir de la ville, le chemin prend une apparence de coupe gorge, il n’y a plus de vie hormis quelques bons hommes aux regards hagards, assis ça et là. Peut être à tort, nous rebroussons chemin.

Un moment de détente sur un banc de la place « 2 Février » s’impose, nous restons là, à regarder les gens vivre. Les enfants jouent, les femmes discutent et les hommes cuvent. Après ce bain de soleil, nous regagnons notre chambre pour y écrire, faire des devoirs, lire et écouter de la musique. La soirée est calme sur COPACABANA et ressemble aux précédentes.

09 AOUT : Réveil à 7h30, douche, et préparatifs pour une journée d’excursion sur « L’isla del Sol », qui compte 2500 habitants. A 8h30, nous embarquons pour 1h30 de navigation sur le lac, la vue est magnifique, le ciel est dégagé, ce qui nous permet d’admirer la côte avec la cordillère des Andes en toile de fond. Les couleurs sont splendides. Nous voyageons sur le toit plat du bateau, bien vêtus et enduits de crème solaire.

Nico dévore d’énormes pops corn. Nous accostons donc 1h30 plus tard en bas de l’île. Une ascension de marches de pierre nous fait face, et après 45mn de montée, nous amène à YUMANI (4020m d’altitude). Je souffle temps que je peux pour y arriver.

C’est étonnant, à une telle altitude de trouver un village qui regorge de cultures et de fleurs (rosiers…). Ici, il n’y a pas de voitures, de moteurs, tout est  calme. Nous déambulons sur les petits chemins de terre, au milieu des ânes. Nous déjeunons chez l’habitant, en terrasse, avec une vue splendide sur un décor Hollywoodien de grands espaces. Notre banquette est une reproduction miniature des barques en roseaux à tête de dragons, que nous avions déjà vu et emprunté au Pérou sur le lac Titicaca.

Notre malchance est de tomber sur un groupe d’Anglais assis près de nous qui boivent une décoction à base de poudre verte (Coca pilée ?) qui les fait vomir à chaque gorgée.  Ils ont l’air d’être complètement défoncés. Nous sommes plus sages et plus respectueux des gérants et buvons une bière au soleil. Nico et moi prenons une truite et Gil une escalope de poulet panée. Une fois notre repas terminé, nous redescendons au port après nous être promenés sur la crête de l’île au milieu des Eucalyptus. Nous profitons de cette fin d’après midi au bord de l’eau, tandis que Nicolas joue dans l’écoulement de la source de la « fuente del Inca ».  Ici  les cultures en terrasse sont vertes.

Accostée entre deux yachts, une embarcation de paille à deux têtes de dragons, comme celles de Puno dont je parlais un peu plus haut, nous fait face.
J’ai offert des pops corn à une petite Claudia de un an et sa maman m’a proposé de la photographier, pour l’en  remercier je lui donne un flacon de lotion hydratante. Tout est reposant, nous n’entendons que l’eau s’écouler et le clapotis des vagues sur les coques des bateaux, se mêlant aux pas des marchands de tissus qui s’affèrent sur les chemins de galets.

Yumani, Isla del Sol, Bolivie

Yumani, Isla del Sol, Bolivie Photo par Dago_Ô

De temps à autre, nos yeux pleurent, irrités par une infime poussière ? Nous restons là, à attendre notre bateau qui revient  vers 16h, profitant de ces bribes de vie lointaines et typiques : en bout de plage, des femmes font leur lessive et un étalage de jupes colorées sèchent près d’elles sur l’herbe. De retour à COPACABANA, nous passons une fin de journée douce et calme.

10 AOUT : Journée « farniente » !
On se réveille encore de bonne heure, mais nous restons tous les trois au lit, bien au chaud à nous faire des câlins sous nos couvertures d’Alpaga (Alpaca). Après ce bon moment, nous allons prendre notre petit déjeuner, Bacon, œuf… puis nous nous promenons pour faire quelques achats : cartes postales, timbres (6Bv) pour l’Europe, des pellicules photo (36 poses, 20Bv), des muñecas et nos billets de bus  pour La PAZ.

Notre départ en bus local est prévu demain matin à 8h et nous coûte 20Bv par personne. Ensuite il nous faudra prendre un taxi jusqu’au terminal de bus afin de prendre une connexion pour ORURO.
Nous regagnons notre chambre après avoir pris un repas en terrasse au restaurant. Il est 14h30 quand nous commençons un peu le rangement de nos affaires. Je profite d’un soleil de plomb pour laver quelques sous vêtements à la main et les mettre à sécher sur la rambarde intérieur du patio de l’hôtel.

Après ce petit effort, (n’oublions pas que je suis en congés !) ,je vais m’installer en terrasse, à l’autre bout de l’auberge, à une table pour y écrire mes cartes postales. D’où je suis-je vois : notre chambre avec sa porte grande ouverte, le toit de la cathédrale de COPACABANA qui est splendide avec ses murs plus blancs que blancs et ses dômes verts et or, et le lac TITICACA. Voilà pour moi une des choses qui sont synonymes du bonheur, MON bonheur … Je profite de cette vue que je ne reverrai qu’en photo ou en film sur des chaînes dédiées aux voyages.

Une fois ma 35ème carte postale rédigée, nous allons toutes les poster et nous asseyons sur un banc de la place principale, pour regarder une dernière fois les Péruviens et Boliviens venus avec leurs cars, leurs voitures, leurs Taxis faire la « Cha’lla » : bénédiction des véhicules et de leurs chauffeurs.
Tous les moyens de transport sont bénis, encensés, décorés, fleuris, arrosés de bière, couverts de confettis roses et jaunes , avant d’être pris en photo avec toute la famille ou les gens proches et chers au  pilote. Ce cliché n’est pris qu’après que des dizaines de pétards aient été allumés en même temps. Nous sommes bien.

Ce soir nous allons dîner dans le même restaurant que celui où nous avons pris notre petit déjeuner, mais cette fois-ci à l’intérieur. Le décor est génial, les tables et les sièges sont de vulgaires souches de bois recouverts (les sièges), de peau de mouton. Des bougies nos éclairent et une cheminée centrale nous réchauffe. Les murs et le plafond sont en tiges de bambou, et des fleurs de roseaux ornent le tout. Après cet autre bon moment, nous allons nous doucher et nous coucher afin de ne pas nous louper demain matin.

11 AOUT : Notre réveil sonne à 7h, 10mn après que les cloches de la cathédrale aient sonné ?!
A 8h nous prenons place dans le car en direction de La PAZ. Nous empruntons le même chemin qu’à l’aller, avec la traversée du bras de lac en bac et bateau. Le trajet est pénible et nous fait faire pleins d’arrêts. A 11h30 nous voilà enfin rendus au point désiré. Nous prenons un taxi pour nous rendre au terminal de bus (9Bv), et y achetons nos billets de car pour ORURO. Le départ est à 12h, le trajet dure 3h30, mais il nous semble interminable. Le bus est le théâtre de plusieurs apparitions de mendiants, de vendeurs, de politiciens venant hurler leurs opinions… Nico qui se trouve côté couloir est constamment dérangé par ce vas et vient incessant. Une vendeuse de poulets rôtis dépose même ses affaires personnelles sous ses pieds.

Oruro, Bolivie

Oruro, Bolivie Photo par szeke

Nous traversons une plaine interminable où se forment un peu partout de minis tornades. Il est 15h30 quand nous arrivons à ORURO. A première vue, cette ville ne nous plaira pas beaucoup. Dans le « lonely planet », il est écrit :-ORURO laisse rarement les visiteurs indifférents. On l’aime ou on la déteste.
Pour sûr, nous adhérons à la seconde impression.  Cette ville compte 200000 habitants et se situe à 3702m. Nous trouvons un hôtel de disponible, « Résidencial San Salvador » (30Bv par personne), juste en face de la gare ferroviaire. La moquette de l’hôtel est dégueulasse et notre chambre avec salle de bain plus que médiocre, mais faute de mieux … pour une nuit…

A peine nos sacs jetés sur nos lits, nous courrons acheter nos billets de train pour UYUNI et fuir cette ville dont nous semblons être manifestement allergiques. Nos billets de train nous coûtent 45Bv par adulte ce qui correspond à environ 5 Euros et demi tarif pour Nico car il a moins de 12 ans. La soirée s’écoule vite, nous mangeons dans un petit café où nous sommes très bien servis et Nicolas joue à la Play-station avec les serveurs.
En ce qui concerne notre santé, tout va très bien et nous n’avons pas ressenti de nouveau le mal des montagnes et aucun de nous n’a la « turista »!

