Depuis ma dernière visite en 1997,  pour le sommet de la francophonie organisé à Hanoi, j’ai pensé que beaucoup d’eau avait coulé dans le fleuve rouge.

Alors oui, certains décors ont changé (voir le guide de voyage vietnam de Tangka) : on trouve de nouveaux buildings en ville, des hôtels de luxe, des resorts pour touristes australiens, et même une autoroute pour aller à Haiphong… mais fondamentalement, je crois que le pays est resté le même : toujours le même accueil dans les restos sur les trottoirs, les mêmes négociations interminables avec les cyclos, les commerçants…

Rue de Hanoi

Rue de Hanoi par: Jeff Caylor

Je n’ai pas été déçu de ce retour à Hanoi. Enfant, je lisais la nombreuse littérature des ces journalistes écrivains aventuriers qui me faisait rêver d’horizons lointains. J’ai tout retrouvé lors de ce séjour : les couleurs des paysages, les odeurs dans les marchés, la foule grouillante, des lieux chargés d’histoire épargnés par les conflits, qui n’ont pas évolués depuis leur construction… voire qui sont rebâtis à l’identique, tel l’hôtel Métropole, pour mieux préserver ces traces du passé.

Bien entendu, le temps a fait son œuvre : les façades de style colonial sont défraichies, des tours émergent au-dessus de la vielle ville… mais il est toujours autant agréable de faire le tour du lac Hoam Kiem pour rejoindre la cathédrale Saint Joseph.

J’ai voulu m’assurer que le vieux pont Paul Doumer était toujours là, planté comme un défi aux hommes et au temps. J’aime l’idée que ce pont, ces façades et bâtiments anciens, ces « morceaux de France » que l’on peut découvrir au détour d’un virage dans la vieille ville, ne sont pas les preuves d’un passé révolu dont le peuple vietnamien s’est affranchi après moult souffrances, mais plutôt une passerelle, un lien charnel mais indéfectible entre deux mondes, deux civilisations, deux peuples qui se sont aimés, séparés, déchirés mais ont encore l’amour des vieux amants l’un pour l’autre.

Pont Biên Hanoi (Vietnam)

Pont Biên Hanoi (Vietnam) par: Andy LeddyCC BY-NC-SA 2.0

Un grand amour qu’il convient d’entretenir malgré la distance et l’hégémonie toujours grandissante de la langue américaine.

Fabrice ANDRES