La Belle Afrique

Proposed by Raphaelle S.

C’est en Janvier que j’ai commencé à me demander ce que j’allais faire de mon été. L’idée de continuer à tenir la caisse au supermarché du coin ne m’enchantait guère et il me restait un peu de sous de l’été passé. C’est ainsi que j’ai décidé de marier l’utile à l’agréable en faisant un voyage humanitaire en Afrique. Pourquoi le Togo ? Parce qu’ils parlent français et que cela avait l’air cool !


Après des centaines d’heures passées sur le net à chercher une bonne association et à me faire peur sur les forums (beaucoup d’associations sont de véritables arnaques à français inexpérimentés), j’ai trouvé celle qui me semblait la plus convenable : la JMV-Togo en relation avec l’organisation France Volontaire.

Ensuite, la partie la moins facile a été d’annoncer à ma famille et surtout à ma mère mon nouveau projet… Mais un mois plus tard, j’ai mon billet d’avion en poche, 3 vaccins dans le bras et le Visa en route !

Le grand marché de Lomé - Togo

Le grand marché de Lomé – Togo par: Raphaël V.CC BY-NC-SA 2.0

Le jour J approche, je vais en fait participer à 3 camps chantiers : soutien scolaire dans le village de Missiwobé, rénovation d’une école à Yometchin et prévention VIH/SIDA dans la capitale, Lomé. Tout cela en à peine un mois.

C’est le grand jour, il est 18h en France et j’arriverais au Togo à 1h du matin, heure locale (2h en moins de décalage). Bizarrement, je n’étais pas du tout stressée jusque-là mais une fois que je me retrouve seule dans l’avion, je fonds en larmes et me dis que je suis complètement folle !

Avec la compagnie Royal Air Maroc, on fait une escale à Casablanca, inutile de dire que j’ai le temps de me poser mille questions. Quand je débarque à l’aéroport de Lomé, je cherche partout la pancarte JMV.

Cinq minutes plus tard, me voilà dans une voiture avec le président de l’association et un autre membre. Il fait nuit, il ne s’arrête même pas aux feux rouges et la route se transforme vite en un chemin de terre avec des trous énormes ! Je ne sais pas où je suis, avec qui je suis et où je vais dormir… On arrive finalement chez le président où d’autres volontaires français sont entrain de dormir, je fais mon lit en vitesse et tente de trouver le sommeil mais mon esprit tourne à plein régime et je reste une majeure partie de la nuit éveillée.

Missiwobé - © Babeldoor

Missiwobé – © Babeldoor

Le lendemain matin, je fais la connaissance des autres volontaires qui sont arrivés hier ainsi que des membres de l’association. On nous amène à la banque échanger notre argent et à l’ambassade de France nous faire recenser. Me voilà rassurée, l’aventure peut commencer !

Missiwobé :
C’est parti pour le premier village où je ferai du soutien scolaire auprès des enfants. Les classes vont du CP à la troisième avec des enfants âgés de 7 à 15 ans environ (ils ne connaissent pas leur âge, ne sachant pas leur date de naissance…). Certains enfants ne pouvaient pas venir tous les jours car leurs parents les obligeaient à aller aux champs…

De là, résultaient des blessures incroyables avec les « coupe-coupe » qui finissaient par s’infecter avec le sable et les mouches… On a donc fini par improviser un atelier d’infirmerie où ils venaient tous se faire soigner, en échange de bonbons.

J’étais avec 3 volontaires français (les Yovos) et 5 togolais (les Ameyibos). A mon arrivée, je me suis faite baptiser à la « Togoggin » (ou Sodabi), alcool à 60°, à boire cul sec dans des doses inimaginables pour nous petits français. Ils m’ont dit que je finirais par m’habituer…

Pour le confort, je m’étais préparée mentalement entre le matelas en mousse infesté de puces, la douche au seau d’eau froide et les latrines où grouillent cafards, mouches et dont je vous passe l’odeur ! Mais au final, on s’habitue vite et ce n’est pas si difficile que cela.

Le plus dur, c’est : la nourriture ! Pâtes, riz ou couscous accompagnés de sauce tomate pimentée avec – si on a de la chance – des morceaux de saucisses ! Et ça, bien évidemment, tous les jours… Je rêvais d’une côte de bœuf, de fromage ou de gâteaux au chocolat !

Avant de partir, on organise la soirée européenne où c’est, nous, les Yovos, qui préparons le repas. De l’entrée au dessert, ils ont tout adoré mais avec une particulière préférence pour le punch, évidemment ! Le lendemain, c’est le grand départ, les autres volontaires rentrent en France, moi, je vais à Yometchin.

