Des origines de l’humanité à nos jours, le Kenya a traversé les siècles en allant de colonisation en colonisation. Depuis l’indépendance, proclamée en 1963, cet Etat africain cherche à se construire ses propres fondements. Cette tâche n’est pas aisé, puisque les kenyans se divisent en près de 50 ethnies différentes.
Le Berceau de l’Humanité ?
La préhistoire du continent africain est la plus longue que l’on connaisse. Il y a 2,5 millions d’années, les régions de l’Afrique orientale et australe présentaient un paysage de savanes arborées parsemées de grands lacs, du moins dans la Rift Valley. Ce climat relativement humide aurait commencé à s’assécher et les arbres à laisser place aux graminées, en même temps que la surface des lacs aurait diminué. A cette période, l’évolution des Australopithèques primates était déjà bien engagée dans un processus d’hominisation, sans pour autant appartenir au genre homo.
Les Australopithèques
On distingue quatre espèces d’Australopithèques qui ont tous en commun la station verticale et la marche bipède. A Laetoli (Tanzanie), Mary Leakey a fait l’émouvante découverte de traces fossiles de pas d’hominidés. Ce qui n’exclut pas une aptitude certaine à grimper dans les arbres. Entre eux, les Australopithèques ont des différences de taille, de dents et de morphologie crânienne.
* L’Australopithecus afarensis (entre 3,7 et 2,8 millions d’années) a été découvert à Hadar dans l’Afar éthiopien et à Laetoli en Tanzanie. Le squelette exhumé à Hadar était complet à 40 % et a été baptisé Lucy.
* L’Australopithecus africanus (entre 3 et 2 millions d’années) a été répertorié dans différents sites africains, en Afrique du Sud, dans la vallée de l’Omo en Ethiopie et sur la rive est du lac Turkana. Ces deux espèces sont qualifiées de graciles et semblent avoir été omnivores.
* L’Australopithecus robustus (difficile à dater, peut être entre 2,5 et 1,5 millions d’années) a été découvert en Afrique du Sud.
* L’Australopithecus bosei (2,3 et 1,5 millions d’années) provient des sites d’Olduvai en Tanzanie, de la vallée de l’Omo en Ethiopie, de Nachukui et Kubi Fora respectivement sur les rives ouest et est du lac Turkana. Ces deux espèces sont qualifiées de robustes et dotées de formidables mâchoires, elles sont considérées comme végétariennes.
Sur les sites d’Hadar et de la vallée de l’Omo en Ethiopie et à l’ouest du lac Turkana au Kenya, on a aussi découvert des outils de pierre sans pour autant savoir à qui les attribuer. Kada Gona à Hadar est le site le plus ancien (2,6 millions d’années), on y a mis au jour des galets taillés et des éclats. A Lokalelei, à proximité du lac Turkana, on a découvert des silex taillés grossièrement, associés à des restes de faune au bord du lit d’une ancienne rivière.
Avant que ne s’éteignent les Australopithèques, l’Homo habilis avait fait son apparition (2 à 1,5 millions d’années). Des restes ont été exhumés en Afrique orientale dans la vallée de l’Omo, à Koobi Fora, Olduvai et en Afrique australe. Cet hominidé dérive-t-il de l’Australopithèque ? Ou bien est-il un rameau issu d’un ancêtre commun avec l’Australopithèque et plus ancien encore ? L’Homo habilis a un cerveau plus développé et son alimentation est omnivore. On lui attribue une station droite. Olduvai en Tanzanie et Melka Kunturé en Ethiopie sont les deux sites de référence de cet hominidé du paléolithique très ancien. On y a découvert un outillage fruste mais diversifié, dont le but essentiel était d’obtenir des bords coupants. Ces outils sont accompagnés d’ossements que l’on estime être des restes d’animaux qui furent consommés par l’Homo habilis. S’il pouvait capturer de petits animaux, il est probable qu’il ait charogné les grosses proies prises par les grands prédateurs.
L’Homo erectus succède à l’Homo habilis (1,6 à 1,5 millions d’années). Il se répand dans l’ensemble du continent africain et va aussi conquérir l’ancien monde. Il est l’artisan de la culture acheuléenne qui dure jusqu’à la fin du Pléistocène moyen, au moment où apparaissent les premiers Homo sapiens. En Afrique de l’Est, des Homo erectus ont été mis au jour dans la plupart des gisements qui ont livré des restes d’hominidés plus anciens. A Nachukui, à l’ouest du lac Turkana au Kenya, on a découvert le squelette complet d’un jeune Homo erectus (1,6 millions d’années).
