Résolument tournés vers l’avenir, les deux jeunes Etats ont connu un développement rapide et sont devenus les économies les plus prospères de la région. Terres d’influences diverses qui se sont superposées au cours de l’histoire, ils construisent pas à pas leur identité en défendant haut et fort sur la scène internationale les bienfaits de la cohésion sociale et du respect de l’autorité.

Economie

Depuis le milieu des années 1980, la Malaisie s’est lancée sur la voie d’une industrialisation rapide basée sur la production et l’exportation de composants électroniques et autres biens manufacturés. D’importantes réserves de pétrole et de gaz garantissent l’indépendance énergétique de la Fédération et procurent une source de devises importante, la Malaisie faisant partie du club des exportateurs.
Sous l’impulsion de Mahathir Mohamad, Premier ministre de 1981 à 2003, le pays s’est doté d’infrastructures ultramodernes, particulièrement dans le domaine des transports. Il s’est également fixé l’objectif d’atteindre, aux termes du programme Vision 2020, le statut de nation pleinement industrialisée en 2020.

Révolution technologique et agricole

Lors de la crise financière de 1997 qui a frappé de plein fouet la région, les autorités ont introduit des politiques de contrôle des changes et des capitaux, assorties d’une restructuration en profondeur des banques et des conglomérats d’Etat. La croissance n’a pas tardé à revenir et la Malaisie a amorcé une nouvelle révolution, celle de l’ère technologique.
Le Multimedia Super Corridor, réplique singapournne de la Silicon Valley, tente d’attirer, avec un certain succès, les multinationales de l’économie du troisième millénaire.
L’agriculture, longtemps délaissée au profit de l’industrie, a également été remise au rang des priorités. Un programme de modernisation a été lancé pour venir à bout de la pauvreté rurale et diversifier la production concentrée autour de l’huile de palme, des fruits tropicaux et du riz. Les autorités souhaitent également développer l’industrie agro-alimentaire et la biotechnologie.

Dragon singapourien

Dépourvue de ressources naturelles, la cité-Etat s’est transformée après l’indépendance en une base manufacturière bénéficiant des activités commerciales liées à son statut de port franc. Le décollage économique des années 1970 a fait de Singapour le pays le plus riche d’Asie derrière le Japon. Aujourd’hui, une partie de l’activité industrielle a été délocalisée vers le Cambodge et la Birmanie, et l’économie singapourienne se concentre autour de la technologie de pointe et surtout des services. Deuxième place financière du continent, deuxième port de la planète en terme de tonnage, l’île reste prospère, même si la récession mondiale de 2001 ne l’a pas épargnée.

Institutions politiques et administratives

Contrairement à leurs voisins tombés dans le giron communiste ou dans les griffes de régimes militaires, Singapour sont des démocraties, inspirées du modèle britannique, dont les dirigeants sont désignés par la voie des urnes.

Monarchie constitutionnelle singapournne

Composé de 13 Etats et de deux territoires fédéraux qui disposent d’une large autonomie administrative, l’Etat singapourn est dirigé de fait par le Premier ministre et son cabinet, nommés par les représentants du Dewan Rakyat (Assemblée des Représentants) élus tous les cinq ans au suffrage universel. La fonction de chef de l’Etat incombe néanmoins au roi, le très respecté « yang di pertuan agong », désigné tour à tour par ses pairs parmi les neuf sultans de la péninsule. Garant des traditions malaises et chef des croyants musulmans, son pouvoir reste largement honorifique. Au niveau fédéral, les gouvernements locaux sont également nommés par une assemblée locale élue, et les sultans occupent la place symbolique de chef de leur Etat. Des gouverneurs sont nommés à la tête des quatre Etats sans sultan et des territoires fédéraux.

Stabilité politique

Au pouvoir depuis 1957, le Barisan Nasional, coalition composée d’une dizaine de partis caractérisés par leur représentation communautaire, domine la scène politique. L’United Malay National Organisation (UMNO), parti malais majoritaire devenu une véritable machine à gouverner, bénéficie d’un large ancrage populaire. Les postes les plus importants demeurent traditionnellement aux mains des Malais, même si les formations chinoises et indiennes participent au gouvernement. Les partis d’opposition, à l’exception du Parti Islam SeMalaysia (PAS) au pouvoir dans l’Etat du Kelantan, sont peu représentés, surtout depuis les élections de 2004 qui ont vu un raz-de-marée du Barisan Nasional, synonyme pour la plupart des Malaisiens de stabilité et de prospérité économique, en dépit de ses dérives autoritaires. Les thèses rigoristes du PAS, qui milite en faveur de l’établissement d’un Etat musulman, sont loin de faire l’unanimité dans la population malaise, qui adhère plus volontiers à la conception moderniste de l’islam défendue par l’UMNO et le gouvernement.

