Entre tradition et modernité, Singapour est une ville où coutumes ancestrales cohabitent avec technologies de pointe. Capitale incontestée du shopping et de la gastronomie, la cité-Etat s’impose également comme un centre de loisirs et un foyer de création artistique. Visite des quartiers ethniques qui reflètent la diversité de la population, promenade dans les parcs et les jardins magnifiquement aménagés et dégustation des spécialités culinaires permettent de découvrir cette ville unique dont le charme se dissimule derrière sa trépidante modernité.
Rivière Singapour
Bras de mer pénétrant dans les terres, la rivière Singapour a joué un rôle essentiel dans le développement de la ville. A l’époque précoloniale, Chinois et Malais s’étaient établis le long de ses rives. Empruntée par Raffles lors de son arrivée sur l’île en 1819, elle devint rapidement le centre vital du commerce florissant alimenté par le port franc établi à son embouchure. Enjambée par de nombreux ponts, elle sépare les administrations, situées au nord, du quartier d’affaires qui s’étend au sud.
Boat Quay et Clarke Quay
Depuis les années 1970, les allées et venues incessantes des jonques et des bumboats remplis de marchandises ont cessé et seuls les touristes peuvent remonter la rivière à bord de petits bateaux motorisés. Les berges sont devenues un lieu de promenade. Les anciens dépôts de Boat Quay, au sud, et de Clarke Quay, au nord, ont été réaménagés en bars et en restaurants et les coolies ont cédé la place aux touristes et aux yuppies, la jeunesse dorée.
Crimes et châtiments
Singapour s’enorgueillit d’enregistrer un des taux de criminalité les plus bas de la planète. Discipline et propreté sont de mise dans la ville-Etat, où tout manquement aux règles établies est plus ou moins sévèrement réprimé. Traverser en dehors des passages piétons, jeter un mégot de cigarette ou des détritus dans la rue ou encore mâcher du chewing-gum dans les lieux publics sont des délits passibles d’amendes qui s’élèvent de 50 à 10 000 $S. Les policiers, souvent en civil, veillent au respect de ces règles. Et peu nombreux sont les Singapouriens qui s’en plaignent ou qui tentent d’y déroger !
Esplanade-Theatres on the Bay
A l’embouchure de la Singapore River, au bord de la Marina.
Depuis plusieurs années, les autorités singapouriennes ont décidé de faire de la ville un centre artistique. Ouvert en 2002, ce complexe ultramoderne dont le toit ovale orné de piques ressemble à un durian – ce fruit exotique dont le goût et l’odeur surprennent souvent le voyageur – est l’un des nouveaux hauts lieux de la vie culturelle. Un théâtre de 2 000 places et une salle de concert de 1 600 places accueillent troupes et artistes en provenance du monde entier. Le petit amphithéâtre en plein air, entouré de restaurants et de bars, est réservé aux artistes locaux.
Quartier colonial
Au nord de la rivière Singapour.
Une statue en marbre blanc de Stamford Raffles, fondateur de la ville, a été dressée à l’endroit où il aurait posé pour la première fois le pied sur ce territoire qu’il allait transformer rapidement en riche comptoir commercial de la Compagnie britannique des Indes orientales.
Padang
Métro City Hall.
Ce grand « terrain de jeu » est au cœur du quartier colonial. Les Britanniques s’y rassemblaient pour s’adonner à leur sport favori, le cricket. Le Singapore Cricket Club, fondé en 1852, se tient d’ailleurs à l’extrémité sud du terrain. De l’autre côté, le Singapore Recreation Club, créé en 1883 par la communauté eurasienne qui se voyait à l’époque refuser l’accès au Cricket Club, réservé aux Européens, lui fait face. Le Padang fut le théâtre des principaux tournants de l’histoire singapourienne. En 1942, lorsque les Japonais s’emparèrent de Singapour, ils y rassemblèrent les Européens avant de les envoyer dans les camps de prisonniers. Trois ans plus tard, au même endroit, les mêmes Japonais se rendirent à Lord Mountbatten. C’est également ici que Lee Kuan Yew proclama l’indépendance du pays en 1959.
