Le Kenya septentrional s’étend sur des milliers de kilomètres carrés du lac Baringo à la frontière du Soudan. C’est un paysage sévère et désertique ponctué de formations volcaniques. Les rivières ne coulent que lorsqu’il pleut. Les hommes se sont adaptés à ces conditions difficiles et ont introduit un auxiliaire, le chameau. Seuls quelques axes routiers principaux permettent d’accéder aux centres urbains.

Le lac Turkana qui est souvent le but d’une expédition dans le nord, se révèle comme la plus belle des récompenses. Il s’étend comme une mer de jade d’une éblouissante beauté. Il fut découvert au siècle dernier par un explorateur autrichien, le comte Théodore von Szek, qui le baptisa du nom du prince héritier de l’Empire Austro-Hongrois, l’archiduc Rodolphe qui se suicida à Mayerling. Le lac Rodolphe est, par la suite, devenu le lac Turkana.

Aucune route ne fait le tour complet du lac Turkana, il faut donc choisir entre la rive occidentale ou la rive orientale. La première est plus aisément accessible. A partir de Kitale, une route goudronnée mène jusqu’au Ferguson’s Gulf. Le Turkana Angling Lodge propose des parties de pêche sur le lac. Les deux îles du lac Turkana, Central Island et South Island sont toutes deux classées parcs nationaux.

Central Island est un cratère émergé au milieu duquel se trouve un lac. De nombreux oiseaux en sont les résidents permanents ainsi que les crocodiles. Le lac Turkana attire des espèces variées d’oiseaux migrateurs, particulièrement lors de leur retour vers l’Europe de mi-mars à mi-mai.

L’accès à la rive occidentale représente une véritable expédition. Mieux vaut, pour accéder à cette région, disposer d’une voiture tout terrain et organiser son voyage en autonomie complète d’eau, d’essence et de nourriture.

Quittez Nairobi par Thika, Nanyuki et Isiolo et empruntez la Trans East African Highway qui va jusqu’à Moyale, le poste frontière avec l’Ethiopie. C’est une piste de terre le plus souvent creusée de nids de poules ou de tôle ondulée ; elle est particulièrement détériorée. Mieux vaut former un convoi d’au moins deux véhicules. Elle traverse la Losai National Reserve, fondée en 1976 et arrive à la Marsabit National Reserve. Le Provincial Headquarters à Isiolo délivre les permis d’entrée dans la région.

La Marsabit National Reserve

Cette réserve s’étend sur quelque 2 070 km². En son centre, une réserve forestière, semblable à une oasis en plein désert, monte à l’assaut d’un groupe de cratères dont le plus large et le plus spectaculaire est le Gof Bongoli. Une zone intermédiaire, de sol sablonneux planté d’acacias et d’épineux, introduit le grand désert de lave noire de Dida Galgalla qui s’étend au nord.

Les principales attractions de cette réserve sont surtout les éléphants (certains portent des défenses qui pèsent jusqu’à 45 kg) et, plus difficiles à apercevoir, des grands koudous. On rencontre d’autres animaux comme la hyène rayée et la girafe. Elle abrite aussi une avifaune variée : l’outarde à ventre noir, l’autruche de Somalie, le milan à queue fourchue. 52 différentes espèces d’oiseaux de proie ont été répertoriés dans la réserve dont le gypaète barbu qui niche dans les parois des cratères. A la saison des pluies, le fond de certains cratères se remplit d’eau et attire une multitude d’oiseaux.

La distance qui sépare Isiolo de Marsabit est de 270 km, autrement dit la réserve est à 570 km au nord de Nairobi. Le Marsabit Lodge, seul hébergement possible dans la réserve, est très bien situé au-dessus de la forêt, dominant le marécage et le lac du cratère de Sokorte Dika. Plusieurs sites de camping ont été aménagés, dont un à proximité de Lake Paradise, un lieu superbe pour l’observation de la faune.

Pour rejoindre le Sibiloi National Park en bordure du lac Turkana par la route en venant de Marsabit, il faut traverser le désert de Chalbi. Un véhicule tout terrain est indispensable pour circuler dans le parc même et il faut être en autonomie complète (eau, essence, nourriture, matériel).

Le Sibiloi National Park

Ce parc de 2 480 km² se situe en bordure des rives nord-est du lac Turkana, à la frontière avec l’Ethiopie. Bien qu’enregistré comme parc national, il ne dispose pas encore des aménagements des autres parcs du Kenya. Il protège le site des importantes découvertes préhistoriques de Richard Leakey, directeur du Kenya National Museum.

Dans ce paysage de semi-désert à désertique, on peut voir de grands mammifères tel le topi, le zèbre, la girafe, la gazelle de Grant, le lion, la panthère et le chacal doré. Les oiseaux sont également nombreux car attirés par les eaux du lac, mais ils n’ont pas encore été répertoriés. Le parc ne dispose d’aucune infrastructure hôtelière. Pour obtenir l’autorisation de visiter le parc, adressez votre demande au Warden, Sibiloi National Park, PO Box 162, Nanyuki, Kenya.

Pour retourner vers Nairobi par un autre itinéraire, après avoir quitté Sibiloi, prenez la direction de Loyangalani sur la rive du lac. Le confort de l’Oasis Lodge Safari Camp apparaît comme un véritable retour au monde civilisé. A proximité, deux villages abritent une ethnie de 500 membres, les el-Molo, dont l’activité est exclusivement la pêche sur le lac Turkana. Prenez la route vers le sud en direction de South Hor. Vous arrivez ensuite à Maralal, centre administratif du district Samburu. Jomo Kenyatta y fut détenu par les Anglais pendant la révolte Mau-Mau et c’est aujourd’hui le lieu de résidence de l’explorateur britannique, Wilfred Thesiger. Maralal dispose d’un lodge confortable le Maralal Safari Lodge, à proximité d’un point d’eau où viennent se désaltérer buffles, zèbres, gazelles, impalas et parfois des léopards. On retrouve la route goudronnée à Rumuruti, 134 km plus au sud. Retour vers Nairobi par Nakuru.

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