Braga © Jsome1

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La région située au nord de Porto, aux confins de la Galice espagnole, est l’une des plus verdoyantes du Portugal. Terre de vignobles, le Minho produit du vinho verde, ce vin vert presque pétillant et si rafraîchissant. Ici, les ceps de vigne poussent en hauteur, pour laisser des surfaces de terres arables aux légumes, céréales et pommes de terre que produisent également les agriculteurs. C’est aussi, dit-on, la région où s’exprime avec le plus de ferveur le catholicisme exacerbé des Portugais. La pratique assidue, tantôt rigide, tantôt théâtrale, de la religion offre aux visiteurs l’opportunité d’assister à l’une des fameuses romarias du Nord, fête dédiée à un saint, pour laquelle les villageois rivalisent de spectacles folkloriques et danses traditionnelles, processions et drames. Sillonner le Minho, c’est surtout découvrir des églises, des monastères ou des couvents, romans, gothiques ou baroques, qui sont autant de témoignages culturels régionaux.

Suivez le guide !
Poursuivre la découverte de Braga en déambulant est la manière la mieux adaptée à cette petite ville. On s’arrêtera avec gourmandise au café Vianna, belle brasserie située praça da República, carrefour animé et piéton, pour y déguster l’une de ses délicieuses glaces maison.

Braga, la capitale
A 54 km au nord-est de Porto.
La très jolie ville de Braga la Pieuse, parfois surnommée un peu audacieusement la « Rome portugaise », aligne les églises baroques, qui résonnent de mille cloches. La capitale du Minho a toujours, de par la présence d’un épiscopat puissant, affiché sa richesse et sa foi. Ici, les fêtes de la Saint-Jean prennent une ampleur de festival international. La qualité des spectacles de rue y est, paraît-il, incomparable, et le nombre d’habitants double à cette occasion. Signe des temps pourtant, les fast-food, les boutiques branchées et les cybercafés s’installent discrètement dans les échoppes du centre-ville, qui ne proposaient autrefois que des collections ahurissantes de bondieuseries en tout genre. Comble de l’absurde, certaines boutiques n’hésitent pas à vendre des produits aphrodisiaques et même des curiosas dans des vitrines proches de celles où sont exposés crucifix et calices en argent… Cette « révolution », on la doit principalement à l’arrivée massive de jeunes, venus étudier dans la récente université, et à l’affluence d’entreprises modernes, fabriquant, entre autres, du matériel électronique.

Centre-ville
Avec ses façades baroques, ses immeubles recouverts de carreaux de faïence de couleur, ses orangers, ses rues pavées piétonnes et ses terrasses de café, le centre de Braga incite à la promenade découverte. A proximité du largo do Paço – ravissante petite place que l’on atteint en empruntant la rua do Souto, l’une des principales rues commerçantes de la ville – se trouve l’entrée de la cathédrale, construite au XIe siècle par Henri de Bourgogne, mais presque entièrement remaniée entre le XVIe et le XVIIIe siècle. D’inspiration clunisienne, la bâtisse – principalement le chœur – affiche une décoration typiquement manuéline. Dans le transept, on verra de jolis azulejos retraçant la vie de saint Pedro de Rates, premier évêque de Braga. Il faut jeter un coup d’œil au Museu da Sé Catedral, situé au premier étage. Avant de l’atteindre, on accède au coro alto, tribune située au-dessus de l’entrée de l’église, où brillent de mille feux baroques de magnifiques orgues doubles.
A voir également, la Câmara Municipal (hôtel de ville), située praça Municipal (au centre, jeter un coup d’œil sur la fontaine du Pélican, baroque en diable !) et dessinée par l’architecte André Soares, au milieu du XVIIIe siècle.

Bom Jesus do Monte
A 5 km à l’est de Braga.
Exprimant un curieux mélange de baroque pur style et de kitsch clinquant, l’escalier menant au sanctuaire du Bom Jesus do Monte fut imaginé et construit par les évêques du XVIIIe siècle. Ce chemin de croix, progressant par paliers jusqu’à l’église du Bom Jesus, constitue un parcours initiatique au cours duquel le pèlerin est censé s’élever vers Dieu – surtout s’il accomplit le chemin à genoux ! – en maîtrisant tout d’abord les cinq sens, avant d’acquérir les trois vertus essentielles, foi, espérance et charité. Avant d’arriver au sommet, où il doit brûler des cierges pour être enfin purifié, le candidat au rachat des âmes passe par différents calvaires où sont représentées les vies de Jésus et des saints. Certaines scènes pourraient servir de décor à des films d’horreur de série B… La balade vaut également pour le parc ombragé et calme qui prolonge le sanctuaire.

Braga en fête
A l’équinoxe et au solstice, ainsi que durant la semaine sainte, Braga revêt ses plus beaux habits de fête. Les célébrations des feux des deux Saint-Jean et de Pâques révèlent tout le poids de la religion, ancrée dans la vie quotidienne des habitants de la capitale du Minho. Dans toute la ville sont disposés des autels fleuris, et les visiteurs viennent en grand nombre assister aux impressionnantes processions. Des farricolos – hommes encagoulés de noir – ouvrent la route, à la lueur de leurs torches. Spectacles de rue et fêtes populaires restent, durant tout ce temps, d’humeur assez grave, malgré une volonté déterminée de faire participer au mieux la foule venue admirer la qualité des costumes et des réalisations scéniques.

