Gorges de Samaria et le parc national
Le parc est ouvert de mai à octobre de 6 h à 16 h, selon les conditions météorologiques. Le centre d’information des gorges de Samaria expose objets et photos retraçant la vie des habitants des gorges, au début du siècle. Entrée payante.
Voilà l’un des moments les plus intenses d’un voyage en Crète ! Que l’on soit randonneur ou non, il faut parcourir les 17 kilomètres de cette randonnée facile, mais absolument exceptionnelle, dans les gorges les plus profondes d’Europe.
Avec Vénizélos, La Canée a son héros
Dans chaque quartier de la ville, une place, une rue, une école ou un café porte son nom. Né à La Canée en 1864, Elefthérios Vénizélos participe tout d’abord aux insurrections qui conduisent au départ de l’occupant turc de la Crète, en 1898. Il devient Premier ministre en 1909 avec un seul objectif : tourner la Crète vers la modernité. Il fait réviser la constitution, conçoit les premières lois sur le travail et exproprie les grands propriétaires terriens. Mais sa principale victoire reste le rattachement définitif de l’île à la Grèce, en 1913. Depuis cette date, les Crétois sont enfin des Grecs à part entière !
L’arrivée au parc
Dès l’arrivée sur le site, le ton est donné. La route asphaltée, mais caillouteuse, traverse d’abord les champs d’orangers et d’oliviers. Elle prend peu à peu de l’altitude, découvrant les paysages des montagnes Blanches. Franchissant un dernier col, on arrive au plateau d’Omalos à 1 080 mètres, enneigé en hiver et magnifiquement fleuri au printemps. Quelques kilomètres encore et la route s’achève au village de Xiloskalo, devant le pavillon touristique qui ouvre sur un panorama extraordinaire : d’un côté le mont Gigilos, à la cime aride et dénudée, de l’autre le dénivelé impressionnant de la gorge envahi par les oliviers et les pins, parfois suspendus dans le vide !
Randonnée, jusqu’à l’ancien village de Samaria
La randonnée commence par 2 kilomètres délicieusement ombragés, mais il s’agit du passage le plus escarpé, puisque l’on descend de 1 000 mètres sur cette courte distance. Heureusement, les sourcesproches de Neroutsiko et de Riza Sytkiad permettent ensuite de se rafraîchir à loisir ! Traversant des clairières de pins et de cyprès (considérés comme les plus hauts de Crète), le chemin conduit ensuite vers l’église Agios Nikolaos ; les parois se resserrent alors peu à peu et l’on approche du fond de la gorge. Le sentier suit un petit torrent qui laisse çà et là de l’eau dans de larges bassins naturels entourés de lauriers-roses. On atteint un pont de bois et le village de Samaria, qui signe la moitié du parcours. Maintenant désert, il a tout de même conservé deux remarquables églises : la chapelle du Christos et celle d’Ossia Maria, dotées de belles fresques byzantines. Une visite s’impose, ne serait-ce que pour prendre quelque repos avec un parfait alibi culturel…

En descendant vers les gorges de Samaria © Alistair Young
De Samaria à Agia Roumeli
Après le village, le sentier descend à travers un couloir sinueux, encadré par des roches hautes de 300 mètres. On s’enfonce alors plus profondément dans les gorges avec, pour fil d’Ariane, le petit torrent qui rebondit de pierre en pierre. Quelques kilomètres encore et l’on arrive au défilé le plus impressionnant : l’entrée des trois sidéroportès (les portes de fer). Ces trois parois rocheuses s’élèvent à plus de 500 mètres tandis que le passage se réduit pour atteindre seulement 3 mètres de large. On avance alors dans une véritable pénombre, guidé par un seul rai de ciel bleu. Pour se remettre de telles émotions, les gorges traversent ensuite une paisible vallée piquée d’oliviers et de pins. Quelques rocailles encore et le sentier conduit enfin jusqu’à la côte et le village d’Agia Roumeli, ouvrant sur un paysage captivant avec, en toile de fond, le vert émeraude de la mer de Libye.
Agia Roumeli
On quitte les gorges de Samaria, à la hauteur de l’ancien village d’Agia Roumeli, que ses habitants ont abandonné en 1962, (au moment de l’ouverture du parc national) pour s’installer sur la côte, 3 kilomètres plus bas. Les maisons récemment désertées ne présentent guère de charme mais, à quelques centaines de mètres, on découvre, au milieu des herbes folles, les ruines d’un fort ottoman et d’une église vénitiennedédiée à la Vierge d’Agia Roumeli. Elle abrite les fragments d’une délicate mosaïque antique. Selon les archéologues, l’église aurait été construite sur les ruines d’un temple dédié à Apollon.
A 3 kilomètres, stratégiquement placée à la sortie des gorges, la nouvelle ville d’Agia Roumeli accueille les vacanciers avec ses multiples tavernes qui bordent sa longue plage de gros galets blancs.
