Oaxaca, vie nocturne - Mexique © Bruce Herman

Oaxaca, vie nocturne – Mexique © Bruce Herman

Oaxaca

Couvrant une bonne partie de la chaîne montagneuse de la sierra Madre del Sur, l’Etat de Oaxaca pâtit d’un relief particulièrement accidenté, freinant son développement économique. Ses vallées isolées cachent une extraordinaire richesse culturelle : parmi les 3 millions d’habitants, la moitié sont indiens, et pas moins de 90 dialectes différents sont encore pratiqués. Il n’est pas rare, en traversant ses villages, de surprendre une fête ou de croiser une procession. « Un village sans fanfare est un village sans vie », dit-on ici. Succomber au charme de sa capitale, Oaxaca, est chose facile. Bougainvillées fuchsia, acacias croulant de grappes de fleurs jaunes et jacarandas mauves s’échappent par-dessus les murs des jardins, embaumant son centre historique. Une galante invitation à flâner dans ses ruelles pavées à l’ancienne, bordées de galeries d’art et de demeures aux couleurs pimpantes, aux balcons de fer forgé et aux lourdes portes ouvragées.
Capitale de l’Etat le plus peuplé d’Indiens, Oaxaca a été la scène en 2006 d’une insurrection populaire bloquant la ville de longs mois. Parti d’une grève des instituteurs, le mouvement a gagné presque toute la population, manifestant contre la corruption, la politique répressive du gouverneur local et l’injustice sociale.

Zócalo
Depuis 1529, date de la fondation de la ville, la place principale de Oaxaca est le point d’ancrage du pouvoir administratif et religieux de l’Etat. Les allées de buis convergent vers le kiosque à musique, au centre, où un orchestre joue tous les soirs. La fresque de l’escalier d’honneur du palacio del Gobierno, qui occupe tout le côté sud de la place, retrace l’histoire de la ville et de ses protagonistes. A l’opposé, la façade baroque de la cathédrale, érigée entre 1549 et 1733, domine les petits stands des vendeurs d’artisanat indien, installés sur les pourtours des jardins de l’Alameda.

Iglesia Santo Domingo

Ouvert tlj de 7 h à 13 h et de 17 h à 20 h. Entrée libre.
En remontant la calle Macedonio Alcalá, rue piétonne pavée à l’ancienne, où alternent palais aristocratiques convertis en restaurants, boutiques d’artisanat ou galeries d’art, on rejoint le vaste parvis de l’église Santo Domingo. Joyau churrigueresque de Oaxaca. Son édification a été entamée en 1626 par les frères dominicains, poursuivant leur œuvre pendant cent ans. Les moines, chassés en 1859, date de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, Santo Domingo est alors convertie en étable pour les chevaux de la garnison voisine, la suie des torches dissimulant un véritable trésor. Restauré à partir de 1961, le plafond de la nef étale en effet un somptueux décor de scènes liturgiques, en cèdre rouge et de stuc. Au-dessus de l’entrée, le regard parcourt l’arbre généalogique de Felix de Guzmán (fondateur de l’ordre dominicain), encadré de saint Pierre, de saint Paul, des souverains d’Espagne et de soldats gardiens de la foi de saint Dominique. Sous la coupole centrale de la croisée, les missionnaires dominicains martyrs de la Nouvelle-Espagne sont entourés de chérubins. Les scènes de la sanctification et de la nativité dominent la sacristie et la chapelle de la Virgen del Rosario.

Museo regional de Oaxaca

Calle M. Alcalá. Ouvert tlj sauf lundi de 10 h à 20 h. Entrée payante, sauf dimanche et fêtes.
Dans l’ancien couvent dominicain adjacent à Santo Domingo, le Musée régional de l’Etat de Oaxaca présente, autour d’un ravissant cloître sur deux étages, des collections d’œuvres d’art sacré, notamment des statues polychromes, ainsi que des masques et des objets d’artisanat des tribus de la région. Surtout, il abrite les plus belles pièces archéologiques découvertes dans les sites environnants, notamment le trésor mixtèque de la tombe 7, à Monte Albán, mis au jour en 1932, qui renfermait près de 500 objets d’or, de cristal de roche, d’argent, de turquoise, d’obsidienne et de jade, d’os sculpté, de perles, dont deux masques mortuaires en or.

