Language Fest

Language Fest By: Ding ZhouCC BY-NC-SA 2.0

Ancienne ville tartare

Dongcheng et Xicheng, les quartiers qui encadraient le palais impérial constituaient la ville tartare. Car là vivait l’aristocratie d’origine mandchoue, qui régna sur le pays entre 1644 et 1911. Elle habitait dans des maisons à cour (siheyuan) – à l’image des résidences du palais – que desservait un réseau de ruelles (hutong). Au temps de Mao, plusieurs familles se partageaient les anciennes résidences aristocratiques, transformées en « HLM » dépourvues de chauffage et d’eau courante. Les toilettes étaient communes et accueillaient les derniers commérages. Le nouveau Pékin n’a plus voulu de ces quartiers vétustes. À coup d’inscriptions « chai, détruire » tracées sur leurs murs en brique, la municipalité a rasé la plupart. Seuls quelques îlots sont restés, avec des demeures réhabilitées pour servir de résidences à des hommes d’affaires et à des cadres du parti. Celles qui abritèrent en leur temps des hôtes insignes, artistes, politiques ou intellectuels de la Chine communiste, sont les seules rescapées de l’opération bulldozer et les seules qu’il soit possible de visiter aujourd’hui.

Wangfujing
Au flanc est de la Cité interdite, la rue des « puits des familles princières », est depuis longtemps la rue des grands magasins, « les magasins aux cent choses » comme disent les Chinois. Aujourd’hui, ce sont plutôt de gigantesques department stores et autres plazzas rutilants, dont les rayons de luxe sont desservis par des kilomètres d’escaliers roulants. Transformée en artère piétonnière, la rue est aussi la préférée des touristes chinois qui viennent s’y régaler de spécialités dans des restaurants en semi-plein-air, construits à la mode d’autrefois, ou jouer les badauds au marché de nuit.
La restauration de l’église de l’Est (Dongtang, messe en chinois, tlj de 6 h 30 à 7 h, dimanche à 6 h, 7 h et 8 h), un édifice néogothique élevé par les légations étrangères peu après 1900, a achevé de donner à ce quartier piétonnier une physionomie très occidentale.

Maisons carrées au fil des hutong 

Buildings in Běihai Park © dbaron

Buildings in Běihai Park © dbaron

Au nord du parc Beihai s’étend Shisha hai, un autre chapelet de lacs, dont le principal est Houhai, la Mer postérieure.
C’est aussi le nom d’un quartier préservé, l’un des plus attachants de la capitale, une tranche de vie pékinoise le jour, avec papis et mamies tirant leurs tabourets dans la ruelle dès que pointe le soleil, et trafic de poussettes et de bicyclettes. Le soir, les cafés intimes et branchés de Pékin ouvrent en même temps que cabotent les barques où voguent touristes de Chine et d’ailleurs. 
A l’est s’élèvent toujours les tours de la Cloche et du Tambour, qui sonnaient les heures de la cité murée (Zhonglou et Gulou, ouvertes tlj de 9 h à 17 h. Entrée payante). Alentour, quelques siheyuan de charme, aménagés en musées, sont autant d’escales pour la journée (visites du mardi au dimanche, de 9 h à 17 h. Entrée payante).
Le prince Gong (1833-1898) fut l’un des fidèles de l’impératrice douairière Ci Xi. Son palais recèle un merveilleux jardin de rocaille (17 Qianhai xijie). Ancienne dépendance du palais du prince Gong, la résidence de l’écrivain Guo Moruo (1892-1978) faisait office d’écurie à l’époque impériale (18 Qianhai xijie). L’acteur Mei Lanfang (1894-1961), spécialisé dans les rôles de femmes à l’opéra, meubla et décora son siheyuan avec un goût sûr qui lui confère toujours beaucoup de cachet (9 Huguosi jie).
Dans l’ancien palais des grand-père et père du dernier empereur vécut Song Qingling (1893-1981), l’épouse du Dr Sun Yatsen, le fondateur de la République de Chine (46 Houhai Beiyan).
Qian Gan 5 abrita une famille pékinoise sur plusieurs générations ; l’actuelle a ouvert au public ses cours et collections (5, Qiangan hutong, Shisha hai). Lao She (1899-1966), l’un des plus grands écrivains chinois et magnifique conteur de la vie pékinoise au temps des hutong, termina ses jours dans un beau siheyuan à l’orée de Wangfujing (18 Fengfu hutong).