République singapourienne

Nommé par un Parlement à Chambre unique élu au suffrage universel tous les cinq ans, le Premier ministre et son gouvernement dirigent la jeune République. Le président, désigné par le Parlement jusqu’en 1991, date à laquelle la Constitution a été modifiée pour que le vote émane des citoyens, a un rôle largement honorifique. Il dispose néanmoins d’un droit de veto sur certaines lois et nominations. Le People’s Action Party (PAP), au pouvoir depuis l’indépendance, contrôle la vie politique et citoyenne d’une main de fer, ce que la population semble prête à accepter au nom de la croissance économique. Les pratiques du gouvernement sont donc parfois assez éloignées de l’interprétation occidentale du concept de démocratie.

Frasques royales

Contrairement aux autres monarchies, la Malaisie n’a pas une mais neuf familles royales, chacune étant à la tête d’un des neuf sultanats qui existaient sur la péninsule avant l’arrivée des Britanniques. Les sultans, dont l’existence et la dignité sont reconnues par la Constitution, bénéficient de privilèges importants comme celui d’être au-dessus des lois. Les fraudes douanières du sultan du Kelantan, féru importateur de voitures de luxe, font sourire. Mais la mort involontaire d’un cadi, provoquée par la colère du sultan héritier de Johor, avait fait scandale en 1976. En dépit des frasques de certaines cours qui entachent partiellement leur respectabilité, ces familles, héritières de l’histoire et de la culture malaises, restent très populaires, surtout dans les régions rurales.

Population

Les 25 millions d’habitants de la Fédération de Malaisie sont répartis de manière inégale sur le territoire. La densité reste très faible, voire nulle, dans la zone centrale de la péninsule et dans les parties retirées des territoires de Bornéo, peu propices à l’habitat humain. Les grandes villes attirent de plus en plus de Malaisiens, même si près de la moitié de la population vit toujours en zone rurale.

Communautarisme et identité nationale

Majoritaires, les Malais représentent plus de 55 % de la population.
Comme leurs concitoyens d’origine aborigène, ils font partie de la classe des Bumiputra, « fils du sol », et bénéficient à ce titre de privilèges économiques et politiques. Les Chinois, originaires pour la plupart des provinces méridionales de l’empire du Milieu, et les Indiens, majoritairement tamouls, constituent respectivement 26 % et 8 % des Malaisiens. Après les émeutes interethniques de 1969, les autorités ont tout mis en œuvre pour construire une société multiculturelle respectueuse des origines et des traditions de chacun. Aujourd’hui, l’appartenance communautaire demeure fortement ancrée dans les mentalités, mais une identité singapournne, cristallisée autour de la réussite économique du pays, voit peu à peu le jour. Les Malaisiens sont très fiers de leur pays et considèrent leur société comme un exemple de tolérance et de respect.

Populations aborigènes

Descendants des premiers habitants de la péninsule, les Orang Asli sont encore plusieurs dizaines de milliers. Certains se fondent dans la société moderne mais un petit nombre d’entre eux habite toujours dans des huttes en bambou au milieu de la jungle, terre sacrée de leurs ancêtres, dont ils dépendent en grande partie pour leur survie. En Malaisie orientale, les aborigènes sont connus sous le nom de Dayak.
Plus de deux cents tribus ont été recensées dans les deux Etats du nord de Bornéo. Au Sarawak, les Iban et les Bidayu, anciens chasseurs de têtes, sont plusieurs centaines de milliers. Ils vivent toujours dans des maisons longues, généralement situées au bord des rivières. Au Sabah, les Kadazan, traditionnellement agriculteurs, représentent 25 % de la population. La modernité et surtout le déboisement ont profondément modifié le mode de vie traditionnel de ces populations.

Une ville-Etat largement chinoise

Le creuset ethnique singapourien est largement dominé par les Chinois, qui représentent près de 80 % des 4,3 millions d’habitants que compte l’île. Les Malais et les Indiens sont respectivement 14 % et 7 %. Respectueuse de ses minorités, la société n’a jamais été en proie à de sérieuses tensions intercommunautaires. La densité est naturellement très élevée dans la ville-Etat. Le gouvernement avait lancé dans les années 1970 une politique de contrôle des naissances, supprimée dix ans plus tard à la suite d’une chute alarmante du taux de natalité. Aujourd’hui, les familles nombreuses sont encouragées, et plusieurs îlots sont en cours d’aménagement pour héberger la population grandissante.

