
Cusco © Ianz
L’ancienne capitale des Incas possède aujourd’hui un cachet colonial inimitable. Si Cuzco est le temple du métissage, ses environs sont un livre ouvert sur l’Empire inca.
Cuzco
La ville de Cuzco, située à 3 400 m d’altitude, constitue un centre touristique majeur de l’Amérique du Sud, avec le mythique Machu Picchu et la vallée sacrée dans ses environs.
Rappel historique
En fondant Cuzco, les Incas posèrent la première pierre du plus vaste empire de l’ère précolombienne. Cuzco signifie d’ailleurs le « centre de l’univers » en quechua. La plupart des édifices que les Espagnols rencontrèrent à leur arrivée dataient du règne de l’inca Pachacútec, entre 1438 et 1471. Après avoir, comme souvent, presque tout rasé, les Espagnols fondèrent leur ville de Cuzco en 1534. La ville devint une des plus importantes du vice-royaume du Pérou. Elle perdit de son importance au XIXe siècle au profit d’Arequipa. La découverte du Machu Picchu en 1911 lui rendit son lustre.
Plaza de Armas
L’ancienne place centrale de la cité inca est aujourd’hui entourée d’édifices coloniaux à arcades et de deux églises majeures de Cuzco : la cathédrale et la iglesia de la Compañía de Jesús.
Catedral
Plaza de Armas. Entrée par la iglesia El Triunfo. Ouvert du lundi au vendredi de 10 h à 18 h, dimanche et jours fériés de 14 h à 18 h. Entrée payante.
Construite entre 1560 et 1669 à l’emplacement d’un palais inca, la cathédrale montre des influences croisées semblables à celles de Lima. La cathédrale est flanquée de la iglesia El Triunfo, qui fut construite en 1536 pour célébrer la victoire désespérée des Espagnols contre les troupes de Manco Inca, et la iglesia de Jesús à gauche. Ses trésors artistiques attirent les visiteurs : retables, autels, stalles, décorations d’or et d’argent, et une collection de peintures de l’école majeure de Cuzco (XVIe et XVIIe siècles). Le crucifix nommé « El Señor de los Tremblores » aurait « arrêté » le grand tremblement de terre de 1650.
Suivez le guide !
Rendez-vous dans le restaurant à l’angle ouest de la plaza de Armas : ses murs datent de l’époque inca !
Iglesia La Compañía de Jesús
Plaza de Armas, côté sud-est. Ouverture très variable. Entrée libre. Reconstruite en 1668, cette église présente une façade baroque dont l’exubérance tranche avec l’austérité de la cathédrale construite un siècle plus tôt. Elle abrite plusieurs œuvres d’art, dont une peinture du XVIIe siècle représentant un mariage entre une descendante des Incas et un descendant de saint Ignace de Loyola. Ses détails permettent d’apprécier la vie quotidienne de l’époque.
Autour de la plaza de Armas
Iglesia La Merced
Calle Mantas, près de la plaza de Armas. Du lundi au samedi de 8 h à 12 h et de 14 h à 17 h. Entrée payante.
L’église, reconstruite au XVIIe siècle, abrite les restes des fameux conquistadors Diego de Almagro (père et fils) et de Gonzalo Pizarro, le demi-frère de Francisco. Remarquez les cloîtres du monastère. Le petit musée contient une inestimable custode en or incrustée de perles et de diamants.
Plaza San Francisco
A trois rues au sud-ouest de la plaza de Armas.
Datant des XVIe et XVIIe siècles, l’église San Francisco abrite dans son chœur une stalle richement sculptée. L’intérieur de l’église Santa Clara, du XVIe siècle, intrigue avec ses miroirs omniprésents.