La période dite Acheuléenne (d’après Saint-Acheul en France où l’on découvrit en premier des objets typiques de cette culture) a duré plus d’un million d’années. Elle se caractérise par des vestiges sporadiques ou hors contexte qui ne permettent de se livrer à aucune interprétation du mode de vie des hommes préhistoriques et à la datation difficile. Les sites les mieux conservés se trouvent en Afrique orientale comme Orgesalie (*700 000 ans) ou Isaruya, à 55 km au sud de Nairobi qui a livré plus de 14 000 objets lithiques, et Isimila en Tanzanie (*280 000 ans). Les outils caractéristiques de l’Acheuléen sont les hachereaux, les bifaces, les racloirs associés à des traces de feu et des restes de la faune actuelle de l’Afrique ou d’espèces ancêtres de cette faune. Il est difficile de mettre une limite nette entre l’Homo sapiens et l’Homo erectus, pour certains paléoanthropologues, il s’agirait d’une seule et même espèce en évolution.
A partir de la fin du Pléistocène moyen, l’évolution de la préhistoire en Afrique orientale rejoint celle des autres régions du monde. Cette humanité naissante est-elle issue des premiers hominidés découverts dans l’Afrique de l’Est ? Aucune réponse définitive n’est encore acquise. Pour les passionnés de préhistoire, de nombreux vestiges découverts au Kenya et en Tanzanie sont présentés dans les musées de ces deux pays. Au Kenya, on peut se rendre sur le site de Koobi Fora, au bord du lac Turkana, et en Tanzanie, visiter le site d’Olduvai.

Danse traditionnelle – Kenya
Un Melting-Pot Africain
Les habitants actuels de l’Afrique orientale sont d’installation récente. Ils sont issus de migrations de populations à l’intérieur du continent africain et que l’intervention européenne a interrompues. Plusieurs groupes sont arrivés successivement et simultanément, repoussant ou absorbant la population originelle ; leur classification n’est pas ethnographique (les emprunts culturels de l’un à l’autre ont été nombreux) mais linguistique.
Les premiers habitants de l’Afrique orientale devaient être des Bushmen vivant de chasse et de cueillette et parlant des langues à « cliks », dont il subsiste un ou deux petits groupes en Tanzanie.
Dès les premiers siècles de notre ère, sont apparus les Bantous. Leur origine est mal connue mais ils parlent des langues apparentées à celles de l’Afrique occidentale et leur installation s’est faite par vagues successives, jusqu’au XVIIe siècle. Les Bantous ont introduits l’usage du fer, de nouvelles techniques agricoles et la culture des ignames et des bananes. Les populations bantoues sont prépondérantes au Kenya (Kikuyu, Kamba, Meru) où elles coexistent avec d’autres groupes venus de la Corne de l’Afrique, l’actuelle Somalie et l’Ethiopie.
Les Couchites (Rendille, Aweer, Somali) ont commencé à arriver à partir du deuxième millénaire de notre ère suivis des Nilo-Hamites (Massaï, Samburu, Galla), eux-mêmes chassés par des envahisseurs. L’arrivée des Nilotiques est plus récente (Kalenjin, Kipsigi, Nandi, Turkana, Luo). Tissant entre eux des liens d’alliances ou de conflits, ces différents peuples sont entrés en compétition pour le contrôle de la terre et des réseaux commerciaux.
Sur la côte est-africaine s’est développée une culture bien différente, la culture Swahili, née du métissage d’Arabes, d’Africains et d’Indiens. Le mot de Swahili lui-même vient de l’arabe Sahel qui signifie rivage et cette langue bantoue est marquée de nombreux emprunts arabes.
Depuis le Moyen-Age, les Arabes dominaient le commerce trans-océanique entre l’Arabie, l’Afrique et l’Inde. A bord de leurs boutres, les marins yéménites et omanais utilisaient les vents de la mousson pour venir chercher sur la côte africaine, or, ivoire et esclaves ; et sur la côte de l’Inde soieries et épices. Par la mer Rouge, ces produits gagnaient la Méditerranée où ils étaient très demandés par les commerçants génois ou vénitiens. Les Arabes ont appelé la région « Zandj el Bar », le pays des noirs, dont le nom actuel de Zanzibar est dérivé. Ils ont fondé des comptoirs commerciaux prospères sur toute la côte de Mogadiscio à Kilwa. Ils ont construit des maisons en pierre de corail aux portes de bois sculptés d’inspiration indienne, élevé des mosquées, des bains, des palais. Chaque ville, gouvernée par son sultan, rivalisait avec les autres et ce n’étaient que luttes d’influence entre elles. L’Islam se généralisa sans s’étendre dans l’intérieur du continent sur lequel ces villes n’exerçaient pas d’influence. Jusqu’à la conquête portugaise au XVIe siècle, par la route maritime du Cap, la domination arabe sur l’océan Indien resta incontestée.