Yometchin © CGFP

Yometchin © CGFP

Yometchin :
Je suis accueillie par une quinzaine de volontaires dont 8 Yovos. Cela fait deux semaines qu’ils participent à la rénovation de l’école du village. Je viens les aider pour la dernière étape, celle de la peinture ! On est beaucoup moins en contact avec les villageois puisque notre camp est assez reculé.

L’avantage est qu’on discute beaucoup plus avec les volontaires et notamment les Ameyibos de tout et de rien, des différences culturelles, du CHOC culturel (qui est quand même très présent surtout au niveau de l’humour et du sens des mots)… Le Togo étant un pays catholique, ils sont encore très croyants et les histoires d’un soir, par exemple, sont très mal vues là-bas. De même, le plus gros débat était sur l’homosexualité qui est encore considérée comme une maladie mentale !

Pour la soirée africaine, c’est à leur tour de nous faire découvrir leurs plats, leur vin de palme (horrible) et la « Togoggin », bien sûr ! On finit la soirée à danser au son des djembés autour d’un feu de camp… Le lendemain, on prend le bus pour la cascade de Kpalimé, un vrai petit coin de paradis entre les feuillages, seuls au monde.

Au milieu de la semaine, est prévue une journée d’intégration familiale où l’on reste du matin jusqu’au soir par petits groupes de quatre, avec une famille du village. Avec mon groupe, nous passons la matinée à égrainer du maïs (merci, les ampoules) aidés des enfants. Le midi, on nous sert leur repas de tous les jours : de la pâte de maïs avec de la sauce ultra-pimentée et quelques morceaux de poulet. C’est assez bon mais surtout très bourratif. L’après-midi, c’est l’heure de la sieste sur une paillasse et, ensuite, discussion avec le père de famille (le seul qui parle bien le français) jusqu’à notre départ. La vie africaine !

La semaine à Yometchin passe très rapidement. Lors de l’inauguration de l’école, le chef du village et tous les vieux sages viennent nous remercier… Nous rentrons tous à Lomé, les autres pour prendre l’avion, et moi pour y rester encore deux semaines…

Lomé - Togo

Lomé – Togo par: John ConnellCC BY-NC-SA 2.0

Lomé :
Quelle différence entre la capitale et les villages… Ici, on peut sortir dans la rue, acheter de délicieux beignets à la mama ou des yaourts glacés aux marchands et manger de vraies frites avec du poulet grillé. Oui, la nourriture commence vraiment à nous peser…

Le confort par contre reste inchangé, on a toujours des latrines et un seau pour la douche. Par contre, on dort dans une vraie maison avec de vrais matelas au sol. Le soir, on oublie les soirées djembés à cause des voisins et on va au bar, avec des bières de 66cl à moins d’un euro, où l’ambiance est aussi folle !

Il ne reste plus qu’une autre volontaire française et moi à l’association, on s’imprègne encore plus de leur us et coutumes et on est traité comme des « princesses ». On se retrouve donc en petit comité avec quatre autres volontaires togolais pour faire la prévention VIH. Le matin, on met nos jolis tee-shirt, on prend prospectus, préservatifs et gourdin en bois pour les démonstrations (je passerais sur la taille de l’engin…) et on part dans les quartiers de Lomé.

On s’arrête ici et là près d’un groupe d’hommes, chez la couturière, la coiffeuse ou près des taxis… Ils acceptent tous de nous écouter, sont très attentifs à ce qu’on leur dit et posent beaucoup de questions. Mais le SIDA est encore quelque chose de très flou, l’un d’entre eux affirme que c’est une maladie inventée par l’homme occidental pour détruire la population africaine !

Petit à petit, sans que je m’en rende vraiment compte, c’est mon propre départ qui s’annonce. Après un mois là-bas, je pensais être contente de retrouver le confort, la nourriture française et mes proches… Mais alors que je dis au revoir aux enfants avec qui on a passé toutes nos après-midi et que je ne reverrai sûrement jamais, j’ai un véritable coup de blues…

Quand les membres de l’association montent sur leurs motos pour m’accompagner à l’aéroport alors qu’il est deux heures du matin, je me rends compte de la chance que j’ai eue. Quitter cet autre monde auquel je me suis habituée, familiarisée et intégrée va être difficile. J’avais l’impression de vivre dans un monde parallèle au notre, un monde sincère, solidaire et pas encore tout à fait corrompu par la société occidentale. Un monde riche de la plus belle richesse, celle d’êtres formidables ! J

e voulais leur apporter mon aide, ma volonté, mon savoir et c’est eux qui m’ont tout donné ! C’est l’heure de les quitter mais je sais, au fond de moi, que j’y reviendrai… Là-bas, c’est désormais chez moi.

[divider]


Camps chantier au Togo avec la JMV – reportage… par sognyha