https://guides.tangka.com/phototheque/g2data/albums/afrique/maroc/villes/4311089_2487ed0d66_o.jpg

Rabat – Porte et remparts © rightee

Rabat

Cette ville aérée et coquette, pourtant capitale du Maroc et centre politique, a un air provincial comparée à d’autres grandes villes du pays. Son charme paisible et ses nombreux sites archéologiques séduisent les visiteurs.

Rabat dans l’Histoire

La ville antique de Chellah, fondée au VIIIe siècle avant J.-C., fut successivement un comptoir punique puis une colonie romaine. Elle se trouvait à quelques kilomètres au sud-est de l’actuelle Rabat, en bordure du Bou Regreg dont le cours varia au fil des siècles déplaçant avec lui les habitations. Au Xe siècle, les berbères Zénètes, maîtres de la région, édifièrent un ribat (couvent fortifié) à l’emplacement de l’actuelle kasba des Oudaïa qui donnera son nom à la nouvelle ville, Rabat. Lorsque les Almohades se lancèrent dans la guerre sainte en Espagne, le sultan Abd el Moumen transforma la kasba en véritable palais fortifié. Son petit fils Yacoub el Mansour (1184-1199) fit de la cité une vaste et belle capitale, toute à la gloire de l’Islam triomphant. La colossale mosquée de Hassan dont la construction commençait, devait dépasser en splendeur la Giralda de Séville et la Koutoubia de Marrakech. Mais l’effondrement des Almohades entraîna le déclin de la ville et l’abandon des grands projets. Au XVIIe siècle, à la suite du décret de Philippe II chassant les derniers Maures de son royaume, Rabat reprit vie en recevant une importante communauté andalouse. Ils finirent de fortifier la médina en construisant le mur dit des Andalous et organisèrent une forte activité de piraterie. Connus sous le nom de « corsaires de Salé », ils menacèrent les vaisseaux de marine marchande, s’emparant des cargaisons et vendant les équipages comme esclaves. Dès 1621, Salé s’imposa comme capitale indépendante sous le nom de république du Bou Regreg. Un caïd, élu pour un an, présidait aux destinées de cet étonnant petit Etat dans lequel la France installa même un agent consulaire en 1626, en la personne d’un négociant marseillais Pierre Mazet. En 1666, Moulay Rachid mit fin à cette indépendance en s’emparant de la ville mais il ne modifia guère l’ordre des choses : un gouverneur alaouite vint seconder le caïd et la piraterie se maintint jusqu’au XIXe siècle. Au XVIIIe siècle, les souverains alaouites se firent construire un palais, souvent remodelé. En 1912, Rabat fut choisie par Lyautey pour devenir la capitale administrative du pays et le siège de la Résidence générale. Rabat s’imposa comme ville impériale et Hassan II, prédécesseur et père de l’actuel souverain Mohammed VI, y naquit en 1929.

Visiter Rabat

https://guides.tangka.com/phototheque/g2data/albums/afrique/maroc/villes/261634245_ab9fc9682e_o.jpg

Ruines de la mosquée Yacoub Al Mansour – Rabat © :::Rui Ornelas:::