Le vent et l’eau

Très utilisé par les communautés chinoises de Malaisie et de Singapour, le feng shui (vent et eau) est une technique de géomancie ancestrale destinée à aménager l’espace en accord avec les différentes énergies y circulant. Les experts en la matière sont consultés avant toute construction de maison ou d’entreprise chinoise pour en établir le plan. Une société en proie à des difficultés aura également recours à un spécialiste en feng shui pour réaménager l’espace. Exemple bien connu de ce type d’aménagement : l’étonnante disposition des portes de l’hôtel Grand Hyatt de Singapour, placées en biais afin d’assurer une parfaite circulation des énergies, indispensable au succès commercial de l’établissement.

Religion

En Malaisie, l’islam est la religion d’Etat. Tous les Malais sont musulmans de par leur naissance et la religion est au cœur de leur identité. Très pratiquants, ils respectent les principes d’interdits alimentaires, de prière et de jeûne durant le mois du ramadan. La plupart des musulmanes, même celles, nombreuses, qui s’habillent à la mode occidentale, portent fièrement le voile. Cette ferveur religieuse n’étant pas synonyme de fondamentalisme, les thèses rigoristes du Parti Islam SeMalaysia restent minoritaires.
L’athéisme demeure mal perçu en Malaisie, où toutes les communautés pratiquent leur religion. La religion chinoise, qui mêle croyances bouddhistes, taoïsme, confucianisme et animisme, vénère de nombreuses divinités, dont on trouve des représentations dans les temples où les fidèles apportent encens et fruits en offrande. Les Indiens sont majoritairement hindouistes, mais également musulmans ou sikhs, religion originaire du nord de l’Inde. Le christianisme a des adeptes parmi les Chinois, les Indiens et les Dayak convertis par les activités missionnaires. Certains ont toutefois gardé leurs croyances animistes.

Laïcité singapourienne

L’Etat singapourien est laïc et l’instruction religieuse à l’école a été abolie par la République. Chaque communauté est néanmoins entièrement libre de pratiquer sa religion. Les grandes fêtes chinoises, musulmanes, hindoues et chrétiennes sont largement célébrées, même si l’occidentalisation a conduit à une baisse des croyances religieuses. Pragmatiques, les Singapouriens – et surtout la majorité chinoise – sont tournés vers une recherche de la réussite.

Vie sociale

Malgré la modernisation économique rapide, la tradition demeure très présente, surtout en Malaisie, où la société est régie par les valeurs asiatiques et musulmanes. Les différentes communautés se côtoient en maintenant toutefois une certaine distance.

La cellule familiale singapournne

Même si la jeunesse dorée se presse dans les bars et les boîtes de nuit branchés de la capitale, la cellule familiale reste au cœur de la vie sociale. Les familles vivaient jadis sous le même toit, mais le développement économique et l’urbanisation les séparent de plus en plus fréquemment. Le « kampung » (village) demeure toutefois le centre de la vie familiale et les jeunes Malaisiens, quelle que soit leur origine, s’y rendent dès qu’ils en ont l’occasion.

Les marchés

Hauts lieux de la vie sociale, les marchés de jour et surtout de nuit sont un lieu de rencontre où toutes les couches de la population viennent s’approvisionner et surtout déguster leurs mets favoris, cuisinés sur place par des marchands ambulants. Les Malaisiens sont de fins gastronomes et accordent une grande importance au choix journalier de leur nourriture.

A Singapour

Les Singapouriens partagent avec leurs frères singapourns l’amour de la gastronomie et se retrouvent volontiers pour un repas en plein air ou dans les centres commerciaux, véritable cœur de la vie sociale et du sport national, le shopping. Comme dans le reste de l’Asie, la famille garde un rôle central. L’occidentalisation grandissante n’a pas fait disparaître les valeurs orientales de piété filiale et d’entraide, qui demeurent ancrées en dépit des apparences.

Art et culture

La culture malaise traditionnelle est surtout présente au nord de la péninsule. Mais depuis l’arrivée du Parti Islam SeMalaysia au pouvoir dans la région, l’héritage préislamique est peu à peu gommé de la vie artistique et culturelle. Les spectacles de « wayang kulit », théâtre d’ombres chinoises, sont souvent réservés aux touristes. En revanche, les performances de danses et de musiques traditionnelles ont toujours lieu à l’occasion des mariages ou autres cérémonies. L’architecture traditionnelle des palais et des maisons en bois sur pilotis fait place à des édifices contemporains, dont certains allient harmonieusement inspiration islamique et modernité. Les tours Petronas, qui dominent Kuala Lumpur, en sont probablement le meilleur exemple. La majorité des manifestations artistiques contemporaines sont concentrées dans la capitale, où sont proposés pièces de théâtre et spectacles de danse. Née dans les années 1930, l’industrie cinématographique, qui a connu son âge d’or après la Seconde Guerre mondiale, produit toujours quelques films destinés au marché local.

