La côte sud est sans doute la plus sauvage. Du morne Brabant jusqu’à Souillac, on traverse seulement de petits villages créoles entourés de plantations de cannes à sucre qui descendent doucement des collines jusqu’à l’océan. Peu à peu la barrière de corail s’estompe, l’océan bleuit et la baignade est déconseillée, en raison des courants violents. Après Souillac, la côte devient rocheuse, découpée, offrant presque des similitudes avec la Bretagne. A l’intérieur, les champs de cannes ondulent sous le vent, occupant tout l’espace. Vers Mahébourg, l’océan s’apaise et offre un des plus beaux lagons de l’île, celui de Blue Bay. Là, comme à Pointe d’Esny, des campements de charme se sont établis. Plusieurs haltes sur cet itinéraire : la ferme des crocodiles, les chutes de Rochester et la maison du grand poète anglophone de l’Île, Robert-Edward Hart (prévoir une demi-journée pour cet itinéraire) . Morne-village
Ce petit village créole étire ses maisons le long d’un lagon turquoise. Sur la plage reposent des dizaines de barques de pêcheurs. De Morne-village à Souillac la route longe la côte, passant par les villages de Baie-du-Cap et Bel-Ombre. On peut s’y arrêter pour regarder la mer, papoter avec les vieux ou continuer son chemin. 

Souillac

Ce gros bourg doit son nom au vicomte François de Souillac qui fut Gouverneur de Maurice au XVllle siècle. Quelques unes des plus anciennes tombes de l’Île se trouvent dans le cimetière marin. On peut déjeuner au restaurant Le Battelage, au bord de l’eau. 

La maison de Robert-Edward Hart

L’accès est assez mal indiqué. Prendre la première route à droite après le virage lorsqu’on vient du sud. La maison se trouve au bout de la route. Entrée libre. Ouv. les lun., mar., jeu. et vend. de 9h à 16h ; les sam. et dim. de 9h à 12h. Fermé le mer. Ce poète de langue anglaise, mort en 1954, reste le plus connu de l’Île. Il passa les dernières années de sa vie dans cette petite maison de corail appelée aussi la Nef. On y verra quelques objets personnels comme une collection de coquillages, une machine à écrire, des lettres. Son profil d’aigle offre une curieuse ressemblance, comme en témoigne une photo, avec « la roche qui pleure » située non loin à Gris-Gris. Parmi ses poèmes inspirés par l’océan on peut citer celui-ci : « Les sirènes chantent Sur la mer méchante Les sirènes pleurent Sur la mer qui leurre Les sirènes rient Sur la mer fleurie D’écume et de brume ». 

Les chutes de Rochester

L’accès est un peu difficile à trouver. Au centre de Souillac un panneau indique les chutes, puis la route devient une piste qui se faufile entre les champs de cannes sur environ trois kilomètres. Au moment où la piste descend brutalement, garez votre voiture et marchez deux cents mètres. Il est déconseillé de s’y rendre si des pluies ont détrempé la piste. Ces chutes ne sont pas spectaculaires mais agréablement bucoliques. L’eau coule tout au long d’une paroi haute de dix mètres où les rochers s’offrent comme des orgues basaltiques. En contrebas une jolie vasque ombragée offre une fraîcheur bienvenue. Pourquoi ne pas y prendre un petit bain ? 

Vanille crocodile park 

Ouv. ts. les j. de 9h30 à 17h. Tout est bon dans le crocodile. Sa tête ? Elle finit empaillée. Ses pattes de devant ? Comme gratte dos. Sa queue ? En lampadaire. Ses dents ? En pendentif. Son ventre ? En sac et chaussures. Quant au reste, on le donne à manger aux… crocodiles ! Dès l’entrée, un dessin humoristique représentant un crocodile affamé vous indique le sens de la visite. Dans les bassins ombragés d’arbres tropicaux barbotent un millier de gros reptiles importés de Madagascar. Ces braves bêtes mangent deux fois par semaine, cinq kilos à chaque fois. S’ils peuvent peser jusqu’à cinq cents kilos et mesurer sept mètres, on les tue bien avant pour éviter que leur peau ne durcisse. Les crocodiles se distinguent de leurs petits camarades, les caïmans, à leurs mâchoires qu’ils ont moins larges et à leurs yeux moins surélevés. Rassurez-vous, s’ils ouvrent la bouche, ce n’est pas pour vous dévorer, mais tout simplement parce qu’ils ont chaud. A la fin de la visite, vous pourrez goûter du crocodile en curry, en salade ou en beignet. Essayez, cela ressemble un peu à du veau et c’est délicieux. 