Samaria : une flore exceptionnelle
Créé en 1962, le parc, qui englobe le plateau d’Omalos et la gorge de Samaria, constitue un véritable paradis pour les botanistes, avec quelque 450 espèces qui n’existent nulle part ailleurs que dans l’île. Au milieu des rocailles, on peut découvrir des genévriers, des cyprès tabulaires, des pins brutia mais surtout une délicate pivoine blanche unique en Europe, ou encore le zelkova de Crète. Parent de l’orme de Sibérie, il remonterait à l’ère tertiaire et n’a jamais dépassé les frontières de l’île. Tout aussi spectaculaire, la faune du parc réunit des chèvres sauvages, des martes, des belettes, des blaireaux et des aigles royaux qui installent leur nid sur les corniches les plus inaccessibles.
Suivez le guide !
Pour ces 6-7 heures d’excursion aux gorges de Samaria, le randonneur doit prévoir impérativement : de bonnes chaussures, des lunettes de soleil, un pull, un chapeau, de l’eau et de la nourriture. Bonne marche !
Autour de Kantanos
A 17 km de Paleochora. Le gros bourg de Kantanos est un haut lieu de la résistance crétoise. Entièrement rasé par les Allemands en 1941, en représailles après la disparition de plusieurs de leurs parachutistes, il est aujourd’hui réputé pour les églises, les chapelles et les fresques byzantines qui émaillent la région alentour. A quelques kilomètres, le village d’Anissaraki possède quatre superbes églises : Agia Anna, Agios Georgios, Panagia et Agia Paraskevi. Toutes abritent encore les fresques du grand peintre crétois Ioannis Pagoménos. A voir absolument, dans la faible lumière des lampes d’église.
Chora Sfakion (Sfakia)
Point de chute des randonneurs quittant les gorges de Samaria, ce petit port mérite davantage qu’une simple halte. Ne serait-ce que pour visiter, au cœur du village, la belle église de la Transfiguration.Toujours ouverte, elle constitue le rendez-vous préféré des femmes du quartier, qui bavardent devant ses portes ou prennent le frais sur les bancs tout proches.
Le raki préparé dans les règles de l’art
Comme tout Grec qui se respecte, les Crétois célèbrent les vertus de l’ouzo en apéritif, mais l’île s’enorgueillit également d’une eau de vie de raisin, dégustée en début comme en fin de repas : le raki. Sa fabrication obéit à des règles bien précises. Trois semaines après les vendanges, le reste de la production est placé dans de gros tonneaux et fermente durant trois semaines. Le tout est ensuite mis dans un alambic. Aujourd’hui la fabrication est très réglementée puisqu’elle ne peut excéder 40 jours par an.
Loutro
Accessible par bateau depuis Chora Sfakion ou à une heure de marche depuis le village d’Anopoli, le village de Loutro est un havre de paix. Ici, on ne trouve ni routes, ni voitures, mais seulement quelques tavernes au bord de l’eau, rendez-vous des pêcheurs du coin. On y dîne de poissons et de poulpes grillés en sirotant un ouzo, le tout devant la longue plage et la mer violette.
Les amateurs de sites antiques prendront également le temps d’admirer tout près les derniers vestiges de l’antique Finix, le port d’Anopoli, qui tirait ses richesses d’un important commerce maritime.
Suivez le guide !
Sur le port, ne manquez pas la seule boulangerie. Elle ne porte pas de nom mais offre d’excellents tiropita,ces chaussons tout chauds et débordants de fromage.
Frangokastello
Le village, ultramoderne, ne possède pas un grand charme, mais il faut admirer ici l’une des plus belles forteresses vénitiennes de Crète.
Construite en 1371, elle est la seule qui subsiste sur la côte sud, avec celle d’Ierapetra. De ses quatre tours carrées, on aperçoit, en contrebas, une agréable plage de sable rosé, protégée par un banc de récifs. Pour les Crétois, cette image bucolique ne suffit pourtant pas à faire oublier la terrible bataille qui opposa, en 1828, 1 000 assiégés grecs emmenés par le général Hadzimichalis aux armées turques de Mustafa Pacha. Après plusieurs semaines de siège, les rebelles furent massacrés par les Ottomans. Pas un seul ne survécut.
Une longue tradition de révoltes
Inaccessible, ou presque, par sa situation géographique, la région de Chora Sfakion (Sfakia) a toujours revendiqué une grande indépendance. Ni les Turcs, ni les Vénitiens n’ont réussi à établir une vraie domination dans la région et les mouvements de rébellion se sont toujours multipliés. Sous la férule ottomane notamment, les habitants réunis en bandes puissamment armées ont multiplié les attaques contre l’occupant, souvent au péril de leur vie. Le fameux Daskaloiannis, le chef qui dirigea la révolte crétoise de 1770 contre les Turcs, était ainsi originaire de Sfakia. Actuellement, les conflits éclatent encore parfois entre les différents clans.
Presqu’île d’Akrotiri
A quelques kilomètres seulement de La Canée, cette presqu’île présente une étrange géographie : aux plaines de l’intérieur succèdent de hautes falaises truffées de grottes, jadis refuge de nombreux pirates. Plus pacifique aujourd’hui, la presqu’île recèle de nombreux monastères, quelques sites importants et des petites plages oubliées.