Edifices coloniaux
Construits aux XIXe et XXe siècles par des prisonniers indiens pour abriter les bureaux administratifs de la Couronne, certains de ces bâtiments de style néoclassique dit « palladien » – en référence à Palladio, célèbre architecte italien de la Renaissance – ont conservé leur fonction d’origine. D’autres ont été convertis en musées ou en centres artistiques.

Sizzlin’ ION Orchard © williamcho
Hôtel de ville
Le long du Padang sur la Saint Andrew’s Road. Ouvert de 10 h à 17 h.
Achevé en 1929, il abrite l’administration de la ville et quelques salles d’audience. La galerie intérieure est ouverte aux visiteurs qui doivent se présenter dans une tenue correcte. Une autorisation spéciale doit être obtenue auprès des autorités pour visiter les autres parties du bâtiment.
Saint Andrew’s Cathedral
Construite dans les années 1850, cette cathédrale blanche de style néogothique demeure jusqu’à aujourd’hui l’un des lieux de culte favoris des chrétiens de l’île. Plusieurs messes y sont célébrées quotidiennement dans les différentes langues du pays. Le revêtement des murs intérieurs, appelé madras chunam, est un mélange de blanc et de coquille d’œuf, de chaux et de sucre et de noix de coco. Nombre d’édifices coloniaux sont recouverts de cette mixture au blanc éclatant.
Palais de justice
Saint Andrew’s Road. Possibilité d’assister aux audiences à partir de 10 h.
Construit en 1939 à côté de l’hôtel de ville, à l’emplacement du « Grand Hôtel de l’Europe » qui surpassait à l’époque le légendaire Raffles en luxe et en splendeur, le palais de justice est orné de colonnes corinthiennes peintes par un artiste italien et surmonté d’un dôme. L’armée d’occupation japonaise y avait établi son quartier général pendant la Seconde Guerre mondiale. Un palais de justice flambant neuf étant actuellement en construction à quelques dizaines de mètres, il devrait être transformé prochainement en musée ou en centre artistique.
Victoria Memorial Hall and Theatre
A l’extrémité sud du Padang.
Erigée sur l’emplacement du village des dirigeants malais établis sur l’île avant l’arrivée des Anglais, l’aile gauche de ce bâtiment date de 1862. La partie droite et l’horloge ont été ajoutées en 1905 pour célébrer le jubilé de la reine Victoria. Durant l’occupation japonaise, cette horloge était, comme toutes celles de la ville, à l’heure de Tokyo. Aujourd’hui, cet édifice, premier hôtel de ville de Singapour, héberge l’orchestre symphonique. Entièrement rénové, il accueille également de nombreuses manifestations culturelles. La statue en bronze de Stamford Raffles placée devant le théâtre date de 1887.
Vieux Parlement
Old Parlment Lane. Au bord de la rivière. Ouvert en semaine de 10 h à 20 h et le week-end de 11 h à 20 h.
Le plus ancien édifice administratif de la ville fut construit en 1827 pour servir de résidence au riche marchand John Maxwell, ami de Raffles, qui ne l’a en fait jamais habité. Siège d’un tribunal entre 1841 et 1939, il tombe ensuite à l’abandon avant de renaître de ses cendres au milieu des années 1950 pour accueillir l’Assemblée du gouvernement colonial. Lorsque Singapour accède à l’indépendance, la République y installe le Parlement. Depuis 2004, les députés ont élu domicile dans un nouveau bâtiment plus moderne situé à proximité. Le gouvernement, désireux de faire de la cité-Etat un pôle de création, l’a transformé en centre artistique. The Arts House, ou Maison des Arts, renferme une salle de cinéma projetant des films indépendants mais également une galerie photo et un petit théâtre où les jeunes talents sont invités à venir se produire. A l’étage, deux galeries sont consacrées à l’histoire du bâtiment.
Asian Civilisations Museum I
1, Empress Place.Ouvert le lundi de 13 h à 19 h, du mardi au dimanche de 9 h à 19 h jusqu’à 21 h le vendredi. Entrée payante sauf le vendredi après 19 h.
