Au nord de Madagascar, les Hautes Terres butent contre les montagnes du Tsaratanana et le plus haut sommet du pays : le Maromokotro (2 876 m). La région, parfois isolée du reste du pays à cause des pluies torrentielles qui coupent pistes et routes, présente une autre facette du pays. Mais elle est surtout riche de son histoire, de sa diversité ethnique, de ses couleurs et de ses ambiances.
Le cap Est
A 4 h de vélo d’Antalaha.
En remontant de la baie d’Antongila vers la côte de la Vanille se découpe ce cap réputé pour la beauté de ses paysages et de ses coraux, et propice au farniente, à la plongée, au snorkeling et à la photographie.
Antalaha
Charmante, reposante, la « capitale » de la vanille possède encore des demeures bourgeoises et de nombreux ateliers qui témoignent de la puissance économique de « lavanilla », comme disent les Malgaches. Son port aux boutres et ses chantiers navals dévolus à la construction de ces bateaux traditionnels sont aussi à voir. Loin des logiciels informatiques, les charpentiers travaillent à l’ancienne, traçant à même le sol les membrures des navires avant de les réaliser avec des outils parfois rudimentaires mais efficaces.
Sambava
Dominée par le massif de Marojejy, Sambava jouit d’une beauté sensuelle. Sa coquetterie vient de l’argent de la vanille, du café et des épices. Véritable jardin en bord de mer, la ville resplendit des mille et une couleurs des rosiers, letchis et autres orchidées.
Quartier du port
Le centre-ville s’étire le long d’une rue principale qui descend jusqu’à la mer. Tôt le matin, on peut voir les pêcheurs qui rentrent au port et s’amusent à faire la course à bord de leurs pirogues.
Quartier Antanifotsy
Très vivant, le quartier des stations de taxis-brousse et du marché vaut la visite. On y fait le plein de gousses de vanille et de soubiques (paniers) de toutes tailles et de toutes couleurs.
Les environs
Les plages semblent infinies, mais attention : bien qu’il paraisse qu’on ne rencontre ni requin ni barracuda à moins de 80 m de profondeur, mieux vaut rester prudent et préférer la rade d’Ampandrozonana (à 3 km au sud) ou remonter vers le lac d’Antohomaro. Un très beau site pour la pêche ou la baignade.
Andapa
A 50 km au sud-ouest de Sambava.
Grenier à riz du Nord, la cuvette d’Andapa borde les plus vastes étendues de forêts primaires du pays. Riche et luxuriante, la région est une suite de rizières, cocotiers, arbres à pain, bananiers, champs de manioc, bambous et raphias.
A la saison sèche, la localité est le point de départ pour des randonnées à travers la forêt primaire.
Parc national de Marojejy
De nature montagneuse, avec des altitudes qui atteignent les 2 130 m, le parc s’étend sur 60 050 ha. Il abrite une étonnante biodiversité. Côté faune, il accueille 148 espèces de reptiles et d’amphibiens, 115 espèces d’oiseaux, 11 espèces de lémuriens ainsi que des espèces plus endémiques, comme le caméléon Tangarirana, le lémurien Simpona ou l’aigle serpentaire de Madagascar. La flore est également remarquable, avec plus de 50 palmiers.
Cocoteraie de Soavanio
Route d’Antalaha.
Si Sambava passe pour être la capitale de la vanille et la plaque tournante du commerce du café, la région accueille aussi la plus vaste cocoteraie industrielle du pays et même l’une des plus importantes du monde ! Les arbres qui y poussent sont un habile croisement entre le cocotier d’Afrique et celui de Malaisie. De ce curieux mélange est sorti un cocotier « typiquement » malgache au rendement exceptionnel.
Suivez le guide !
Poussez la porte d’un atelier de transformation de vanille pour y découvrir les opérations de séchage, de tri et d’emballage.
