
Porto © Berto Garcia
Porto : La ville ancienne
Classé par l’Unesco, en 1996, le quartier qui descend jusqu’à la place et au quai de Ribeira dégage une atmosphère que l’on pourrait presque qualifier de méditerranéenne. Accolées les unes aux autres, les maisons aux couleurs autrefois jaune, vert ou ocre ne laissent parfois qu’un étroit passage entre elles, qui fait office de ruelle. En empruntant ces labyrinthes, on débouche sur de petites placettes, cernées par de hauts murs recouverts de salpêtre, où se tient parfois une minuscule terrasse de restaurant. Des échoppes de la taille d’une maison de poupée occupent les rez-de-chaussée des immeubles. On y vend quelques légumes, quelques babioles de bricolage ou quelques produits d’épicerie de première nécessité. Les balcons en fer forgé croulent sous le poids du linge qui sèche, de diverses marchandises, d’enfants morveux et de mamas tenant grande conversation entre voisines. La municipalité alloue de fortes subventions à ceux qui réhabilitent ces immeubles au charme incomparable. Mais l’œuvre est énorme, et les habitants du quartier assez démunis.
Casa da Música
Av. da Boavista, 604-610. Ouvert tlj. Visites guidées et payantes.
Inaugurée en 2005, l’ouvrage de l’architecte hollandais Rem Koolhaas est devenu un emblème. Une programmation internationale, des animations, des bars et des restaurants rendent indispensable une visite à cette maison de la musique.
Quai de Ribeira
Autrefois repaires peu fréquentables, la place et le quai de Ribeira sont aujourd’hui courus par les touristes et la jeunesse branchée de Porto. Il faut dire que les bâtisses qui longent la rivière ont toutes bénéficié d’une réhabilitation des plus réussies. Les jolies arcades abritent quelques magasins d’artisanat et de très sympathiques tavernes où l’on déguste les spécialités du cru. Un peu à la mode espagnole, on y propose, dans l’une, des jambons accompagnés de vinho verde, dans l’autre, du poisson frais et des calmars grillés… Au bord de l’eau, les cafés ont orienté leurs terrasses vers le Douro, où naviguent, pêle-mêle, les bateaux de plaisance, les chalutiers qui reviennent de haute mer chargés de poisson frais, les bateaux-mouches qui effectuent des trajets jusqu’à l’embouchure du fleuve et les fameux rabelos, barques traditionnelles en bois aux jolies voiles blanches de forme carré. Sur ces ravissants esquifs, qui servent aujourd’hui à des fins promotionnelles, trône toujours un tas de fûts de porto, indiquant en grosses lettres telle ou telle marque.
Mais c’est surtout sur la rive gauche, c’est-à-dire sur le quai d’en face, à Vila Nova de Gaia, que les entrepôts se mènent une concurrence ardue en matière de publicité. On aperçoit les immenses lettres qui forment les noms des maisons réputées accolées aux bâtiments – Sandeman, Porto Calem, Fonseca, Raina Santa, Porto Kopke… – depuis très loin, et même, paraît-il, d’avion !
Impossible de repartir sans visiter l’un des chais. Cela permet de comprendre enfin ce qu’est le « vrai » vin de Porto et de revenir sur quelque préjugé déplacé. Les entrepôts et les musées de plusieurs propriétaires viticulteurs offrent une occasion amusante d’en savoir plus (pour une visite et une dégustation, le musée Adriano Ramos Pinto se consacre aux visiteurs du lundi au vendredi de 9 h à 18 h).
La révolte des ivrognes
En 1703, le Portugal signe avec l’Angleterre le traité de Methuen, visant à favoriser l’exportation des vins de la région vers la grande île. Les négociants britanniques en profitent pour s’installer dans la ville et contrôlent très vite la plupart des grandes marques, qui deviennent anglaises. Pour contrer cette mainmise sur les terres viticoles et sur le commerce du nectar, le marquis de Pombal crée, en 1756, la Companhia do Alto Douro, censée contrôler ce qui était devenu le monopole de négociants étrangers. Cette décision provoque une petite révolution à Porto – la révolte des Ivrognes -, et les locaux de la nouvelle entité sont incendiés. Les Anglais redeviennent progressivement les maîtres, et aujourd’hui de nombreuses exploitations leur appartiennent encore.