L’Empress Palace Building, édifice imposant situé au bord de la rivière, vit le jour entre 1864 et 1867. Centre de l’administration coloniale jusqu’à l’indépendance, il a accueilli jusqu’au tournant du troisième millénaire les services d’immigration de la jeune République. Entièrement rénové entre 1998 et 2003, il accueille aujourd’hui un musée dédié aux arts asiatiques. Dans la pénombre, une dizaine de galeries, divisées en quatre sections – Chine, Asie du Sud-Est, Asie du Sud et Moyen-Orient -, présentent plus de 1 000 objets admirablement mis en scène et éclairés. Dans chaque salle, des écrans interactifs proposent des programmes consacrés à la vie et aux traditions dans ces parties du monde. A ne pas manquer, la galerie consacrée à l’histoire de la rivière Singapour et à son rôle prééminent dans le développement de la ville.
Armenian Street
Peu nombreuse, la communauté arménienne de Singapour a néanmoins laissé une empreinte importante sur la ville. Les frères Sarky, propriétaires du célèbre hôtel Raffles, et Agnes Joachim, qui a découvert l’espèce de l’orchidée devenue aujourd’hui l’emblème de Singapour, étaient d’origine arménienne.
Armenian Church of Saint Gregory the Illuminator
C’est la plus vieille église de l’île, construite en 1835 en majorité grâce au financement de la communauté arménienne. Agnes Joachim est enterrée à l’intérieur de cette petite église qui ne peut accueillir qu’une cinquantaine de personnes.
Asian Civilisations Museum II
Ouvert le lundi de 13 h à 19 h, du mardi au dimanche de 9 h à 19 h, jusqu’à 21 h le vendredi. Entrée payante sauf le vendredi après 19 h.
Cette annexe du musée des civilisations asiatiques est entièrement dédiée à la culture peranakan. Ce terme malais, qui se traduit par « né sur place », fait référence à la communauté chinoise établie de longue date dans la région et ayant intégré des éléments culturels locaux à ses traditions ancestrales. Les collections, en provenance de Singapour mais aussi de Malaisie et d’Indonésie, sont présentées dans un édifice colonial qui abritait jadis l’école Tao Nan, l’une des premières écoles chinoises de Singapour. Porcelaines, bijoux, argenterie, textiles et broderies donnent une idée de la richesse accumulée par certaines de ces familles.
La Colline interdite
La colline sur laquelle fut dressé le Fort Canning était considérée comme un endroit sacré, doté de pouvoirs mystérieux, par les premiers habitants malais de l’île. C’est sur Bukit Larangan, la Colline interdite, que les sultans malais avaient construit leur forteresse au début du XIVe siècle, avant de l’abandonner un siècle plus tard sous la pression des attaques des empires du Siam et de Majapahit. Lorsque Raffles pénètre dans l’île, le palais est presque entièrement démoli. Cet endroit sacré semble avoir porté chance au fondateur de la ville. Mais malheur à l’occupant japonais, assez audacieux pour y faire flotter son drapeau !
Fort Canning
Métro Dhoby Gaut.
Derrière Armenian Street, sur une colline, se trouve le parc de Fort Canning qui abrite les sépultures des anciens souverains malais et des premiers colons. C’est ici que repose Iskandar Shah, le dernier sultan de l’empire de Temasek, ancien nom de l’île. Raffles avait établi sa première résidence dans ce périmètre, où un fort fut construit en 1859 pour protéger la ville et contrôler les mouvements maritimes. Il n’en reste aujourd’hui que quelques ruines. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’armée britannique s’était réfugiée dans des bunkers creusés à flanc de colline avant de se rendre aux Japonais. L’un d’entre eux, the Battle Box, abrite un musée retraçant les événements et les conversations qui ont précédé la capitulation. Le sommet de la colline offre une jolie vue panoramique sur la ville.
Singapore History Museum
Stamford Road. En rénovation.
C’est Raffles qui eut le premier l’idée de créer un musée à Singapour. Le bâtiment qui abrite les collections aujourd’hui date de 1887. Comme son nom l’indique, ce musée retrace l’histoire de l’île et de sa population et présente d’intéressants documents d’époque comme les premiers plans de la ville. Il est actuellement entièrement remis à neuf et réorganisé. Il ne devrait pas rouvrir ses portes avant 2006.
Singapore Art Museum
A l’intersection de Queen Street et de Bras Basah Road. Ouvert le lundi de 12 h à 18 h et du mardi au dimanche de 9 h à 18 h. Entrée payante. Nocturne gratuite le vendredi à partir de 18 h.