12 AOUT : Nous nous réveillons encore très tôt car ici les gens sont dehors en même temps que le soleil se lève.  Nous restons un bon moment au lit et Nicolas en profite pour regarder les dessins animés qui commençaient à lui manquer car c’est notre premier hôtel avec téléviseur. Une fois nos carcasses sorties du lit, nous allons prendre un petit déjeuner dans un restaurant végétarien qui sert de bonnes parts de gâteau au chocolat fait maison.

Nous profitons d’être en ville pour acheter des bouteilles d’eau et pilules de « Soriji » en prévention d’éventuelles crises de « Sorroche » (mal des montagnes) lors de notre prochaine destination. Nous nous rendons aussi dans un cyber café  où le Net fonctionne très bien et n’est pas cher du tout.

La ville ne nous plait toujours pas et bizarrement je ne m’y sens pas à l’aise. Nous évitons donc de nous aventurer en plein cœur du marché. Il n’y a pas d’artisanat, à l’exception de quelques instruments de musique. Le midi nous mangeons dans une pizzeria bon marché. Après avoir récupéré nos effets personnels à l’hôtel, nous allons nous réfugier sur un banc devant la gare vers 14h. Notre train n’est qu’à 15h30.Je ne dirais pas que c’est une demis journée de perdu, mais elle n’est sans aucun attrait touristique.

ORURO regorge de militaires, de policiers, de gardes, c’est peut être aussi ça qui rend son atmosphère un peu tendue. Sur les guides de voyage que nous avons il y est aussi inscrit que cette ville compte de nombreux escrocs et de pickpockets.
A 15h30 le train démarre, nous sommes bien installés, nos bagages sont enregistrés (dans ce train il faut faire comme dans un avion, les bagages sont obligatoirement enregistrés, voyagent dans des wagons à part…) Le wagon n’est pas si beau que les photos présentées à la gare. Le train compte une majorité de touristes. Derrière les fenêtres, le soleil est agressif. A peine la ville quittée, le train traverse des marécages pleins de flamants roses qui prennent leur envol à son approche.

Tous les trois nous voyageons sens opposé à la marche du train. Sur ma droite je vois les montagnes, sur ma gauche un paysage plus plat hormis quelques collines. Ils s’y trouvent des moutons, des vaches qui broutent les hautes touffes d’herbe jaune. Ces monticules d’herbe sèche, font penser à des tapons de poils d’animaux faisant leur mue. Un peu plus loin nous traversons une immense étendue de sable témoignant de la présence d’une mer interne il y a des millions d’années.

Lever de soleil, Salar de Uyuni, Bolivie

Lever de soleil, Salar de Uyuni, Bolivie Photo par sandeepachetan.com

Le coucher du soleil arrive, c’est magnifique, les couleurs rappellent celles d’un arc en ciel qui se serait déployé pour couvrir l’horizon. Deux étoiles très lumineuses scrutent se spectacle avec nous comme si elles étaient en avance sur le rendez-vous donné à leurs semblables. Une fois la nuit tombée, le spectacle est forcément moins intéressant, mais nous avons 3 films qui nous sont diffusés sur des écrans de télé dont « Seul au monde ».

A 22h20, nous arrivons enfin à UYUNI (14000 habitants, 3669 m). Il y fait très froid, c’est une nuit noire et un peu la cohue pour récupérer nos sacs à dos. Nous sommes presque les premiers à quitter la gare et nous nous empressons à pied munis de nos lampes de poches, à la recherche d’un hébergement. Le premier hôtel où nous allons nous demande 40$, le second, 30$ et le troisième, que nous choisissons ne nous coûte que 5$ par personne.

La chambre est propre et munie d’une salle de bain privative. Nous bordons convenablement nos lits de toutes les couvertures de laine fournies en plus de nos duvets et dormons. Il faut quand même signaler que j’ai confectionné un mur de fortune avec nos sacs derrière la porte de notre chambre pour limiter les courants d’air froids.

13 AOUT : Nous ouvrons les yeux à 8h30. Je prends une douche « tiède-froide » et entame la lessive de nos sous vêtements à l’eau froide, mes mains sont comme des glaçons. Gil se douche après et a plus de chance avec la température de l’eau. A 10h j’étends le linge dans la cous intérieure de l hôtel, en plein soleil et ensuite nous allons prendre un rapide déjeuner avant de nos promener dans la ville qui est très agréable.

UYUNI est très colorée, ses rues sont larges, les véhicules très peu nombreux et les gens très accueillants. Nous prospectons dans plusieurs agences de tourisme pour organiser notre tour de 4 jours au SALAR d’UYUNI. C’est finalement dans l’agence « Playa blanca » que nous prenons nos billets. Le tour y est à 70$ par personne, incluant les repas, l’eau et l’hébergement pour 3 nuits. C’est une bonne chose de faite et nous allons nous asseoir sur un banc de la place principale, au soleil pour regarder des jeunes jouer au foot.

Au bout de 15mn, Nico se joint à eux. Ils sont plus âgés que lui, il y a des filles et des garçons mais ne sont pas plus grands que lui. Deux minutes à peine après être entré dans la partie, Nico marque un but ! Il s’épuise rapidement et après dix minutes de jeu vient s’asseoir près de nous pour reprendre son souffle car n’oublions pas que nous sommes à 3669m d’altitude. Au même moment, une mamie traverse la place, marmonne 3 mots aux jeunes et tout s’arrête, chacun reprend ses affaires et tout le groupe s’en va ! Pas commode la vieille !

Nous repassons à l’hôtel pour que Nico se désaltère, s’en suit un temps d’éclats de voix de ma part sur Nico qui ne sait plus si il doit bouder, pleurer, dormir, rigoler, jouer… pour l’aider à mieux savoir quoi faire je lui sors son cahier de devoirs. L’heure arrive d’aller se restaurer, nous trouvons un restaurant qui (comble du bonheur pour Nicolas), sert des pâtes au roquefort. Nous sommes surpris de voir ce fromage ici, mais en feuilletant le Lonely Planet, nous apprenons qu’un couple de Français s’est installé à UYUNI pour y ouvrir un restaurant avec comme spécialité : Steak de Lama aux champignons et sauce Roquefort.

Je pense qu’ils sont donc les importateurs de ces saveurs venues du vieux continent. En attendant d’être servis, Nico joue au billard tandis que Gil est pensif et que moi je bois une bière locale en écoutant Leny Kravitz qui passe à la radio.

Une ballade dans le village nous fait digérer nos plats et nous regardons de jeunes enfants jouer en plein soleil. Nous regagnons notre chambre vers 17h00, je me lave les cheveux en reprenant une douche qui est à une température plus acceptable que ce matin. Je m’impose cette toilette car demain nous partons pour 4 jours et peut-être que nous ne pourrons pas nous laver. Il est 17h40 quand je sors de la chambre pour profiter des derniers rayons de soleil qui me sècheront les cheveux avant que le froid et le nuit n’arrivent.

On peut dire que j’ai beaucoup de chance d’avoir pris ma douche de bonne heure car à 18h45, nous vivons une coupure d’électricité qui plonge toute la ville dans le noir. A la lumière de notre lampe de poche, nous regroupons un peu nos affaires pour préparer nos sacs pour demain. Comme par magie, la lumière revient à 19h20, nous faisons donc une partie de jeu de cartes. Un peu plus tard, nous allons boire un apéritif chez les fameux Français qui ont monté leur business, un bar-restaurant de nuit,  ici.

Paysanes à Uyuni, Bolivie

Paysanes à Uyuni, Bolivie Photo par felipe ascencio

Leur affaire s’appelle « La Loco », c’est très sympa, des draps blancs sont accrochés au plafond, le bar est une locomotive, il y a trois grosses cheminées dont une centrale, les murs sont rouges foncés, il y a des bougies un peu partout, la lumière y est tamisée, et on y écoute de la musique rock… bref un très bon endroit où je sirote un verre de kir. Nous allons dîner  dans un autre endroit, moins chaleureux mais bien quand même. Je commence à avoir un peu mal à la gorge, je pense que l’air sec et la poussière y sont pour beaucoup.

14 AOUT : (dimanche). Nous nous levons à 8h30, nous nous préparons, déjeunons à l’hôtel et réglons nos nuitées. Durant notre petit déjeuner, nous faisons la connaissance d’un Français, professeur de danse, installé à Marseille depuis deux ans. Il est très agréable et nous explique qu’il est à la moitié de son voyage (3 mois au total). Contrairement à nous, il n’a pas eu de chance sur La Paz, car il s’y est fait volé son sac à dos dans un cyber café, alors qu’il l’avait mis entre ses jambes. Peut-être le recroiserons nous plus tard car nous avons à peu de choses près le même circuit.