Collège impérial et temple de Confucius 
Ils sont mitoyens. Le premier (Guozitian, les bâtiments ne se visitent pas ; ouvert du mardi au dimanche, de 9 h à 16 h 30. Entrée payante) est par ses jardins l’un des havres de Pékin.
Le second chaperonnait l’institution la plus prestigieuse de l’empire : les examens mandarinaux qui fournissaient, moyennant de très strictes épreuves littéraires, ses fonctionnaires à l’administration impériale (Kongmiao, ouvert tlj de 8 h 30 à 16 h 30. Entrée payante). Dans la cour, des stèles recensent les noms des 51 624 lauréats admis aux examens impériaux entre le XIVe siècle et la fin de l’empire.

Temple des Lamas
Ouvert tlj de 9 h à 16 h 30. Entrée payante.
A une ruelle du temple de Confucius, un autre palais accueillit en 1732 le temple de la religion qui avait la faveur des Mandchous : le lamaïsme tibétain, d’où son nom populaire de temple des Lamas, tandis que son appellation d’origine (qui est aussi celle de la station de métro voisine) est Yonghe gong, le palais de l’Harmonie éternelle. Au temps de sa splendeur (XVIIIe et XIXe siècles), le monastère hébergea des centaines de lamas tibétains, de moines chinois, mongols et mandchous. Il est un raccourci saisissant d’un temple tibétain avec ses statues farouches, presque violentes, de divinités gardiennes et ses images éthérées et paisibles de maîtres de l’enseignement. Un pavillon y fait la chronique des relations qu’entretenait avec Lhassa la cour des Qing, autour des somptueux cadeaux échangés.

Suivez le guide !

Le must : quadriller le vieux Pékin à bord d’un cyclo pousse. Le circuit dure 3 h et les départs ont lieu tlj à 9 h et 14 h de Ping’an dajie, en face de la porte nord du parc Beihai. C’est aussi le point de départ des croisières en sampan au fil des eaux du chapelet de lacs.

Chaoyang
« Tourné vers le soleil », c’est ce que signifie le nom de cet arrondissement de l’est de Pékin. Il affiche un des visages les plus résolument modernes de la capitale depuis qu’y a poussé, en 2000, la tour du China World Trade Center. Il est, de fait, un rendez-vous d’expatriés qui héberge deux quartiers d’ambassades : l’ancien, autour du parc de l’Autel du Soleil (Ritan gongyuan, ouvert tlj de 6 h à 20 h. Entrée payante) et le nouveau, non loin de la rue Sanlitun, centre nerveux des nuits pékinoises.

Temple de l’Intellectualisation
A l’orée de Chaoyang, il fut commandité par un eunuque de la cour pour en faire son oratoire particulier. Ses cours, ombragées d’arbres centenaires, abritent de superbes témoignages de l’architecture et de la statuaire bouddhiques au temps de la dynastie des Ming (Zhihua si, ouvert du mardi au dimanche, de 8 h à 17 h. Entrée payante).

Temple du Pic de l’Est
Dongyue miao, ouvert du mardi au dimanche, de 8 h 30 à 16 h 30. Entrée payante.
Dans le panthéon populaire chinois, le dieu du Pic de l’Est est celui qui régit les destinées humaines : un personnage très sollicité dès que l’on cherche à faire tourner la chance en amour, dans les affaires ou à l’occasion des examens. Il suffit d’acheter un ex-voto correspondant à son vœu et de l’accrocher en compagnie des milliers d’autres sur les murs du temple. Les bâtiments de la dernière cour sont eux consacrés aux arts et traditions populaires de Pékin.

Ancienne ville chinoise

Les deux puissantes maçonneries qui s’élèvent au sud de la place Tian’an men formaient jadis Qianmen, la porte Antérieure, et la limite tangible entre deux mondes : l’univers aristocratique et organisé de la cité tartare, au nord, et le grouillement de la cité chinoise qui s’étendait au sud de la rue Dazhalan, la « Grande Barrière. » Une séparation relative, car le soir venu, malgré la fermeture des portes, la noblesse mandchoue et la société chinoise se côtoyaient dans les maisons de thé et chez les courtisanes du quartier du Pont du Ciel. En 2006, Dazhalan a été rasée pour faire place à un luxueux complexe piétonnier.

Ville souterraine
Dixia cheng, ouvert tlj de 8 h 30 à 17 h 30. Entrée payante.
Claustrophobes s’abstenir : le voyage au centre de la terre pékinoise descend jusqu’à 15 m de profondeur et le parcours dure 30 min. Galeries et salles souterraines sont la seule partie qu’il soit permis de visiter d’un réseau de 32 km, creusé à la force du poignet entre 1969 et 1979, quand les relations avec le grand frère soviétique n’étaient pas au beau fixe et que Mao redoutait une attaque aérienne. Une vraie curiosité qui mériterait cependant d’être davantage mise en valeur.

