Le Pirée, une légende
On va au Pirée (Peiraias) pour deux choses : prendre le bateau ou manger du poisson. Alors que la sortie d’Athènes par la route est éprouvante, pour cause d’embouteillage, la sortie du Pirée par la mer a un goût délicieux de liberté. Ce n’est pas un hasard : Pirée est le poumon d’Athènes, qui, au fond, doit tout à son ouverture sur l’Egée.Au Ve siècle avant notre ère, le stratège Thémistocle comprend qu’Athènes ne peut pas se contenter de vendre du blé et des olives.
Son avenir est sur mer. Grâce au ressources des mines d’argent du Laurion, il dote la ville d’un nouveau port, le Pirée, qui communique avec Athènes par une voie protégée par deux remparts, les Longs Murs. Il y a trois ports : Kantharos (aujourd’hui Kentrolimani) et Zea, les ports commerciaux, et Mounichie (Mikrolimani), où Athènes entrepose ses « murailles de bois », c’est-à-dire sa flotte de guerre.Au Moyen Age, le Pirée est concurrencé par Clarence, au nord-ouest du Péloponnèse, qui accapare le trafic des riches ports italiens. Le Pirée périclite, et la fortune ne revient qu’en 1821, quand Athènes retrouve sa place dans une Grèce qui se libère des Turcs. Le port se modernise avec des docks et des entrepôts.
Les Grecs venus d’Asie Mineure y affluent, trouvant du travail dans le commerce ou le monde interlope des dockers. Le Pirée devient un quartier chaud où pullulent cafés, hôtels borgnes et fumeries de haschisch. Filles de joie et mauvais garçons y dansent, au son d’une musique nouvelle, le rebetiko.L’occupation allemande, puis le transistor mettent fin à cette période légendaire. Désormais, le Pirée est un faubourg d’Athènes relié par métro à la place Omonia.
Les Longs Murs ont cédé la place à une avenue active ponctuée de magasins et de garages. Les tavernes à poissons ont pris le dessus. Pirée est surtout le cœur de toute la Grèce puisque c’est de là que partent les navettes vers toutes les îles. A Mikrolimani et Zea, les yachts à vitres fumées ont remplacé les puissantes galères de combat. De Kentrolimani partent et arrivent paquebots, cargos et ferries à destination d’Odessa ou de Marseille.

harbour view © Lars Plougmann
Rebetiko, un blues hellénique
Venu des arrière-salles de Smyrne et de Constantinople, le rebetiko débarque vers 1920 dans les grands ports d’immigration : Le Pirée, Salonique, Ermoupoli. C’est un chant oriental, aux paroles crues, que le rebetis, mi-troubadour, mi-mauvais garçon, accompagne sur le bouzouki. Il chante les amours et les vices des junkies, des filles de joie, de la pègre. Mis à la mode dans les années soixante-dix, les derniers rebetes sortent de l’ombre : Markos, Papaionnou, Tsitsanis… font un tour de piste au grand jour avant de mourir.
A l’ouest d’Athènes
Sur le chemin de Delphes ou du Péloponnèse, à travers une banlieue industrielle assez peu photogénique, s’offrent quelques courtes haltes pour respirer un peu.
Musée d’Art contemporain. Dimitris Pierides Vassilis Georgiou.
Ouvert du lundi au vendredi, de 9 h à 14 h et de 18 h à 20 h 30 ; samedi et dimanche 10 h à 14 h. Entrée payante.
Ce musée d’art contemporain, situé à Glyfada, dans la banlieue d’Athènes, expose un millier de peintures, sculptures grecques, mais aussi chypriotes, des années 1940 à nos jours.
Dafni
Route de Corinthe. Actuellement en réfection.
Une voie express bruyante. On tourne à gauche, sous les feuillages : un havre de paix. C’est Dafni. L’église de la Dormition de la Vierge dort sous son superbe dôme à mosaïques. Dans un petit cloître sont relégués les tombeaux fleurdelisés. Ce sont ceux des ducs francs qui régnèrent sur Athènes, dont ce petit monastère était la nécropole.
Eleusis
Route de Corinthe. Ouvert tous les jours de 8 h 30 à 15 h, sauf le lundi. Entrée payante.
Un champ de ruines au milieu des usines. Côté mer, c’est le site où les Athéniens remportèrent la victoire de Salamine sur les Perses. En haut, une chapelle. En bas, un temple en l’honneur d’Hadès, le dieu des Enfers : à Eleusis, la vie et la mort, le christianisme et les dieux cachés jouent au jeu des contrastes et des contraires. Un cadre de gradins : c’est le Télésterion, la scène sacrée où l’on représentait les cérémonies annuelles en l’honneur de la déesse des Champs, Déméter, et de sa fille : Choré passait deux tiers de l’année avec sa mère, et un tiers sous terre, dans les Enfers. Une image des quatre saisons, on l’aura compris. Quelques adeptes soigneusement recrutés accouplaient symboliquement des sexes féminins et masculins. Du reste, ces initiés devaient garder le secret. Ils l’on fait. Aussi savons-nous peu de choses des mystères d’Eleusis, à mi-chemin entre magie africaine et cérémonie maçonnique.