L’Intermède Portugais
La route maritime des Indes fut découverte par le navigateur portugais Vasco de Gama qui, parti de Lisbonne avec trois caravelles le 8 juillet 1497, arriva à Calcutta le 20 mai 1498. En longeant la côte est-africaine, il avait manqué Kilwa mais fait escale à Zanzibar, Malindi et Mombasa où l’accueil des autorités locales n’avait pas été des plus chaleureux. De retour à Lisbonne en septembre 1499 et sur la foi de ses rapports, le Portugal élabora un plan de conquête de l’océan Indien. En 1515, tous les points stratégiques sauf Aden étaient aux mains des Portugais qui s’y étaient fortifiés sur des îles ou des presqu’îles : Kilwa, Zanzibar, Mombasa, Malindi jalonnaient la côte orientale d’Afrique. De cet empire, censé concurrencer l’empire espagnol des Indes occidentales, les Portugais ne conservèrent que l’Angola et le Mozambique.
La reconquète Omanaise
Les Portugais connaissaient d’énormes difficultés à maintenir leur thalassocratie sur l’océan Indien. Leurs garnisons étaient sans cesse harcelées, ils n’avaient aucun contact avec l’intérieur du continent. Ayant imposé une taxe sur le négoce qui exaspérait les négociants arabes, la prospérité commerciale de la région s’en ressentit. Au sud-est de l’Arabie, le sultanat d’Oman profita de l’affaiblissement portugais pour se lancer à la conquête des comptoirs de la côte est-africaine en 1650. La conjoncture lui était favorable car la couronne du Portugal était momentanément réunie à celle de l’Espagne, qui concentrait tous ses efforts sur l’Amérique et sa rivalité maritime avec l’Angleterre. Au XVIIIe siècle, les Portugais lâchèrent leur dernier bastion, Fort-Jésus à Mombasa et se replièrent sur la seule côte mozambicaine.
Une famille arabe omanaise, les Mazrui, prit alors le pouvoir et annexa progressivement les îles de la côte. Au début du XIXe siècle, le sultan d’Oman, Seyyid Saïd, prenant ombrage de la suprématie Mazrui, entreprit la conquête des villes sous leur contrôle. Séduit par la région et ses possibilités commerciales, il installa son gouvernement à Zanzibar officialisant ainsi la création du Sultanat d’Oman et Zanzibar en 1840. A sa mort en 1856, il sépara son royaume en deux sultanats indépendants, Oman revint à son fils Thuwainy et Zanzibar et la côte est-africaine à un autre de ses fils, Majid.
Les premiers explorateurs
Au début du XIXe siècle, la connaissance géographique de l’Afrique par les Européens n’avait guère progressé. Le continent « noir » faisait l’objet de nombreux préjugés : régions réputées impénétrables, populations diverses et cruelles, climat hostile à l’homme blanc. L’exploration de cette Terra incognita allait attirer les aventuriers du XIXe siècle, mus essentiellement par deux motivations : l’une humanitaire, lutter contre la traite des Noirs qui depuis le Congrès de Vienne de 1815 était officiellement abolie ; l’autre scientifique, s’assurer la connaissance des reliefs, des cours d’eau, de la flore et de la faune, des populations de cette Afrique méconnue.
L’Afrique orientale présentait un attrait particulier : il fallait résoudre le mystère des sources du Nil. En Grande-Bretagne, une fondation, la célèbre Royal Geographical Society, rassembla les fonds nécessaires à financer les explorations. Les premiers à pénétrer jusqu’en Afrique centrale depuis la côte orientale africaine furent deux missionnaires allemands, Krapf et Rebmann, partis de Mombasa en 1840. Ils mentionnaient les sommets enneigés des monts Kenya et Kilimandjaro. et suscitaient le scepticisme des géographes de l’époque.
Burton et Speke
La première véritable expédition à la recherche des sources du Nil, financée conjointement par la Royal Geographical Society et le Foreign Office en Grande-Bretagne est devenue une histoire rocambolesque autant qu’un exploit. Cela tient tout autant à la personnalité des deux explorateurs mandatés qu’au caractère mythique de leur mission. A la tête de l’expédition, se trouvait Richard Burton (1821-1890). Officier de l’armée des Indes, il était devenu célèbre par un voyage à la Mecque où il avait pu se rendre en se faisant passer pour un musulman. Traducteur des Mille et Une Nuits, polyglotte, Burton était un esprit original qui s’élevait vivement contre la morale victorienne de son époque. Voyageur infatigable, il est plus ethnographe que géographe. Son compagnon de voyage, John Hanning Speke, (1827-1864) était lui aussi officier de l’armée des Indes, plus jeune que Burton il lui vouait d’abord l’admiration d’un élève envers son maître. Cependant au cours du voyage, les relations entre les deux hommes s’envenimèrent au point d’engendrer une haine mutuelle. Speke était beaucoup moins brillant et intellectuel que Burton ; grand amateur de chasse, il se passionnait pour le gros gibier africain. Ce fut finalement lui qui eut la bonne intuition quant aux véritables sources du Nil.
