
Cathédrale de San Cristobal De Las Casas – Mexique © Ignacio Guevara
Tuxla Gutiérrez
Capitale de l’Etat du Chiapas, elle est d’abord une ville-étape vers les villages indiens du Haut-Chiapas. Les amateurs d’archéologie pourront cependant visiter le Museo regional de Chiapas pour sa collection d’objets olmèques et mayas.
Cañón del Sumidero
A une vingtaine de kilomètres au nord de Tuxla Gutiérrez, à la sortie de la petite ville coloniale de Chiapa de Corzo, à l’étonnante fontaine mauresque trônant au centre du Zócalo, un embarcadère permet de rejoindre en bateau les gorges del Sumidero, un des paysages les plus spectaculaires du Mexique. Pendant près de 25 km, des à-pics de plus de 1 000 m enserrent le río Chiapa : sur les falaises, des cascades ont formé d’étonnantes concrétions géologiques, qui évoquent d’immenses sapins pétrifiés. Les rives sont habitées de crocodiles, tandis que des vautours planent par centaines au-dessus du fleuve, ajoutant un parfum d’aventure à l’excursion.
San Cristobal de las Casas
Entre Tuxla Gutiérrez et San Cristobal de Las Casas, la magnifique route montagneuse s’enfonce au cœur de la Sierra Madre del Sur, parcourant plus de 3 000 m de dénivelé, franchissant un col à 3 500 m d’altitude avant de déboucher sur la vallée verdoyante de San Cristobal, 1 000 m plus bas. La région, peuplée de Mayas Tzotziles, Chontales et Tzeltales, n’a jamais accepté le pouvoir central colonial, puis mexicain. La rébellion zapatiste dirigée par le sous-commandant Marcos, qui a occupé San Cristobal pendant les premières semaines de 1994, entretient cette réputation de résistance.
Zócalo et la cathédrale
Fondé en 1528, San Cristobal concentre tous les éléments d’une ville coloniale classique, comme le révèlent ses bâtiments autour du Zócalo. Son âme reste indienne, avec ses maisons basses aux tuiles romaines, ses murs aux couleurs vives et sa population vêtue des costumes traditionnels, sarapes chatoyants de couleurs. La cathédrale, toute de jaune et rouge, parfait l’originalité des lieux. Dans un tel cadre, la pompeuse façade néoclassique blanche du palacio municipal détonne.Suivez le guide !En descendant la calle Diego Mazariegos, rejoignez l’église La Merced, dont le parvis surplombe la ville.
Iglesia Santo Domingo
La plus belle église de San Cristobal, avec son magnifique fronton churrigueresque et ses colonnes torsadées, pris forme entre 1547 et 1560. L’abondance se poursuit à l’intérieur, dans les retables délicatement ouvragés et tapissés de feuilles d’or. A deux pas, en remontant la calle Utrilla, on trouve le marché indien, où les femmes des villages alentour vendent leurs tissages traditionnels, mais aussi des articles à la mode révolutionnaire : poupées, briquets ou tee-shirts à l’effigie du sous-commandant Marcos, en passe-montagne et pipe aux lèvres.
San Juan Chamula
A une dizaine de kilomètres de San Cristobal, San Juan est un des pueblos tzotzils où les habitants s’adonnent à une forme très particulière de syncrétisme, mélange de croyances chrétiennes et de rites animistes. On peut discrètement observer ces coutumes dans l’église du village. Le sol est jonché d’épines de sapin, afin d’absorber l’odeur de la cire des centaines de cierges qui y brûlent en permanence. Devant les portraits de saints, des familles déposent des brassées de glaïeuls, puis consultent le sorcier, pour combattre une maladie, favoriser une naissance ou éloigner un esprit malfaisant. Pétales de roses ou d’œillets, boissons gazeuses (pour faire roter, et chasser ainsi le mal), œufs pourris ou sang de poule composent la panoplie du guérisseur. Une bougie noire au milieu de bougies blanches ? Quelqu’un est la cible du chaman…
L’agave, plante à tout faire
Inséparable des paysages mexicains, l’agave, appelé ici maguey, est lié depuis des millénaires aux habitants de la méso-Amérique. Les civilisations précolombiennes tiraient de ses feuilles charnues des fibres textiles pour se vétir, et le dard de leur extrémité servait d’aiguille à coudre. La sève de la feuille s’utilisait comme savon. A sa maturité (12 ans), l’agave fleurit une seule fois avant de mourir. En coupant sa fleur, les Indiens obtenaient un jus qui, une fois fermenté 4 à 6 heures, donnait le pulque, une boisson légèrement alcoolisée pleine de minéraux et de vitamines. Désormais, la fleur d’agave distillée sert à l’élaboration de la tequila, mais aussi du mezcal, plus fort et plus parfumé. Spécialité d’Oaxaca, le mezcal exige une distillation plus longue et une préparation plus minutieuse. Les meilleurs mezcals sont dorés, et un ver de maguey repose généralement au fond de la bouteille.