Il est 10h, nous sommes devant notre agence de tourisme, et y attendons notre 4/4. La gérante nous explique que nous sommes 13 touristes dans deux 4/4 et nous propose une option supplémentaire non comprise dans notre pack mais sans frais supplémentaires : passer la dernière nuit  dans son hôtel de sel à COLCHANI, nous acceptons avec joie ! 

Les horaires fixés par les Boliviens ne sont pas toujours très fiables. Nous avions rendez-vous vers 10h20, et le 4/4 n’arrive qu’à 11h20. Au départ nous ne sommes que tous les trois, avant de retrouver le reste du groupe après le village de COLCHANI. C’est le seul village qui travaille « artistiquement » le sel. Nous y achetons des souvenirs : jeux de dés, lamas… Après 15mn d’arrêt, nous entamons la traversée du lac de sel. C’est gigantesque, il mesure deux milles kilomètres carrés, et au loin, les montagnes que nous apercevons encore pour le moment paraissent être des mirages. Notre chauffeur se nomme Emilio, il mâche tant qu’il peut des feuilles de coca, et il est accompagné de sa femme qui sera notre cuisinière pendant ce circuit.

Il est midi quand nous faisons un arrêt photo dans un hôtel de sel et c’est aussi le moment où nous retrouvons le reste du groupe : Il y a un couple deux jeunes  Français étudiants (Luc-Aurélien et Amélie), et un groupes de jeunes Israéliens sortant de leur service militaire (qui dure trois ans !). Nous perdons une heure sur notre planning car ces derniers ne veulent pas être séparés dans les 4/4. Mais ils n’ont pas le choix, 4 voyagent avec nous (les garçons), et 4 (les filles) dans l’autre voiture avec Luc et Amélie.

Il y a de la tension dans l’air, l’un d’entre eux me fait un doigt car je le réveille en posant une question au chauffeur. IL ne paie rien pour attendre, dès notre premier arrêt à l’île des cactus nommée « isla de los pescadores » en raison de sa forme qui la fait ressembler à un poisson, j’attends le moment de me retrouver seule face à lui et lui dis en espagnol «  j’en ai deux gros moi si tu veux » et lui présente mes deux majeurs bien en face de son nez. Il hausse les sourcils comme surpris et s’en va sans moufter.

Bref, n’allons pas gâcher notre joie à cause d’un connard pareil, d’autant plus que pour le moment ses amis paraissent moins stupides que lui. Pour en revenir à notre périple, nous venons donc d’arriver sur l’île des cactus, un îlot perdu à 80km de COLCHANI, au milieu de l’immensité blanche.  Gil, Nicolas et moi nous nous offrons l’ascension de cette île (8Bv chacun) pour en atteindre le sommet. La vue y  est impressionnante. C’est un paradis pour les cactus, il y en a un âgé de 1203 ans qui mesure 12,30m de haut. Il pousse régulièrement d’un centimètre par année.

Il est 15h30 quand nous déjeunons au pied de cet îlot, avec le lac de sel en spectacle. Le repas est bon et copieux, il nous a donc été préparé sur place par la femme de notre chauffeur et l’autre couple de Boliviens responsables du second 4/4.

Colchani, Salar de Uyuni, Bolivie

Colchani, Salar de Uyuni, Bolivie Photo par Where Is Your Toothbrush?

Nous reprenons la route, et la jeep nous emmène en dehors du lac de sel pour emprunter des routes poussiéreuses et caillouteuses. Nous roulons jusqu’à 17h30 et atteignons enfin notre gîte pour la nuit à SAN JUAN (1000 habitants, 3660m). Nous nous empressons de décharger nos sacs du toit du 4/4 pour les jeter sur nos lits de campement et courrons presque pour atteindre un site nécrologique avant la tombée de la nuit. 

Ce site est un endroit éloigné du village où se trouvent des sépultures en pierre volcanique, ainsi que des « chullpas » funéraires. On y voit des momies isolées ou regroupées en famille, quelques une sont en situation  de vie autour d’un chaudron… Dans ce cimetière ouvert sur les cieux, se sont les monticules d’argile qui protègent les momies du vent. Certaines sont mieux conservées que d’autres. A 18h20 le soleil se couche, nous espérons que nos photos seront réussies malgré le manque de luminosité.

Nous traversons la plaine qui nous sépare du village dans une semi pénombre. A 19h nous sommes dans notre chambre à 5 lits, nous sommes avec Luc et Amélie, nous préparons nos lits et attendons l’heure du souper en échangeant nos impressions de voyage.
A 20h20 nous dînons une bonne soupe de légumes, du poulet, des frites, du riz au bouillon… Un vrai festin. Nous nous couchons vers 22h, dans nos duvets, sous 4 épaisses couvertures, , avec de grosses chaussettes et nos bonnets! La nuit est chaude à condition de ne pas bouger d’un poil.

15 AOUT : On nous réveille à 6h40, pour un départ prévu à 7h30 après le petit déjeuner. Notre départ est un peu retardé par la faute de 8 personnes, bref, nous partons enfin pour notre journée de « raid » dans les déserts perdus au milieu des montagnes, à deux pas de la frontière Chilienne. Notre premier arrêt se fait sur un petit bout du lac salé pour que les Israéliens fassent une série de photos qui leurs sont chères, c’est une sorte de tradition. Ils mettent plus d’une heure à sa photographier dans des scénarios bien précis.

Nous perdons beaucoup de temps sur notre timing, nous sommes en vacances mais le chauffeur et sa femme commence à an avoir marre car ils ont des horaires à respecter. Nous continuons enfin notre périple avec maintenant presque deux heures de retard. Nous nous rendons au pied du volcan OLLAGUE et passons auprès de nombreuses lagunes dont certaines sont prisés des flamants rose, d’autres sont gelées, d’autres nous donne envie de s’y baigner. Durant toute la journée nous ne voyons que de belles choses, tel que l’arbre de pierre, c’est un rocher érodé par les vents a été sculpté naturellement en forme d’arbre.

En début de soirée nous pénétrons sur la réserve nationale de la faune Andine « Eduardo Avaroa » dont l’accès coûte (30Bv ) et qui renferme un trésor de la nature : la « Laguna colorada »(4278m). C’est grandiose, c’est une immense lagune perdue au milieu des herbes vertes, ses bords sont blancs à cause de l’acide borique, elle est au pied de montagnes brunes et rouges, ses abords sont bleu ciel tandis que son centre est rose bonbon. Pour couronner le tout, quelques flamants roses ajoutent par leur présence des grains de beauté au tableau qui nous est offert.

Notre gîte pour la nuit est juste en face. C’est très spartiate, pour ma part, c’est la première fois que je dors dans un endroit si « roots ». Les lits en fer sont branlants, le chauffage et la lumière sont inexistants, idem pour le verrou des toilettes et la chasse d’eau, les sommiers sont en carton, les joints de nos vitres sont en gros scotch marron.

Le dîner nous est servi à 18h30 avant la nuit noire, à 20h nous jouons tous les cinq au « Uno » grâce à nos lampes de poche, à 21h nous nous couchons habillés de nos polaires, nos gants, nos bonnets dans nos duvets et sous quatre grosses couvertures en laine d’Alpaca. Durant la nuit, la température descend à -20 degrés. Je suis enrhumée depuis presque une semaine mais c’est de pire en pire,c’est pour cette raison que tout le monde dort très peu, à l’exception de Nicolas.

Laguna Colorada, Bolivie

Laguna Colorada, Bolivie Photo par David Baggins

16 AOUT : Le moteur du 4/4 nous réveille pour de bon à 5h00 du matin. Le ciel et plein d’étoiles, il fait très froid et la lune est presque pleine. Cette vision du ciel rempli d’étoiles, restera marqué à jamais dans ma mémoire et je suis déçue que la pellicule de mon appareil photo ne me permette pas d’immortaliser ce spectacle car on dirait presque un décor de cinéma sur lequel nous aurions mis beaucoup trop d’étoile pour que ce ciel paraisse vrai.

Nous embarquons dans la voiture en ayant pris soin d’installer Nicolas tout habillé dans son duvet, à l’avant du 4/4 comme d’habitude, au coté du chauffeur et de son épouse. Nous marquons notre premier arrêt à 4870 mètres pour voir des geysers. C’est impressionnant. Hier aussi le volcan OLLAGUE m’a beaucoup impressionné car c’était la première fois de ma vie que j’approchais un volcan en activité. Après avoir vu les geysers et nous être promené au milieu d’eux, nous nous rendons aux sources d’eau chaude à 4400m.

