Marrakech est séparée de Ouarzazate par 198 km d’une très bonne route. De décembre à avril, le col du Tizi n’Tichka peut être bloqué par la neige : des panneaux à la sortie de Marrakech signalent lorsque le col est impraticable. Cet itinéraire offre à ceux qui l’empruntent les incomparables paysages du Haut-Atlas, surtout dans la montée du col du Tichka. Par contre, il est très fréquenté par de nombreux camions et autocars. L’étape n’est pas très longue et, si l’on dispose d’un peu de temps, deux belles excursions sont possibles : ‘ à la kasba de Télouet (km 106), ‘ à la kasba des Aït Benhaddou (km 161). Quittez Marrakech par la route P 24 en direction de Beni Mellal après 7 km tournez à droite et rejoignez la P 31. La route passe non loin de la kasba d’Aït Ourir, gros village au c’ur d’une oliveraie et franchit l’oued Zat qui irrigue la plaine du Haouz. La route s’élève, ponctuée de villages de pierres sèches aux toits plats, les terrasses taillées à flanc de montagne portent des cultures de blé et d’orge. Elle révèle de très beaux points de vue sur des pans de montagne arides et des kasbas isolées. A partir de Taddert à 1 650 m, petit village en longueur, la route s’élève en lacets très serrés pour franchir le col du Tichka. Partout des gargotes permettent de s’arrêter pour déjeuner d’un tajine ou de brochettes et les vendeurs de pierre disposent leurs étals. Le col du Tizi n’Tichka, le « col des pâturages », se trouve à 2 260 m d’altitude dans un site dénudé. C’est le passage routier le plus élevé du Maroc, souvent balayé par des vents violents. Au km 106 se détache la route S 6802 vers Télouet (20 km plus loin). Ce gros village à 1 800 m d’altitude sur le versant sud de l’Atlas, était, avant la construction de la route du Tizi n-Tichka, le lieu de passage des caravanes, d’où la puissance de la famille du Glaoui qui prélevait un droit de péage et dont la forteresse faisait office de caravansérail. Cette région très accidentée, patrie des berbères Glaoua était le fief de Al Hadj Thami al Glaoui (1875-1956), pacha de Marrakech, dit le Glaoui. La petite route serpente dans un paysage sauvage de chênes verts et de genévriers, avant de descendre sur le gros village de Télouet arrosé par l’oued Imarene et environné de champs cultivés. On atteint la kasba par une piste sur la droite qui conduit jusqu’à la porte principale du Dar Glaoui.

