« Délice de Chypre » selon le poète français Maurice Scève, Pafos a été placé sur la liste officielle du patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. A son petit port de pêche pittoresque répondent ses sites archéologiques le long du bord de mer et ses petites maisons tranquilles. Le séjour dans l’ancienne capitale de Chypre, où flotte une atmosphère un peu surannée, est un beau moment du voyage dans l’île. Ses environs, les plus dépaysants de Chypre, méritent une attention particulière pour les amoureux de la nature. La presqu’île d’Akamas, un des derniers endroits sauvages de la Méditerranée orientale, permet de faire d’agréables randonnées. Et Petra tou Romiou, là où Aphrodite est sortie de la mer, est un lieu que l’on n’oublie pas. Mais il faut faire vite pour visiter Pafos et ses environs. Les promoteurs immobiliers internationaux ont senti l’intérêt culturel et naturel de cette région. Leur appétit est énorme. 

Pafos

Rappel historique 
On dit que Pafos a été fondé par les Achéens qui, regagnant leur patrie, la Grèce, après leur victoire sur Troie, ont été jetés sur la côte par une tempête. A l’époque des Ptolémées d’Egypte, comme à celle des Romains, la ville a été capitale de l’île. Cicéron y sera gouverneur. Saint Paul évangélisera non sans mal l’île, et réussira à convertir à la nouvelle religion le procurateur romain et à faire de Chypre le premier territoire chrétien de l’histoire. Détruite au IVe siècle après J.-C. par un tremblement de terre, Pafos abandonne toute splendeur pour végéter tant bien que mal. Elle s’assoupit. Elle a été réveillée au XIIe siècle par les Lusignan. Mais la ville ne retrouva jamais son aura d’antan.
L’histoire de Pafos, c’est surtout l’histoire religieuse de l’Antiquité, notamment de celle du culte d’Aphrodite.Le nom de cette cité était alors connu dans toute la région. C’est, en effet, dans son port que les pèlerins débarquaient de toute la Méditerranée orientale pour participer aux fêtes orgiaques données en l’honneur de la déesse. Au Moyen Age, les croisés, en route pour la Terre sainte, firent escale dans ses eaux ou moururent, épuisés, sur ses berges.
Il existe à Pafos deux quartiers : la ville basse et la ville haute. En fait, deux distinctions totalement imperceptibles pour le visiteur. Il suffit tout simplement de se souvenir que le site ancien et donc les trésors archéologiques se trouvent au bord de la mer et les musées dans les autres parties de la ville.

Site historique de Pafos © garyt70

Site historique de Pafos © garyt70

Ville basse 
Le fort médiéval 
Kato Pafos. Domine le port. Ouvert tlj de 8 h à 17 h de novembre à mars, de 8 h à 18 h en avril-mai et septembre-octobre, de 8 h à 19 h 30 de juin à août. Entrée payante.
D’abord forteresse byzantine, le fort a été reconstruit au XIIIe siècle par les Lusignan pour protéger l’entrée du port. Les Vénitiens le démantèlent en 1570. Les Turcs le reconstruisent et le fortifient. Il faut voir ce fort au coucher du soleil : ses pierres deviennent dorées et se reflètent dans la mer.

Mosaïques de Pafos 
A Kato Pafos, près du port. Ouvert tlj aux mêmes heures que le fort médiéval. Entrée payante.
Trois « maisons » près du port. La maison de Dionysos, la maison de Thésée et la maison de l’Eternité,de l’époque romaine, possèdent de superbes mosaïques, considérées comme étant les plus belles de la Méditerranée orientale. Datant du IIIe siècle, ces mosaïques accueillent tous les héros du Panthéon gréco-romain. De Poséidon à Apollon, en passant par Daphné, Ganymède, Zeus et Dionysos, ils sont tous au rendez-vous. Et le dieu Pan organise la fête. La mythologie déploie ici, à deux pas de la mer d’un bleu violent, tous ses fastes.

