Une route goudronnée mais étroite permet de franchir l’Atlas par le col routier du Tizi-n-Test à 2 092 m d’altitude. Trop sinueuse pour être empruntée par des camions, elle est peu fréquentée. Elle est parfois coupée en hiver par la neige. Il faut faire attention aux panneaux à la sortie de Marrakech. Ce point de passage traditionnel était tenu par les tribus Berbères comme en témoignent les kasbas qu’ils avaient édifiées jusqu’au début du siècle. Cet itinéraire permet de découvrir les panoramas variés et grandioses du Haut-Atlas avec ses villages de terre et ses cultures en terrasses. Quittez Marrakech par la S 507 puis la S 501 en direction de Taroudant. La route traverse d’abord la campagne irriguée des environs de Marrakech, plantée de blé et oliveraies. Le long de la route, l’eau canalisée qui descend de la montagne permet de faire tourner les meules de petits moulins à farine. Chaque moulin est une construction rectangulaire en pisé. Le gros village de Tahanaout, à 995 m d’altitude, annonce les premiers contreforts de l’Atlas. La route s’engage dans les gorges de Moulay Brahim, où coule l’oued Rheghaïa. Asni est un village à 1 150 m d’altitude qui s’anime d’un souk chaque samedi. Sa vallée riante et cultivée, arrosée par l’oued Nfiss, est dominée par le puissant massif du Toubkal, point culminant de l’Atlas.

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Paysage du Tizi-N-Test © rpoll

Ouirgane

C’est un agréable village noyé dans la verdure où l’on peut faire étape pour déjeuner au Sanglier qui fume ou, plus chic, à La Roseraie. La route continue de longer les eaux transparentes et rapides de l’oued Nfiss, tantôt en corniche, tantôt en longeant son cours. Les villages s’accrochent à des pitons rocheux, se confondant avec la couleur rouge de la montagne. La végétation se fait plus espacée. On remarque quelques belles kasbas à l’abandon mais qui ont encore des allures de forteresses imprenables : celle de Talaat n’Yakoub, élevée vers la fin du XIXe par un caïd ; puis celle d’Agadir n’Gouj, construite en 1907. Sur la droite de la route séparée par l’oued Nfiss se dresse altière et lumineuse la mosquée fortifiée de Tin Mal. Récemment restaurée, elle témoigne de l’architecture militaire almohade et mérite absolument d’être visitée. Pour accéder au site il faut traverser l’oued Nfiss par un gué. Le village du même nom se réduit à un modeste village de montagne. Pourtant, au début du XIIe siècle, il fut le foyer spirituel et le point de départ de la conquête almohade. Le réformateur musulman Ibn Toumert, prêchant la révolte contre le pouvoir almoravide aux Berbères de l’Atlas, y installa son quartier général. Son successeur Abd el Moumen y fit construire en 1153-54 l’impressionnante mosquée dont les vestiges viennent d’être relevés. Tin Mal est une des rares mosquées du Maroc que les non musulmans peuvent visiter. Restaurée en 1994, elle n’a pas encore été rendue au culte, mais il est annoncé qu’elle restera accessible. La mosquée est une large construction, de plan carré, formée de neuf nefs de cinq travées, perpendiculaires à la qibla, sans compter les deux nefs à trois travées aménagées latéralement le long de la cour. Le minaret (en partie décapité) qui rappelle la tour Hassan de Rabat et la Koutoubia de Marrakech, occupe un emplacement exceptionnel : il couvre la chambre du minbar et le mihrab. Les chapiteaux sont ornés d’un beau décor floral.

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Sur la route de Ouirgane © marie laure

Un détour de la route découvre la kasba de Tagoundaft, sur un piton, à 1 600 m d’altitude. Depuis le col du Tizi-n-Test, à 2 092 m d’altitude, on découvre un panorama splendide sur la vallée du Sous, à près de 2 000 m en contrebas. La route descend en lacets le versant très escarpé avec des à-pics vertigineux jusqu’à la plaine du Sous, qui s’étend sur 200 km de longueur entre le djebel Siroua et l’océan, entre le Haut-Atlas au nord et l’Anti-Atlas au sud. Chaque vallée est occupée par un village et les flancs de la montagne cultivés en terrasses. L’oued Sous, né dans le djebel Siroua, débouche dans la plaine et disparaît dans les alluvions pour alimenter la nappe phréatique. La profondeur de cette nappe varie entre 5 et 30 m sur un front de 10 à 20 km. Plus que les eaux saisonnières issues du Haut-Atlas, cette nappe d’eau souterraine est à l’origine de la richesse de cette plaine où s’épanouissent des cultures d’orangers, de citronniers, d’oliviers, de légumes et des champs de blé. La population, de race et de langue berbères, appartenant au groupe chleuh, est fortement métissée en certaines régions de sang arabe et noir. Laissez à gauche la route de Ouarzazate et continuez à droite vers Taroudant, l’ancienne capitale du Sous.