Vohémar (Irahana)
« Irahana » est un autre centre de production de vanille. Parfois difficile d’accès à la saison des pluies, Vohémar serait l’endroit où les Zaïdites, descendants de Mahomet, auraient accosté au IXe siècle.
Descendre la Lokoho en pirogue
Une pirogue effilée, des rameurs expérimentés et des paysages splendides. A Antsahabe (à 40 km d’Andapa), il est possible de louer – après un marchandage serré – une pirogue et ses rameurs pour se laisser glisser sur la rivière Lokoho. Un enchantement ! Aucun bruit de moteur ne vient concurrencer celui des rames, sauf les chants des oiseaux ou le grincement des immenses bambous. La descente prend vite des allures d’expédition en terre vierge. Impression confortée lors du retour, qui s’effectue à pied (bonnes chaussures de marche conseillées), par une piste forestière. Au fil de la randonnée, on goûte aux corossols qui poussent en lisière de piste, on débusque un caméléon et l’on fait halte dans l’un ou l’autre village où l’authenticité et la quiétude font encore partie des vraies valeurs.
Lac Andranotsara
Surnommé le lac Vert, il est entouré de nombreux fady. Ceux-ci s’attachent à une légende qui veut qu’un village se soit jadis dressé à cet endroit. Une nuit, un monstre à sept têtes s’y serait endormi et le sol aurait cédé sous son poids. Sept jours de pluie auraient englouti le village. Les crocodiles qui vivent ici seraient la réincarnation des villageois.
Diego-Suarez (Antsiranana)
Célèbre pour sa baie et pour son port, Diego-Suarez (« Antsiranana », « là où il y a un port ») est une cité de charme. Le sourire de sa population métissée, son mélange architectural, son environnement naturel, le soleil qui la baigne d’une lumière qui évolue au fil de la journée font partie des attraits de « Diego ».
Centre-ville
Autour de la place Foch
Au sud, les rues montent vers le quartier populaire de Tanambao. Au nord, elles filent vers la mer. Les anciennes maisons coloniales, les mosquées et les constructions malgaches plus récentes s’alignent sous le soleil. Les femmes voilées ou protégées par le masque de santal déambulent ou se rendent au bazar kely (« petit marché »). Entre les étals, les Noirs, Indiens, Métis, Blancs, Asiatiques se mêlent harmonieusement et prennent comme jadis le temps de vivre.
Il faut attendre la tombée de la nuit pour que la ville s’éveille vraiment. Le long de la rue Colbert, de nouveaux étals apparaissent comme par magie : sous quelques lampes falotes, des casseroles s’entassent, des odeurs épicées envahissent la rue, et il est possible de se restaurer de plats simples, odorants et savoureux.
La ville basse
Bordée par le port et l’anse de la Dordogne, elle vit au rythme des arrivées de cargos et thoniers, gage de travail pour les dockers, de devises pour les boutiquiers et restaurateurs. Pour savourer l’ambiance des lieux, flâner sur l’avenue Richelieu, s’arrêter devant les vestiges de l’hôtel de la Marine, qui, malgré son délabrement, conserve un peu de son élégance. Au bout de la rue qui porte son nom, une statue du maréchal Joffre se dresse avec l’océan Indien en toile de fond. L’endroit offre la plus belle vue sur la rade.
Libertalia, idéalisme et utopie
1690. Le Français Misson, bourgeois, marin et pirate, concrétise un rêve : après être passé aux Comores, il s’installe à Diego et y fonde la République pirate de Libertalia. Une communauté démocratique dont les hommes épousent les femmes locales et où tous s’occupent des champs. Lorsque le besoin s’en fait sentir, Misson et ses hommes reprennent la mer et attaquent les navires qui passent au large. Un jour, de retour d’expédition, il retrouve sa cité dévastée : maisons et champs détruits, hommes assassinés, femmes et enfants enlevés par les Antakarana. Cette attaque signe la fin de la jeune république.
Les environs de Diego-Suarez.
Montagne des Français
A 7 km au sud de Diego-Suarez.