Maison de Dionysos 
22 pièces, sans doute la villa du gouverneur romain, composent la maison de Dionysos. Inspirées de la mythologie, ses mosaïques très colorées et vivantes présentent au regard du visiteur des scènes de chasse et différentes célébrités du Panthéon de l’Antiquité. A contempler, notamment, « le triomphe de Dionysos », dont la tête est couronnée de lierre et qui est assis dans un char tiré par deux léopards. A ses côtés, une muse avec une coupe remplie de vin. Un satyre tient un vase de cérémonie et Pan, aux pieds de bouc, veille sur la scène avec un bâton de berger. On pense à Euripide qui fait dire à ses bacchantes : « Quand Dionysos dînera, la terre dansera. » De la couleur, des dessins géométriques finement gravés, de la vie et du mouvement. La maison de Dionysos est une pierre précieuse.

Maison de Thésée 
A quelques mètres de Dionysos en fête, une maison du IVe siècle, éboulée, garde un très beau pavement,avec un médaillon montrant Thésée achevant le Minotaure. Sur le reste de la mosaïque, bleue et blanche, est dessiné le fameux labyrinthe. Avant de partir, on n’oubliera pas de contempler une autre mosaïque, plus modeste, mais tout aussi émouvante, et qui montre la naissance d’Achille.

Maison de l’Eternité 
Ce ne sont pas les plus belles mosaïques du site, car un peu lourdes, mais sans conteste les plus curieuses. Elles traduisent, en effet, la crise religieuse que traversèrent l’île et le monde romain après la conversion de l’empereur Constantin au christianisme. L’hostilité au culte nouveau est affirmée, ici, avec vigueur. La mosaïque figure les dieux grecs et romains portant l’auréole des saints chrétiens. La présentation de Jésus au temple est symbolisée par la naissance de Dionysos et l’entrée du Christ à Jérusalem par le triomphe du dieu du Vin. Enfin, le nouvel usurpateur, au visage nazaréen, est chassé par les dieux. Etonnante bande dessinée des premiers siècles où l’on n’avait pas peur d’affirmer ses convictions.

Château de Saranta Kolones et la basilique de la Panayia Limeniotissa 
A côté du port.
Le château des Quarante-Colonnes a été bâti à la fin du XIIe siècle par les Lusignan et détruit au siècle suivant par un tremblement de terre. Egalement près du port, « Notre-Dame-du-Port », construite au Ve siècle, est détruite au VIIe siècle par les Arabes, dont les razzias sur les côtes de l’île étaient particulièrement meurtrières.

De Saul à Paul 
En 45, les futurs saint Paul et saint Barnabé, venant d’Antioche, débarquent à Chypre. A Salamine exactement, où la communauté juive est la plus nombreuse. Mal accueillis, ils décident alors de traverser l’île pour se rendre dans la capitale de Chypre qui était alors Pafos et où vivait le gouverneur romain Sergius Paulus. Les premiers jours furent difficiles, puisqu’on voit toujours à Pafos le pilier où l’apôtre a été, selon la tradition, flagellé pour cause de christianisme. Avec la grâce de Dieu, les choses s’arrangèrent. Et selon les Actes des Apôtres, Saul réussit à convertir le proconsul romain, après avoir confondu un magicien qui « cherchait à détourner Sergius Paulus de la foi ». L’île devint ainsi le premier Etat à être gouverné par un chrétien. En quittant Chypre, Saul se fera appeler… Paul.

L’odéon 
Kato Pafos, à proximité du phare.
Restauré, peut-être un peu trop bien, ce petit odéon sert aujourd’hui pour la présentation, l’été, de spectacles théâtraux et musicaux.

Eglise de la Panayia Chrysopolitissa 
Kato Pafos, près du port. Ouvert tlj.
Construite au XIIIe siècle, Sainte-Marie-de-la-Ville-d’Or se dresse sur les ruines de la plus vaste basilique paléochrétienne de l’île. Le clocher est gothique et la coupole byzantine. Pour entrer dans l’église, on traverse un champ de ruines avec des mosaïques anciennes, plantées de piliers, et où, selon la tradition, se trouve la colonne où saint Paul aurait été attaché pour y être fouetté « quarante fois moins une ». Ce qui n’empêcha pas Paul de convertir le gouverneur romain de l’île, Sergius Paulus. C’est après son passage à Chypre que l’apôtre qui s’appelait Saul prit son nom chrétien.