L’avenue Hassan II longe le mur des Andalous qui sépare la ville nouvelle de la médina. Entrer dans la médina par la porte Bab el Had et suivre dans son prolongement la rue Souika, la plus animée de la vieille ville. Elle passe devant le marché puis la mosquée Moulay Sliman édifiée au XIXe siècle. A l’entrée du souk es Sebat, recouvert de roseaux, (artisans du cuir et marchands de babouches), se dresse la grande Mosquée, entièrement reconstruite en 1882. A gauche, la rue des Consuls est le domaine des commerçants de tissus et des tailleurs. Elle fut jusqu’en 1912 le lieu de résidence obligatoire des représentants diplomatiques étrangers. Dans l’impasse du consulat de France vécut Louis Chénier, le père du poète André Chénier, représentant du roi de France au Maroc de 1767 à 1782. La rue aboutit au souk el Ghezel (le marché à la laine) une place sur laquelle étaient mis aux enchères les captifs chrétiens. Sur la droite s’élève la kasbah des Oudaïas. Sa création remonte au Xe siècle mais elle porte ce nom parce que les sultans alaouites y installèrent un contingent de la tribu des Oudaïas pour surveiller la ville. La Porte des Oudaïas, élevée à la fin du XIIe siècle par Yacoub el Mansour, est un magnifique exemple de l’art militaire almohade.
Son décor sculpté, répété sur la façade intérieure, allie finesse et majesté de l’architecture. La porte encadrée de deux canons conduit au musée des Oudaïas. Ce bâtiment, construit autour d’une cour centrale, est dominé par une tour massive de quatre étages. Il fut la résidence princière des sultans et abrite aujourd’hui un musée des arts et traditions populaires. Chaque salle est consacrée à un thème particulier : la poterie avec les très beaux plats en bleu de Fès, les bijoux, les broderies, les instruments de musique, les armes. Tout autour un agréable jardin andalou a été aménagé, planté de citronniers, cyprès, géraniums, lauriers roses… Dans le mur, une porte permet de quitter le musée par la terrasse d’un agréable café maure dont la vue domine le Bou Regreg. La sinueuse rue Bazzo qui passe sous une voûte permet de rejoindre le centre de la kasba des Oudaïa et la rue Jamaa, la plus importante de ce quartier, qui s’étend de la porte de la kasbah à la plate-forme du sémaphore. Cette terrasse domine la mer, l’embouchure du Bou Regreg et le grand cimetière musulman, un atelier de tapis spécialisé dans la confection des tapis de Rabat a été aménagé dans un entrepôt du XVIIIe siècle. La tour Hassan et le mausolée de Mohamed V est accessible en voiture ou en taxi. De l’immense mosquée imaginée par Yacoub el Mansour il ne reste qu’un champ de colonnes et un minaret inachevé. L’édifice qui devait couvrir plus de 2,5 ha n’a jamais été terminé et a souvent servi de carrière de matériaux pour les habitants de la médina. Le minaret a mieux résisté aux outrages du temps et aux pillages, il s’élève à 44 m de hauteur mais devait en compter 60. Chacune de ses quatre faces offre un décor sculpté différent. L’esplanade de la mosquée Hassan a été choisie pour accueillir la sépulture de Mohamed V, le grand-père de l’actuel roi du Maroc et l’édificateur de l’indépendance. Le Musée Archéologique (23 rue Al Brihi) a été fondé dans les années 30. Il rassemble le résultat des fouilles réalisées dans les principaux sites archéologiques du Maroc. Le rez-de-chaussée est réservé à la préhistoire marocaine et le premier étage à l’archéologie islamique. Une salle ovale rassemble une superbe collection de bronzes romains : le chien aboyant, très réaliste, l’éphèbe à la couronne de lierre à la pose gracieuse et la tête de Juba à l’indéfinissable moue nostalgique et dédaigneuse. Les différentes religions qui se sont succédées au Maroc sont aussi représentées. Chellah, l’antique, sommeille aux portes de la ville. L’ancienne ville romaine fut choisie au XIIIe siècle par les souverains mérinides pour y établir leur nécropole. Une belle porte à la façade richement sculptée et flanquée de deux tours hexagonales s’ouvre sur le cimetière. Sentiers et escaliers parcourent un jardin semi sauvage parsemé de tombes et de koubbas. Le dernier souverain mérinide, le sultan Abou Hassan inhumé en 1351, repose dans sa chambre funéraire accessible au visiteur. Tout près, se trouve le tombeau de son épouse, une chrétienne convertie à l’Islam, dont le prénom Chems ed Douha signifie soleil du matin. Elle fait l’objet d’un véritable culte et de nombreux pèlerins viennent s’incliner sur sa tombe. Un petit édifice assez semblable à une medersa par sa conception et dominé par un minaret était autrefois une zaouïa où des lecteurs du Coran ne cessaient de prier pour les défunts. La cour pavée de mosaïques entoure un bassin rectangulaire et, au sommet du minaret orné de mosaïques polychromes, nichent des cigognes. Non loin, le bassin aux ablutions n’est autre qu’une source aménagée, et, au-delà des murs de la nécropole se trouvent les ruines de la ville romaine, moins lisibles pour le non spécialiste que celles de Volubilis. On distingue une fontaine monumentale dont les niches étaient ornées de statues, le forum, les vestiges d’un arc de triomphe, des boutiques qui bordaient l’esplanade et le Decumanus Maximus, la rue principale. Bab er Rouah, la porte des vents, est la plus belle entrée de l’enceinte almohade. Sa décoration est ornée d’entrelacs, de festons, d’arabesques fleuries, de coquilles et reproduit une sourate du Coran. Tout proche se trouve le Dar el Makhzen, le Palais Royal, qui comprend un méchouar, une grande mosquée et des bâtiments gouvernementaux. Rabat s’apprécie aussi en prenant le temps de flâner dans la ville moderne, en regardant les bâtiments coloniaux : la poste, la cathédrale, la banque du Maroc, la Chambre des Représentants dont l’architecture desquels mêle les formes géométriques des années 20 aux arabesques orientales. Lyautey avait dû laisser une part de son âme à Rabat puisqu’il souhaita y être enterré. Il y reposa jusqu’au transfert de ses cendres aux Invalides à Paris. Lorsque la nuit tombe sur le boulevard Mohamed V, les échoppes des marchands de journaux s’illuminent d’ampoules multicolores, les jeunes se promènent joyeusement, les terrasses des cafés bruissent de conversations animées et le souffle de l’océan berce la quatrième ville makhzen du Maroc.