Museo Casa de Juárez

García Vigil 609, à cinq blocs au nord du Zócalo. Ouvert tlj sauf lundi de 10 h à 19 h. Le dimanche de 10 h à 17 h. Entrée payante, sauf dimanche et fêtes.
Jeune Zapotèque employé comme domestique dans cette demeure bourgeoise, Benito Juárez bénéficia de la bienveillance de son propriétaire, le prédicateur et relieur Antonio Salanueva, qui, remarquant son intelligence, finança ses études. Benito Juárez devint ensuite avocat à Oaxaca, avant de s’engager dans une brillante carrière politique, qui allait le mener au pinacle de la République. Modèle de patriotisme et de réussite sociale pour bon nombre de Mexicains, Juarez demeure un des hommes les plus populaires de l’histoire du pays.
Riche de souvenirs, cette maison-musée est surtout l’occasion de découvrir un intérieur mexicain du XIXe siècle, avec des meubles d’époque et un atelier de reliure.

 

Herbes et insectes au marché de Tlacolula

Le marché dominical de cette petite bourgade indienne, à une vingtaine de kilomètres de Oaxaca, sur la route de Mitla, regorge de passionnants étals, qui délecteront les estomacs les moins timorés. Il faut goûter aux insectes grillés, en évitant de trop regarder avant de croquer : sauterelles, grillons, fourmis ou abeilles, frits à l’huile et à l’ail, accompagnés d’un filet de citron, s’avèrent de délicieux amuse-gueules… Et, comme sur chaque marché du Mexique, ses échoppes de plantes médicinales feront le bonheur des amateurs de phytothérapie : bois de zarza panilla, contre l’anémie ; écorce de palo azul, pour les douleurs rénales et la prostate ; cocolmeca, pour perdre du poids ; tlachichinole, « pour les problèmes de la femme »(sic)…

 

Aux environs

Monte Albán

Ouvert tlj de 8 h à 18 h. Entrée payante, sauf dimanche et fêtes.
Le plus important des sites archéologiques de l’Etat culmine au-dessus d’Oaxaca, sur une colline au sommet aplani pour recevoir ce vaste centre cérémoniel. Le « Mont Blanc », baptisé ainsi pour les liserons blancs qui couvrent ses flancs, a été édifié progressivement par les Zapotèques, entre 200 avant J.-C. et 950 ap. J.-C. Au cours des trois siècles précédant la Conquista, Zapotèques et Mixtèques se livrent à une lutte féroce pour le contrôle de la vallée, les Mixtèques refoulant peu à peu les Zapotèques vers les montagnes et transformant Monte Albán en lieu de sépultures pour leurs souverains, comme en témoigne le trésor de la tombe 7.
Outre sa situation géographique exceptionnelle, on admirera l’unité, la proportion et la parfaite symétrie des temples, tous tournés vers le terre-plein central. La plupart des pyramides étaient reliées par des galeries souterraines, permettant ainsi au grand prêtre d’apparaître de l’une à l’autre comme par enchantement, devant un peuple soumis et médusé par tant de pouvoir. Au centre, un bâtiment vient troubler le bel ordonnancement des lieux : l’observatoire astronomique, dont l’orientation particulière permettait de suivre les astres quelle que soit la saison.

Santa María del Tule
Ce coquet petit village est connu pour son arbre de Tule, un ahuehuete (cyprès d’eau) qui serait un des plus vieux arbres du continent, avec 2 000 ans d’âge et près de 50 m de circonférence !

Mitla

Ouvert tlj de 8 h à 17 h. Entrée payante, sauf dimanche et fêtes.
Site zapotèque fondé au premier siècle de notre ère, Mitla était au cœur d’une zone disputée par les Zapotèques et les Mixtèques, arrivés du nord aux environs du Xe siècle. Ce centre religieux est surtout admirable pour son patio de las Grecas : un temple rectangulaire, flanqué de six grandes colonnes sur son flanc sud, dont les panneaux de pierre sont ornés de grecques, différents motifs géométriques complexes constitués d’assemblages de pierres.

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