Sartène, Bonifacio

Sartène

Entourée de vignobles, la ville surplombe des collines qui vont mourir dans la mer. Tel un balcon, au-dessus de la vallée du Rizzanese, la capitale de la Terra dei Signori est érigée autour d’une citadelle, sur le rocher du Pitraghiu.
Théâtre d’invraisemblables vendettas entre familles rivales, elle est devenue, à présent, une ville calme, avec ses vieilles demeures, hautes et grises et ses ruelles pentues. La procession du Catenacciu, chaque Vendredi saint, et sa manière de cultiver les traditions, lui ont valu le surnom de « la plus Corse des villes corses ».

Le Catenacciu

Le Vendredi saint, la procession du Catenacciu, « l’homme enchaîné », part de l’église Sainte-Marie et se déroule dans les ruelles de la vieille ville. Un pénitent cagoulé et habillé de rouge reproduit la montée du Christ au calvaire. Il a été choisi parmi une longue liste de candidats et seul le curé connaît son nom. Comme le Christ, il chute trois fois alors qu’il porte sur ses épaules la croix en chêne massif et traîne une lourde chaîne de plus de 30 kg !
D’autres pénitents l’entourent, eux-mêmes cagoulés et vêtus de noir. Un seul est tout en blanc, Simon de Cyrène. La foule les accompagne en procession en entonnant « Perdono mio Dio, mio Dio perdono… ». La procession se termine sur la place. Le prêtre prononce son sermon et bénit la foule à genoux.

Vieille ville

La place Porta (ou place de la Libération) est le point le plus animé de Sartène. D’un côté, l’hôtel de ville, situé dans l’ancien palais des Gouverneurs. Il porte sur sa façade les armoiries sculptées de la ville.
D’un autre côté, l’église Sainte-Marie, où sont exposées la croix et la chaîne portées par le pénitent pendant la procession duCatenacciu. Dans cette église fut signé un traité de paix pour mettre fin aux vendettas qui divisaient les habitants de la ville, au XIXe siècle.
En passant sous la voûte de la place Porta, on arrive sur la place du Maggiu, qui s’ouvre sur un dédale de vieilles ruelles reliées par des escaliers voûtés et bordées d’austères maisons grises. L’une de ces ruelles, le très étroit passage Bradi, débouche sur la place Angelo-Maria-Chiappe, d’où l’on peut admirer un beau panorama.

Corse 2010 - Sartène

Corse – Sartène par: Rodrigo SEPÚLVEDA SCHULZCC BY-NC-SA 2.0

Musée départemental de Préhistoire

Rue Croce, tél. : 04 95 77 01 09. Ouvert du 1er octobre au 31 mars de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 17 h sauf les samedi et dimanche, du 1er avril au 30 septembre de 9 h à 19 h sauf le dimanche. Entrée payante.

Réouvert après 10 ans de travaux, le Musée a dispersé ses collections dans les trois étages d’un nouveau bâtiment complétant l’ancienne prison. Ce sont désormais 1 400 m2 qui sont ouverts au public, dédiés à la préhistoire et à l’archéologie corse, avec plus de 250 000 objets, de la plus petite pointe de flèche à la statue-menhir. Une bonne « introduction » avant de visiter les sites environnants.

Suivez le guide !

Faites une escapade à la petite cité balnéaire de Tizzano, avec son superbe fort, édifié par les Génois.

« Route des pierres dressées »

Il est impossible de citer tous les sites mégalithiques qui ont été découverts dans les environs de Sartène, tellement ils sont nombreux.
La « route des pierres dressées » mène au plateau de Cauria. Elle débouche à Stantari, sur un important alignement de menhirs. Non loin de là, le dolmen de Funtanaccia, appelé aussi Stazzona di u diavulu (la forge du diable) est le mieux conservé de l’île. Les alignements de Pagliaju comptent 258 filarati (monolithes) dressés, déployés sur 7 rangées.