Tombeaux des rois 
Juste à la sortie de Kato Pafos, à environ 2 km du carrefour formé par les rues de l’Apôtre-Paul et Dhalou en direction du nord. Très bien signalé. Ouvert tlj de 8 h à 17 h de novembre à mars, de 8 h à 18 h en avril-mai et septembre-octobre, de 8 h à 19 h 30 de juin à août. Entrée payante.
Aucun roi n’a été enterré dans cette nécropole hellénistique du IVe siècle av. J.-C. Ce fut, en fait, la dernière demeure de notables de la ville. Cette nécropole, dans un site sauvage, au bord de la mer, abrite d’impressionnants tombeaux souterrains entièrement taillés dans le rocher. Certains ont des cours intérieures à colonnade dorique. Les premiers chrétiens trouvèrent refuge dans ces tombeaux lors des persécutions.

Ville haute 
Par les rues de l’Apôtre-Paul et d’Agamemnon, on remonte vers la ville haute, qui possède trois musées à ne pas négliger.

Musée archéologique 
Rue Digieni. Ouvert tlj de 8 h à 17 h de novembre à mars, de 8 h à 18 h en avril-mai et septembre-octobre, de 8 h à 19 h 30 de juin à août. Entrée payante.
Intéressantes collections d’objets trouvés dans la région de Pafos et qui illustrent la vie quotidienne, de l’époque néolithique au XVIIIe siècle. A voir notamment des lampes à huile, des terres cuites et des jarres.

Musée byzantin 
3, rue Ionnou, à côté de l’évêché. Ouvert du lundi au vendredi de 9 h à 15 h en hiver, de 9 h à 16 h en été, de 9 h à 13 h le samedi. Fermé le dimanche. Entrée payante.
Dans ce petit musée, on découvre de belles collections d’objets religieux, ainsi que la plus ancienne icône jamais trouvée à Chypre, qui date du VIIe siècle. Celle-ci est accompagnée d’une collection d’icônes peintes du VIIIe au XVIIIe siècle. L’île, malgré les invasions, est toujours restée fidèle à la religion orthodoxe.

Des tortues protégées 
Les pouvoirs publics chypriotes ont lancé, depuis plus de vingt ans, une vigoureuse politique de protection des tortues de mer, en particulier la tortue verte, menacée de disparition dans toute la Méditerranée. Tous les deux ans, l’été, les tortues viennent, à 3 ou 5 reprises, pondre sur les plages de Chypre. Les femelles ont leurs « nids » dans le sable, à proximité de la mer. Mais l’évolution de l’île (urbanisme et tourisme) a failli faire disparaître à jamais ces reptiles gênés dans leur tranquillité, nécessaire à la reproduction… C’est la raison pour laquelle, le gouvernement chypriote a décidé de prendre une initiative – heureuse – pour protéger « ses » tortues. A Lara, au nord de Pafos, sur une plage pratiquement déserte, a été installé un centre de protection de ces animaux. Les œufs des femelles sont ramassés et incubés, dans des boîtes de polystyrène, dans le sable ou encore dans des réservoirs en verre. Grâce au travail de ce centre, des milliers de jeunes tortues, la plupart baguées, sont protégées des prédateurs et du tourisme, et peuvent ainsi gagner chaque année la mer.

Musée ethnographique 
1 Exo Vrysi. Ouvert du lundi au samedi de 9 h à 13 h. Du lundi au vendredi de 14 h à 17 h. De mai à septembre de 15 h à 19 h. Dimanche de 10 h à 12 h. Entrée payante.
Ce musée présente des fossiles, des pierres tombales, du mobilier et des costumes traditionnels de l’époque néolithique à nos jours.

Lire la suite du guide