Nous nous y baignons et pour tout dire, c’est un pure bonheur : le site, la température de 33 degrés dans l’eau et  de 4 degrés environ à l’extérieur…un grand moment pour nous trois qui ne dure pas très longtemps car Emilio et sa femme nous demande d’en sortir une quinzaine de minutes plus tard pour les rejoindre afin de prendre notre petit déjeuner.
Une fois l’encas pris, nous allons à la Laguna Verde qui saute aux yeux dès son approche, par la couleur vert émeraude de son eau.

Le chemin du retour pour UYUNI est long. Nous traversons et découvrons malgré tout de belles choses : des champs de pierres sculptées par le vent (il y en a une en forme d’oiseau en plein vol), des lagunes, des « rios », des troupeaux de Lamas, des troupeaux de Vigognes (vicuñas)… Merveilleux moments un peu gâchés par la mauvaise ambiance entre les Juifs et les Boliviens. Nous sommes épuisés par nos nombreux arrêts en plein vent, d’autant plus que nous n’avons que très peu dormis. Nous sommes couverts de poussière et les voitures montrent des signes de fatigue : Un pneu crevé, une panne d’essence, un problème de carburateur, une portière à démonter afin de pouvoir relever une vitre…

Bref, avec tout ces retards, il fait nuit noire quand nous atteignons UYUNI et que nous arrivons à l’agence (20h15). Nous apprenons donc par l’organisatrice du tour que notre nuit dans l’hôtel de sel est compromise car personne ne peut se repérer dans la nuit sur le lac de sel (nous nous en doutions), alors Gil négocie quand même qu’elle nous paie notre nuit d’hôtel en ville qui officiellement était compter dans notre pack.

Nous quittons donc notre groupe d’affreux et nos amis Luc et Amélie. Nous remercions le chauffeur et sa femme en leurs offrant de petits présents qui les émeuvent (feuilles de coca, échantillons de parfums…). Nous sommes très sales, nos cheveux sont recouverts de poussière, Nicolas a mal au ventre, nous sommes tous exténués par cette dernière journée de voiture, nous manquons de sommeil et pour couronner le tout je m’aperçois que j’ai perdu mon porte monnaie avec 58Bv (6,40 E). Nous dînons à côté de l’hôtel « Julia » choisi par l’agence, et rentrons nous prendre une douche bien chaude et avec un gros débit : ça c’est une première ! Il est 23h quand nous nous glissons dans no lits les yeux peins de sommeil.

17 AOUT : Nous nous levons après une bonne nuit passée sur de VRAIS lits. Nicolas et moi allons prendre notre petit déjeuner en ville, en terrasse et au soleil. Nous rencontrons des touristes Français avec lesquels nous échangeons quelques impressions ou expériences vécues lors de notre circuit en Bolivie. Nous revoyons aussi trois jeunes filles Suisses que nous suivons un peu malgré nous lors de nos choix de villes à visiter.

Elles nous racontent qu’elles ont vécues une chose assez pittoresque lors de leur circuit de 4 jours sur le lac de sel : leur chauffeur était tellement saoul le dernier jour que c’est un des touristes Allemands qui partageaient leur véhicule qui a dû conduire sur les pistes… Chapeau bas l’artiste !!!

Laguna Verde, Bolivie

Laguna Verde, Bolivie Photo par m•o•m•o

Aujourd’hui, en Bolivie c’est la fête : « Le jour du drapeau ». Toutes les écoles défilent en uniformes depuis le jardin d’enfants jusqu’au lycée. Il y a des marchants de bonbons un peu partout et la fanfare s’en donne à cœur joie. Nous profitons de cette ambiance festive puis allons acheter nos billets de car pour aller à POTOSI demain matin. Le départ est fixé à 9h30 et le voyage durera 6h. Après déjeuner, nous allons à la sortie de la ville à pied, pour nous rendre et visiter (gratis) le cimetière des trains.

C’est une impressionnante décharge de vieilles locomotives au porte du désert de sel et de sable. Gil et Nicolas se régalent d’en visiter certaines et nous nous amusons en essayant de les imaginer en état de fonctionner. De retour de cette bonne promenade (environ 6km aller-retour), nous regagnons notre chambre pour y chercher un peu de calme et de repos. Sur les trottoirs gisent des corps endormis par l’alcool. Nous lisons, et Gil se repose après avoir « taxer » deux chauffages à gaz dans les couloirs de l’hôtel.

Nous sommes vraiment bien logés dans cette VRAIE chambre au confort inespéré dans ces contrées. Le temps passe vite et il est déjà 19h30, quand nous nous retrouvons à « La loco » pour prendre un apéritif et dîner. Gil et Nicolas se font une partie de fléchettes. Je suis fatiguée et un violent mal de tête m’assomme au moment de me coucher.

18 AOUT : Nous nous réveillons pour parcourir un trajet de 250km, soit 6h de voyage en bus afin de rejoindre la ville la plus haute du monde qui culmine à 4090m : POTOSI.
Il fait encore très beau, il n’y a pas de vent et aujourd’hui c’est jour de marché à UYUNI. Contrairement à La PAZ, il n’y a pas de fœtus de lamas séchés sur les étales, servants à faire des offrandes à la « Terre Mère » PACHAMAMA. 

Aujourd’hui, Gil ne se sent pas très bien, il a mal à la tête et est sujet à des semblants de vertiges. Nicolas et moi achetons des « Saltéñas »au poulet et légumes en guise de petit déjeuner. C’est très bon, se sont des chaussons de pâte brisée servis tièdes fourrés de petits légumes et poulet au curry, ils sont grands comme la paume de ma main et se dévorent sans aucune difficulté d’autant qu’ils ne coûtent que 1Bv. Je rappelle juste que 1$=7,90Bv.

A 9h30 notre car démarre et 20mn plus tard nous sommes déjà très haut dans les montagnes .Les collines sont recouvertes de cactus, sur ma droite à l’horizon on voit le lac de sel et aussi la ville d’UYUNI perdue entre ce désert blanc et les plateaux ocres. Les cactus sont droits comme des « I », comme s’ils voulaient toucher le soleil. La route que nous empruntons est une piste, on comprend un peu mieux pourquoi nous allons mettre autant de temps à parcourir aussi peu de distance.

Le chauffeur nous a mis la radio mais comme toute la carlingue du véhicule vibre, nous n’avons qu’un vague fond sonore. Nicolas lis « Le petit Nicolas en vacances » et Gil tente de dormir. Nous traversons un paysage impressionnant où se succèdent : des dunes de sable, des lagunes, des ruisseaux, des amas de glace, de très hautes collines verdoyantes, des blocs de pierre venus dont ne sait où, des canyons, de petits villages de terre isolés, le tout animé par des troupeaux de Lamas, de moutons, de Vigognes, de cochons sauvages, d’Alpagas…

C’est dingue, quand on pense à tous ces milliers d’hectares inhabités sur Terre, alors qu’ailleurs des gens se font la guerre pour s’approprier de minuscules territoires !
Il y a des Lamas partout autour de nous et ce sur plusieurs kilomètres, ils s’abreuvent dans des canaux naturels qui coulent au creux des canyons et qui permettent à la végétation d’exister et de créer  de beaux tapis verts au milieu du désert. La route est sinueuse et suit partiellement le lit des rivières. Il est 15h quand nous arrivons à « La grande POTOSI »,(120000 habitants , 4090m).

Temple San Berdardo, Potosi, Bolivie

Temple San Berdardo, Potosi, Bolivie Photo par testo_

A peine descendus du car, nous sautons dans un taxi qui nous dépose au « Résidencial Felcar » où nous retenons une chambre pour nous trois mais sans salle de bain privative. La nuit y est à 25Bv / personne. Nous y retrouvons tout à fait par hasard les trois filles Suisses qui manifestement ont fait le même périple que nous. Il fait très bon malgré l’altitude, nous en sommes surpris. Gil a de nouveau un peu mal à la tête, il va se reposer un peu, tandis que Nicolas et moi restons dans le patio ensoleillé de l’hôtel pour y discuter avec les Suisses.

Nous nous racontons quelques anecdotes de voyageurs…
Il est 16h30 quand nous nous lançons pour notre première sortie dans cette ville. POTOSI est une ville riche comparée à toutes celles que nous avons traversé jusqu’ici. Elle à l’air agréable de prime abord. A 18h, nous rentrons récupérer notre souffle et plus tard pour dîner nous limiterons nos efforts et irons dans une pizzeria non loin de notre rue, « El Pizzaron ». Sur les routes défilent des jeunes dansants sur le rythme de la musique qu’un orchestre joue en les devançant. C’est très sympa et la musique est entraînante, mais la raison de ce défilé endiablé restera un mystère pour nous. Il est 21h quand nous rentrons au calme, je pense que nous allons passer une bonne nuit afin de récupérer de cette journée de voyage.

