Le nord de l’Argentine se caractérise par une succession de plaines et de forêts au nord-est et par la cordillère des Andes, imposant ensemble de montagnes et de plateaux, au nord-ouest. Ces régions, au riche passé colonial, forment le berceau du folklore argentin, aux danses et aux styles musicaux les plus variés. Entre forêt tropicale, haute montagne et traditions ancestrales, le visiteur se sent à des milliers de kilomètres de Buenos Aires et de ses allures européennes.
Le Nord-Ouest
C’est une région fascinante de par la grandeur et la variété de ses paysages. Il comprend les provinces de Salta, Jujuy, Córdoba, Tucumán, La Rioja et Catamarca. On peut aussi y inclure celles de San Juan, San Luis et Mendoza, bien qu’elles soient situées plus au sud et forment à elles trois une région distincte nommée « Cuyo ».
La Quiaca
C’est la ville la plus septentrionale d’Argentine. Face à la frontière bolivienne, elle est un passage obligé pour aller d’un pays à l’autre. Elle offre un spectacle saisissant : celui de milliers de portefaix faisant la navette entre les deux villes, chargés d’énormes sacs, à longueur de journée, pour vendre, pour un salaire de misère, des produits argentins en Bolivie, souvent au marché noir.
Yavi
A 15 km à l’est de la Quiaca, par la route RP 5.
Ce village possède une église qui est un véritable bijou. L’autel et la chaire, ornés de dorures, baignent dans une étrange et douce lumière. Il vaut mieux se renseigner sur les horaires d’ouverture avant d’y aller, cette église n’étant pas toujours ouverte.
Quebrada de Humahuaca
En descendant vers le sud et San Salvador de Jujuy, on traverse une région absolument fantastique, avec des paysages uniques au monde. C’est une vallée de plus de 100 km de long, bordée de montagnes aux multiples couleurs. Les tons vont du rose au bleu, en passant par le vert, le rouge ou l’orangé. C’est aussi un lieu historique de par son rôle lors de la Conquête espagnole : elle était un couloir de communication entre Buenos Aires, la pampa et les hauts plateaux du Pérou, par où transitaient hommes et marchandises. Parsemée de villages splendides, elle est également très riche en traditions, et le folklore musical y a été préservé.
Humahuaca
A 130 km au nord de San Salvador de Jujuy.
C’est une charmante petite ville située à 3 000 m d’altitude. La place centrale (plaza de la Independencia), entièrement pavée, ne manque pas de cachet avec ses grands poivriers. L’église (1631) est du plus pur style colonial. Elle abrite une belle série de peintures du XVIIIe siècle de Marco Zapata, artiste de l’école de Cuzco, au Pérou.
Ne pas manquer de visiter le Museo folklorico regional (445 calle Buenos Aires. Ouvert tous les jours de 8 h à 20 h. Entrée payante). Un guide passionnant y explique toutes les coutumes, croyances et fêtes de la région. A côté de la gare (avenida San Martín), un marché artisanal quotidien (qui se tient sur la place)offre les produits les plus variés.
Iruya
A 65 km au nord-est de Humahuaca.
Ce magnifique village accueille un marché très pittoresque. Les habitants sont indiens dans leur grande majorité.
Laguna de Pozuelos
A 50 km au sud-ouest de La Quiaca.
Cette lagune est une véritable réserve naturelle où nichent des milliers de flamants roses. Il est possible de s’y rendre en 4×4. On peut loger sur place mais ne pas oublier que l’on est à 4 000 m d’altitude : en quelques heures, les températures chutent de façon vertigineuse et peuvent être glaciales la nuit (jusqu’à – 30 °C quand le vent souffle !).
Plateaux de la Puna
Une très belle route (ruta N° 40) traverse les hauts plateaux, parallèlement à la quebrada de Huamahuaca. Il faut quitter Humahuaca en direction de la Quiaca, traverser le village de Tres Cruces (« Trois Croix ») et tourner à gauche avant la Quiaca pour suivre la route n° 40, entourée de paysages enchanteurs. En arrivant à Tres Moros, on prendra la petite route n° 52, qui redescend sur Purmamarca.
