Batiment du Gouvernement, Monterrey - Mexique ©  Carlos Sanchez

Batiment du Gouvernement, Monterrey – Mexique © Carlos Sanchez

Les territoires désertiques du Nord ont été explorés et pacifiés longtemps après le reste du Mexique. Ses cités de pionniers, prospérant grâce aux mines et à l’élevage, sont devenues des villes industrielles et modernes, fortement influencées par leur grand voisin américain. Comparés à leur développement effréné, les somptueux paysages de la sierra Madre occidentale et de la Baja California semblent immuables.

 

Monterrey

Créée en 1596, la capitale de l’Etat de Nuevo León est devenue le second pôle industriel du pays et la troisième ville la plus peuplée. On y vient plus pour affaires que par pur plaisir, mais l’esprit d’entreprise et d’indépendance de ses habitants vis-à-vis du pouvoir central et la hardiesse de son architecture contemporaine ne peuvent laisser ses visiteurs indifférents.

Plaza Zaragoza
L’immense esplanade correspond au cœur politique et culturel de la ville, avec quelques édifices coloniaux, comme la cathédrale (XVIIIe siècle), l’ancien palacio municipal et le palacio del gobierno côtoyant des gratte-ciel contemporains. L’étonnante tour écarlate du faro del Comercio (phare du Commerce), le nouveau palacio municipal et le Marco, musée d’Art contemporain, illustrent le dynamisme de Monterrey. A l’ouest de la plaza, les rues piétonnes de la zona Rosa concentrent la plupart des hôtels, restaurants et commerces.

Cerro del Obispado
Avenida Rafael José Verger s/n Col. Obispado. Ouvert tlj sauf lundi de 10 h à 18 h. Entrée payante.
C’est au sommet de cette petite colline que se sont cristallisés les événements majeurs de l’histoire de Monterrey. L’ancien palais épiscopal, construit à la fin du XVIIIe siècle, transformé en forteresse par les troupes mexicaines au cours des guerres contre les Américains, servit également de quartier général à Pancho Villa. Le museo regional de Nuevo Léon, qui occupe désormais les lieux, retrace tous ces épisodes de l’histoire.

 

Aux environs

Grutas de GarcíaAutoroute

40, à 45 km au sud-ouest de Monterrey. Ouvert tlj de 9 h à 16 h 30. Entrée payante.
Les amateurs de curiosités géologiques seront comblés dans ces immenses grottes. Leur aménagement touristique est impressionnant : un téléphérique long de 700 mètres permet d’accéder à l’entrée, et les 16 vastes salles sont percées d’une large chaussée, longue de plus de 2 km.

Saltillo
A 85 km de Monterrey, la première ville de l’Etat de Coahuila a conservé un certain charme colonial, avec sa magnifique cathédrale Santiago churrigueresque et son palacio del gobierno.

 

Durango

Sur les contreforts de la sierra Madre occidentale, Durango ravira les amateurs de westerns. Les paysages environnants, entre déserts et montagnes, ont en effet servi de décor à de nombreux films hollywoodiens. On appréciera également l’architecture coloniale préservée du centre de cette vieille cité hispanique, fondée en 1563 grâce aux profits de l’agriculture et de la prospection minière.

 

Zócalo et ses alentours
Autour de la place principale, on ne manquera pas de visiter la cathédrale baroque, le palacio del Gobierno, l’université installée dans l’ancien temple jésuite du Sagrario au cloître du XVIIIe, et surtout la casa de los Condes de Suchil, ancienne demeure du comte de Suchil, gouverneur de Durango.

 

Décors de western

Au nord de Durango, après une quinzaine de kilomètres, sur l’autoroute 40, on rejoint quelques décors de villes du Far West, traces de tournages de westerns, notamment du réalisateur John Ford. Villa del Oeste est la plus typique, et on se prend pour John Wayne à faire grincer les planches de ses trottoirs poussiéreux…

 

Chihuahua

Posé au milieu d’un vaste plateau semidésertique, dans une région longtemps exposée aux raids indiens, Chihuahua ne fut fondé qu’en 1709. Devenu une plaque tournante entre le sud-ouest des Etats-Unis et le Mexique central, la ville demeurait cependant suffisamment loin de Mexico pour que les insurgés de la guerre d’Indépendance, puis les rebelles de Pancho Villa, y trouvent refuge. La capitale de l’Etat du même nom, le plus étendu du Mexique, continue de prospérer grâce à l’élevage, aux forêts de sapins et de cèdres de la sierra Madre et à l’industrie minière. Ses larges avenues, ses cow-boys et ses bars à l’américaine, où l’on vous accueille avec un « buenas noches, good night », confèrent à Chihuahua des allures de Dallas…

