La région est une vaste succession de plaines et de forêts que traversent deux grands fleuves : le río Paraná et le río Uruguay, débouchant tous deux dans l’estuaire du río de la Plata. Région d’agriculture et d’élevage extensif, le Nord-Est héberge les vestiges somptueux des édifices jésuites construits durant l’époque coloniale, mais surtout la splendeur des cataractes d’Iguazú.
Une partie du Nord-Est s’appelle… la Mésopotamie(mesos en grec signifie « entre » et potamos« fleuve »). En effet, les provinces d’Entre Ríos, Corrientes et Misiones sont intégralement situées entre les cours des fleuves Paraná et Uruguay, et constituent un paradis pour les chasseurs et les pêcheurs. Les paysages, parsemés de forêts et de bosquets, font de cette région une véritable réserve naturelle.
Rosario
A 370 km au nord-ouest de Buenos Aires.
Troisième ville d’Argentine, elle connut un développement très important au xixe siècle, avec l’arrivée massive d’immigrants européens. Rosario a longtemps été un port fluvial prospère.
En se promenant dans le centre-ville, on se rend compte de ce que purent être la richesse et la prospérité locales en regardant les beaux hôtels particuliers, le tracé des parcs et des avenues. Dans le parque Belgrano se trouve le monumento a la Bandera (monument au Drapeau). C’est ici qu’en 1812 le général Belgrano fit hisser le premier drapeau argentin.
Le museo municipal de Bellas Artes Juan Castagnino (avenida Pellegrini 2202. Entrée payante. Ouvert les lundi, mercredi et vendredi de 14 h à 20 h et les samedi et dimanche de 12 h à 19 h 30) mérite une visite.
Ne manquez pas d’aller voir, le MACRO (Musée National d’Art contemporain de Rosario) installé dans un ancien silo a grains.
Santa Fé
A 170 km au nord de Rosario par la RN11.
Bien que plus petite que Rosario, Santa Fé est la capitale de la province du même nom.
Calle San Martín, on visitera deux églises attachantes. Nuestra Señora de los Milagros (Notre-Dame-des-Miracles), construite par les Jésuites, a conservé sa voûte en bois de caroubier (arbre typique des pays chauds) et un tableau qui serait le plus ancien d’Argentine : La Vierge Immaculée ou Vierge des Miracles,peinte en 1633 par le jésuite français Louis Berger. L’iglesia San Francisco, elle, dépendait autrefois d’un couvent de franciscains. L’intérieur présente une jolie décoration en bois et deux belles peintures de Bernardo Rodrigues (XVIIe siècle) : une descente de Croix et un tableau intitulé Conquistadora. Dans les anciens bâtiments du couvent, à proximité de l’église, se trouve aujourd’hui un Museo histórico nacionalretraçant l’histoire de la province (3 de Febrero et San Martín. Horaires variables selon les saisons, mieux vaut appeler 4573529. Entrée libre). En 2000, s’est ouvert le museo de Arte Contemporaneo qui regroupe une collection d’œuvres mettant en valeur le patrimoine historique de la ville de Santa Fé et ses alentours (bv. Pellegrini, 1578).
Paraná
Capitale de la province d’Entre Ríos, elle fait face à Santa Fé, sur la rive est du Paraná. Pour s’y rendre, on passe par un tunnel long de quelque 30 km, le tunnel subfluvial Raul Uranga, le seul de ce genre en Amérique latine.
Cayastá
A 80 km au nord de Santa Fé.
C’est ici même que fut fondée la première ville de Santa Fé. Constamment menacée par les attaques des Indiens, elle dut être réinstallée plus au sud, à son emplacement actuel. Les restes de la première fondation tombèrent dans l’oubli et furent recouverts par une végétation luxuriante. Il fallut attendre le XXe siècle pour que l’on redécouvre ces vestiges, construits en pisé.
Reconquista et Goya
A 250 km au nord de Cayastá.
Elles se font face de chacune des deux rives du Paraná, que l’on peut traverser au moyen d’un bac. Le fleuve est parsemé d’îlots boisés, et la traversée ne manque pas d’attraits.
Paso de la Patria, un paradis des pêcheurs
La rencontre de deux fleuves à Corrientes et leurs eaux tumultueuses attirent de nombreux pêcheurs. Au lieu-dit Paso de la Patria, les eaux abondent en dorados. Ce poisson d’assez grande taille tire son nom de sa couleur or. C’est une variété très combative et fort difficile à ferrer. De ce fait, les pêcheurs sont nombreux à cet endroit, de juillet à novembre (période la plus propice pour la pêche). Sur place, on trouve tout le nécessaire pour pratiquer cette activité dans les meilleures conditions (matériel, bateaux, hébergement). Les amateurs de chasse, eux, seront comblés par la variété du gibier (lièvres, perdrix, chevreuils) présent dans la région (bien se renseigner au préalable à Corrientes sur les périodes les plus propices à la chasse).
Resistencia
A 290 km au nord de Reconquista par la RP1.