19 AOUT : J’ai super bien dormis, quel pied !
Nicolas et moi allons prendre notre petit déjeuner dans le hall de l’hôtel et y rencontrons un couple d’Anglais auprès desquels je me renseigne sur la visite des mines d’argent. Dans les livres de voyage, il y est indiqué que la température y va de 0 à 45 degrés, qu’il y a des conduits dans lesquels il faut ramper, qu’il faut se protéger le nez des gaz toxiques et des poussières et surtout être attentifs aux avis de sortie d’urgence en cas d’explosion à la dynamite. Le tout dans le bruit, et le noir.

Avec toutes ces données, la visite des mines me semble compromise pour ma part et pour Nico aussi, et les Anglais qui vont dans le sens de ma sage décision, me racontent que la veille, lorsqu’ils  y sont allés, il leur a fallut par moment courir et se réfugier dans des abris afin de laisser passer les chariots chargés de minerai, qui déboulent à toute allure. Le top quoi !

De retour dans notre chambre, Nico et moi expliquons tout ça à Gil qui pense effectivement que ce type de visite craint un peu surtout avec un minot. Vers 9h30 nous allons visiter un musée, réputé pour être le plus beau de toute l’Amérique Latine : « La Casa De La Moneda ». La maison de la monnaie retrace toute l’histoire Bolivienne, à compter du jour où l’Argent fut extrait de ses terres. C’est une guide Française qui nous fait la visite très intéressante.

A 11h30, nous quittons ce très beau bâtiment rénové pour aller consulter nos messages sur le net et y répondre. Ici les tarifs pour se connecter à Internet sont dérisoires : 2Bv l’heure soit environ 20 centimes d’Euros. Pour déjeuner nous allons dans un restaurant typique, ce n’est pas fameux mais le menu à 10Bv (1 Euro),  comprend une soupe, un plat et un dessert. A 13h30, nous allons à l’hôtel pour prendre une bonne douche chaude et profiter du patio ensoleillé pour y faire les devoirs et y rédiger mon carnet de voyage.

Il fait vraiment très chaud à l’abri de l’air, Gil se met torse nu, et c’est bien la première fois depuis le début de nos vacances. Vers 16h nous sortons de notre hôtel dont l’entrée est « surveillée » par un vieux perroquet, pour nous promener une petite heure dans les rues animées et encore baignées par la chaleur du soleil. Nous y achetons un disque de « Gorillaz » et un paquet d’énormes cacahuètes dont Gil et Nicolas raffolent. Juste pour information ici les disques sont vendus à 1 Euro.

Après un début de soirée occupé a joué aux cartes tous les trois, nous allons dîner au café « El Plata » recommandé par le guide et quelques voyageurs. Nous y passons un agréable moment avec une vue imprenable sur la place du 10 Novembre. Sur le chemin du retour, nous avons encore droit à un défilé en fanfare, mais à la différence d’hier les danseurs sont tous âgés et certains sont en tenues folkloriques. Pour l’occasion, les rues sont fermées aux véhicules et les trottoirs sont noirs de monde. Après ce typique  moment, nous restons un peu dans le patio pour que je fume une dernière cigarette, il fait encore très bon, il n’y a pas de vent, le ciel est plein d’étoiles et nous entendons encore un peu la fête et ses pétards.

 La Casa De La Moneda, Potosi

La Casa De La Moneda, Potosi Photo par benontherun.com

20 AOUT : De nouveau réveillés tôt, Nicolas et moi allons déjeuner avant d’aller changer des travellers une fois de plus dans une banque. A 9h30, nous sautons dans un taxi pour aller à « L’Ojo del Inca » à TARAPAYA (3600m), à 25Km de là. L’Ojo del Inca est un cratère de volcan parfaitement rond, de 100m de diamètre d’où sort une source thermale à 27 degrés. Nous nous y baignons, nous ne sommes que tous les trois à l’exception du gardien et de son petit fils au milieu de ces montagnes rouges. Nicolas et moi restons dans le bassin artificiel tandis que Gil s’aventure dans le cratère ! Il y est recommandé d’y nager que sur les bords car il est dit que des mouvements imprévisibles se manifestent en son centre et des corps y auraient même été engloutis !

A midi, nous prenons un « truffi » (taxi collectif), puis un taxi pour déjeuner sur la place du 10 Novembre. A 14h30, nous sommes douchés et changés à l’hôtel et attendons l’ouverture des agences de voyages afin d’y acheter nos billets de bus pour nous rendre à SUCRE. Aujourd’hui, c’est encore la fête dans la ville !  comme nous sommes Samedi il y a en plus une « Féria ». C’est un genre de grande foire, les rues sont fermées aux véhicules et le centre ville est désert car tout est situé en périphérie de la ville.

Pour dîner, nous allons dans un superbe endroit : « La Casona ». Ce restaurant n’est indiqué dans aucun guide et pourtant il le mériterait largement. Nous nous régalons de nos brochettes mixtes de poulet et  bœuf, nous sommes très bien servis. Les morceaux de poulet sont marinés au citron vert et légèrement panés : un vrai délice ! Nous buvons des « Pisco Saour », les premiers depuis trois ans. Effectivement, depuis notre voyage au Pérou nous n’en n’avions pas bu.

Nous passons réellement une très bonne soirée. En regagnant  notre gîte, nous entendons encore les fanfares et les pétards car la ville se prépare maintenant à la fête du « Tinku » qui aura lieu les 24 et 25 Août. D’après ce que nous avons pu en lire, c’est pour cette occasion que les paysans des campagnes voisines se regroupent en ville vêtus de leurs habits traditionnels, avec sur leurs têtes un casque de conquistador surmonté d’une énorme plume. Chacun vient et boit à n’en plus finir et lorsqu’il se sent mort saoul, il va régler ses griefs avec d’autres paysans afin d’en venir aux mains et quelques fois, jusqu’à ce que mort s’en suive.

Cet après midi nous avons croisé tout à fait par hasard le Marseillais professeur de danse que nous avions connu à UYUNI. Il venait de visiter les mines d’argent et le tableau qu’il nous a décrit n’avait rien à envier à tout ce que nous avions déjà entendu à ce sujet. Il nous explique même que par moment il a dû grimper à des échelles mais par le dessous en se hissant à la force de ses bras !… Cette parenthèse faîte, la journée se termine et ce soir c’est pleine lune.

21 AOUT : 8h30 nos yeux s’ouvrent. Nous déjeunons, remballons nos affaires et profitons du soleil. Notre bus pour SUCRE est à 13h, il nous faut être au terminal à 12h30 et pour y aller il faut prendre un taxi. Le voyage devrait durer 3h.
Nous voyageons dans un car en très bon état, il y fait très chaud car le soleil est agressif. Il est 16h quand nous arrivons à SUCRE (225000 Habitants, 2790m). A première vue cette ville à l’air agréable à vivre. Le centre est d’une architecture très belle, il est plein d’églises et sur la place principale domine une cathédrale. Tout est blanc (ou presque). Il y fait très chaud, nous nous y promenons en tee-shirts, il faut rappeler que nous sommes en dessous des 3000mètres d’altitude.

La grande place est ornée de palmiers et le niveau de vie des gens à l’air d’y être très élevé quand on voit leurs vêtements et leurs voitures. Tous les Boliviens s’entendent à dire que c’est la plus belle ville de leur pays. En 1991, SUCRE a été inscrite au patrimoine culturel de l’UNESCO. C’est ici que la cour suprême du pays est installée. Malheureusement tout ceci n’empêche pas le travail ou la mendicité de jeunes enfants.

Sucre, Bolivie

Sucre, Bolivie Photo par Rnd!

22 AOUT : Ce matin c’est lessive ! du peu que le reste de détergent que j’avais emporté me permet de faire. Le petit déjeuner que nous sert notre hôtel le « Veracruz » est infecte. A 10h nous visitons la cathédrale et le musée ecclésiastique qui en dépend. A la sortie, nous allons sur Internet. Nous déjeunons dans une pizzeria de la place principale car Nicolas est en manque de Roquefort  alors il lui faut vite une pizza aux cinq fromages !

A 14h30 nous montons dans le « Dino Truck » pour nous rendre sur un site où apparaissent régulièrement des empruntes de Dinosaures. C’est très intéressant, on y découvre 4 types d’empreintes différentes. Il y a des vestiges de chemins utilisés par ces mastodontes. De retour à l’hôtel, nous prenons une bonne douche pour nous laver de toute la poussière ramenée de la carrière d’où nous venons, jouons aux cartes et allons nous promener dans les rues très animées pour nous trouver un restaurant sympathique.