Aux environs de Rabat : Salé

https://guides.tangka.com/phototheque/g2data/albums/afrique/maroc/religions/1580761202_62b91edad0_o.jpg

Salé – Minaret de la Grande Mosquée © Omer Simkha

Située sur la rive nord du Bou Regreg et reliée à la capitale par le pont Moulay Hassan, Salé n’a rien d’une banlieue de Rabat, elle entretient jalousement son identité de ville commerçante et lettrée.

Salé dans l’histoire
L’époque de sa fondation reste imprécise, sans doute vers le XIe siècle par les Zénètes. Passée sous l’autorité des Almohades puis des Mérinides, elle fut mise à sac par les Espagnols en 1260. Pour prévenir de nouvelles attaques, la ville fut fortifiée à la fin du XIIIe siècle et se consacra au commerce avec les marchands méditerranéens. Comme Rabat, elle accueillit au XVIIe siècle, des réfugiés andalous mais ne pratiqua pas la piraterie à la même échelle que sa remuante voisine et rivale commerciale. La prépondérance croissante de Rabat entraîna son déclin et Salé se replia sur ses activités intellectuelles et artisanales.

Visiter Salé
La porte monumentale Bab Mrisa enjambait autrefois le canal qui communiquait avec le Bou Regreg. Flanquée de deux tours, elle développe un arc brisé d’une exceptionnelle ampleur, et est décorée d’inscriptions et d’entrelacs floraux. Bab bou Haja permet d’entrer dans la médina et d’accéder aux souks restés très authentiques. Souk Ghezel, le souk à la laine, suspend ses écheveaux de laine brute ou colorée tout autour de la place. Au souk el Merzouk travaillent les bijoutiers, les vanniers et les nattiers. Le long de la rue de la grande Mosquée, les brodeurs de caftans ‘uvrent dans leurs minuscules échoppes. Une volée de marches mène à la mosquée d’époque almohade. Une fontaine du XVIIIe marque l’entrée de la medersa. Le souverain mérinide Abou Hassan la fit édifier en 1333 ; sa porte est remarquable avec un tympan de pierre sculpté surmonté d’un auvent en bois de cèdre. La cour est un bel exemple de l’art hispano-mauresque associant avec exubérance stucs, zelliges et cèdre sculpté. Les minuscules chambres des étudiants sont éclairées par des fenêtres ouvertes sur l’extérieur et la salle de prière est dominée par un magnifique plafond. Depuis la terrasse, la vue porte sur Salé et Rabat. Le Marabout de Sidi Abdallah ben Hassoun, le saint patron de la ville et des bateliers, a été construit au XIXe siècle. Il abrite son tombeau au-dessus duquel sont accrochés des lustres de cire multicolore qui sortent dans la ville une fois par an à l’occasion de la procession des cires qui a lieu la veille du Mouloud en Nabi, anniversaire de la naissance du Prophète. Le bordj (château) nord-ouest date du XVIIIe siècle. Dans la cour sont alignés des canons anglais et espagnols. La vue domine l’estuaire du Bou Regreg et l’océan. En contrebas s’étend le cimetière musulman avec la coupole blanche du Marabout de Sidi ben Achir réputé pour faire des miracles. En revenant par la rue Kechachine, le souk el Kébir est une place où jadis étaient vendus les captifs chrétiens. Aujourd’hui les menuisiers et les fabricants de babouches occupent ces boutiques. Les jardins exotiques de Rabat-Salé, situé à 13 Km au nord de Rabat, ont été créés en 1951 par un ingénieur horticole français. Leur but était d’introduire et d’acclimater au Maroc des plantes exotiques ornementales. Plus de 1500 espèces sont ainsi représentées, venues du Congo, du Mexique, du Brésil, de l’Australie, de Madagascar, de Polynésie, des Antilles, de Chine et du Japon. Plages : éviter la plage des Nations, au nord de Salé, dangereuse ; privilégier celles qui s’étendent au sud de Rabat, Témara plage ou Skhirat.

Lire la suite du guide