Les sources du fleuve le plus long du monde étaient recherchées depuis l’antiquité. Il était impossible de remonter le Nil sur tout son cours en raison des six cataractes infranchissables. L’expédition quitta la petite ville swahilie de Bagamoyo (sur l’actuelle côte de Tanzanie) en juin 1857. Il fallut plus de trois mois aux deux explorateurs et à leur colonne de porteurs pour atteindre Kazeh (aujourd’hui Tabora) dans l’intérieur des terres, relais des commerçants arabes. Ils souffraient de la malaria, de la chaleur, d’une progression difficile et ce n’est qu’en avril 1858 qu’ils atteignirent le lac Tanganyka à Ujiji. C’était la première fois que des Européens voyaient ce lac et ils cultivaient le fol espoir d’avoir découvert le réservoir des sources du Nil. Ils partirent en exploration vers le nord du lac pour réaliser avec déception que s’y jetait la rivière Ruzizi. Ils reprirent la route de Kazeh où ils arrivèrent au mois de mai 1858. Burton, épuisé, décida d’y reprendre des forces et de mettre à jour ses notes de voyage, tandis que Speke gagna le nord pour voir un autre lac, appelé Nyanza et dont les commerçants arabes leur avaient parlé.
Il arriva le 3 août 1858 à Mwanza où lui apparut le plus grand lac d’Afrique et qu’il baptisa aussitôt Victoria en l’honneur de sa reine. Convaincu d’avoir localisé les sources du Nil, il repartit vers Kazeh sans même explorer le lac. Le retour vers Zanzibar eu lieu dans une atmosphère tendue. Burton regretta amèrement de n’avoir pas eu la force de pousser jusqu’au lac Victoria, il mit en doute les affirmations de Speke auquel il reprocha de n’apporter aucune preuve de ses allégations. En février 1859, les deux explorateurs devinrent ennemis jurés lorsqu’ils se séparèrent à Zanzibar. Ils n’eurent alors de cesse de médire l’un de l’autre et de polémiquer. Dans le petit monde des explorateurs et des géographes qui gravitaient autour de la Royal Geographical Society, chacun prit parti pour l’un ou l’autre. Speke décida alors de repartir en expédition pour confirmer sa découverte. Il s’adjoignit comme compagnon de voyage James Grant. En 1860, ils quittèrent Zanzibar pour Kazeh puis le lac Victoria où ils arrivèrent en juillet 1862. Sur les rives du lac, les deux explorateurs se séparèrent, Speke étant extrêmement jaloux de sa découverte et ne voulant partager sa gloire avec personne. Il explora le nord du lac et arriva aux chutes d’eau qui se déversent du lac, à l’endroit précis où se forme le fleuve. Ce ne sont pas exactement les sources du Nil, pour les découvrir, il fallait remonter les fleuves qui alimentent le lac, mais le Victoria-Nyanza était bien le réservoir du Nil. Speke avait ainsi pu vérifier de visu son intuition. De retour à Londres, il accepta une confrontation publique avec Burton qui devait avoir lieu au siège de la Royal Geographical Society en 1864. A la veille de cette rencontre, Speke mourut d’un accident de chasse. Ce brillant chasseur s’était tiré lui-même une balle. On parla alors de suicide mais il n’avait laissé aucune lettre. Le mystère demeure.
Livingston et Stanley
Bien qu’aboli depuis 1830, dans les possessions britanniques, l’esclavage continuait cependant d’être pratiqué. Les esclaves, qui étaient amenés de l’intérieur des terres jusqu’à Bagamoyo et Zanzibar, étaient en partie destinés à l’Arabie et surtout aux îles Maurice et la Réunion. Les missionnaires voulant lutter contre la traite s’engageaient dans ces régions inconnues, mais la lutte était acharnée entre les différentes missions catholiques romaines ou protestantes. Elle correspondait à la rivalité des puissances coloniales françaises, britanniques ou allemandes pour la conquête de nouveaux territoires. La plupart des missionnaires avaient pour but de créer des postes sédentaires et d’attirer à eux des populations à convertir. L’un d’eux fit exception à la règle. David Livingstone (1813-1873) qui, parti pour fonder des antennes dans des régions reculées, prit goût à faire connaître ses découvertes à un large public et devint l’explorateur le plus populaire de son temps. Il avait 27 ans lorsqu’il arriva en Afrique du Sud comme médecin et missionnaire. Il était chargé de remonter le plus loin possible à l’intérieur de l’Afrique pour créer un poste d’évangélisation et connaître les réseaux de traite de façon à pouvoir lutter contre eux plus efficacement. En 1855, il découvrit les chutes Victoria sur le Zambèze ; en 1858, il atteint le lac Malawi jusqu’alors inconnu. Dans la querelle qui opposait Burton et Speke au sujet des sources du Nil, il prit le parti du premier et explora le lac Tanganyka. C’est au cours d’une troisième expédition dans cette région et alors que l’on était sans nouvelles de lui depuis trois ans que le journaliste américain d’origine britannique Henri Morton Stanley, partit à sa recherche envoyé par son journal, le New York Herald. Leur rencontre à Ujiji, en 1871, sur la rive du lac est restée célèbre. Stanley la raconte ainsi :
« Prenant le parti qui me parut le plus digne, j’écartai la foule et me dirigeai entre deux haies de curieux vers le demi-cercle d’Arabes devant lequel se tenait l’homme à la barbe grise. Tandis que j’avançais lentement, je remarquais sa pâleur et son air de fatigue. Il avait un pantalon gris, un veston rouge et une casquette bleue, à galon d’or fané. J’aurais voulu courir vers lui, mais j’étais lâche en présence de cette foule. J’aurais voulu l’embrasser mais il était anglais et je ne savais pas comment je serais accueilli. Je fis donc ce que m’inspirait la couardise et le faux orgueil : j’approchais d’un pas délibéré, et dis en ôtant mon chapeau :
* Le docteur Livingstone, je présume ?