23 AOUT : La matinée est calme, nous préparons nos bagages pour retourner sur La PAZ en fin d’après midi. Notre bus est à 17h30 et le voyage va durer entre 14h et 16h. Nous nous promenons vers le marché central et allons dans un parc très joli où se trouvent un Arc de Triomphe et une Tour Eiffel miniatures qui font la fierté des Sureños ! Nicolas joue avec quelques jeux pour enfants qui agrémentent le petit parc. Aujourd’hui, il fait très chaud, nous avons l’impression de manquer d’air et chacun de nos mouvements sont exténuants. Par soucis d’économies, nous mangeons un « Almuerzo » dans un petit restaurant de la place. L’entrée, la soupe, le plat du jour et le dessert y sont servis pour 12BV (1,20 Euro).

Les habitants de SUCRE ont la peau beaucoup plus claire que ceux des autres régions. Nous traversons un quartier truffé de cabinets d’avocats. A 16h20 nous sommes au terminal de bus. Et oui nous quittons SUCRE, la ville blanche aussi connue pour son chocolat. Comme dans toutes les stations de bus il y a énormément de monde et il nous faut nous méfier des voleurs.

Par précaution, Gil préfère que nous conservions nos duvets avec nous pour notre voyage de nuit, car les nuits sont fraîches. En ce qui concerne notre départ, la société est ponctuelle et le car démarre à 17h30 tapante. Le bus couchette est très confortable et bien entretenu. Nous visionnons un film dès 18h30 et après nous sommes plongés dans le noir. La lune à l’horizontal, telle une coupe aux trois quarts pleins nous éclaire, ainsi que toutes les étoiles. J’ai la chance de voir une étoile filante, c’est la deuxième qui m’est offerte depuis que nous sommes arrivés en Bolivie ! (La première, c’était le 16 Août vers 05h30). Gil et moi somnolons tandis que Nicolas dort à poings fermés.

24 AOUT : Notre chauffeur a carburé car malgré plusieurs arrêts, nous arrivons à La PAZ à 5h45 alors que l’horaire annoncé était 8h. Dès la descente du car nous sautons dans un taxi qui nous emmène à la villa « Fatima », dans un quartier excentré pour que nous ayons notre connexion de bus pour COROICO. Ce trajet nous coûtera 15Bv chacun et nous allons devoir emprunter la « Route de la mort ».  Son appellation n’a rien d’exagérer !

Nous descendons de 3000 mètres en 80km, le tout en 3h. La première heure se passe sur une route montante goudronnée et ensuite nous commençons la descente sur une piste sinueuse, abrupte et large de 3 mètres, sur laquelle en prime la circulation se fait à double sens. Sur cette route de la mort la consigne est de serrer à gauche, donc pour la descente nous sommes coté ravin ! C’est énorme comme trouille ! Il faut dire qu’en plus, notre chauffeur chauffard n’anticipe pas du tout les obstacles.

J’éprouve une peur incroyable d’autant plus que dans le guide il est écrit que la moyenne des décès sur ce parcours, est de 26 par année. Il nous reste encore 1h30 à tirer dans cet enfer quand je me gave de tranquillisants. Sur le côté gauche, nous avons une vue plongeante sur les précipices qui peuvent atteindre 2000 mètres de profondeur. Nous croisons tout un tas de véhicules à contre sens, dont un nombre incalculable de poids lourds. Comme nous sommes dans le sens de la descente, nous ne sommes pas prioritaires et il nous faut faire marche arrière montante dans les virages en tête d’épingles et plus d’une fois Gil hurle au chauffeur de stopper tout car la roue arrière gauche est à moitié dans le vide ! L’ENFER !

Heureusement pour nous tout se passe bien. Gil me fait remarquer plein de « ruches » sur les versants de la montagne et des carcasses de véhicules ayant basculés dans le vide. Il s’avère que Nicolas a les pieds sur terre et nous renseigne sur la nature des ruches qui ne sont en fait que des tombes …

Coroico, Bolivie

Coroico, Bolivie Photo par Mato.-

Nous arrivons épuisés à COROICO.  Nous allons nous loger à l’hôtel « Esméralda » qui se trouve à 400 mètres en haut d’une côte en partant du centre ville. Nous louons une très belle chambre avec un coin cuisine, un balcon, un hamac et une vue sur la piscine et le parc. Il y a plein d’arbres fruitiers tels que les bananiers, les caféiers, les orangers…des plantes tropicales mais aussi beaucoup de Lys. Le site joui d’une végétation luxuriante, on pourrait se croire à Cuba ou à Bali.

Nous sommes heureux de trouver un cadre réconfortant et chaleureux après le voyage que nous venons de vivre. Aujourd’hui, c’est repos total, nous restons au bord de la piscine jusqu’à 12h40 et y retournons après notre déjeuner pris en terrasse à l’hôtel. Il y a une brume qui monte de la plaine, nous distinguons très mal les crêtes des montagnes qui nous font face, mais il se dégage une chaleur humide et pesante.

Vers 15h une averse nous rapatrie dans notre « studio » pour une douche, les devoirs et du repos. Tout à l’heure, pendant notre déjeuner, nous avons revu des Français qui étaient dans notre avion à l’aller. Ils avaient l’air très sympas et nous avons échangés avec eux quelques impressions de routards. Eux aussi ont eu très peur sur la route « la plus périlleuse du monde », car en plus leur chauffeur avait une attitude explosive, il doublait n’importe où et à n’importe qu’elle allure !

Il n’est que 16h15 quand j’écris cette phrase, cela ne fait pas longtemps que nous sommes arrivés aux portes de la jungle et Nicolas et moi sommes déjà dévorés par les moustiques. Comme dirait Patrick Timsit, ici ils ne te piquent pas, ils t’empalent !
Un Colibri a élu domicile sur notre terrasse. La pluie a cessée, mais un épais brouillard persiste.

Nous profitons du hamac sur notre balcon, mais les moustiques arrivent dès 17h30 alors nous nous réfugions à l’intérieur et nous nous enduisons de spray contre les  insectes. Tout à coup un coup de tonnerre se fait entendre et une violente pluie s’abat dans notre secteur. C’est notre vraie première grosse pluie depuis notre arrivée en Bolivie. Si les jours suivants s’annoncent identiques, nous retournerons plus tôt sur La PAZ. Pour le moment l’heure est à la détente et nous verrons tout cela plus tard.

25 AOUT : Le ciel est encore couvert et nous sommes dévorés par les bestioles malgré notre produit à la citronnelle. Nous prenons notre petit déjeuner dans le village. C’est un bourg très petit mais très mignon. Ici, il n’y a rien à faire. Le restant de la journée se passe à l’hôtel, repos, farniente au bord de la piscine, baby foot, billard, sauna… Le soleil se montre par intermittence, un coup on a très chaud et un coup on a très froid.

Nous sommes un peu coincés à l’hôtel car dès que nous en sortons, les pentes des rues sont vertigineuses. Heureusement, le buffet à volonté qui nous est proposé est très bon et peu cher (25Bv par personne), en revanche le personnel n’est pas du tout sympa. C’est décidé, nous ne resterons pas aussi longtemps que prévu ici, à servir de dîner aux insectes, nous retournons à La PAZ dès demain.

26 AOUT : Nous libérons notre chambre avant 10h et déjeunons en ville. A 10h, nous prenons un « Truffi » en direction de La PAZ, et c’est partit pour le second épisode de la route de la mort mais cette fois dans le sens de la montée, c’est-à-dire côté roche et non ravin et prioritaires sur les véhicules descendants. La route est très belle, la végétation est dense, tout est vert foncé à l’exception du bord de route recouvert de la poussière occasionnée par le passage des véhicules.

Par endroit d’immenses arbres rouges étincelants tranchent le décor. Il est 13h30 quand nous arrivons à bon port, nous prenons un taxi pour retourner à notre hôtel « Maya », nous sommes épuisés car nous venons de prendre 2000mètres de dénivelé dans les dents en ayant passé des pics de 3000mètres entre COROICO et ici. Gil a mal à la tête. Nous allons déjeuner à « 100 pour 100 naturel », c’est rigolo car le personnel nous reconnaît et tout le monde est content de nous revoir.

La Paz, Bolivie

La Paz, Bolivie Photo par Haceme un 14

Après manger, nous allons faire des achats pour nous et nos amis. Nous achetons un nouveau sac à dos pour les voyages (23Euros). La fin de journée est calme, Gil dort pour oublier son mal de crâne, Nicolas et moi jouons aux cartes.
Pour dîner nous retournons dans la toute petite pizzeria en bas de notre hôtel. La patronne nous reconnaît elle aussi et se souvient même de la pizza préférée de Nicolas. Après avoir passé une très bonne soirée dans son restaurant, nous allons nous glisser dans nos lits.