Purmamarca et ses environs
A 56 km au nord de San Salvador de Jujuy, en direction de Humahuaca.
C’est le village le plus typique de toute la région. La place centrale (9 de Julio) est très agréable avec ses arbres centenaires. L’église, blanchie à la chaux, évoque celles de la lointaine Andalousie. Le marché artisanal, enfin, comblera tous les amateurs de pulls, ponchos et instruments de musique. Les vieilles maisons de Purmamarca sont blotties au pied de la montagne aux Sept-Couleurs (cerro de los Siete Colores) une merveille naturelle, véritable palette de coloris qui vont du rose au vert, en passant par le beige ou le violet.
Après Purmamarca s’étend la vallée des Peintres (Paleta del Pintor), aux rochers multicolores. La légende raconte que des peintres géants les auraient badigeonnés de peintures chatoyantes.
Tumbaya(à 30 km au sud de Purmamarca) présente de pittoresques maisons en pisé. Son cimetière aux curieuses tombes bariolées mérite le détour, et le village possède une jolie église du XVIIIe siècle.
Tilcara
A 22 km au nord de Purmamarca.
Tilcara signifie « Etoile filante »en quechua. Le Musée archéologique (calle Belgrano 445. Ouvert tlj de 9 h à 19 h, en janvier et en juillet de 9 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h,est l’un des plus intéressants du pays.On y voit, provenant de différentes régions andines, poteries, bijoux, vases mortuaires ainsi qu’une momie.
Pukara de Tilcara
Ancienne forteresse précolombienne, elle se dresse sur une colline (à 15 min à pied du village). Les pukaras, généralement juchées sur des promontoires rocheux, sont nombreuses dans la quebrada de Humahuaca.
Laguna de Yala (Yala et le parc des Trois-Lagunes)
A 10 km au nord de Jujuy.
Agréablement ombragé, ce joli village séduira tous les amateurs de pêche : on y vient surtout pour taquiner la truite. Au sortir du village, prendre la route très escarpée qui mène au parc des Trois-Lagunes, magnifique et peu fréquenté.
San Salvador de Jujuy
Située à 1 260 m d’altitude, San Salvador de Jujuy (prononcer [rourouï]), première grande ville du Nord-Ouest argentin, s’appelait autrefois Xuxuyoc, du nom d’un chef inca de cette région.
La catedral(ouverte du lundi au samedi de 7 h 30 à 12 h 30 et de 17 h à 21 h et les dimanche de 7 h 30 à 12 h 30 et de 19 h à 21 h 30) construite en 1750, recèle une merveille : une chaire en bois sculptée par des Indiens formés dans des missions jésuites.
El palacio de gobierno (San Martín 450, ouvert du lundi au vendredi de 8 h à 12 h et de 16 h à 20 h. Entrée libre) abrite le premier drapeau argentin, qui date du début du XIXe siècle.
El Museo histórico provincial (calle Lavalle 256. Ouvert du lundi au samedi de 8 h à 12 h et de 16 h à 20 h. Fermé le dimanche. Entrée payante), quant à lui, héberge une collection intéressante d’objets militaires et de souvenirs du XIXe siècle, notamment de l’époque où l’Argentine a acquis son indépendance.
Salta
A 1 200 m d’altitude, Salta est une cité splendide, riche des trésors de son passé colonial. C’est sans doute la ville la plus intéressante d’Argentine après Buenos Aires. On la surnomme d’ailleurs Salta la Linda (Salta la Belle).
Catedral
Construite à la fin du XIXe siècle, elle est d’une élégante architecture coloniale. Elle abrite les statues d’une Vierge et d’un Christ qui auraient sauvé Salta d’un tremblement de terre le 13 septembre 1692, après avoir été promenées dans les rues.
Iglesia San Francisco
Calle Caseros. Ouvert de 8 h à 12 h et de 17 h à 21 h.
C’est l’une des plus originales d’Argentine. Sa tour, haute de 57 m, ne manque pas de cachet avec ses couleurs vives (rouge, jaune et gris).
Convento de San Bernardo
A l’angle des rues Caseros et Santa Fé. Ne se visite pas.
Il date du XIXe siècle. On admirera sa splendide porte en bois sculpté.