* Oui, répondit-il en soulevant sa casquette et avec un bienveillant sourire.
Nos têtes furent recouvertes et nos mains se serrèrent. »
Les deux hommes décidèrent de partir ensemble explorer le lac Tanganyka. Ils en tirèrent la conclusion que les sources du Nil ne pouvaient s’y trouver. Livingstone raccompagna Stanley à Kazeh et tandis que celui-ci reprenait la route de Zanzibar, Livingstone prit la direction du bassin du Congo. Le 1er mai 1873, ses compagnons de voyage africains le découvrirent au petit matin, mort, agenouillé au pied de son lit de camp. Ils embaumèrent sa dépouille et la transportèrent jusqu’à Zanzibar. L’explorateur-missionnaire reçut des obsèques nationales à l’abbaye de Westminster à Londres où il fut inhumé en avril 1874.
Livingstone était populaire auprès des Africains qu’il recrutait pour l’accompagner dans ses expéditions car il voyageait discrètement, avec une petite équipe et peu de bagages. Ce n’était pas le cas des grosses expéditions telles celles de Burton et Speke, ou de Stanley lui même, qui exigeaient de nombreux porteurs, jusqu’à plusieurs centaines d’hommes étaient recrutés pour porter les vivres, l’équipement et le matériel scientifique. A la suite de cette première expédition à la recherche de Livingstone, le journaliste américain décida de continuer l’exploration de l’Afrique. Pour le compte du roi des Belges, il explora le bassin du Congo et réalisa une traversée de l’Afrique d’Est en Ouest.
Un autre explorateur-missionnaire compléta en partie la carte de l’Afrique orientale, Joseph Thompson, un Ecossais qui, de 1879 à 1890, voyagea entre le Zambèze et les grands lacs. C’est lui qui baptisa la chaîne des Nyandarua, les Aberdares, sans doute par nostalgie de son pays natal. Il laissa son nom aux Thompson Falls au Kenya.
A partir de 1880, les explorations furent financées et commanditées par les gouvernements eux-mêmes dans la course à l’annexion de nouveaux territoires. Certaines furent menées par des officiers, ce qui leur donna un caractère systématique et militaire.
Le Partage organisé
En 1886, la Conférence de Berlin réunit les puissances européennes pour définir les règles de la conquête coloniale : l’occupation côtière ne suffisait pas pour revendiquer l’intérieur du territoire. Le sultan de Zanzibar, Seyyid Bargash, qui contrôlait la côte orientale de l’Afrique, ne put revendiquer aucune autorité sur l’hinterland. Une course à la conquête commença entre les nations européennes. Il fallait au plus vite signer des traités d’allégeance avec les chefs ou les rois locaux. Dans la conquête de l’Afrique orientale, l’Angleterre la première, aussitôt imitée par l’Allemagne, laissèrent d’abord agir les compagnies à chartes. Un armateur de Glasgow, William Mackinnon, obtint en 1888 la charte de l’Imperial British East Africa. La compagnie se révélant inefficace et incompétente, elle céda la place au Protectorat Britannique en 1895. En agissant comme l’Angleterre, Bismarck comprit la possibilité d’échapper aux responsabilités politiques et financières de l’entreprise coloniale. Mais la Compagnie de l’Est Africain, accordée en 1887 à Karl Peters, fut un véritable échec. Elle eut à faire face à des révoltes des Swahilis et des Yaos sur la côte puis à une longue résistance des populations du sud de l’actuelle Tanzanie. Karl Peters avait débarqué en 1884 sur la côte orientale et en moins de trois semaines, obtenu la signature d’une douzaine de traités avec des chefs africains. Le Sultan de Zanzibar, Seyyid Bargash, tenta de s’y opposer mais l’arrivée de deux destroyers allemands devant son palais le firent renoncer à toute revendication sur le continent. Karl Peters est resté dans les mémoires comme un fou sanglant. Il exerça une telle répression sur les populations locales que le gouvernement allemand le rappela en 1891 et prit le contrôle direct de l’Afrique orientale allemande. On ne peut pourtant pas dire que le major von Wissman qui débarqua sur la côte à la tête d’une armée de 1 000 hommes pour réaliser la conquête fut tellement plus magnanime. Il détruisit les villes swahilies et combattit la résistance des Héhé dans le sud du pays. Leur chef Mkwama, préféra le suicide à la reddition lorsqu’il se vit cerné dans son fief de Kalinga. En 1898, la pacification était achevée. Avec le partage colonial, ces régions voyaient leur destinée se séparer.