Murs incas
Cuzco garde de nombreuses traces émouvantes de son passé pré-hispanique : beaucoup d’édifices coloniaux reposent sur des murs incas très facilement reconnaissables à leur appareillage de pierre d’une précision diabolique. La calle Loreto, rue piétonne donnant sur la plaza de Armas, est bordée d’un côté par un mur de l’ancien palais de Huayna Capac, aujourd’hui église de la Compañía, et de l’autre par un mur de l’ancien Acllahausi, le « temple des Femmes choisies ». La calle Hatun Rumiyoc abrite la fameuse pierre à 12 angles, bel exemple de l’habileté des Incas. De nombreuses autres rues abritent des vestiges de la sorte, comme la calle San Agustin, à l’est de la plaza de Armas.
Suivez le guide !
Achetez le boleto integral, billet d’entrée unique pour les 16 sites principaux de Cuzco et sa région (sauf le Machu Picchu), valable dix jours.
Santo Domingo
Plazoleta Intipampa, à l’angle de l’avenida El Sol y calle Santo Domingo. Ouvert du lundi au samedi de 8 h 30 à 18 h 30 et le dimanche de 14 h à 17 h. Entrée payante.
L’église et le couvent furent construits sur un des lieux les plus importants de l’Empire inca : Koricancha, le temple du Soleil. Les Espagnols y trouvèrent d’inestimables richesses, en particulier des monceaux d’or : les murs eux-mêmes en étaient couverts ! Cet ensemble est frappant par sa juxtaposition d’une base inca et d’un édifice colonial. L’intérieur abrite de nombreux restes du temple inca, dont les murs étaient inclinés pour résister aux séismes. La partie inca a d’ailleurs mieux résisté que l’espagnole lors du tremblement de terre de 1950.
San Blas
Au nord-est de la ville.
Les artisans et les artistes ont investi ce quartier pittoresque de Cuzco aux nombreuses demeures coloniales. Il faut se promener sur ses places et dans ses ruelles étroites. L’église San Blas(ouvert du lundi au samedi de 14 h à 17 h 30. Entrée payante), sur la plazoleta de San Blas, date de 1563 et abrite notamment une superbe chaire.
Le « Nadar de Cuzco »
Né en 1891 d’une famille d’agriculteurs indiens, Martín Chambi se convertit en témoin unique de son temps grâce à la photographie. L’œuvre de celui qui sut « regarder les Indiens avec des yeux non coloniaux » est aujourd’hui célébrée à travers le monde. Installé à Cuzco en 1920, Chambi multiplia les portraits des gens de son époque, qu’il capta sans compassion, avec le simple respect de la noblesse humaine. Il s’attacha également à photographier des scènes de vie quotidienne, des fêtes, le Cuzco colonial et les ruines précolombiennes. Son style brut tout en contrastes est d’une sensibilité intense. Martín Chambi mourut en 1973. Son œuvre immense constitue aujourd’hui un témoignage historique et artistique de premier plan.
Musées
La plupart des musées de Cuzco ont trouvé place dans des édifices coloniaux majeurs. L’intérêt de la visite est double !
Museo de Arte religioso, Palacio Arzobispal
A l’angle de Hatun Rumiyoc et de Herrajes. Ouvert du lundi au samedi de 8 h à 11 h et de 15 h à 17 h 30. Entrée payante.
Installé dans un palais colonial (lui-même édifié sur les murs du palais d’Inca Roca), le musée présente une large collection de l’école de peinture de Cuzco.
Museo de Arte colonial, casa Cabrera
Plaza de la Nazarenas. Ouvert en semaine de 8 h à 17 h 30, samedi de 10 h à 12 h et de 15 h à 17 h 30. Entrée payante.
Le musée propose notamment une série de clichés du célèbre photographe péruvien Martín Chambi, grand témoin des cultures indiennes mort en 1 973.
Museo histórico regional, casa Garcilaso de la Vega
A l’angle de Heladeros et Garcilaso. Ouvert du lundi au samedi de 8 h à 19 h. Entrée payante.
Une collection chronologique d’art précolombien des principales cultures du Pérou et d’art colonial est ici exposée. Il se situe dans la maison d’enfance du fameux chroniqueur du XVIIe siècle Garcilaso de la Vega.
Palacio del Almirante, Museo del Inca
Cuesta del Almirante 153. Ouvert du lundi au samedi de 8 h à 17 h. Entrée payante.