Suivez le guide !
Sans vous écarter du chemin, enfoncez-vous dans la jungle et écoutez… un bruissement d’ailes dans les cimes ? Certainement un toucan ; un feulement dans les buissons ? Attention au jaguar…
La tribu perdue des Lacandons
Au XVIe siècle, les Lacandons, petit groupe maya, fuient les conquistadors et se réfugient dans les forêts du Péten. Leurs descendants seraient aujourd’hui quelques centaines. Ils vont pieds nus, habillés d’une simple tunique. On les croise parfois à Palenque, à Bonampak et à Yaxchilán, qu’ils considèrent comme les demeures des dieux. Grâce à eux, en 1946, un photographe américain, Giles Healy, qui partage pendant plusieurs mois leur existence retirée, découvre les fresques de Bonampak, qui bouleverseront les connaissances sur les Mayas. Elles décrivent non plus une civilisation pacifique, mais un peuple belliqueux, très hiérarchisé, pratiquant les sacrifices humains. Aujourd’hui, les Lacandons sont au crépuscule de leur existence. Le monde moderne, mais plus encore la déforestation, ont eu raison de leur isolement.
Palenque
Site ouvert tlj de 8 h à 17 h. Entrée payante, sauf dimanche et jours fériés.
Adossé à une jungle épaisse, la plaine du Tabasco se déroulant à ses pieds en pente douce, Palenque fascine les visiteurs. On la découvre de préférence au petit matin, alors que le soleil peine encore à chasser le voile de brume qui enveloppe le site. Erigé au cours de la période classique maya, entre 600 et 800 ap. J.-C., Palenque présente plusieurs particularismes architecturaux, qui ont dérouté plus d’un archéologue. Le temple des Inscriptions abrite une tombe à laquelle on accède au terme d’un long escalier s’enfonçant au cœur de la pyramide. Le Palacio, au centre, est surmonté d’une étrange tour, qui servait peut-être d’observatoire astronomique. Des galeries entourant ce palais, celle tournée vers l’ouest présente un bel exemple de bas-relief en stuc, exercice favori des artistes de Palenque.
Le petit templo del Sol, le templo de la Cruz et le templo de la Cruz foliada sont décorés de dalles sculptées, mettant en scène le roi Pakal, reconnaissable à ses attributs, un soleil et un bouclier. Tous ces édifices, qu’il faut tenter d’imaginer peints en rouge vif, comme la plupart des métropoles mayas de cette époque, exhibent des proportions remarquables et des toits en fausse voûte, les fameuses « mansardes » mayas. Celles du templo del Conde, près des ruines du grupo del Norte, sont les plus anciennes du site, datant de 647. La trentaine de monuments et d’oratoires arrachés à l’emprise de la forêt tropicale ne correspond qu’à une petite partie de la cité, les ruines restantes demeurent dissimulées sous un linceul végétal.
Agua Azul
Point de convergence des ríos Bascán et Tulijá, les cascades de « l’Eau bleue » sont une étape touristique populaire, à 45 km au sud de Palenque. La couleur turquoise des bassins vient de leur fond nappé de calcaire, qui réfléchit la lumière et l’azur du ciel à travers une eau particulièrement limpide. La baignade y est rafraîchissante, le poisson grillé succulent, mais les prix sont à la limite de l’arnaque, et les enfants s’avèrent un peu trop insistants, désireux de vendre une banane ou une tortilla pour quelques pesos …
Le trésor de la pyramide des Inscriptions
En 1949, l’archéologue mexicain Alberto Ruz Lhuillier remarque qu’une des dalles du temple des Inscriptions est percée de plusieurs trous et que le mur ne s’arrête pas au sol. Ruz creuse, et découvre une pierre de voûte. Deux mètres plus bas, il dégage une marche, puis une suivante. Un escalier, volontairement comblé ? Pendant quatre ans, Ruz et ses compagnons vont descendre de plus d’une trentaine de mètres, jusqu’à découvrir une première crypte, contenant des offrandes et les restes de six enfants sacrifiés. La seconde crypte, aux murs sculptés, mène à un grand sarcophage, clos d’une dalle délicatement ouvragée. Ruz soulève la dalle. Un squelette apparaît, un masque de jade sur le visage, des bijoux sur le corps : les restes du roi-prêtre Kin Pakal, « Bouclier du Soleil », mort en 692…