Un mystère pour les archéologues

Ces dolmens imposants et ces menhirs constituent une énigme pour les archéologues, qui s’efforcent de découvrir la signification de telles constructions.
Deux hauts lieux de la préhistoire corse se sont imposés au gré de la progression des fouilles archéologiques : la vallée du Taravo et l’Alta Rocca. Déjà, Mérimée avait été intrigué par la présence de stantare (menhirs) et de stazzone (dolmens).
Mais la plupart des sites corses ont été découverts tardivement (dans les années 1950) et les archéologues n’ont pas terminé leur travail de recherche.
L’analyse du dolmen de Fontanaccia a permis de dater l’éclosion de cette civilisation au IIe millénaire av. J.-C.
Les premières statues de pierre de Filitosa ont été réalisées très vraisemblablement dès 3300 av. J.-C. Les archéologues hésitent cependant à se prononcer sur l’origine de ces blocs de pierre : s’agit-il de représentations d’autochtones ou d’envahisseurs venus du bassin occidental de la Méditerranée ?
L’état des recherches actuelles ne permet pas de le savoir.
En revanche, on a daté l’origine des castelli (les monuments torréens) à la deuxième moitié du IIe millénaire. On peut imaginer qu’il s’agit de monuments construits par des envahisseurs imposant une autre culture, ou simplement d’influences extérieures qui se sont installées sans véritable bouleversement.

Les Giovannali

Le mouvement hérétique des Giovannali prit naissance à Carbini, vers 1320. L’origine de leur nom est contestée. Certains historiens pensent qu’il viendrait de l’église San Giovanni di Carbini, d’autres supposent qu’il s’agirait d’une branche de Cathares dirigés par Giovanni de Lugio.
Les Giovannali se rassemblent à Carbini, la région de la Corse où il y a le plus de dolmens et de menhirs. Ils prônent l’égalité et le partage. « Leur loi portait que tout serait commun entre eux, les femmes, les enfants ainsi que les biens. Ils s’imposaient certaines pénitences, se réunissaient dans les églises la nuit, pour faire leurs sacrifices, puis se livraient l’un à l’autre jusqu’à satiété »,écrit dans ses Chroniques Giovanni Della Grossa.
Le pape Urbain V excommunia les membres de la secte qui se réfugièrent à Valle d’Alesani, avant d’être exécutés jusqu’au dernier.

Suivez le guide !

Observez également les alignements de Pagliaju (258 filarati – monolithes -, déployés sur 7 rangées) et de Stantari.

U Frate e a Sora

Après le pont de Spin’a-Cavallu, un des plus anciens ponts génois, les menhirs di U Frate e a Sora (le Frère et la Sœur).
La légende raconte qu’une jeune religieuse et un moine s’aimaient. Ils décidèrent de s’enfuir ensemble le soir du Vendredi saint, pendant que toute la population de Sartène était accaparée par le Catenacciu. Ils se retrouvèrent dans un endroit désert de la vallée du Rizzanese.
Mais Dieu veillait et les deux fuyards furent transformés en pierre avant d’avoir pu accomplir l’acte de chair… Ils se regardent pour l’éternité.

Levie

Ce gros bourg de montagne s’étale le long de la route, entre maquis et châtaigniers, au milieu d’une campagne truffée de murs de pierre sèche.

Musée départemental

Le musée de la Préhistoire rassemble l’essentiel des découvertes effectuées dans la région. Ainsi, le fonds ethnographique retrace dix mille ans d’occupation humaine : outils, armes, poteries… A voir : le squelette de la « Dame de Bonifacio », vieux de plus de 9 000 ans.

Sites préhistoriques

Aux environs de Levie, deux visites culturelles, deux bonnes excuses pour faire une échappée dans la région : les sousbois cachent un complexe fortifié de l’âge du bronze, castellu di Cucuruzzu, qui est un des plus intéressants de Corse. L’autre, le castello di Capula, à un quart d’heure à pied à travers la forêt des Cruci, se trouve face à une chapelle. Un menhir marque l’entrée du site, occupé de l’âge du bronze au Moyen Age.

