Céad Mile Failte !
A l’extrémité ouest de l’Europe, avec l’immensité de l’Atlantique pour horizon, l’Irlande préserve jalousement les bruyères violacées de ses collines, le vert ardent de ses prairies, la robe argentée de ses saumons, et ses habitants continuent à ne jamais rien prendre au sérieux. Qu’ils en soient, à la fois, félicités et remerciés.

Irland 2009 – 166 © l-i-n-k
Dans son roman Mother Ireland, Edna O’Brien insistait, pour s’en plaindre, sur « le rythme de vie immuable de son pays ». C’est justement cette pérennité qui séduit les visiteurs. On vient en Irlande comme à un aimant, en quête du nord de sa vie. Est-ce le poil bouclé des agneaux nouveau-nés ? Les petites routes qui se déhanchent entre des murets de pierre grise ? Les bourgades passées au badigeon vif ? Les poneys du Connemara, les méandres du Shannon, ou la fuite des nuages sur la baie de Galway ? Cette île-là a des vertus rassérénantes.
De ses tonneaux de bière rousse à ses ruisseaux d’eau pure, elle conserve intacte sa joyeuse simplicité. Avec un même enthousiasme, elle parle de brochet aux pêcheurs, de whiskey aux viveurs, de Thomas Moore aux rêveurs. Toujours, elle a un mot pour chacun et une émotion pour tous. « Les plus douces mélodies sortent des plus vieux instruments », énonce un proverbe du cru. A la fois nostalgique et dynamique, l’Irlande a le bon goût d’évoluer sans rien oublier. Aujourd’hui, elle qui a tant souffert adore s’amuser. « C’est à l’auberge du village que s’aiguisent les beaux esprits », ironisait Liam O’Flaherty. Dublin découvre le cybercafé. Il n’empêche : en Irlande, le pub demeure sacré. L’île jongle avec les plus anciennes mythologies d’Europe, mais on la connaît, d’abord et toujours, pour sa Guinness. C’est bon signe.