Fray Bartolomé de Las Casas (1474-1566)
Moine franciscain considéré comme l’ambassadeur de la cause des Indiens lors de la conquête espagnole, Bartolomé de Las Casas est encore aujourd’hui une figure très populaire au Guatemala, en particulier auprès des indigènes. En 1502, il arrive comme missionnaire en Nouvelle-Espagne où il se démarque rapidement par sa révolte face au génocide en train de s’opérer sous ses yeux. Il élabore bientôt des plans de réforme du statut des Indiens, qui se heurtent à l’opposition des colons. Il part plaider sa cause à la cour de Charles Quint qui promulgue alors des lois nouvelles, jamais appliquées. Il finit sa vie en Espagne, où il se consacre à la rédaction de son œuvre qui est encore aujourd’hui un monument de la lutte pour le droit des indigènes, en particulier sa Très brève relation de la destruction des Indes qui raconte avec un réalisme poussé à l’extrême les massacres perpétrés lors de la conquête espagnole.

Rigoberta Menchu © Surizar
Miguel Ángel Asturias (1899-1974)
Prix Nobel de littérature en 1967, le romancier Miguel Ángel Asturias compte parmi les plus grands écrivains guatémaltèques et les principales figures intellectuelles du pays. Dès ses débuts, il s’illustre par ses écrits engagés, où il ne cesse de condamner l’impérialisme et de défendre les traditions des Amérindiens, se posant en précurseur de la littérature sociale latino-américaine. Sous le libéral Arévalo (1944-1951), il entame une carrière diplomatique. Il a déjà l’ébauche de ce qui sera son plus grand roman politique, Monsieur le président, largement inspiré de la dictature de Estrada Cabrera. En 1954, son engagement le force à s’exiler. Il se lance alors dans le métier de journaliste, puis est nommé ambassadeur en France de 1966 à 1970. Il est l’auteur notamment de Légendes du Guatemala, et Le Pape vert, roman sur la spoliation des terres indigènes.
Rigoberta Menchú (née en 1959)
Cette Indienne originaire du nord du Guatemala, lauréate à 33 ans du prix Nobel de la paix (1992), a dédié sa vie à la défense des droits des peuples indigènes. Dans les années 1980, en pleine guerre civile, elle perd toute sa famille, assassinée par l’armée pour opposition au régime. Elle se réfugie alors au Mexique où elle entame un long combat en faveur du peuple indien. La fondation qui porte son nom milite aujourd’hui pour la reconnaissance des cultures indigènes, et lutte contre l’impunité des auteurs d’atteintes aux Droits de l’homme au Guatemala. Elle a déjà assigné plusieurs militaires devant la Cour suprême pour crimes contre l’humanité. Dans son autobiographie Moi, Rigoberta Menchú (1983), elle dresse un portrait de la société guatémathéque, rongée par les inégalités ethniques et la pauvreté.