Museo de Arqueología de Alta Montaña (MAAM)
Mitre, 77. Ouvert du mardi au dimanche de 9 h à 13 h et de 16 h à 21 h. Fermé le lundi, entrée gratuite le mercredi.
Créé en 2004, c’est le dernier musée ouvert dans la ville de Salta. Il vous fera découvrir les coutumes et rites religieux de la civilisation inca ainsi que l’histoire de l’archéologie de haute montagne.
Plaza 9 de Julio et ses alentours
El monumento al general Güemes (monument au général Güemes), le héros de Salta, se dresse en une statue d’une taille particulièrement imposante.
Derrière se dessine le cerro San Bernardo (colline Saint-Bernard), qui, du haut de ses 1 454 m, offre un beau panorama sur la ville. On peut y accéder en télécabine (à l’angle des rues San Martín et Yrigoyen, de 10 h 30 à 19 h 30. Entrée payante). Les plus sportifs monteront à pied (accès devant le musée d’Anthropologie).
Museo de Antropología
A l’angle des rues Ejercito del Norte et Polo Sur. Ouvert de 9 h à 18 h 30 du lundi au vendredi, fermé le week-end.
Il présente de passionnantes collections archéologiques issues de fouilles menées dans toute la région : poteries, pièces de monnaie… et une momie qui rappelle les célèbres aventures de Tintin.
Güemes, le « caudillo » de Salta
C’est à Salta qu’est né le général Güemes, l’un des héros de l’indépendance argentine, qui s’illustra au cours de plusieurs batailles entre 1814 et 1821. Tous les ans, les 16 et 17 juin, une fête, appelée fiesta de la Independencia, est célébrée en son honneur. Des cavalcades de gauchos défilent à la mémoire de Güemes, vêtus de leurs ponchos rouge et noir (couleurs typiques des ponchos de Salta). Une grande messe a également lieu, pendant laquelle les gauchos se rendent en procession jusqu’au monument du général. Au cours de la fête, les gauchos offrent des spectacles de musique folklorique. Un grand repas, à base d’asado(viande grillée), vient couronner le tout.
Suivez le guide !
Ne quittez pas Salta sans passer une soirée dans une peña (taverne folklorique) pour y écouter des musiciens jouer des zambas, bagualas ou chacareras (rythmes typiques du Nord-Ouest argentin).
Les excursions depuis Salta
Incahuasi
A quelques kilomètres au nord de Salta.
Ce village offre les ruines bien conservées d’une forteresse précolombienne.
Tastil
A 100 km à l’ouest de Salta, par la route en direction de San Antonio de los Cobres.
Le lieu abrite un ancien village inca assez bien préservé.
El Tren de las Nubes
Départ vers 7 h généralement, retour vers 22 h. Aller-retour : 436 km. Billet dans toutes les agences de voyages de Salta.
L’excursion la plus extraordinaire au départ de Salta est, sans nul doute, l’ascension de la cordillère des Andes par ce « train des Nuages ». C’est l’un des parcours les plus fantastiques d’Argentine et même de toute l’Amérique du Sud. Le train, dont la construction, commencée en 1921, dura près de trente ans, quitte Salta pour s’engouffrer dans la quebrada del Toro (gorge du Taureau), splendide vallée qui n’a rien à envier à celle de Humahuaca. En allant en direction d’Antofagasta, sur la côte chilienne, il franchit 21 tunnels, 29 ponts, 13 viaducs, et de nombreuses crêtes, jusqu’au viaduc de la Polvorilla, à 4 200 m d’altitude, et enjambe une vallée à 64 m de hauteur, sur une longueur de 2 424 m. Emotions et frissons garantis !
Boucle Salta-Cafayate
Pour gagner Cafayate, deux itinéraires sont possibles.
A partir d’El Carril (à 38 km au sud de Salta), on peut emprunter la route no 68 (à gauche) qui suit la quebrada de Cafayate, ou quebrada de las Conchas (vallée des Coquillages), fantastique vallée dont les roches sont ciselés par l’air, l’eau et le vent.
L’autre trajet se fait par la route No 40 (prendre à droite à El Carril), qui passe par un autre secteur tout aussi somptueux : los valles Calchaquies, d’une grande diversité de paysages aux nombreux cactus.