Ses rues sont ornées de nombreux motifs et sculptures. Dans le quartier de Toba, les Indiens vendent un artisanat remarquable (bijoux, sacs). On sent ici se rapprocher l’influence d’une autre culture indienne,celle des Guaranis, que l’on retrouve à l’extrême nord-est de l’Argentine ainsi qu’au Paraguay et dans le Sud brésilien.
Corrientes
C’est ici, sur la rive gauche du Paraná, que se rejoignent ce dernier et le Paraguay. La ville est reliée à Resistencia par un gigantesque pont, le puente general Manuel Belgrano, qui franchit le fleuve à une hauteur de 35 m, ce qui permet la navigation des cargos, et atteint 1 700 m de long.
Corrientes, capitale de la province du même nom, mérite la visite au moment du carnaval (en février). On visitera l’église de la Sainte-Croix-du-Miracle (la Cruz de los Milagros), renfermant une croix « miraculeuse »qui aurait aidé les Espagnols à vaincre les Indiens lors d’une attaque de la ville en 1588.
Suivez le guide !
Ne manquez pas d’écouter le folklore du Nord-Est, particulièrement vivace à Corrientes, notamment les rythmes de chamamé ou de guarania, qui s’interprètent à la guitare et, parfois, à l’accordéon.
San Luis del Palmar
A 30 km à l’est de Corrientes par la RN 12.
Cette jolie petite ville a gardé sa fraîcheur coloniale.
Itatí
A 25 km à l’est de Corrientes.
C’est l’un des lieux de pèlerinage les plus célèbres d’Argentine. La basilique contemporaine abrite une image miraculeuse de la Vierge qui serait réapparue à cet endroit, après avoir été volée lors d’une attaque indienne.
Les îles de Yaciretá et Apipe
A 250 km à l’est de Corrientes.
Elles sont actuellement le site d’un gigantesque chantier en vue de la construction d’un énorme barrage.
Posadas
A 100 km à l’est des îles de Yaciretá et Apipe par la RN 12.
C’est la capitale de la province de Misiones. Elle peut être une ville d’étape appréciable (posadas signifie d’ailleurs « auberges »en espagnol).
Si l’on dispose d’un peu de temps, on visitera le museo regional Aníbal Cambas (calle Alberdi, 600. Ouvert du mardi au vendredi de 7 h 30 à 12 h et de 15 h à 19 h 30, 9 h à 12 h et de 16 h à 19 h samedi, 16 h à 19 h dimanche et férié. Entrée libre), qui retrace l’histoire des Jésuites et des Indiens Guaranis.
Dès l’arrivée à Posadas, on est frappé par la transformation de la végétation. Ici, le tropique est tout proche, la chaleur se fait omniprésente et les vêtements collent à la peau. On est également frappé par la couleur rouge de la terre.
Posadas est reliée par un pont à Encarnación, ville frontalière du Paraguay, d’où les paysans viennent en Argentine vendre les produits de leur culture.
Les missions jésuites
La province de Misiones doit son nom aux colonies de Jésuites qui s’installèrent dans ces contrées à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle et entreprirent la conversion des peuples indiens. Ils construisirent, ainsi, des reducciones, sortes de villages dans lesquels les autochtones, réduits à une vie sédentaire, recevaient une instruction religieuse, travaillaient l’artisanat, apprenaient à lire et à écrire. Les Jésuites, de leur côté, étudiaient les langues et les traditions indiennes, et rédigèrent d’ailleurs de nombreux ouvrages à leur sujet. Entre 1700 et 1750, on comptait près de 30 missions de 1 000 à 7 000 habitants chacune.
Ces missions jésuites prospérèrent tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, ce qui finit par susciter la jalousie du roi d’Espagne. Charles III en ordonna donc la dissolution. Ces missions, pourtant, permirent aux Indiens d’échapper à de nombreux massacres. Les ruines des missions jésuites sont classées au Patrimoine mondial de l’humanité depuis 1984.
San Ignacio Mini
A 55 km au nord-est de Posadas. Ouvert tous les jours de 7 h à 19 h. Entrée payante.
C’est la mission la plus connue.
Construite à partir de 1632, San Ignacio était une véritable petite ville, comprenant ateliers, logements, cuisines, dépendances… Elle rassembla jusqu’à 4 000 habitants en 1731. Ses ruines furent complètement recouvertes par la jungle jusqu’en 1897, date à laquelle on entreprit de les dégager. Restaurées, elles sont magnifiques et se détachent admirablement de leur écrin de verdure. Le portail à colonnes, délicatement sculpté par les Indiens, est un pur chef-d’œuvre.
Santa Ana
A 40 km au nord de Posadas. (Ouvert tous les jours de 7 h à 19 h. Entrée payante).
Cette mission fut construite à partir de 1637, et le site abrite d’importants vestiges, dont la restauration vient de débuter.
Cataratas del Iguazú (Chutes d’Iguazú)
Elles constituent l’un des moments les plus extraordinaires d’un voyage en Argentine. Pour s’y rendre, la ville la plus proche est Puerto Iguazú(220 km au nord-est de San Ignacio par la RN 12). Juste à côté s’étend le parque nacional de Iguazú, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, qui abrite les célèbres cataractes.