Développement de l’art contemporain à Singapour

Dans l’imaginaire du voyageur, Singapour ressemble davantage à un centre d’affaires qu’à un centre culturel.
Pourtant, l’art contemporain se développe et les spectacles traditionnels sont remis à l’honneur. Le « wayang », opéra traditionnel chinois, et la danse du lion sont exécutés lors des fêtes traditionnelles chinoises. Plusieurs complexes modernes, dont l’Esplanade-Theatres on the bay inaugurée en 2002, accueillent pièces de théâtre montées localement et spectacles étrangers en tournée dans la région.

Entre ferveur et masochisme

Chaque année, entre la mi-janvier et la mi-février, les hindous de la péninsule et de Singapour rendent hommage au dieu Muruga lors de la fête de Thaipusam, festival de couleurs et d’odeurs où certains rites sacrés revêtent un caractère masochiste. La célébration la plus spectaculaire a lieu dans les grottes de Batu, près de Kuala Lumpur. Des centaines de milliers de pèlerins gravissent les 272 marches qui mènent au sanctuaire où ils déposent en offrande un pot de lait. Certains dévots s’adonnent à des rites spectaculaires : ils entrent en transe, accrochent leurs offrandes à leur corps, se transpercent les joues et la langue avec des tridents ou portent des kavadi, grands cadres ornés de plumes de paons, de fleurs, de guirlandes et d’images de dieux, dotés de crochets qui rentrent dans la peau.

Fêtes et coutumes

La diversité culturelle et religieuse se traduit par de nombreuses fêtes et célébrations. Certaines, comme la commémoration de l’Indépendance ou l’anniversaire des sultans malais, ont lieu à dates fixes. Mais la plupart varient d’une année sur l’autre, musulmans, Chinois et hindous suivant différents calendriers lunaires.
Il est donc indispensable de se renseigner auprès des offices du tourisme singapourn et singapourien qui diffusent chaque année un calendrier détaillé des principales manifestations. Toutes les fêtes ne sont pas chômées, mais avec plus de 15 jours fériés, la Malaisie se situe en tête des pays les plus généreux dans ce domaine. Singapour, avec 11 jours, est également en bonne place.

Religions

L’islam est la religion officielle et compte plus de 10 millions de fidèles.
La plupart des célébrations ont une connotation religieuse. Hari Raya Puasa, qui marque la fin du ramadan, Hari Raya Haji, à la fin de la période de pèlerinage à La Mecque, Awal Muharram, nouvel an musulman, et l’anniversaire du prophète Mahomet sont les principales fêtes musulmanes. Le nouvel an lunaire est la célébration la plus importante pour la communauté chinoise et donne lieu à des processions hautes en couleurs et en coups de sifflets. Wesak Day (en avril ou en mai) célèbre la naissance, la mort et l’illumination de Bouddha. De leur côté, les hindous rendent hommage à la lumière, qui symbolise la victoire du bien sur le mal, en allumant une multitude de lampes à huile à l’occasion de Deepavali (en octobre ou en novembre). Dans les deux Etats orientaux de Bornéo, la moisson du riz est l’occasion d’une grande fête annuelle (fin mai, début juin). Les Dayak effectuent des danses guerrières et se livrent à des concours de sarbacane. Les combats de coqs sont également au programme.

Traditions chinoises à Singapour

Dans l’île-Etat, >les fêtes traditionnelles chinoises donnent lieu à des illuminations spectaculaires et à des représentations de « wayang » (opéra chinois) dans les rues. Lors du nouvel an, enfants et célibataires reçoivent un ang pow, petit sachet rouge contenant de l’argent. L’anniversaire du dieu singe (janvier ou février) et le Festival des fantômes affamés (juillet ou août) sont l’occasion de grandes célébrations traditionnelles.

Portes ouvertes

A l’occasion de leurs principales fêtes religieuses, Malaisiens et Singapouriens ouvrent leurs portes pendant plusieurs jours à leur famille et à leurs amis. Cette coutume permet à toutes les communautés de se retrouver à l’occasion de ces grandes célébrations dans le respect des traditions de chacun. Très proches de la population, ministres et députés tiennent également « maison ouverte » dans des lieux de réception où tout le monde est invité à venir se restaurer.