27 AOUT : Nico et moi déjeunons dans l’hôtel. De retour dans la chambre nous trouvons Gil réveillé en train de lire. Ce matin nous avons une mission : changer nos derniers travellers chèques avant que les caisses de change ne ferment pour le week-end. A 9h40, la mission est accomplie, maintenant à nous le bon temps ! Nous allons au « Museo Nacional  de Etnografia y Folklore », l’entrée y est gratuite car certaines de ses salles servent pour des conférences d’étudiants.

En sortant nous allons visiter les 4 musées municipaux qui se trouvent dans la plus belle rue coloniale de La PAZ, la « calle Jaén ». Le premier musée est celui des métaux précieux précolombiens, il regroupe des bijoux et ornements en or et argent, nous entrons même à l’intérieur d’un énorme coffre fort, sous l’œil de plusieurs caméras.
Le second musée du « Litoral » regroupe tous les documents et vestiges de la guerre de 1884 contre le CHILI qui fit perdre à la BOLIVIE son accès à la mer.

Le troisième musée est la maison où vécut « Don Pedro Domingo Murillo ». Il abrite du mobilier de l’époque coloniale. A l’intérieur, on peut y voir la chambre du maître des lieux ainsi qu’un tableau représentant sa pendaison par les Espagnols le 29 Janvier 1810, des instruments de musique, des drogues médicinales…
Le quatrième musée est une galerie où Costumbria Juan De Vargas expose des objets d’art, des figurines en céramiques représentant les scènes de vie de La PAZ. Un des tableaux en relief représente l’ « Akulliko », le moment de la journée où l’on mâche la Coca.

Il est 11h30 quand nous décidons d’aller visiter le dernier musée de La PAZ qui nous intéresse pour aujourd’hui, c’est celui des instruments de musique Boliviens. C’est un musée très complet, il y a une riche collection de pièces uniques que nous pouvons toucher et utiliser. Nous y passons un agréable moment. La faim se fait sentir et nous allons nous restaurer avant d’entamer un après midi d’achats et de négoces. A 17h30, nous regagnons notre chambre les bras chargés de tissus. Nous y restons un moment pour écrire un peu et faire des devoirs. En début de soirée, nous allons boire un verre de « Cuba libre » dans un Pub à l’ambiance techno. En ce qui concerne notre dîner nous retournons chez notre « copine » qui tient le « Homemade Pizza » et y passons une fois de plus une très agréable soirée.

28 AOUT : Nous nous réveillons à 7h30, nous traînons en écoutant de la musique et en restant une éternité sous l’eau chaude de la douche. Le soleil est encore là une fois de plus, depuis nos baies vitrées on aperçoit une quantité hallucinante de maisons accrochées sur les flancs de la montagne. Les piqûres d’insectes que nous avons ramené en souvenir de COROICO, n’arrêtent pas de nous démanger. Aujourd’hui, nous allons encore déambuler dans les rues biscornues de cette ville que je trouve magique et dépaysante. Il fait très chaud, ce qui rend les rues montantes épuisantes. Les pavés des rues sont glissants à force d’être lissés par le passage incessant des piétons, des voitures et des taxis.

La rue « Sarganaca »de notre hôtel est en plein cœur du centre historique de la vieille ville. Nous y achetons des bijoux, des instruments de musique, des tissus, des nappes, des portes monnaie, des trousses, des chaussettes…de quoi nous faire plaisir et de gâter nos familles et nos amis. Il est 16h20 quand nous nous retrouvons à faire un peu de devoirs ! Pour l’heure de l’apéritif, nous allons dans un pub tenu par un Anglais pour y boire des « Pisco Sour », ce délicieux cocktail Péruvien dont je raffole ! Nous jouons aux échecs et un peu plus tard nous nous régalons encore chez notre amie la faiseuse de bonnes pizzas maison.

Marché à La Paz, Bolivie

Marché à La Paz, Bolivie Photo par Arthur Chapman

29 AOUT : DERNIER JOUR EN BOLIVIE ! snif ! snif !
La matinée est toute à fait simple, après nos douches et nos petits déjeuners, nous rangeons nos affaires dans nos sacs de voyage, ce qui n’est pas une mince affaire, car nous avons acheté énormément d’artisanat et de tissus. Une fois cette corvée achevée, nous allons sur le net et décidons d’aller visiter le musée de la « Coca » ouvert depuis 1995. Cette visite est très intéressante car elle nous montre comment les Américains ont utilisé cette culture ancestrale Bolivienne en la rendant interdite pour les paysans, mais en la continuant afin qu’elle leur serve de salaire.

Effectivement, depuis peu, la seule culture légale de la Coca n’est autorisée sur la planète que pour la société « COCA-COLA », alors que depuis que les indiens existent ils l’utilisaient naturellement afin de mieux supporter les travaux à une telle altitude et moins ressentir la fatigue. Si un jour vous passez par là, faîte cette visite très enrichissante mais un peu allergisante aux Américains.

L’heure du midi a sonnée et nous prenons place dans le restaurant « Naira » où un menu à 10Bv, soit 1Euro, nous est servi. Il nous est offert un buffet de crudités à volonté, un bol de soupe, un plat typique et une orange pour dessert. Les finances s’amoindrissent, alors nous regagnons notre chambre d’hôtel pour y faire des jeux et y regarder la télévision, c’est une bonne méthode pour ne pas être de nouveau tentés dans les boutiques.

Hier Gil s’est offert une chaîne en argent et un pendentif représentant un totem Bolivien nommé « Monolito ». Pour moi, il a acheté une bague en argent que j’avais repéré depuis quelques jours, sur laquelle des graines de « Huairuru » sont figées dans de la résine. La graine de cette plante originaire d’Amérique du sud est rouge et noire et a pour vertu de porter chance et quiétude !

Pour notre dernière soirée dans ce pays magique, nous prenons notre apéritif en terrasse, sur un balcon, à l’angle des rues « Saganarca » et « Linares ». Nous profitons de l’happy hour pour boire des Cuba-Libre. Juste en face de nous, se trouve la Croix rouge Française, tenue par des bonnes sœurs qui vaccinent gratuitement les volontaires contre la fièvre jaune et autres maladies présentent sur le continent. Un peu plus tard, nous allons dîner une dernière fois chez notre « amie » afin d’échanger nos adresses et prendre une photo de nous réunis tous les quatre. Nous nous couchons de bonne heure car notre réveil est programmé pour 3h20, mais ne dormons presque pas car un groupe d’Américains met le bordel dans notre hôtel.

30 AOUT : Le réveil est difficile, mais notre taxi est fidèle au poste en bas de notre hôtel. A 4h, nous sommes à l’aéroport mais là, première surprise du jour, notre départ prévu à 6h45 est repoussé à 9h, ce qui rend notre connexion à Miami pour Paris un peu juste. La seconde surprise de la journée : notre avion fait une escale non annoncée à Santa Cruz en Bolivie afin d’y embarquer de nouveaux passagers. Il est prévu que nous en repartions à 10h30 mais il est en fait 12h quand nous décollons. Nous sommes inquiets pour l’avion que nous devons prendre pour Paris via Miami… Ce vol dure environ 6h30 et aucune personne de l’équipage ne répond à nos question concernant notre retard plus que compromettant.

La troisième très bonne surprise du jour, c’est que nous loupons notre avion pour Paris comme nous l’avions imaginé. Il a décollé avec du retard mais nous l’avons manqué à cinq minutes près. Nous voilà donc contraints de passer 2h à un guichet d’Américan Airline afin de trouver un vol pour regagner l’hexagone. Nous n’avons à faire qu’à des personnes incompétentes, pour ne pas dire des gros cons !

La quatrième bonne surprise du jour c’est que cette société d’aviation nous trouve trois places sur un vol pour Paris, mais que le lendemain à 15h30 avec une escale à Chicago. J’arrive non sans mal à négocier avec une personne se trouvant derrière le comptoir, de pouvoir passer un coup de téléphone en France. Je téléphone donc à la clinique où je travaille pour ne pas effrayer ma mère, car il est 1h15 du matin au pays du roi soleil quand tout ceci nous arrive, et demande donc au vétérinaire de garde de contacter ma mère dès le lendemain vers 7h00, afin qu’elle ne se déplace pas pour rien à l’aéroport et qu’elle ne s’inquiète pas.