Parc naturel de Peneda-Gerês
Il offre une bonne alternative entre deux visites culturelles. Délimité sur 70 000 hectares, au nord-est de Braga et aux confins de l’Espagne, ce territoire protégé dès 1971 abrite faune, flore et sites archéologiques qui attirent les randonneurs de tout niveau. Plusieurs moyennes montagnes, des rivières et des lacs, une végétation luxuriante, rendent la nature sauvage et belle. De nombreux plans des sentiers balisés, que l’office du tourisme de Viana do Castelo distribue gratuitement, aident les promeneurs à s’y retrouver. C’est en marchant que l’on a une chance d’apercevoir les sangliers et les cerfs, les aigles et les perdrix, les loutres et les furets qui vivent dans le parc. Les loups en voie de disparition sont une espèce protégée.

Guimarães
A 54 km au nord-est de Porto.
Berceau de la royauté portugaise, la petite ville de Guimarães, située au nord de Porto et au sud-est de Braga, mérite une visite-étape. Cité médiévale bien conservée, cette ville d’art est étroitement liée au destin d’Afonso Henriques, premier roi du Portugal, qui y naquit vers 1110. Depuis une haute colline, l’imposant château en granit et le palais des ducs dominent la ville basse. Il est judicieux de commencer la visite par ces deux bâtisses médiévales, puis de descendre dans le cœur de la cité, où l’on pourra admirer de belles façades de maisons, ornées de balcons en bois.

Château
Haut de 33 m, le donjon (ouvert tlj sauf jours fériés de 9 h 30 à 17 h. Entrée payante) date du XIe siècle. C’est ici que le comte Henri de Bourgogne et sa femme, Teresa, fille du roi de Castille et Léon, donnèrent naissance à un fils, Afonso Henriques, futur premier souverain du Portugal.

Paço dos Duques
Ouvert tlj de 9 h 30 à 18 h 30 (juillet-août) ; de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 17 h le reste de l’année. Entrée payante.
Tout à côté, le palais des ducs de Bragance, construit au début du XVe siècle, a été restauré en 1930, puis transformé en musée. A l’intérieur, belles collections de meubles et tapisseries.

Un mauvais fils…
Fille du roi de Castille et Léon, la mère d’Afonso Ier devint régente du comté de Portucale à la mort de son mari, Henri de Bourgogne. Teresa souhaitait conserver les liens qui l’unissait à l’Espagne d’alors, mais son fils Afonso Henriques ne l’entendait pas ainsi. Après avoir bouté les musulmans conquérants hors du comté, le futur roi du Portugal, devenu chevalier, contraignit sa mère à l’exil, après l’avoir séquestrée dans le donjon du château de Guimarães. Il négocia alors avec Alphonse VII, roi de Léon, un accord menant à l’autonomie de la région de Portucale – qui donnerait son nom, plus tard, au pays tout entier – et s’autoproclama premier roi, en 1140.

Costa Verde
Particulièrement touristique, la côte qui mène jusqu’à la ville de Viana do Castelo attire chaque année de plus en plus de vacanciers espagnols, venus notamment de Galice. Tout au long du littoral, une succession de plages immenses, protégées par de belles dunes, combleront les adeptes du « lézardage » sur tapis de sable gris ou de galets : Praia do Paraíso, Vila Cha, Vila do Conde, A-Ver-o-Mar, Apulia, Ofir… Les Bretons auront plus de facilité à s’adapter à la température de l’océan ! L’Atlantique ne bénéficie pas ici des courants du Gulf Stream et, au plus chaud de l’été, l’eau atteint rarement les 18 °C… En revanche, les amateurs de grandes promenades et de poissons frais grillés ainsi que les propriétaires de chiens y éprouveront certainement du plaisir…
Avant d’arriver à Viana do Castelo, on pourra opter pour la plage de São Bartolomeu do Mar, qui s’étend, derrière des dunes, sur une belle longueur.

Viana do Castelo
A 50 km au nord-ouest de Braga.
Entre les chantiers navals, un artisanat très spécialisé en broderies et céramiques et un tourisme de plus en plus affluent, Viana do Castelo apparaît comme une petite ville dynamique et bien entretenue. Son centre historique pavé et ses rues piétonnes, dont les maisons oscillent entre le manuélin et le style Renaissance, valent un détour d’un après-midi. En quittant Viana, jeter un coup d’œil au pont métallique qui enjambe le Lima. Dessiné par Gustave Eiffel et contemporain de celui de Porto, il présente deux tabliers, l’un réservé au trafic ferroviaire, l’autre à la circulation routière.

Praça da República et alentour
Sur la grande place de la République, au centre de laquelle une belle fontaine Renaissance coule depuis plusieurs siècles, de nombreux cafés ont installé d’agréables terrasses. On peut à loisir passer quelque temps à déguster un soda ou un vinho verde pour admirer les petites bâtisses ornées de balcons en ferronnerie, où poussent des plantes grasses et des géraniums, et de fenêtres à guillotines, ainsi que le Paços de Concelho, ancien hôtel de ville évoquant un château du Moyen Age. Les bancs en pierre placés sous ses arcades servent aux personnes âgées, qui y tiennent salon à l’ombre ! En levant le nez, on aperçoit une vague de toits aux tuiles orangées entrecoupés de clochers et… d’antennes paraboliques !
Les amateurs d’artisanat trouveront leur bonheur dans les petites échoppes autour de la praça da República et dans la rua Gago Coutinho, qui mène à la belle cathédrale de style roman.

Suivez le guide !
A l’entrée de la plage de São Bartolomeu, un immense wagon, baptisé A Carruagem, a été aménagé en restaurant de salades et poissons grillés. Très bonne cuisine et bel agencement pour cette adresse originale et sympathique.