La course héroïque
Quand le roi perse Darius envoie son armée incendier Athènes, il débarque au nord, à Marathon, où 42 km de bonne route mènent au cœur de la cité. Les Athéniens sont à un contre cent : quitte à être tués, autant attaquer ; en courant, comme le suggère le stratège Miltiade – afin d’être moins exposés aux flèches. Quand ils atteignent les lignes ennemies, – les Perses sont si éberlués par cette audace qu’ils rembarquent. Et le messager Phidipidès de courir vers l’Acropole : « On a gagné ! » Epuisé par la course, il meurt d’une crise cardiaque. A l’occasion des Jeux de 2004, le Marathon olympique a suivi exactement son trajet légendaire.
Suivez le guide !
Les Jeux 2004 se sont joués sur 15 sites des banlieues lointaines d’Athènes. Les plus intéressants sont ceux de Maroussi, avec son stade Spuros Louis conçu par Santiago Calatrava, Goudi, et Ellinikon, l’ex-aéroport muté en complexe sportif.
Forteresse de Phylé
A 28 km au nord d’Athènes, approche finale à pied.
Ce château perché sur un roc escarpé domine des défilés inquiétants, percés d’anciens ermitages. La forteresse construite en rocs bien taillés a toujours protégé Athènes de ses voisins de Thèbes. En 403, le démocrate Thrasybule s’y retrancha avant de foncer sur le Pirée, et mettre fin à un gouvernement oligarchique.
L’Amphiraion d’Oropos
Généralement oublié des circuits, ce lieu charmant est, comme souvent, à la fois lieu de culte et de cure. Longeant la berge d’une rivière turbulente, le site est tout en longueur. Au sud-ouest se trouve le temple principal, avec son autel consacré au roi Amphiraos, demi-dieu immortel et clairvoyant que Zeus a envoyé vivre sous terre. On venait ici réclamer ses lumières. Pour entendre l’oracle, il fallait égorger un bélier (sur le grand autel) et passer la nuit dans sa peau, le long portique. Amphiraos apparaissait, et dispensait ses conseils. On reconnaît aussi des thermes et les restes d’un théâtre, où se tenaient des jeux sportifs et poétiques, en l’honneur du demi-dieu.
Cap sur Sounion
Une excursion qui peut combiner promenade balnéaire, gastronomie maritime et coucher de soleil mythique. A ne pas manquer quand on reste plus de trois jours en Attique.
Vouliagmeni
Au sud d’Athènes, la côte d’Apollon est bordée de nombreuses stations balnéaires. En chemin les stations chic des années soixante, la prequ’île de Vouliagmeni, au milieu d’un parc somptueux, se souvient du temps où elle accueillait le milliardaire Onassis et le jet-set d’alors.
Le Cap Sounion
En descendant vers le sud, on atteint le cap Sounion, où le coucher de soleil est une valeur sûre.Après le Parthénon, le temple de Poséidon(ouvert de 8 h au coucher du soleil) au cap Sounion est le plus photographié de l’Attique. Les architectes l’ont surbaissé, préférant faire des entorses aux règles de la proportion que de donner trop de prise au vent. Il est dédié au dieu de la Mer, Poséidon, en l’honneur de qui des courses de trirèmes avaient lieu à quelques encâblures des terribles récifs. Par temps dégagé, on voit Makronisi, l’île-camp de concentration du temps des « colonels ». 100 000 opposants y séjournèrent, souvent sans retour.En retournant vers Athènes par la côte est, on longe Lavrio, où agonisent les mines d’argent qui financèrent la flotte de l’Athènes antique. 20 000 esclaves y travaillaient alors, grâce à une climatisation ingénieuse : deux puits étaient percés. Un feu allumé sous l’un d’eux créait un mouvement de convection qui renouvelait l’air. Plus au nord se trouve le port de Rafina, qui dessert les Cyclades et, plus haut encore, le célèbre champ de bataille de Marathon(Marathonas). On y voit encore les tumuli où sont enterrés les cadavres des héroïques combattants.
Le champ de bataille de Marathon (Marathonas)
A 6 km au sud du village de Marathon.
Elle est maintenant zone balnéaire, mais dans le coeur des Grecs, Marathon reste leur champ de bataille le plus célèbre. On montre encore les tumuli où dorment les héroïques Platéens (on peut y voir les corps de plusieurs combattants, dont un jeune messager) et les Athéniens.