Eugenio Tavares (1867-1930)

Poète, journaliste, idéologue, il est considéré comme le héraut de la morna, un style musical inspiré par la solitude, la tristesse et la nostalgie. Homme d’action, passionné, sa vie fut houleuse. Employé des postes, accusé de détournement de fonds, il doit s’enfuir en Amérique. Son engagement en faveur de l’indépendance du Cap-Vert l’a certainement desservi. Il séjourne en prison, est acquitté et devient journaliste à New Bedford. Dans un article, « Autonomie », il déclare : « L’Afrique appartient au peuple africain ! » Il rentre à Brava, repart en Amérique et revient pour mourir en s’exclamant : « Ô ma chère maison, si seulement j’avais passé ma vie ici ! » Son œuvre poétique, commencée dès l’âge de 15 ans, influencera les auteurs et compositeurs qui s’illustreront dans la morna capverdienne. 

Amilcar Cabral (1924-1973)

Peu démonstratif, volontaire, Amilcar Cabral, né en Guinée-Bissau de parents capverdiens, fait ses études au lycée Gil Eanes sur l’île de São Vicente puis il part à Lisbonne et devient ingénieur agronome en 1950. La fréquentation d’intellectuels africains indépendantistes conforte ses idéaux d’émancipation. De nombreux séjours de travail en Guinée-Bissau le familiarisent avec la réalité du pays qu’il estime idéal comme foyer insurrectionnel. La création du PAIGC jette les bases d’une action qui, après 20 ans de vicissitudes et de drames, aboutit à l’indépendance commune de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert. Sa détermination et sa pugnacité scelleront sa disparition brutale à 49 ans lors d’un assassinat vraisemblablement fomenté par les Portugais. Sa déclaration en 1962 devant l’assemblée de l’ONU illustre sa droiture parfois perçue comme de l’inflexibilité : « Peut-être devrions-nous vous demander une aide militaire mais nous pensons que cela n’est pas nécessaire parce que nous sommes sûrs que nous pouvons le faire nous-mêmes. » 

Cesaria Evora © As foto da Virada

Cesaria Evora © As foto da Virada

Cesaria Evora (née en 1941)

Le succès international de « la diva aux pieds nus », dite « La Cize », son surnom local, a œuvré pour la reconnaissance de « son petit pays ». L’ambassadrice culturelle du Cap-Vert a révélé à un vaste public, surpris et ravi, un art populaire à la fois authentique et sophistiqué, un mélange original de latinité et d’africanité qui a séduit les Européens et les Américains. Cesaria, confrontée sa vie durant au spleen, aux brimades, à la misère, a chassé tous ses démons en vivant un conte de fées. Devenue riche et prodigue, elle a pu aider son peuple en permettant à un vivier d’artistes de talent de profiter de sa notoriété et d’accéder ainsi à la reconnaissance.

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