San Gavino di Carbini

De violents combats ont eu lieu dans la région, pendant la Seconde Guerre mondiale.
Une stèle à l’entrée du village rend hommage à Jean Nicoli, héros de la Résistance qui est né ici, en 1899. Arrêté par la police secrète de l’Occupation, Jean Nicoli sera condamné à mort et exécuté.

Roccapina

Un majestueux lion de pierre veille sur le golfe ; une tête d’éléphant lui fait face. La côte, d’une beauté presque irréelle, est jalonnée d’un étonnant bestiaire sculpté par le vent et l’érosion : têtes d’animaux, silhouettes anthropomorphes. Un zoo bien particulier… La plage est fort fréquentée en été.

Eglise San Giovanni Battista

L’église romane, érigée fin XIe-début XIIe siècle par les Pisans, abrita au XIVe siècle la secte franciscaine des Giovannali décimée par les armées du pape d’Avignon (voir encadré page 83).

Bonifacio

 « Nous entrons dans ce port bien connu des marins, une double falaise à pic et sans coupure se dresse tout autour et deux caps allongés en étranglent la bouche. » c’est ainsi qu’Homère décrit dans l’Odyssée la découverte de la ville par Ulysse. Juchée sur des falaises de calcaire blanc hautes de 60 m, Bonifacio ressemble à un vaisseau tourné vers le large.
Posé sur un large plateau dominant la mer, le site de Bonifacio est l’endroit idéal pour édifier une citadelle.
Ainsi, la République de Pise est la maîtresse, pendant deux siècles, d’une place forte érigée sur le point le plus haut de la presqu’île. Ensuite, les Génois s’en emparent et renforcent les défenses de la ville en édifiant le Castelletto, puis un rempart crénelé haut de 8 m. D’ailleurs, la ville résistera au roi d’Aragon, qui en fait le siège en 1420 pendant cinq mois. De cette époque daterait le fameux « escalier du roi d’Aragon » : pas moins de 187 marches creusées dans la falaise, qui dévalent jusqu’à la plage de Sutt’a Rocca.
La ville se divise en deux parties bien distinctes : la marine, dans la ville basse, que l’on découvre, au fond d’un fjord de presque deux kilomètres de long. Station à la mode, envahie de boutiques de souvenirs et de restaurants, elle accueille de magnifiques bateaux de croisière qui sont amarrés au port.
La ville haute, répartie sous les remparts de la marine, à laquelle on accède par la montée Rastello, vieille rampe pavée, coupée d’escaliers et de pas-d’âne. Enfermée dans ses remparts, la ville haute n’est qu’un quadrilatère de rues serrées où le soleil a du mal à pénétrer.

Ville haute

La vieille ville est parsemée d’un grand nombre d’églises et de monuments anciens. Ainsi, au fil de ses ruelles étroites et de ses places, on découvre les traces de son histoire.
Depuis la place d’Armes, qui faisait autrefois office de grenier à blé, on remarque le bastion de l’Etendard.
Cette ancienne tour utilisée par la garnison jusqu’à la Révolution française a été aménagée en petit musée, où sont maladroitement reconstituées quelques scènes historiques (ouvert d’avril à septembre, fermé le dimanche sauf en juillet et août, entrée payante).
On peut poursuivre la visite par le jardin des Vestiges, les ruines des remparts du XIIIe siècle, envahi par les fleurs.

Suivez le guide !

Flânez dans la ville de Bonifacio à la recherche de nombreux insignes historiques : les blasons qui ornent les portes des maisons, les portails, les vestiges d’anciennes fortifications…

Place Manichella

Par la place du marché et par la rue du Portone, on débouche sur cette place, d’où l’on surplombe la mer. De là, on aperçoit le « Grain de sable », un grand bloc de calcaire échappé de la falaise et le phare de Pertusato, le plus ancien de Corse (1844), qui veille sur les bouches de Bonifacio.