Cette remarquable demeure coloniale, construite au XVIIe siècle, abrite le museo del Inca et ses témoignages de la vie quotidienne inca.
Artisanat
Le quartier de San Blas est le plus indiqué pour acheter des objets artisanaux, même s’il faut trier le bon grain de l’ivraie entre ses nombreuses boutiques. Un marché artisanal se tient à l’angle des rues San Andrés et Quera. Le soir, de nombreux Péruviens s’installent sous les arcades de la plaza de Armas pour vendre leurs objets. Quel que soit l’endroit, les prix sont presque toujours négociables. Le marché près de la gare San Pedro ne propose pas d’objets artisanaux et réclame de la prudence.
Autour de Cuzco
Sacsahuamán
A 2 km au nord de Cuzco. Ouvert tlj de 7 h à 18 h. Entrée payante.
Cette imposante forteresse inca avait probablement une fonction religieuse. Trois longs murs parallèles en épis en constituent la majeure attraction, avec leur appareillage d’énormes pierres assemblées à la perfection selon la technique inca. Cuzco était supposée représenter un puma dont acsahuamán était la tête. Malgré son démantèlement par les Espagnols pour construire leurs maisons, les ruines sont encore impressionnantes. Le site propose en outre une vue panoramique sur la ville de Cuzco.
Inti Raymi, la fête du Soleil
La plus grande fête du calendrier inca avait lieu lors du solstice d’hiver. Il s’agissait de prier Inti, le Soleil adoré par les Incas, de revenir alors qu’il était à son point le plus éloigné de la Terre. A Cuzco, plus de 100 000 personnes participaient à cette fête, célébrée avec faste à travers tout l’empire. Interdite par les Espagnols, elle se célébra ensuite clandestinement. Elle revit désormais chaque année le 24 juin dans les ruines de Sacsahuamán, au cours d’une reproduction aussi exacte que possible de la fête inca. Plusieurs centaines de milliers de personnes, Indiens comme touristes du monde entier, se réunissent à l’occasion de ce deuxième plus grand festival d’Amérique du Sud.
Qenko
A 4 km au nord-est de Cuzco. Ouvert tlj de 7 h à 17 h 30. Entrée payante.
Petit site atypique, Qenko tire parti d’une grande roche creusée d’un tunnel naturel où les Incas sculptèrent un autel. A l’extérieur se trouve un petit amphithéâtre d’une vingtaine de places dont on ignore la fonction.
Puca Pucara
A 6 km de Cuzco. Ouvert tlj de 7 h à 17 h 30. Entrée payante.
La « forteresse rouge » doit son nom à la couleur que prend au crépuscule cette construction que l’on suppose militaire, faite de terrasses, passages et grands murs. Elle aurait formé le point de défense avancé de Cuzco.
Tambo Machay
A 7 km au nord-est de Cuzco. Ouvert tlj de 7 h à 17 h 30. Entrée payante.
Surnommé le Bain de l’Inca, cet ensemble est constitué de trois terrasses supportées par des murs en appareillage de pierre. L’eau, à laquelle de nombreux pouvoirs sont attribués, y coule encore et termine sa course dans une petite cuve de pierre.
La vallée sacrée des Incas
A 27 km au nord-est de Cuzco.
La vallée sacrée des Incas s’appelle en réalité la vallée de l’Urubamba, du nom de la rivière qui y coule. Le climat y est agréable (on est à 600 m plus bas que Cuzco) et les possibilités touristiques nombreuses : villages pittoresques, rafting, trekking, etc. Mais cette vallée doit surtout sa célébrité aux très nombreuses ruines incas qu’elle abrite, en particulier celles de Pisac et Ollantaytambo.
Suivez le guide !
La descente à pied à travers les montagnes des ruines de Pisac jusqu’au village dure environ une heure (partir à droite de la maison à deux étages). Elle vaut la peine !
Pisac
A 32 km au nord-est de Cuzco. Ruines ouvertes tlj de 7 h à 17 h 30. Entrée payante.