Le Kenya : ‘ Le pays de l’homme blanc’
Lorsque le gouvernement britannique reprit à l’Imperial British East Africa Company l’administration de ses territoires est-africains, il n’avait pas d’autre projet que la réalisation d’une voie ferrée reliant Mombasa au lac Victoria. Cette liaison lui apparaissait comme nécessaire stratégiquement pour atteindre la région du Haut-Nil que lui disputait alors la France. La réalisation du chemin de fer, plus longue que prévue, fut terminée en 1901 alors que la question du Nil était déjà résolue. Mais les ingénieurs de l’Uganda Railway Company, comme les quelques administrateurs du protectorat, avaient découvert un pays magnifique au climat sain et qui leur semblait potentiellement riche de ressources agricoles. Ils n’avaient par ailleurs rencontré qu’une faible résistance des populations locales, décimées à cette époque par des épidémies. Pour rentabiliser cette voie ferrée, il fut décidé d’encourager l’installation de colons européens qui développeraient de grandes exploitations agricoles dont la production serait transportée par train jusqu’à Mombasa. Les candidats devaient cependant disposer d’un capital suffisant pour un tel investissement, raison pour laquelle, les premiers propriétaires terriens étaient membres de l’aristocratie et de la bourgeoisie britannique.
Certaines figures entrèrent dans la légende de l’histoire du Kenya colonial : Edward Grogan, venu d’Afrique du Sud en chariot bâché, Lord Delamere et ses deux beaux frères Berkeley et Galbraith Cole qui possédaient d’immenses propriétés d’élevage dans les Highlands, le milliardaire américain Northrup Mac Millan, l’écrivain Karen Blixen qui arriva avec son mari, un baron danois. Cette petite société huppée et riche menait là un train de vie qui lui convenait : la main-d’oeuvre africaine était bon marché, les espaces immenses et ouverts à la chasse, la ville de Nairobi leur apportait tous les services nécessaires. Quand ils venaient en ville, ils se retrouvaient au Muthaiga Club pour des soirées souvent bien arrosées. Il fallait la solide fortune d’un Lord Delamere pour rester au Kenya, car les premières tentatives d’exploitation agricole se soldèrent souvent par des échecs et nombreux furent ceux qui repartirent vers la Grande-Bretagne.
Une seconde vague d’immigration eut lieu après la Première Guerre mondiale quand, en 1920, on proposa des terres à des anciens combattants ; ce fut le « Soldier Settlement Scheme ». La même année, le protectorat est-africain devint colonie du Kenya. Le gouvernement britannique réalisa assez rapidement que le Kenya n’était pas véritablement propice à une colonie de peuplement européen : la population locale avait été numériquement sous-estimée et les surfaces agricoles rentables surestimées. Cependant, il appliqua jusqu’à l’indépendance une politique généralement favorable aux colons qui, de leur côté, surent rapidement s’organiser en un puissant groupe de pression.
Le Réveil Africain
C’est en 1922 que le pouvoir colonial dut faire face à la première épreuve de force : la Young Kikuyu Association (l’Association des Jeunes Kikuyu) manifesta à Nairobi contre l’augmentation des impôts et le Kipande, une carte de travail obligatoire qui seule permettait l’accès à la ville pour les Africains. La manifestation se solda par 22 morts et 28 blessés parmi les Africains, Harry Thuku, leur leader, fut emprisonné et devint le symbole de la résistance kikuyu. Les missionnaires soutinrent souvent les revendications africaines, cependant la première grave crise politique fut provoquée par la Church of Scotland en 1929. Cette église entama une campagne contre l’excision des jeunes filles, pratique dans laquelle elle voyait une mutilation bien différente de la circoncision des garçons. Pour les Kikuyu, l’excision comme la circoncision, sont des rituels fondamentaux de leur culture, ils officialisent ainsi le passage de l’enfance à l’âge adulte. Jomo Kenyatta l’exprima dans son ouvrage Au Pied du Mont Kenya paru en 1938 : « Le rite de passage est un facteur déterminant dans les relations matrimoniales. Pas un Kikuyu digne de ce nom ne souhaite épouser une fille non excisée et vice-versa. Il est interdit à tout Kikuyu- homme ou femme- d’avoir des relations sexuelles avec quiconque n’a pas subi cette opération. » En réaction, les Kikuyu créèrent des écoles africaines indépendantes, véritables foyers du mouvement nationaliste à venir.