Suivez le guide !

Empruntez la petite route qui conduit au cap de Pertusato. La couleur de l’eau y est irréelle et le sable ressemble à du talc.

Maisons célèbres

Ornée du blason de la République de Gênes, la maison des Podestats abritait le premier magistrat de la ville, gardien des clefs. Rue des Deux-Empereurs, un linteau de marbre sculpté au-dessus de la porte du no 7, rappelle que l’empereur Charles Quint logea ici, en 1541.
Le second empereur est… Napoléon ! qui habita quelques jours chez un de ses cousins.

Eglise Saint-Dominique

Edifiée par les Templiers en 1343, elle compte parmi les rares églises gothiques de Corse et se pare d’un clocher couronné de créneaux.
A l’intérieur, L’Ecorchement de saint Barthélemy, une statue de bois de plus de 800 kg qui est portée en procession le Vendredi saint.

Eglise Sainte-Marie-Majeure

La rue de la Loggia conduit à cette église, reconnaissable à son clocher carré à quatre étages.
Elle a la particularité d’avoir été construite au XIIIe siècle, sur une énorme citerne destinée à approvisionner la cité en eau pendant les sièges, puis transformée en salle de conférences. Le podestat y rendait la justice.
L’église abrite un sarcophage romain qui repose contre le revers de la façade.

De la rue Saint-Dominique au cimetière marin

Cette belle rue, bordée de maisons aux armoiries sculptées, aboutit à la maison de la Charité, l’hospice civil, construit au XIIIe siècle.
Ensuite, on gagne la citadelle, qui occupe l’emplacement de la ville primitive. De là, on peut alors rejoindre la porte de France, en passant devant le monument à la gloire des légionnaires tombés pendant les campagnes du Sud oranais, ou bien continuer jusqu’au cimetière marin.
On pénètre alors dans un autre monde, à l’écart des rumeurs de la ville.
Petite cité aux maisons blanches tournées vers le large, ce promontoire privilégié et paisible offre une vue époustouflante sur les bouches de Bonifacio. Juste en face, on aperçoit les côtes de la Sardaigne, à peine à douze kilomètres !

Grottes marines

Excursion en vedette (45 min environ). Départ du port de la marine.
La visite des grottes marines est un moment privilégié. Le bateau se dirige vers la pointe de la Madonetta. Plusieurs cavités étroites, les camere, ornent la crique où vivaient autrefois les phoques moines (ou veaux marins). Puis, à l’ouest, le bateau aborde la grotte du Sdragonato.
Un tunnel mène dans une large salle, où une faible lueur laisse distinguer des reflets rouges, grenat et violets.

Sperone

Une plage blanche, un lagon turquoise et un golf dessiné par Robert Trent Jones, l’endroit est devenu très branché et l’on n’y compte plus les célébrités : publicitaires, hommes politiques, journalistes, industriels… ils sont tous là !

Iles Lavezzi

A l’extrême sud de la France, l’archipel des Lavezzi couvre une superficie de 185 hectares.
Mis à part les oiseaux, grands corbeaux, merles bleus, fauvettes, cormorans, puffins cendrés, ce gros chaos de rochers polis par les tempêtes n’abrite qu’une bergerie, un phare, une chapelle et un cimetière.
Le 15 février 1855 la frégate la Sémillante s’est fracassée sur les rochers de l’île. Ce fleuron de la flotte française avait embarqué à Toulon 392 soldats qui devaient prêter main-forte aux troupes engagées dans la guerre de Crimée. Il n’y eut aucun survivant.
Les marins sont enterrés ici.
A 2 km, Cavallo (112 ha) est une île privée appréciée des milliardaires. Malheureusement, elle est victime d’une urbanisation outrancière.