Le souffleur

Après Savannah une route mène vers cette partie de la côte totalement sauvage. Le souffleur, une sorte de geyser a finalement été brisé par les tempêtes et ne siffle plus. Mais la côte, bordée de falaises balayées par l’océan, offre de jolies promenades et un aspect de Maurice que bien peu de touristes connaissent. 

Blue bay et Pointe d’Esny

De nombreuses villas bordent le rivage qui s’étend de la pointe d’Esny jusqu’à Blue bay. Cette plage, en demi-lune, ponctuée par un îlot au sein du lagon, est l’une des plus belles de l’île. Les Mauriciens l’apprécient particulièrement et y viennent en famille pour pique-niquer. L’occasion de manger une glace que proposent les vendeurs installés dans de petites camionnettes bariolées . 

Mahébourg

Mahébourg, nommée ainsi en l’honneur de Mahé de La Bourdonnais, fut créée en 1806 par le général Decaen. La ville fut dessinée selon un plan au cordeau qui demeure visible avec des rues se coupant à angle droit. C’est ici, dans la baie de Vieux Grand Port, que les Hollandais accostèrent pour la première fois en 1598. C’est également là, en 1810, que les Français remportèrent leur seule victoire navale contre les Britanniques. Elle demeure la seule ville de la côte est. Tout au long du XIXe siècle, Mahébourg compta de nombreuses pêcheries et même un hippodrome. Reliée jusque dans les années cinquante à Port-Louis par un chemin de fer, la cité s’est assoupie mais garde tout son charme. Ni trop grande ni trop petite, cette vraie bourgade créole demeure animée sans pourtant connaître l’agitation urbaine des cités de la côte ouest. On se promènera avec plaisir dans ses ruelles. On flânera dans son bazar pour y dénicher peut-être une maquette de bateau ou des tissus colorés. Un Musée naval se trouve à l’entrée de la ville, sur la gauche, si l’on vient de Blue bay (entrée libre ; ouv. les mer., jeu. et vend. de 9h à 16h ; les sam. et dim. de 9h à 12h. Fermé le mar.) Ce musée, le plus intéressant de l’île, prend place dans une belle bâtisse du XVllle siècle située dans un agréable parc. Les capitaines français et anglais, blessés lors de la bataille de Grand-Port, y furent soignés. Au rez-de-chaussée, sont rassemblées pêle-mêle des gravures retraçant la prise de l’île par les Anglais, le pistolet de Surcouf, un saladier ayant appartenu au général Decaen, la cloche du Saint-Géran et celle du vaisseau Marengo. Celle-ci, après avoir sonné la victoire sur le champ de bataille de Marengo, aurait été offerte à Napoléon qui l’aurait transférée sur le navire. Divers objets, boutons d’uniforme, boucles de bandoulière, furent exhumés en 1987 lors de fouilles archéologiques effectués par des plongeurs sur l’épave du Sirius, un navire britannique coulé en 1810. A l’étage, une vingtaine de gravures anciennes content la légende de Paul et Virginie. Un lit et une armoire sont réputés avoir appartenu à Mahé de La Bourdonnais. Vous verrez également des cartes, parfois assez fantaisistes de Maurice, et de très belles gravures de l’île au XIXe siècle dont l’une représente l’entrée du bazar de Port-Louis avec ses coolies chinois et ses élégantes. Plus incongrue, une collection d’enveloppes du « premier jour » dont une, comme le temps passe, commémore le vingt et unième anniversaire de Lady Di que l’on voit en jeune mariée avec le prince Charles…

 

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