La Deuxième Guerre mondiale à laquelle participèrent de nombreux Kenyans, envoyés combattre à Ceylan, en Inde et en Birmanie, accéléra le processus de rejet de la colonisation : ceux qui avaient combattu pour la liberté voulaient obtenir leur liberté.
Le Mouvement Mau-Mau et l’Indépendance
En 1946, Jomo Kenyatta de retour d’Angleterre, fut élu à la présidence de la Kenya African Union (KAU). La situation politique était la suivante : un conseil législatif et un conseil exécutif représentaient les intérêts de la colonie face au pouvoir colonial. Nommés seulement au conseil législatif, quatre Africains représentaient plus de 5 millions de personnes, les Européens n’étaient que 30 000 et les Indiens, 120 000. En 1948, 5 500 Km² de terres étaient cultivées par un million de fermiers kikuyus et 42 000 Km² par 10 000 Européens. La KAU multiplia les réunions, les discours ; le mouvement à prédominance kikuyu attira des adhérents d’autres ethnies, ce fut l’amorce d’une union nationale.
Parallèlement, se mit en place un mouvement clandestin que l’on appela Mau-Mau. Ses membres, souvent vétérans de la Seconde Guerre mondiale, s’autoproclamaient Freedom Fighters et n’étaient acceptés qu’après avoir prêté serment. Ils lançaient des raids punitifs contre des colons européens mais aussi contre des africains accusés de « collaborer » avec les Blancs. Kenyatta et les dirigeants de la KAU qui n’avaient pas condamné assez fermement le mouvement Mau-Mau se virent accusés par le gouvernement d’en être les instigateurs. Ils furent arrêtés en 1952 et emprisonnés, peine qui fut commuée en résidence surveillée à Maraval dans le nord du pays. L’état d’urgence fut proclamée, le pays fut quadrillé par l’armée, la répression du mouvement Mau-Mau fut sévère : 100 000 arrestations lors de l’opération Anvil en 1954 à Nairobi, 28 000 personnes furent envoyées en détention. En 1956, le chef historique du mouvement, Dedan Kimathi fut arrêté et exécuté, l’état d’urgence fut levé en 1959. Le bilan s’élevait à 7 811 tués chez les Mau-Mau contre 478 Africains et 68 civils et militaires européens. L’insurrection des combattants de la liberté fut un échec mais elle obligea cependant le gouvernement britannique à entamer une évolution vers l’indépendance.
En 1959, le monopole des blancs tomba, le droit de propriété sur les hautes terres fut reconnu aux Kenyans de toutes races. 1960 vit l’accession à l’indépendance de plusieurs Etats africains, une conférence politique réunit à Londres les leaders du Kenya, sauf Kenyatta toujours en résidence surveillée mais tenu informé par ses amis. Ils obtinrent la représentation majoritaire dans les conseils législatifs et exécutifs de la colonie.
En mars, naquit le parti du Kenya African National Union (l’Union Nationale Africaine du Kenya) dont le président virtuel était Jomo Kenyatta et le slogan « Uhuru », l’indépendance. La KANU remporta les élections de 1961 mais refusa de siéger tant que Kenyatta n’était pas réhabilité. Il fut libéré en août 1961 et reçut un accueil triomphal. Des tensions apparurent entre les principaux dirigeants politiques kenyans : certains d’entre eux fondèrent la KADU, Kenya African Democratic Union (l’Union Démocratique Africaine du Kenya) qui se voulait régionaliste et reprochait à la KANU d’être trop favorable aux seuls Kikuyu. Après quelques concessions aux minorités, Kenyatta conduisit la KANU à la victoire aux élections de mai 1963, l’imposant comme seul parti vraiment national. Il apaisa les tensions entre les différents leaders africains et renoua avec les colons blancs dont il redoutait un départ massif, qui aurait représenté un danger pour la stabilité économique du pays. Le 12 décembre 1963, l’indépendance était proclamée.
Jomo Kenyatta
« En face de Jomo Kenyatta, on a l’impression de se trouver devant une force de la nature : haute stature, visage comme sculpté dans l’ébène, et animé par deux gros yeux vifs, des mains géantes faites pour malaxer une grande entreprise. Très attaché à la tradition, arborant une queue de bête et le bonnet kikuyu, il pratique pourtant avec distinction l’étiquette occidentale. Sa grosse voix calme qui coule comme une source sur du gravier, évoque une grande sérénité doublée d’une détermination inébranlable. ». Le personnage est ainsi évoqué par l’historien africain contemporain Joseph Ki-Zerbo.