Sur le Douro
Depuis quelques années déjà, plusieurs entreprises de bateaux-mouches proposent des promenades sur la rivière, en remontant en amont ou en descendant jusqu’à l’embouchure du fleuve, devant le quartier de Foz do Douro(compter un minimum de 10 € pour deux heures de croisière). La promenade n’a d’intérêt que pour la vue imprenable qu’elle offre sur les deux ponts métalliques les plus connus des cinq qui enjambent le fleuve, le pont Dom Luis Ier et le pont Dona Maria Pia. Le premier est l’œuvre d’architectes portugais, qui achevèrent sa construction en double tablier en 1886. Une ligne de métro devrait l’emprunter dans un avenir proche. Le second fut réalisé par Gustave Eiffel en 1877. L’ingénieur français en dessina les plans pour qu’une arche unique de 350 m de portée et 60 m de hauteur, que l’on compare souvent à une « tour Eiffel » penchée, franchisse le Douro. Seuls les trains l’empruntent.
En bordure de la rivière, on peut également admirer les chais de briques et de tuiles rouges. Certains entrepôts – Nexus en est un – ont été transformés en discothèques « new age », où la jeunesse dorée de Porto s’agite le samedi soir sur des airs de techno.
Les parcs et musées
Situés dans la partie ouest de la ville, les deux musées les plus importants de la ville méritent que l’on prenne du temps pour les découvrir.
Museu Nacional Soares dos Reis
Rua Dom Manuel II. Ouvert de 10h à 12h et de 14h à 18h du mercredi au dimanche, de 14h à 18h le mardi. Fermé le lundi.
Bénéficiant d’une rénovation complète depuis 1999, il accueillera, outre les œuvres du sculpteur du il accueillera, outre les œuvres du sculpteur du XIXe siècle Soares dos Reis, exposées en permanence, des expositions temporaires.
La visite achevée, on pourra se rendre dans le parc du Palácio de Cristal, établi dans la même rue, qui porte le nom de la bâtisse en verre et métal construite en 1865 pour l’Exposition universelle, malheureusement détruite depuis. Un palais des sports la remplace, et le nom du parc n’a jamais été modifié. La terrasse du jardin offre en revanche un beau panorama sur les méandres du fleuve.
Museu de Arte Contemporânea ou fondation Serralves
Rua Dom João de Castro, 270. Ouvert tlj sauf lundi de 9 h à 19 h (nocturne le jeudi soir). Entrée payante pour le musée ou pour le musée plus jardin. www.serralves.pt
Encore plus à l’ouest, au cœur d’un merveilleux parc, ce musée est ouvert depuis juin 1999. Exemple réussi d’architecture contemporaine, le bâtiment est l’œuvre du talentueux architecte portugais Alvaro Siza, également à l’origine du pavillon du Portugal d’Expo 98 et de la reconstruction du quartier du Chiado, à Lisbonne, entre autres chefs-d’œuvre. Disciple de Le Corbusier, Siza livre ici un travail minutieux où la luminosité et les volumes deviennent l’atout principal du lieu, censé mettre en valeur des œuvres d’art. Un tiers de l’espace est réservé aux expositions temporaires. Accrochées en permanence aux cimaises, on peut apprécier les œuvres d’artistes des années 1960 à nos jours. L’immense parc à la française vaut qu’on s’y arrête pour ses magnifiques aménagements paysagés. La fondation Serralves y organise de nombreuses activités tout au long de l’année. Il ne faut pas manquer en juin les journées « Serralves en fête ». La grande villa rose à l’origine du site est un exemplaire unique d’Art Déco. Dessinée par un Français, elle abrite un intérieur décoré par des noms prestigieux, tels Lalique, Ruhlman…
A l’extrémité du parc, une petite pièce d’eau qu’encerclent de nombreux arbres crée une halte rafraîchissante. Les enfants apprécieront la mini-ferme où quelques animaux de basse-cour se laissent approcher de près. Au centre du parc, un joli petit salon de thé, aussi rose que la propriété, permet de s’offrir une pause agréable au milieu des hortensias et des eucalyptus.
Alvaro Siza
Né en 1933 à Matosinhos, près de Porto, où il suit ses études aux Beaux-Arts, Alvaro Siza se démarque, dès ses débuts en architecture, en adoptant une tendance très alternative, à mille lieues du style rigide officiel érigé en dogme sous la dictature salazariste. Il travaille principalement sur les volumes et la lumière.
C’est en 1980 que son talent, reconnu à l’étranger, lui permet d’envisager une carrière internationale. On lui commande alors, à Berlin et en Hollande, de grands ensembles urbains, lui offrant ainsi l’opportunité d’entrer au panthéon des grands architectes. Il continue à travailler au Portugal – notamment à Porto, où il construit une faculté et un musée d’Art contemporain, et à Lisbonne, où il signe le pavillon du Portugal pour Expo 98 – et s’attelle à la rénovation du quartier du Chiado, dans la capitale.
Suivez le guide !
Toutes les petites tavernes des quais n’offrent pas la même qualité. Chez Mercearia, dont la devanture ne paie pas de mine, on déguste de délicieux soles et calmars grillés, d’une fraîcheur garantie, pour des tarifs très raisonnables. L’ambiance est en outre fort sympathique.