Baptisé ainsi en hommage aux soldats français et malgaches tués en 1942 par les troupes de Vichy, l’endroit est enchanteur et abrite les vestiges d’un fort et plusieurs grottes. Il est surtout le refuge de plusieurs espèces d’oiseaux. Il offre également une vue grandiose sur la baie des Français. Deux heures de marche suffisent pour atteindre le sommet (400 m).
Trois baies
A 20 km environ à l’est de Diego-Suarez.
Les baies de Sakalava, des Pigeons et des Dunes constituent une harmonieuse suite de plages de sable fin qui incitent d’autant plus au bronzage et à la baignade qu’elles sont peu fréquentées. Le lagon qui borde la baie des Dunes permet de nager au cœur d’un magnifique aquarium naturel.
Baie des Français
Autour de Ramena.
Considérée comme la deuxième plus belle baie du monde, juste après celle de Rio de Janeiro, la dernière baie de Diego pousse la comparaison jusqu’à posséder son « pain de sucre », d’origine volcanique et haut de 122 m : la petite île de Nosy Lonja, sacrée (les étrangers y sont fady), où s’organisent des cérémonies au cours desquelles les Malgaches évoquent leurs ancêtres.
Ramena
A 18 km à l’est de Diego-Suarez.
Ce village de pêcheurs ferme l’extrémité sud de la baie des Français. Malgré la pression touristique, les pêcheurs conservent encore un mode de vie typique. Tout à côté, une plage de sable blanc bordée de cocotiers et léchée par l’océan invite au farniente et à la baignade.
Suivez le guide !
A la tombée du jour, cap sur la plage de Ramena : le coucher de soleil sur la baie des Français est fabuleux.
Windsor Castle
A 40 km de route et de piste de Diego.
Cette impressionnante formation rocheuse, haute de 391 m, domine la baie du Courrier. Elle servit de fort aux Anglais, puis aux troupes de Vichy, avant d’être reconquise, en 1942, par les Britanniques. Un difficile escalier en ruine mène à son sommet : le panorama offert sur la baie et l’entrée du canal du Mozambique est grandiose.
Nosy Hara
Au large de la côte ouest de Diego-Suarez.
Les amateurs d’escalade se réjouiront des falaises de cet archipel qui borde l’océan Indien, idéales pour pratiquer ce sport. De même, les plongeurs pourront visiter les fonds marins dans des conditions optimales. L’île abrite par ailleurs des tortues et oiseaux endémiques.
Cap d’Ambre
A 80 km environ au nord de Diego-Suarez.
Accessible uniquement en 4 x 4 et en saison sèche ou par bateau, il marque la pointe nord de l’île. Ses criques sauvages et paradisiaques ainsi que son phare mythique donnent un charme certain à ce lieu. Avec un peu de chance, il est possible d’observer au loin des dauphins et baleines.
Parc national de la Montagne-d’Ambre
A 40 km au sud de Diego. Permis de visite payant. Guide obligatoire.
Créé en 1958, ce parc s’étend sur 18 200 ha de massif volcanique. C’est le site naturel le plus populaire de la région. Le sud est isolé et souffre périodiquement d’incendies et de travaux de déboisement. Le nord est mieux adapté à la découverte de la nature, grâce à 20 km de pistes.
Ce massif, dont l’altitude passe de 850 à 1 475 m, est le prolongement de la forêt tropicale de l’est. Il abrite une végétation luxuriante et plusieurs espèces endémiques spécifiques au nord. Il recèle reptiles et amphibiens, 70 espèces d’oiseaux, sept variétés de lémuriens et le fosa, carnivore issu de la préhistoire et qui ne vit plus qu’à Madagascar.
Le lac de la Coupe-Verte invite au repos et au pique-nique. Un peu plus loin, la cascade d’Antakaranaremet en mémoire des croyances locales.