Né Kamau Wa Ngengi, à la fin du siècle dernier (sa date de naissance exacte reste inconnue), il perd ses parents vers l’âge de dix ans et son éducation est prise en charge par des missionnaires qui le baptisent Johnstone Kamau. Il devient instituteur et prend le nom de Jomo Kenyatta. En 1931, il part en Grande-Bretagne et en 1938, publie Au pied du Mont Kenya, qualifié de « première étude ethnologique africaine par un Africain », sous le parrainage prestigieux du Professeur Malinowski. Il passe quinze ans en Europe, voyage en URSS. Il épouse une Anglaise avec laquelle il a un fils mais dont il se sépare lorsqu’il rentre au Kenya en 1946. Il est décidé à mener le combat pour l’indépendance, qu’il conduit à son terme en devenant le premier président de la République du Kenya en 1964, jusqu’à sa mort en 1978. Le personnage de Kenyatta, si nul ne nie son charisme et sa grande intelligence, reste controversé. Il est pétri des ambiguïtés de sa culture à la fois kikuyu et européenne. On lui reproche aujourd’hui d’avoir fait du Kenya un pays au pouvoir centralisé, dirigé par un parti unique sans tenir compte des aspirations des différentes ethnies qui composent sa population mais favorisant outrageusement les Kikuyu majoritaires.
La république du Kenya
Dans les négociations pour l’indépendance du Kenya, se posait le problème épineux du transfert des terres des colons européens aux cultivateurs africains. Avant la proclamation de l’indépendance en 1963, le Kenya National Farmers Union (le syndicat des agriculteurs européens) eut l’idée d’inviter Jomo Kenyatta à s’exprimer sur la politique qu’il envisageait de suivre. « A acheteur de bonne volonté, vendeur de bonne volonté », répondit Kenyatta, assurant que la propriété serait respectée. Un programme d’achat de terres fut mis en place, financé par la Grande-Bretagne. D’immenses propriétés furent divisées pour y établir des familles africaines ; des coopératives se constituèrent pour acheter des terres.
Depuis l’accession à l’indépendance, la vie politique du Kenya fut mouvementée. Kenyatta céda à la tentation d’un pouvoir personnel fort. Dès 1964, le KADU fut dissout et le KANU resta parti unique. Parmi ses compagnons de la lutte pour l’indépendance, des désaccords s’exprimèrent : Oginga Odinga, écarté du pouvoir en 1966, fonda le Kenya People’s Union. Tom M’Boya plaida pour une politique de non-alignement qui ne fut pas suivie, il fut assassiné en 1969, ses obsèques tournèrent à l’émeute. Lorsque Kenyatta se rendit à Kisumu sur les bords du lac Victoria, en pays Luo, il fut hué par la foule. Odinga accusé d’avoir fomenté les manifestations fut mis en prison et le KPU interdit. Kariuki, un Kikuyu proche de Kenyatta, connu pour son franc-parler déclara, alors que le Kenya fêtait ses dix ans d’indépendance : « le Kenya est devenu un pays où vivent 10 millionnaires et 10 millions de mendiants ». Il fut retrouvé sauvagement assassiné en 1975. Mais déjà le problème de la succession de Kenyatta se posait, le Mzee, c’est à dire l’ancien, en swahili, était ébranlé par des scandales financiers qui éclaboussaient sa famille, notamment sa femme, Mama Ngina.
En août 1978, Kenyatta décéda à Mombasa. Son vice-président, Daniel Arap Moi, lui succéda. En 1981, il fut pour un an président de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine). En 1982, il fut ébranlé par une tentative de coup d’Etat militaire, venu de l’armée de l’air et vite réprimée. La crise du régime pour cause de corruption ne cessa de s’amplifier au point qu’en 1991 le gouvernement dut céder à la pression et permettre le rétablissement du multipartisme. Des hommes politiques expérimentés réapparaissent à la vie publique comme Oginga Odinga ou Mwai Kibaki qui fut vice-président de Daniel Arap Moi. Le président accuse les différents partis d’opposition d’attiser les rivalités ethniques. En 1992, des troubles graves dans la Rift Valley ont opposé plusieurs communautés, faisant de nombreuses victimes. Cependant aux élections législatives et présidentielles de décembre 1992, le parti KANU et le président n’ont obtenu qu’une faible majorité. En 1995, l’opposition parvient à s’unir et crée un nouveau parti le Safina, mais en 1997, Daniel Arap Moi, qui promet de lutter contre la corruption dans le pays, est réélu par des électeurs résignés face à seize candidats d’opposition. L’année 2000, le pays a connu la pire sécheresse depuis 40 ans et près de 3 millions de personnes ont été plongées dans un état de grande vulnérabilité. En 2002, le candidat de l’opposition, Mwai Kibaki est élu avec 70% des voix. Le président Daniel Arap Moi s’était retiré après 24 ans au pouvoir. La coalition nationale arc-en-ciel (NARC) emporte la majorité absolue au Parlement, battant la KANU, le parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1963.