Taroudant

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Taroudannt – Riad © Dale Harvey

Entourée de ses remparts, de couleur fauve, bastionnés et crénelés, Taroudant est renommée pour son artisanat et ses bijoux berbères en argent. Elle est appréciée aussi par de nombreuses personnalités qui viennent se reposer à l’hôtel de la Gazelle d’or, à la réputation un peu surfaite.
Taroudant dans l’Histoire
D’origine certainement très ancienne, Taroudant ne fut pas seulement une capitale régionale mais la première capitale saadienne. Mohammed ech Cheikh, le fondateur de la dynastie saadienne en fit sa capitale vers 1520 et sa base d’opérations contre les Portugais installés à Agadir. Mais en 1541 lorsque Mohammed ech Cheikh, chassa son frère Ahmed el-Araj du trône de Marrakech où celui-ci régnait depuis 1524, il y transféra sa résidence. Restée la métropole du Sous, Taroudant connaît, sous les princes saadiens qui y font de longs séjours, une prospérité incontestable, grâce à sa région productrice de riz, de canne à sucre, de coton et d’indigo qui attirent commerçants et caravaniers. En 1687, elle est attaquée par le terrible Moulay Ismaïl qui massacre une bonne partie de la population, pour avoir pris le parti de son rival. Elle perd de son importance économique après la fermeture d’Agadir au commerce avec l’Occident. De 1912 à 1913, Taroudant est le siège de la résistance d’El-Hiba qui s’était fait proclamer sultan à Tiznit, après la signature du traité de protectorat. De là, il entreprit plusieurs incursions : en août 1912, il entre dans Marrakech, mais à peine un mois plus tard, le colonel Mangin lui fait subir une grande défaite à Sidi Bou Othman. Pendant la guerre, El-Hiba soutenu par les Allemands, continua ses attaques.

Visiter Taroudant
L’enceinte, longue de plusieurs kilomètres, enserre la ville et contraste avec d’immenses jardins et vergers qui s’étendent hors des murs. Percée de cinq portes, elle daterait du début du XVIIIe siècle mais fut sans cesse remaniée et remise en état. Le tour des remparts (30 minutes environ en voiture) est à faire en fin de journée, lorsque le soleil couchant incendie la puissante muraille de pisé. On entre dans la ville par une porte double dans la muraille sud. On atteint la place Talmoklate (départ des autobus). Tout droit, la rue longe les souks et atteind la place Assarag, le c’ur de la ville. Bordée d’arcades, de petits restaurants et de cafés, elle est le lieu de rendez-vous des Roudanis, les habitants de Taroudannt. Ses souks comptent parmi les plus animés du Sud marocain. Pour y accéder, emprunter une petite ruelle qui donne sur la place Assarag. Il faut se perdre dans le labyrinthe des ruelles où bijoutiers, antiquaires, sculpteurs de pierre proposent toutes les productions de l’artisanat local : fusils aux crosses ouvragées et petits objets en pierre tendre décorés au poinçon, cuivres, mais aussi tapis, peaux de moutons… Hommes et femmes se pressent dans ces ruelles tortueuses. De ces dernières, on ne distingue que leur silhouette drapée dans des voiles noirs ou indigo.

Les environs de Taroudant
On peut effectuer une courte promenade jusqu’à l’oasis de Tiout en sortant de Taroudant par la P 32 en direction de Marrakech. Au km 8, à Aït Yazza, empruntez la route 7025 qui franchit, par un gué généralement à sec, le lit de l’oued Sous. Sur la gauche se dressent les ruines de l’ancienne kasba de Freija. Au km 28, prenez à droite la piste de Tiout qui s’élève sur les premiers contreforts de l’Anti-Atlas. Après 5 km de piste, tournez au carrefour à gauche en laissant sur la droite la piste qui mène au village, pour monter jusqu’à la terrasse de la kasba d’où l’on découvre la vue sur le Sous et le Haut-Atlas. Malheureusement cette fière construction a été défigurée par un restaurant aménagé dans ses murs à grand renfort de béton. En revanche, la palmeraie a gardé un charme authentique et l’on vous propose d’en faire le tour à dos d’âne.

De Taroudant à Ouarzazate
Une belle route panoramique permet de rejoindre Ouarzazate à 256 km. A Aoulouz la route domine toute la plaine du Sous qu’elle quitte à partir du Talionine. Ce village à 1 060 m d’altitude est le point de départ de randonnées dans le Jebel Siroua, un massif volcanique à la jonction entre le haut et l’anti-Atlas. On peut y voir une belle kasba du Glaoui encore imposante bien que très ruinée et y acheter du safran, cultivé dans la région. Tazehakht est un bourg sans intérêt sinon les fabriques de tapis à trame orange dont le prix sur place est attrayant. Le col du Tizi n’Bachkoum (1 700 m) offre une belle vue sur le Jebel Siroua avant de continuer vers Ouarzazate 68 km plus loin.