Lac sacré d’Antanavo
En observant la surface du lac, on distingue des yeux et des oreilles qui affleurent à la surface de l’eau : les crocodiles sacrés. Les Malgaches leur offrent de la viande de zébu pour honorer les ancêtres dont les sauriens sont la réincarnation. Heureux présage : si les morceaux de viande font sortir les crocodiles de l’eau, cela veut dire que les ancêtres sont satisfaits et que la période sera heureuse.
Réserve spéciale de l’Ankarana
A 100 km au sud de Diego. Ouvert toute l’année. Permis de visite payant. Guide obligatoire. Tarifs variables en fonction des visites.
La réserve englobe un environnement sauvage et aride aux allures parfois extraterrestres. Surtout les « tsingy », des formations coralliennes et rocheuses inscrites au Patrimoine mondial de l’Unesco.Ces sculptures minérales s’étendent sur 35 km et s’insinuent entre forêts, grottes et rivières. Sur plus de 18 000 ha, la réserve présente une végétation faite de cactées, baobabs, figuiers… Chez les animaux, les 10 espèces de lémuriens gardent la vedette malgré la présence de 80 espèces d’oiseaux, de caméléons et de quelques crocodiles.
Plusieurs sites méritent une visite particulière : le siphon de Mahamasina (« là où se perd la rivière »), où s’enfoncent deux rivières en un spectacle saisissant, la grotte Andrafiabe, 11 km de long et 100 km de passages, et la grotte des Chauve-Souris, remarquable par ses formations calcaires.
Tsingy rouges
A 70 km de Diego-Suarez.
Les aiguilles acérées du massif des Tsingy rouges représentent un patrimoine naturel unique de Madagascar. En empruntant la route en direction d’Ambilobe, après avoir traversé rizières et savanes, il ne faut pas rater ce canyon parsemé de concrétions sableuses qui s’élancent vers le ciel. Constituées de grès, de marne et de calcaire, elles sont le fruit de l’érosion naturelle et constituent un spectacle époustouflant. Plus au sud, le lac Sacré vaut le détour. Attention, il abrite des crocodiles…
Joffreville
Appelée « Ambohitra » par les Malgaches, Joffreville est l’ancien lieu de villégiature des soldats français en garnison dans la région. Fondée en 1902 par le maréchal Joffre, la ville est appréciée pour sa fraîcheur d’altitude et sa sérénité. Certes, sa période de gloire est loin, l’électricité y est fantaisiste et les commerces quasi inexistants. Mais c’est peut-être ce qui maintient son charme comme hors du temps.
Du foie gras à Madagascar ?
La production de foie gras à Madagascar a débuté dans les années 1960 à Behenjy, dans la région de Vakinankaratra. En 1983, la création de la société Bongou a permis d’élargir les zones d’activité et d’approvisionnement. Dès lors, des éleveurs vivant vers Fianarantsoa, Antsirabe, Ivato, Mahitsy se spécialisent dans le gavage de canard. En 1997, l’embargo instauré par l’Europe sur les produits carnés venant de Madagascar frappa de plein fouet ce marché. Depuis, quelques sociétés continuent à fournir les restaurants locaux et les supermarchés du pays. Ce foie gras est réputé bien plus fin que l’européen et le coût de la main-d’œuvre locale rend le produit abordable pour les résidents aisés ou les touristes.
Ambilobe
A 150 km environ au sud de Diego-Suarez.
Ce village quelconque est au cœur d’une région qui passe pour être la « corne d’abondance » du pays. Tout y pousse ou presque : café, girofle, vanille, coton, cacao… En outre, c’est d’ici que partent la plupart des excursions vers la réserve de l’Ankarana. Seul véritable centre d’intérêt : la rhumerie de Sirama, accessible aux visiteurs pendant la saison.
Ambanja
30 min de route d’Ankify.
Au bord de la rivière Sambirano, cette ville de transit invite à la promenade le long de l’estuaire. En poussant un peu en amont, vers Benavony, on aperçoit quelquefois des maki macaco.