Le village colonial attire les visiteurs pour ses ruines perchées dans la montagne, mais aussi pour son marché. Ce dernier se tient tous les dimanches et draine les Indiens de la région entière qui viennent y vendre leur production agricole, même si les marchands d’artisanat en accaparent la majeure partie. Les ruines se situent à 8 km au-dessus du village, entre deux gorges qui lui confèrent une situation splendide. Elles sont entourées d’un ensemble de terrasses de cultures. Il s’agit probablement d’une forteresse destinée à garder l’accès à la vallée. L’ensemble, bien conservé sur une vaste zone, comporte également de nombreux édifices religieux, temples, bains, cadran solaire, reliés au complexe militaire par un tunnel taillé dans la roche. A l’extrémité des ruines, on remarquera l’étonnante maison à deux étages.
Chincheros
A 28 km au nord de Cuzco.
Chincheros est un des plus beaux villages de la région. La place centrale contient un mur inca bien conservé avec ses 10 niches. Plus loin se trouvent des restes de murs, de pierres taillées et des terrasses de culture. L’église remplaça un temple inca ; elle abrite un grand nombre de peintures murales. Le dimanche est jour de marché, coupé en deux : l’un artisanal, l’autre pour les denrées quotidiennes. Ce marché très coloré attire sans doute un peu moins de touristes que celui de Pisac.
Ollantaytambo
A 93 km au nord-est de Cuzco. Ruines ouvertes tlj de 7 h à 17 h 30. Entrée payante.
Nouvel exemple de la prodigieuse faculté des Incas à bâtir des édifices dans la haute montagne, Ollantaytambo serait une forteresse (en tout cas servit-elle comme telle contre les Espagnols) et un centre cérémoniel d’importance. Le site s’articule autour d’une succession de terrasses étagées, flanquées d’escaliers menant au complexe de la partie supérieure. En 1536, les conquistadors qui tentèrent leur ascension furent lourdement défaits par Manco Inca. Au niveau de l’esplanade se trouve un important ensemble de fontaines, canalisations et bains, mis au jour récemment.
Le bain de forme trapézoïdale après le petit pont est arbitrairement surnommé bain de la Princesse. En haut des terrasses se situe un vaste ensemble de constructions. Quelques blocs de pierre gigantesques semblent un peu perdus : la construction du temple fut interrompue par la Conquête. Parvenu aux dernières terrasses, le promeneur se verra récompensé par une vue imprenable sur les ruines et la vallée. On remarquera alors, perchée dans la montagne en face, une maison à quatre étages à la fonction mystérieuse. Le village actuel est tout aussi digne d’intérêt que les ruines. Son tracé actuel suit exactement celui des rues incas et la plupart de ses habitations reprennent les fondations anciennes. A travers ses rues piétonnes, on discernera des linteaux incas et des restes de systèmes de poulies pour la fermeture des portes.
L’épopée rebelle de Manco Inca
Après la capture puis la mort d’Atahualpa, un Inca faillit renverser le cours de l’histoire. Environ deux ans et demi après l’entrée des conquistadors à Cuzco, Manco Inca reprit Sacsahuamán, dont il se servit comme base pour assiéger la ville. Il allait arriver à ses fins quand une sortie désespérée de Juan Pizarro, demi-frère de Francisco, parvint à le déloger. Ayant perdu beaucoup de ses guerriers, Manco Inca se replia à Ollantaytambo où il infligea une retentissante défaite à Hernando Pizarro, un autre demi-frère, en 1536. Mais les Espagnols prirent leur revanche avec des renforts. Manco Inca se réfugia alors avec ses troupes dans la forêt, à Vilcabamba, où il vécut jusqu’à ce que les Espagnols le débusquent et le tuent, en 1544.
Vilcabamba
A environ une semaine de marche du village de Huancalle.
C’est ici, en pleine forêt, que Manco Inca vécut de 1537 à 1544. Les ruines Espiritu Pampa, redécouvertes dans les années 1960, dateraient pour la plupart de l’époque pré-inca. Malgré leur importance, elles ne sont guère mises en valeur. La belle randonnée vers ces ruines est longue et assez difficile.