Le Maulidi draine chaque année des milliers de personnes. Le terme « Maulid » désigne à la fois le temps, le lieu et la fête commémorative de quelqu’un. Il a été tout spécialement appliqué à Mahomet dont les habitants de Lamu célèbre la naissance. Les fleurs de jasmin, les danses traditionnelles, les divertissements, les poèmes dédiés au prophète caractérisent cette fête qui se déroule chaque année entre juillet et septembre. Lamu passe de 12.000 à 60.000 habitants pendant les festivités. Certains représentants officiels de la communauté islamique viennent participer au Maulidi.
La fête attire dans la ville de Lamu tous les musulmans des îles voisines, et même de Somalie et du Yémen. Fête tardive, elle fut créée plusieurs siècles après la mort du prophète. Le rituel de la canne est emblématique de l’île de Paté et n’a rien à voir avec le Maulidi. La canne est un signe distinctif. Du fait qu’elle n’a pas été réglée par la tradition, cette fête revêt plutôt le caractère d’une solennité civile. Le rituel du sabre que l’on retrouve dans beaucoup de pays musulmans est surtout un reste des combats qui permettaient de juger de la bravoure. Il s’inscrit dans la fête mais n’est pas spécifique au Maulidi.
Le soir venu, les pèlerins se rendent à la mosquée de Riadha pour écouter les sermons que prodiguait le prophète. Le jour de Maulidi joue également un rôle dans la vénération d’autres saints islamiques. Le but de ces réunions publiques consiste non seulement à faire revivre les enseignements du prophète, mais également à manifester la solidarité islamique. L’offrande de billets lors de fêtes religieuses est une manière de mettre à l’honneur le chef spirituel chargé de guider la prière. Après le sermon relatant la parole du prophète, les hommes entament les poèmes et les chants à sa mémoire. Le prophète lui-même avait demandé que les étapes de sa vie ne soient pas fêtées. D’ailleurs, dans certains pays plus orthodoxes, on ne fête pas le Maulidi.
Une des cérémonies principales de la semaine du Maulidi est la procession solennelle au tombeau de Habib Swaleh. Autour du tombeau, les fidèles vont se réunir et attendre l’arrivée des dignitaires religieux. Au delà des cérémonies religieuses comme cette procession, les danses des différentes tribus africaines sont généralement réprouvées et considérées comme impies sinon comme hérétiques par les orthodoxes. Après avoir traversé la ville, la procession arrive sur la grande place de la mosquée de Ryada pour se terminer par l’hommage rendu par des chants et des danses devant la demeure du mysthique Habib Swaleh. Inhabitée depuis sa mort, la maison du cheik est un lieu de comémoration vénéré tout particulièrement ce jour-là. La veille, les croyants se rassemblent à la mosquée pour entendre des conférences qui rappellent la vie du prophète. Elles se terminent par des prières et des chants. Cette manifestation est suivie d’un repas. Puis les enfants parcourent les rues en chantant, tenant à la main des bougies qui évoquent les âmes des morts.
Conjointement aux prières, on récite des ‘maulids’, c’est-à-dire des poésies panégyriques sur la vie et les vertus du prophète. Le nombre de ces ‘maulids’ est considérable. Le maulid a été presque universellement reconnu par l’islam comme la plus grandiose expression du culte de Mahomet, tout en étant rejeté par l’orthodoxie. En Afrique orientale, toutes les mosquées sunnites organisent des Maulidi en l’honneur du prophète durant le mois de sa naissance, et les autorités des localités voisines s’arrangent pour que ces cérémonies ne se gênent pas mutuellement si leurs dates coïncident; la plus importante depuis une centaine d’année est celle du Ribat al-Riyada à Lamu, qui attire des visiteurs du Kenya, de la Tanzanie et du littoral du Mozambique.