Iguazú signifie « Eau grande »en guarani. Deux cent soixante-quinze chutes d’une hauteur de 70 m se jettent dans le fleuve Iguazú, sur un front de 2,5 km. Ces chutes sont supérieures, de par leur ampleur et leur volume d’eau, à celles de Victoria, en Afrique, ou celles de Niagara, en Amérique du Nord. D’autre part, elles ont gardé leur environnement originel, à savoir leur écrin de forêt tropicale. Ici, pas de béton comme à Niagara. La plupart des chutes sont en Argentine, c’est donc du coté brésilien que l’on a la meilleure vue de l’ensemble. La ville la plus proche, côté brésilien, est Foz do Iguaçu.
L’été est la meilleure saison pour admirer les chutes car c’est là que le volume d’eau est le plus important.
Las cataractas
Parc ouvert de 7 h à 18 h. Entrée payante. Dernier bus vers les chutes à 19 h, dernier retour des chutes vers l’entrée à 20 h environ. Bien se renseigner sur les horaires, qui changent selon les saisons.
Pour se rendre à la garganta del Diablo (gorge du Diable), chute la plus impressionnante, il faut aller à Puerto Canoas (à 3 km au sud du parking principal). On marche ensuite à travers la forêt.
On ne manquera pas d’admirer également la somptueuse chute Bozetti et d’aller à l’île San Martín (accès gratuit en bateau), au pied des chutes.
Sur le cours inférieur de la rivière, on admirera el salto de las Dos Hermanas (chute des Deux-Sœurs), deux cataractes situées côte à côte. On y accède par un agréable sentier balisé.
La faune tropicale
La faune est extrêmement variée dans cette région tropicale de l’Argentine. Le toucan toco, magnifique oiseau au bec orange, est le symbole d’Iguazú. On peut également voir des colibris (oiseaux-mouches) et différentes sortes de perroquets dont les splendides aras macao (rouge, jaune et bleu) et aras ararauna (jaune et azur), espèces désormais protégées car longtemps victimes d’un trafic intense. Le jaguar, quant à lui, est présent dans cette région, mais reste très rare. Enfin, les fourmiliers tamanoirs, curieux mammifères mangeurs de fourmis, et les loups à crinière (hauts sur pattes !) sont également des hôtes de la forêt vierge argentine et brésilienne.
Dique de Itaipú (barrage d’Itaipú)
A la frontière entre le Brésil et le Paraguay, au nord de la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Ouvert à la visite (1 h 30) de 8 h à 10 h et de 14 h à 16 h. Entrée payante.
Ce barrage est le plus grand du monde. Il témoigne des projets grandioses des militaires lors des dictatures des années 1970. La paroi de béton qui retient l’eau mesure 196 m de haut (la hauteur de la tour Montparnasse, à 10 m près !). Le lac, lui, couvre 1 400 km2.
En redescendant vers Buenos Aires, le long du río Uruguay
En suivant le cours de l’autre grand fleuve du Nord-Est argentin, on peut faire un détour par les chutes de Moconá (au sud d’Iguazú). Ces chutes de 5 à 12 m de hauteur sont à mi-chemin entre les chutes d’Iguazú et la ville de Posadas sur le río Uruguay.
Obera et Apóstoles
A 300 km au sud d’Iguazú par la RN 14.
Obera est une tranquille et agréable ville de province. Apóstoles (« Apôtres », à 80 km au sud d’Obera) est la capitale argentine du thé et du maté.
Cette boisson amère, qui se sirote dans une calebasse au moyen d’une pipette métallique, est très prisée en Argentine
Yapeyú
A 230 km au sud d’Apóstoles par la RN14.
Concordia
A 300 km au sud de Yapeyú.
Située en face de Salto (en Uruguay, de l’autre côté du fleuve), elle vit essentiellement de l’élevage et de la culture d’oranges et de citrons.
Parque nacional El Palmar
A 50 km au sud de Concordia par la RN14.
Il doit son nom à ses très belles palmeraies. C’est une magnifique réserve qui abrite nandous, cigognes, grues, loutres, hérons… Des terrains de camping se trouvent à proximité. On peut également dormir à Ubajay (au nord-ouest du parc).
Suivez le guide !
En ouvrant l’œil, vous verrez sans doute des troupes de nandous (cousins sud-américains de l’autruche) détaler devant votre véhicule. Ces oiseaux constituent l’un des emblèmes de la pampa argentine.
Palacio de San José et alentour
De Colón(à 75 km au sud du parc national d’El Palmar), on peut se rendre au palais San José (palacio San José Ruta 39, à 35 km de Concepción del Uruguay, ouvert du lundi au vendredi de 8 h à 19 h, samedi, dimanche et jours fériés de 9 h à 18 h. Entrée payante), où vécut le général Urquiza (1800-1870), le premier président de la république Argentine. Classé monument historique, l’édifice est d’un réel intérêt.
On se dirigera ensuite vers le grand pont qui franchit le Paraná, entre Brazo Largo (« Long Bras ») et Zárate. En chemin, la petite ville de Paranacito (« Petit Paraná », à l’extrémité sud de la Mésopotamie)mérite le détour pour la vue qu’elle offre sur le fleuve et son delta.