Quinta Luz

Avenida Mendes. Ouvert tlj sauf lundi de 9 h à 13 h et de 15 h à 18 h. Entrée payante.
La dernière demeure de Pancho Villa est désormais un temple à la mémoire du bandido révolutionnaire. Des photos, des armes, une affiche « Wanted, Pancho Villa, 5 000 $ », qui rappelle ses incursions américaines et, clou du musée, la Dodge noire trouée de balles dans laquelle il fut assassiné, évoquent la vie violente de Villa. Il tomba dans une embuscade dans la grande rue de Hidalgo del Parral, petite ville minière à 200 kilomètres au sud de Chihuahua.

 

La secte des mennonites

Au XVIe siècle, un protestant réformateur hollandais, Menno Simonis, fonde une secte dont les membres ont la particularité de n’obéir qu’à la Bible et à leur conscience. Persécutés en Europe du Nord, ils s’exilent en Amérique du Nord. En 1921, refusant de se plier au système de scolarisation canadien, la communauté achète 92 000 hectares de terres désertiques à Cuauhtémoc, à l’est de Chihuahua. Coupés du monde moderne, ils seraient environ 300 000 à vivre de leur agriculture. On peut les croiser, blonds aux yeux bleus, habillés de couleurs sombres, se rendant au marché de Chihuahua pour y vendre leur production.

 

Barranca del Cobre

Au cœur de la sierra Madre occidentale, le territoire des Indiens Tarahumaras s’érode en d’immenses canyons, dont la barranca del Cobre (la gorge du Cuivre) est le plus fameux. « On pourrait y loger facilement le Grand Canyon », affirment fièrement les Mexicains. La ligne ferrocarril (chemin de fer) de Chihuahua al Pacifico, inaugurée en 1961, permet d’embarquer pour une fabuleuse croisière ferroviaire au fil de falaises vertigineuses. Le trajet Los Mochis-Chihuahua, long de 653 km, franchissant 39 ponts et 86 tunnels, peut s’effectuer en une longue journée ou en deux étapes, avec une nuit passée à mi-chemin, à El Divisadero ou à Creel. Le train vistatren (panoramique) offre un confort 1re classe, avec de larges baies vitrées, le train mixto est plus lent, moins confortable, mais plus pittoresque.

Los Mochis El Divisadero
Des rives du golfe de Californie, le train rejoint la sierra en trois heures. Des forêts d’épineux couvrent les crêtes, tandis que, 1 200 mètres plus bas, une végétation tropicale habille les rives des ríos. Quatre heures supplémentaires sont nécessaires pour gagner El Divisadero, qui offre une vue plongeante sur la barranca del Cobre.

Creel
L’arrêt suivant est un village né avec le chemin de fer. De là débutent d’inoubliables excursions dans les canyons alentour. Pour rejoindre le fond du canyon du Cuivre, il faut compter plus de 12 heures de randonnée allerretour, pour un marcheur en bonne condition physique. On pourra croiser quelques campements d’Indiens Tarahumaras. Creel est aussi le point de départ pour le parque nacional Cascadas, à 135 km. Avec 245 mètres de tombant, les cascadas de Basaseáchic sont considérées comme les deuxièmes au monde après celles d’Angel, au Venezuela.

 

Les Indiens Tarahumaras

L’ethnie tarahumara compte environ 60 000 âmes, disséminées dans la sierra qui porte leur nom. Subsistant grâce à leur maigre agriculture, à la vente de bois et, désormais, à la confection d’artisanat destiné aux touristes, ils demeurent dans des grottes naturelles ou des cabanons de rondins. Leur religion est un syncrétisme d’animisme et de catholicisme, où le sorcier, aidé des hallucinations dues à l’usage du peyotl, joue un rôle prépondérant. L’isolement leur a permis de conserver des traditions séculaires, et ils continuent d’éviter le plus possible les contacts avec les Mexicains et les Blancs. Malgré la création d’un parc national, leurs terres sont menacées par la déforestation. Le tesguino, bière de maïs fermenté, fait des ravages.

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