Suivez le guide !
Vous pouvez effectuer le trajet du Tren de las Nubes en 4×4, mais, attention, la route n’est pas de tout repos !
Cafayate
A 183 km au sud de Salta.
A 1 600 m d’altitude, c’est une ville agréable, entourée de nombreux vignobles. Ses vins blancs sont très réputés. La plaza Central, ombragée de palmiers et de cèdres, est très agréable. L’église est bâtie dans le plus pur style colonial.
Museo de la Vid y del Vino
Av. Güemes, à deux pâtés de maisons de la place. Ouvert de lundi à dimanche de 8 h à 20 h. Entrée payante.
Ce musée de la Vigne et du Vin est situé dans une cave et retrace l’histoire de la viticulture locale.
Vallées Calchaquies (entre Salta et Cafayate)
On quittera Cafayate par la RN 40, qui longe les vallées Calchaquies, où serpente la rivière du même nom.
Les vallées Calchaquies abritent de petits villages non dépourvus de charme: San Carlos (à 20 km au nord de Cafayate);Angastaco (55 km au nord-ouest de Cafayate), ancien hameau indien, dont les cabanes de pisé, adossées aux dunes de sable, sont très pittoresques ; Molinos (à 40 km au nord d’Angastaco), qui possède une église massive du XVIIIe siècle.
A Solclo et Seclantas, les artisans fabriquent de beaux ponchos rouge et noir, les fameux ponchos de Güemes, identiques à ceux que portèrent l’illustre général et ses partisans gauchos aux cours de la guerre d’Indépendance.
Quilmes
A 50 km au sud de Cafayate par la route no 40. Ouvert tous les jours de 7 h jusqu’à la tombée de la nuit. Entrée payante.
La visite de ce site pré-incaïque entièrement rénové, où les Indiens Quilmes s’installèrent vers l’an 1000, présente un réel intérêt. Dans le petit musée (ouvert de 8 h à 18 h), on peut voir les objets trouvés sur le site.
Cachi
A 170 km au nord-ouest de Cafayate, le long du río Calchaqui.
Blottie à 2 300 m d’altitude au pied du cerro Cachi (plus de 6 000 m d’altitude !), la ville a conservé toute son atmosphère de l’époque coloniale. On ne manquera pas de visiter l’église, dont le toit est construit en bois de… cactus. Le Musée archéologique (Museo arqueológico Pío Pablo Díaz, Cacique Juan Calchaquí, ouvert tous les jours de 8 h à 19 h. Entrée payante) renferme une très belle collection de céramiques incas, ainsi qu’une momie particulièrement bien conservée : la « Dame de Cachi ».
Tin Tin et les environs
Après le village de Payogasta (à quelques kilomètres au nord de Cachi), la RN 40 devient difficilement praticable. Mais la visite du plateau de Tin Tin, situé à l’est (prendre la route 33), mérite le détour. On y voit de nombreux cardones (cactus d’une taille impressionnante, typique des hautes régions andines).
On franchit par la suite un col, avant de descendre la Cuesta del Obispo (« Côte de l’Evêque ») vers la vallée d’Escoipe, puis vers la jolie et verte vallée de Lerma.
« La Lune de Tucumán »: un hymne quasi « national »
Luna Tucumana (« la Lune de Tucumán ») est le titre de l’une des chansons les plus connues d’Argentine. N’importe quel Argentin saura fredonner, sinon chanter, les notes de cette zamba (rythme lent du folklore) qui s’apparente presque à un hymne national ! Tous les groupes folkloriques ont enregistré, dans leurs disques, cette chanson qui célèbre la « Lune de Tucumán… Petit tambour calchaqui, compagne des gauchos, dans les sentiers du Tafi » (région voisine). Notons qu’il n’est pas rare de voir, lors des concerts de musique folklorique, des spectateurs agiter fièrement le drapeau national. C’est dire que l’esprit patriotique est fortement enraciné dans le folklore argentin ! Bien des chansons folkloriques argentines évoquent, il est vrai, l’histoire du pays, l’épopée des gauchos et la résistance indienne contre les Espagnols.