L’ancienne institution Saint-Joseph, l’un des plus beaux bâtiments de l’époque coloniale, abrite depuis 1996 un musée des Beaux-Arts consacré à l’art moderne du Sud-Est asiatique et singapourien. L’architecture du bâtiment vaut à elle seule le coup d’œil.
Suivez le guide !
Ne manquez pas de siroter un verre de Singapore Sling lors de votre passage au Raffles. Des générations de voyageurs se sont pressées pour déguster ce cocktail, dont la recette est longtemps demeurée secrète.
Raffles Hotel
A l’intersection de Beach Road et de Bras Basah Road.
Le plus célèbre des hôtels de Singapour est une véritable institution, partie intégrante du patrimoine architectural et culturel de la ville. Le salon du bâtiment principal est ouvert au public (tenue correcte exigée). Lorsqu’il ouvre ses portes en 1887, ce n’est qu’un modeste bungalow de 10 chambres. L’inauguration du bâtiment principal en 1899 marque le début de l’âge d’or du Raffles. Ecrivains et personnalités s’y succèdent pour goûter au charme suranné du luxe à l’orientale. Joseph Conrad, Somerset Maugham, Rudyard Kipling ainsi que Charlie Chaplin et Maurice Chevalier y ont séjourné. Ses propriétaires, les frères Sarky, firent construire d’autres célèbres palaces en Orient : le Strand à Rangoon et l’Eastern & Oriental à Penang. Après une période de déclin, la « Vieille Dame distinguée de l’Orient » a été remise en beauté puis réouverte en 1991. Pour certains, cette rénovation a permis au Phénix de renaître de ses cendres. Pour d’autres, elle lui a fait perdre son âme d’antan. Au troisième étage, un petit musée retrace l’histoire du palace (Ouvert tlj de 10 h à 21 h. Entrée gratuite).
Orchard Road
Cette grande artère est le paradis du shopping à la singapourienne. Les centres commerciaux haut de gamme côtoient les hôtels de luxe et les bureaux. Acheteurs effrénés et touristes se pressent à la recherche des bonnes affaires, surtout pendant la période des soldes. En décembre, Orchard Road brille des mille feux de ses décorations de Noël.
Emerald Hill Road
Perpendiculaire à Orchard Road.
A quelques pas seulement de la frénésie commerciale, cette rue regroupe nombre de maisons peranakans, préservées depuis le début du XXe siècle et joliment restaurées. Elles appartenaient jadis aux richissimes familles chinoises implantées depuis plusieurs générations dans la région. L’architecture mêle harmonieusement colonnes d’inspiration grecque et portes sculptées.
Singapore Botanic Garden
Cluny Road. Ouvert tlj de 5 h à minuit.
A la sortie du centre-ville, non loin de l’extrémité d’Orchard Road, ce havre de verdure s’étend sur 52 hectares et permet de se ressourcer et d’oublier pour un temps l’agitation urbaine. Face au développement incessant de la ville, les autorités singapouriennes, soucieuses d’éviter l’engorgement et la pollution excessive dont souffrent nombre de capitales de la région, ont aménagé de nombreux parcs et jardins, ce qui vaut à Singapour son surnom de « ville-jardin ». Tôt le matin, les adeptes de tai-chi – gymnastique inspirée des arts martiaux – et de jogging envahissent les allées. Le week-end, les familles s’y promènent, les jeunes s’attablent à la terrasse des cafés et les mariés viennent y poser pour leurs photos souvenirs. Ce jardin est aussi un centre de recherche en botanique et en horticulture, où de nouvelles espèces végétales tropicales sont sans cesse introduites.
National Orchid Garden
Ouvert tlj de 8 h 30 à 19 h. Entrée payante.
Dédié à la fleur nationale, ce jardin des orchidées qui rassemble plus de 1 000 espèces et de 2 000 hybrides, de toutes les couleurs et de toutes les tailles, vaut à lui seul le déplacement. Un espace est réservé aux orchidées VIP qui portent le nom de hauts dignitaires de ce monde ayant visité la ville-Etat. On trouve ainsi la fleur Nelson Mandela, de couleur orangée, ou la Lady Diana.