Les nouveaux billets d’avion qu’ils nous fournissent nous ferons donc atterrir à Paris le Jeudi 1er Septembre à 9h35 dans la matinée : Nicolas loupera donc sa rentrée scolaire en classe de 6ème dans son nouvel établissement. Gil est sur les nerfs et moi aussi, je fonds en larmes tandis que mon homme commence à insulter tout le monde en les traitant d’imbéciles ayant voté pour l’abruti de Bush… En ce qui me concerne, mes larmes m’évitent d’ hurler et de péter les plombs car nous sommes sans argent et sans bagages (car eux bizarrement nous sont annoncés comme ayant pris le vol d’origine !!!), aux Etats-Unis, le pays du Pepsi et des gros cons !

La cinquième surprise est plutôt agréable, la compagnie aérienne nous offre 75$ pour nous ravitailler ce soir, demain matin et midi. La sixième surprise est la plus agréable de toute : nous sommes hébergés à l’Hôtel Hilton de Miami, et ça c’est vraiment la grande classe. Il y a la rivière sur notre gauche (vue que nous avons depuis notre chambre), et le « Blue Lagoon » à droite, avec bien entendu les pistes de l’aéroport moins jolies juste derrière.

Hôtel Hilton, Miami

Hôtel Hilton, Miami Photo par DanWendell

Dans le hall immense de l’hôtel, il y a des fontaines, des aquariums en forme de tubes, des bassins avec d’énormes poissons, un bar, des boutiques, un restaurant, une bijouterie… Je sors fumer une cigarette, et là, avec mes deux hommes, nous avons une vue nocturne de ce qu’offre cet établissement : il y a une gigantesque piscine, deux terrains de Tennis, un jacuzzi à ciel ouvert, une salle de sport…. Il fait très chaud et humide, des arrosoirs automatiques s’efforcent d’arroser la végétation tropicale et les palmiers qui ornent les jardins de ce lieu hors du commun pour nos bourses.

Nous regagnons notre chambre « 1011 » et y prenons des bains. Sur notre télévision, nous regardons les informations qui nous font découvrir le désastre causé par l’ouragan KATERINA  en Louisiane et dans le Mississipi. Nicolas et Gil pensent profiter du Jacuzzi et de la piscine (en slip) demain matin, mais pour le moment nous nous couchons dans nos confortables lits blancs.

31 AOUT : Au lieu de nous poser sur le sol Français, nous ouvrons nos yeux dans un grand hôtel de Miami ! Il est 7h30 (13h30 à Paris). Il pleut un peu et espérons que cela se calme pour que Nicolas puisse faire quelques brasses dans la piscine. Nous prenons une douche et n’allons pas déjeuner afin de conserver les sous pour le repas du midi. Il est 9h50, le temps s’est détérioré, nous ne voyons presque plus rien par notre baie vitrée.

La seule chose que je devine, c’est qu’aucun avion ne décolle. Nous commençons à stresser car si des retards Aériens s’annoncent, nous risquons d’être très mal à Chicago où nous n’avons que 35mn de battement pour changer d’aéroport et attraper notre vol pour Paris ! Le temps va-t-il encore se dégrader ? L’ouragan va-t-il nous rattraper ? Retrouverons-nous nos bagages ? Le stress monte, Gil est sur le point de craquer alors je nous administre des tranquillisants afin de faire redescendre la mayonnaise. Nicolas est déçu car il a très faim et ne peut pas se baigner, mais ce sont les aléas du voyage, et il y a des choses tellement plus importantes sur terre…

A 10h10, le ciel se montre un peu plus clément, il pleut encore un tout petit peu, l’horizon commence à se dégager, je descends avec Nicolas pour voir si il peut se baigner rapidement dans la piscine et dans le Jacuzzi. Le temps de descendre nos 10 étages dans un ascenseur de toute beauté, la pluie a cessé et Nicolas est heureux de nager tant qu’il le peut. A 11h, nous retrouvons mon chéri comme anesthésié sur le lit. Les tranquillisants ont fait leur effet. Il n’est pas habitué à être calmé mon amour, et c’est assez rigolo de voir ça ! Il est l’heure pour nous de nous préparer pour aller manger et nous rendre à l’aéroport en espérant ne pas avoir d’autres surprises…

Il est 14h et nous sommes devant notre porte d’embarquement pour Chicago. Nous avons déjeuné et pris la navette du « Hilton » pour nous rendre à l’aéroport, eu des renseignements sur nos bagages qui semble-t-il sont déjà à Paris ?! Nous croisons les doigts pour qu’aucun de nos sacs n’aient disparu. Le passage des douanes n’a pas été une mince affaire d’autant que Gil a une fouille plus stricte que Nico et moi. L’aérogare grouille de monde.

Nous patientons assis par terre, car tous les sièges sont occupés. Nous sommes trois pauvres Français fauchés comme les blés, de retour de Bolivie ! Par les baies vitrées, nous voyons qu’il pleut de nouveau, les gens qui nous entourent sont soit gros, soit hyper musclés. Les filles sont en shorts et talons aiguilles ou en tongs et décolletés. La majeur partie des gens qui se promènent dans les allées ont les mains pleines de sodas, milk-shakes, pizzas…

le temps passe et nos tribulations continuent : notre décollage est retardé de 30mn. A l’origine nous avions 25mn à Chicago pour changer d’avion et maintenant, si mes calculs sont bons il semble que nous aurons 5mn de retard pour attraper notre vol pour Paris ! Gil et moi sommes désespérés, nous pensons à l’école de Nicolas, à nos emplois respectifs, bref nous craquons. Sur ce vol nous sommes une petite dizaine de personnes dans le même cas.

Un Français travaillant en Amérique demande aux hôtesses si il leur est possible de faire passer le message pour que notre avion « Parisien » patiente un peu et si au moment de débarquer à Chicago nous puissions être les premiers à sortir ? Elles nous promettent de faire se qu’elles pourrons sur notre descente rapide mais ne peuvent rien pour bloquer l’autre avion au sol pour qu’il nous attende. Il est 16h35, je suis dans l’avion, dans un état second de par les nerfs, je VOUDRAIS être en France !!!!!

Bolivienne

Bolivienne Photo par Geraint Rowland Photography

 

Nous nous jurons que c’est la dernière fois que nous prenons une compagnie Américaine. J’ai peur des turbulences, je suis épuisée nerveusement, l’avion gigote tant qu’il peut, il parait que c’est normal car nous ne sommes pas très haut et de ce fait nous traversons les nuages. Il est 17h, le pilote nous annonce que nous aurons 10mn de retard supplémentaire ; le super pied ! Gil et Nicolas se sont assoupis, moi je croise les doigts pour être à Paris demain matin. ……

MON VŒU SE REALISE !   C’est inespéré, mais finalement cette dernière connexion a lieu sans réel problème. Nous « sautons » de justesse dans le dernier géant d’acier qui nous est recommandé pour rejoindre Paris et notre petite vie tranquille, enrichie une fois de plus par un mois de découverte, tant sur les humains que sur notre belle planète.

27 NOVEMBRE 2007 : Je relis ce carnet de route Bolivien, et le termine sur cette dernière page encore blanche. Plus de deux ans se sont maintenant écoulés, et deux autres voyages au bout du monde ont eu lieu depuis pour notre trio : le Venezuela et le Brésil.

Tous mes souvenirs me comblent de bonheur mais aucun depuis la Bolivie ne me fait autant frissonner ! Je repense aux hauts plateaux, au lac de sel, aux sourires partagés, aux couleurs, au lac Titicaca, aux animaux, à Copacabana, aux musiques, à l’artisanat, à la poussière soulevée par notre jeep à presque 5000 mètres d’altitude, aux flamants roses, à ce train semblant glisser sur l’eau, à ces corps momifiés, à l’argent de Potosi, à nos sacs de voyage nichés sur le haut des cars, aux Boliviens en général, aux touristes croisés émerveillés, à cette pauvreté flagrante qui n’empêche pas les gens d’être heureux de vivre, à ces fœtus de Lamas séchés, aux îles du soleil et de la lune, au manque d’oxygène, au froid sec, au soleil omniprésent, à mes pieds s’enfonçant dans l’acide borique, au ciel étoilé, à cette propreté surprenante, à ce culte de la PACHAMA, aux truites grillées, aux habits colorés, à ce pays exceptionnel que j’invite tout le monde à découvrir !

Je pense avoir été transformée par ce voyage. Le bonheur est simple quand on ne se l’imagine pas ailleurs qu’autour de nous. Ce qui me rend amère c’est qu’entre temps, j’ai vu une émission télévisée qui nous faisait un bilan écologique de notre planète, et parait-il que dans les huit prochaines années, la fonte des glaciers aura fait disparaître l’eau potable de la Bolivie, si ces prévisions sont justes, mon cœur sera partiellement en deuil…..

Un grand merci à Caroline et Carole qui à leur façon ont précipité ma folle envie que j’avais de découvrir ce pays fabuleux.