Route du Tizi N’tichka © rpoll
Cette ancienne résidence du caïd qui, jusqu’à la fin du protectorat français, représentait le pacha de Marrakech, se dresse sur une colline. Elle comporte un ensemble de bâtiments composites, communiquant les uns avec les autres par des cours et cernés d’une muraille crénelée. Malheureusement l’ensemble est en très mauvais état parce que volontairement laissé à l’abandon. La visite s’effectue accompagné d’un gardien, à qui l’on donne l’équivalant d’une entrée de musée officiel. Seules deux pièces des somptueux appartements ont été miraculeusement sauvegardées. La plus remarquable est la salle de réception aux fenêtres à moucharabiehs. Le sol et les murs sont recouverts de mosaïque alors que les plafonds sont de stuc sculpté ou de cèdre peint. Cette riche décoration intérieure d’inspiration andalouse tranche avec l’austérité de l’architecture berbère de l’ensemble. Depuis les terrasses, la vue est très belle sur le djebel Ghat (3 800 m). De cette magnifique résidence, témoin de l’opulence du Glaoui, aujourd’hui dramatiquement fissurée, émane une atmosphère d’abandon. Tous les biens de la famille du Glaoui furent confisqués après sa mort en 1956 ; ce qui explique l’état dans lequel se trouve cette kasba. La route P 31, en direction de Ouarzazate, redescend sur le versant sud de l’Atlas à travers un paysage rocheux et tourmenté le long de la vallée de l’oued Tamesnar. Les villages se font différents et sont souvent dominés par une tirhermt ou un agadir, un grenier fortifié dans lequel était engrangé les récoltes. Le plus caractéristique est celui d’Igherm n-Ougdal, un beau grenier-forteresse de pisé rouge construit sur un soubassement de pierre. La route suit la vallée de l’asif Imini qui s’élargit progressivement et est jalonnée de plusieurs kasbas. Au km 176, prenez la route à gauche pour Aït Benhaddou (à 9 km). Ce beau village, véritable entassement de maisons fortifiées adossées à la montagne, est sans doute le ksar le plus spectaculaire de tout le Sud marocain. C’est aussi l’un des mieux conservés. Cet étonnant décor, qui ne semble pas avoir changé depuis le Moyen Age, a inspiré de nombreux cinéastes qui y ont tourné des reconstitutions historiques. Le village s’étend sur l’autre rive de l’assif Mellah que l’on traverse à pied. Il faut flâner dans le dédale des petites ruelles et des passages couverts qui desservent les maisons. Il est possible de pénétrer à l’intérieur de certaines habitations, moyennant un pourboire. Il est indispensable de monter jusqu’au donjon de l’ancienne kasba, en ruines, qui domine toute la région semi-désertique avec, au loin, les premières hammaders du Sahara. Plus loin, en poursuivant vers le nord, la route atteint la kasba en ruines de Tamdaght qui n’abrite plus que des nids de cigognes. Le gardien fait office de guide (le rémunérer au même prix que l’entrée d’un musée). Les voitures tout terrain peuvent continuer par la piste qui rejoint Telouet et la kasba du Glaoui. Revenir sur la P 31 et continuer vers Ouarzazate.
Ouarzazate

Kasbah de Ouarzazate © djrue
Fondée en 1928 pour être un poste militaire de l’armée française, la ville est devenue capitale administrative de la région du Drâa. Elle ne possède aucun des charmes d’une medina, cependant, en raison de sa situation à la croisée des vallées du Drâa et du Dadès et de son bon équipement hôtelier, elle offre une étape agréable pour un itinéraire dans le sud marocain. La longue et large avenue Mohammed V traverse la ville d’ouest en est. En la suivant en direction de Boumalne du Dadès, on accède à la kasba de Taourirt, autrefois résidence du pacha de Marrakech (ouvert de 8 h à 18 h, entrée payante, visite guidée). On peut voir dans les anciens appartements du Glaoui, la salle à manger et la chambre de la favorite qui ont conservé leur décoration de stuc peint et leurs plafonds de bois de cèdre. Depuis les fenêtres, on aperçoit le quartier du Mellah à l’abandon. Face à la kasba de Taourirt, de l’autre côté de l’avenue, un centre artisanal abrite des boutiques qui proposent divers objets en pierre, en poterie et surtout les tapis dits de Ouarzazate ou du Jebel Siroua.
Silence on Tourne !
Depuis longtemps Ouarzazate et ses décors naturels grandioses ont séduit les plus grands réalisateurs. En 1963, David Lean y tournait « Lawrence d’Arabie » avec Peter O’Toole et Omar Shariff. D’autres cinéastes sont venus y chercher des paysages éblouissants et une lumière intense : Allan Pakula pour « Roll Over » en 1981, Claude Lelouch pour « Edith et Marcel » et Vera Belmont pour « Les Mots pour le Dire » en 1983… En 1984, des hommes d’affaires marocains décidèrent d’implanter des studios de cinéma, en créant l’Atlas Corporation Studios inaugurés avec le tournage du « Vol du Sphinx » de Laurent Ferrier avec Miou-Miou et Alain Souchon. Mais le tournage qui a le plus marqué ces dernières années est le « Diamant du Nil » avec Michael Douglas. On peut encore voir au ksar d’Aït Benhaddou une porte monumentale qui n’ouvre sur rien. Construite en pisé et impressionnante par ses dimensions, elle a été réalisée pour que l’acteur puisse passer en dessous en avion, puis elle est restée après la fin du tournage.

Ouarzazate – Palmiers © djrue