Mosquée de Niujie
Niujie Qingzhen si, ouvert tlj de 8 h à 18 h. Entrée payante.
Ils sont 250 000 à professer l’islam dans la capitale, issus de deux minorités, toutes deux venues de l’ouest du pays : les Hui et les Turcs Ouighours. Cette mosquée est leur lieu de prière depuis le Xe siècle, période de sa fondation. Avec ses rocailles, ses cours et ses tuiles vernissées vert islam, elle est plus chinoise que musulmane. Livré aux bulldozers et à la construction de tours depuis 2001, le quartier, lui, a perdu tout son charme.

Temple de la Source de la Loi
Ce petit temple bouddhique préservé est un lieu de quiétude. Sa belle architecture classique du temps des Ming a fait l’objet d’une restauration soignée. Il est un centre réputé d’enseignement bouddhiste et renferme une impressionnante bibliothèque (Fayuan si, ouvert tlj de 8 h 30 à 11 h et de 13 h 30 à 16 h. Entrée payante).

Musée d’architecture traditionnelle
Gudai jianzhu bowuguan, 21, Dongjin lu, ouvert tlj de 9 h à 17 h. Entrée payante.
Aménagé dans l’enceinte de l’ancien temple de l’Agriculture, il dresse l’inventaire des habitats traditionnels chinois et présente une maquette de ce qu’était Pékin au moment de la création de la République populaire, en 1949. Le contraste avec la ville d’aujourd’hui est stupéfiant !

 

Temple du Ciel

Tiantan, parc ouvert tlj de 6 h à 21 h ; temples ouverts tlj de 8 h à 16 h 30 (avril à octobre), de 8 h à 17 h 30 (novembre à mars). Entrées payantes.

Chien- Beijing -Temple du Ciel

Chien- Beijing -Temple du Ciel By: Ted McGrathCC BY-NC-SA 2.0

Fils du Ciel, l’empereur de Chine était lié par contrat à son père spirituel : à lui de maintenir ordre et harmonie dans le monde et de rendre compte de sa mission au Ciel. Afin qu’il lui confirme son mandat, il s’adressait à lui à travers deux sacrifices solennels lors des solstices d’hiver et de printemps. C’est pour cette cérémonie que fut construit ce complexe de 270 ha au sud de la capitale en 1420, lors de l’emménagement des souverains Ming. Par souci de symétrie, on construisit d’autres lieux de culte dédiés aux esprits majeurs qui règlent l’univers. Un autel fut dressé pour la Terre, au nord de la ville, au XVIe siècle, un autre pour la Lune, à l’est, un quatrième pour le Soleil à l’ouest. A l’instar du temple du Ciel, ils sont aujourd’hui des oasis de verdure dans le nouveau Pékin. On vient ici admirer de belles architectures anciennes, mais aussi pour le parc aux pelouses et bosquets impeccablement entretenus.

Salle de la Prière pour de Bonnes Moissons
C’est le premier des trois temples qui s’échelonnent le long d’une chaussée pavée de marbre de 360 m de long. Ils sont trois, tous de plan circulaire – une forme exceptionnelle dans l’architecture chinoise -, tous à dominante bleue, obéissant ainsi à la symbolique du Ciel. Le trois et le neuf, nombres impairs et nombres yang, sont ses chiffres, le cercle est sa forme – quand la terre est carrée dans la conception traditionnelle -, le bleu est sa couleur. Dans cette rotonde, juchée sur une triple terrasse circulaire et coiffée de trois rangs de toits bleus, avait lieu la cérémonie de printemps. A l’intérieur, 28 colonnes portent une toiture savante, aux couleurs aussi chamarrées qu’un brocart.

Voûte céleste impériale
Bien plus modeste par ses dimensions, ce deuxième temple était celui du Ciel proprement dit. Cette puissante divinité y était représentée non pas sous la forme d’une statue, mais d’une tablette inscrite de son nom et de ses titres. Son mur d’enceinte circulaire est une attraction pour sa particularité acoustique : il répercute dans sa masse le plus petit chuchotement. Phénomène dont il est difficile de se rendre compte : le réseau est encombré par les touristes chinois !

Autel du Tertre circulaire
Conçu pour la cérémonie du solstice d’hiver, cet autel en marbre est une représentation symbolique du monde – trois degrés de marbre sur plan circulaire, à l’image du Ciel, enclos dans une enceinte de plan carré, à l’image de la Terre -, et de la marche du temps – 360 balustres en marbre ciselées de nuages le cantonnent, pour les 360 jours de l’an lunaire. Lui aussi a sa particularité sonore : frappée, la dalle centrale répercute un triple écho.