Colline Profitis Ilias
Dominant la mer, cette colline est l’une des plus fréquentées par les Crétois, qui savourent là un beau panorama avec en toile de fond les montagnes Blanches. Mais la plupart viennent aussi se recueillir sur la tombe de Vénizélos, ce héros à qui la Crète doit son rattachement à la Grèce. Après une promenade sur la colline, un petit sentier descend jusqu’à la belle plage de Stavros, où furent tournées certaines scènes du film Zorba le Grec (suivre le panneau Blue Beach).
Couvent Moni Prodromos
Quelques kilomètres d’une bonne route permettent ensuite de rejoindre le village de Korakiès et ses petites tavernes qui offrent toutes une vue magnifique sur la baie de Souda. Un peu à l’écart se trouve le couvent d’Agios Ioannis Prodromos, fondé durant l’époque vénitienne. Quelques religieuses y fabriquent encore de fines dentelles. C’est sûrement la meilleure adresse de la région pour acheter nappes et napperons délicatement brodés.
Moni Agia Triada
Ouvert du mercredi au lundi, de 9 h à 17 h 45 en été et de 9 h à 12 h 30 et de 15 h à 17 h en hiver.
Appelé aussi Moni Tzankarolo (du nom de l’un de ses fondateurs), le monastère de la Sainte-Trinité, fondé au XVIIe siècle, reste le plus important de l’Akrotiri. Bâti au milieu d’une verdure luxuriante composée d’oliviers, de vignes et de cyprès, il abrite une belle chapelle Renaissance datant de 1632, ornée d’un portail et d’un campanile aux allures typiquement vénitiennes. Depuis le XIXe siècle, le monastère constitue un centre religieux important. Il héberge une école de théologie, ainsi qu’un petit musée où sont exposés de nombreux objets de culte datant des XVIIIe et XIXe siècles, des manuscrits du XIIe siècle et des icônes des XVIe et XVIIe siècles.
Moni Gouverneto
Du monastère Agia Triada part une piste qui rejoint Moni Gouverneto, le monastère Notre-Dame-des-Anges, qui se trouve à 4 kilomètres au nord du précédent. Malgré ses allures de forteresse avec de hautes tours aux quatre angles, l’édifice, construit au XVIe siècle, possède tout le charme de l’architecture vénitienne. Il se compose de deux églises, la Panagia Theotokos et l’Agios Ioannis Xenos, dédiée à saint Jean l’Etranger et connue aussi sous le nom de l’Ermitis, l’ermite. Ce saint, très vénéré dans toute la Crète, se retira dans une grotte toute proche et y mourut au XIe siècle. Dans la petite église, plusieurs icônes rappellent de façon très émouvante les différents moments de sa vie.
Moni Katholiko
En sortant du Moni Gouverneto, un petit sentier mène au monastère Katholiko et à plusieurs grottes au bout de la péninsule. Un kilomètre plus loin, on atteint d’abord un sanctuaire connu sous le nom de la grotte de l’Ours. A l’intérieur se dresse une stalagmite qui fut jadis l’objet d’un culte dédié à Artemis, la déesse protectrice des animaux, étant toujours représentée avec un ours à ses côtés. Quelques minutes de marche encore et l’on rejoint alors les ruines du Moni Katholiko, construit au XIIe siècle. Ce monastère, le premier construit en Crète, servit de refuge aux ermites qui y célébrèrent en commun la liturgie catholique, d’où son nom de Katholiko. Désormais, il offre un spectacle impressionnant avec ses piliers tantôt couchés, tantôt dressés vers le ciel et un magnifique escalier de quelque 130 marches, taillées à même la roche et descendant jusqu’à une succession de grottes. C’est dans l’une d’elles que Ioannis Xenos vécut, totalement retiré du monde. A l’intérieur de la grotte, une chapelle est dédiée au saint et, chaque 7 octobre, une fête extraordinaire, emplie de joie et de ferveur, est célébrée dans ce lieu.
A chaque route ses chapelles
Elles sont partout, ornant les routes nationales comme les pistes de terre ! Ces petites chapelles, souvent dotées d’icônes ou de délicates statues, portent le nom grec d’ikonostasio. Elles sont en règle générale placées à l’endroit même où s’est déroulé un grave accident. Si les voyageurs sont encore vivants, elles sont destinées à remercier le saint du jour de l’accident. S’ils sont décédés, elles lui demandent de veiller sur la famille du défunt. Et, pour la petite histoire, sachez que les Crétois les considèrent avec humour comme les meilleurs panneaux de signalisation !
Suivez le guide !
Achetez de l’huile d’olive dans la petite boutique du monastère d’Agia Triada, elle est délicieuse !
Paxinos et Sternès
De retour vers La Canée, cet itinéraire réserve encore deux belles échappées. Le village de Paxinos, qui possède un beau monastère vénitien, et le gros bourg de Sternès, avec ses deux églises. Non loin, les archéologues ont mis au jour une cité minoenne ainsi que des maisons et des catacombes datant de l’ère chrétienne. L’occasion d’une dernière halte avant de rejoindre La Canée !