porto santo

porto santo By: NicmeiCC BY-NC-SA 2.0

Intérieur de l’île

Vallées abruptes piquetées de maisons blanches, balcons suspendus face à des pics déchiquetés, landes pelées moutonnant vers des sommets où s’accrochent les nuages… Pour découvrir cette nature grandiose, il suffit de quitter le littoral et de suivre l’une des quatre routes qui traversent l’île du nord au sud. Superbes.

De Ponta do Sol à Porto Moniz

C’est la route la plus classique, la plus insolite aussi.
En une vingtaine de kilomètres, elle passe de la végétation tropicale à des landes désolées qui font penser à l’Islande.
Dès qu’elle a quitté la côte et ses bananiers bien alignés sur leurs terrasses depuis Funchal, la route bordée de jacarandas et de bougainvillées commence à monter. Irrigués par les levadas, ces minuscules canaux qui distribuent sur le versant sud les pluies tombées sur les sommets, les arbres fruitiers, les vignes en tonnelle, les céréales puis le maïs couvrent peu à peu toutes les pentes, même les plus raides.
Bientôt l’air fraîchit. Vers 750 m d’altitude, la route, de plus en plus sinueuse, s’enfonce dans d’épaisses forêts de conifères et d’eucalyptus.
Encore quelques virages serrés, et elle débouche soudain sur un plateau à l’herbe rase qui moutonne à plus de 1 400 m d’altitude. C’est le Paûl da Serra, mot qui signifie « marais », car il y pleut beaucoup l’hiver.

Paûl da Serra

Seule surface plane de Madère, ce plateau désolé s’étend sur 17 km d’est en ouest et près de 6 km du sud au nord.
Rocailleux, balayé par des vents furieux, tacheté de loin en loin par quelques moutons cherchant une maigre pâture entre des buissons d’ajoncs et des fougères naines, il contraste totalement avec le relief tourmenté du reste de l’île.

Casa do Rabaçal et Bica da Cana

La route file tout droit dans l’immensité, passe devant le site de Casa do Rabaçal(à 5 km à l’est du Paûl da Serra), où démarre un beau sentier de randonnée d’environ 5 km, puis plonge dans les pentes ravinées qui dominent Porto Moniz.
Avant de gagner la côte nord, on peut savourer plus longtemps encore l’atmosphère de début du monde de cet étrange désert en obliquant à droite vers la seule route qui le traverse sur toute sa longueur. Des éoliennes surgissent soudain du vide.
Des sentiers de randonnée partent dans toutes les directions. A gauche, on aperçoit les bâtiments d’une ferme perdue à 1 600 m d’altitude. Un peu plus loin, un chemin de terre mène au monticule de Bica da Cana. Il est fermé par une barrière mais qu’importe, on peut grimper à pied jusqu’à un bloc de gros rochers d’où la vue sur le Paûl da Serra et, vers l’est, sur les montagnes déchiquetées est d’une beauté à couper le souffle.

Deux randonnées sauvages

De tous les sentiers de randonnée qui sillonnent la zone du Paûl da Serra, les deux plus spectaculaires partent du lieu-dit Casa do Rabaçal, juste avant la redescente sur Porto Moniz. La première suit une étroite levada ombragée de hautes fougères jusqu’à l’impressionnante cascade de Risco, qui tombe plusieurs dizaines de mètres plus bas (30 min aller-retour).
La seconde grimpe au long d’une autre levada, plus glissante et dépourvue de garde-fou, jusqu’à la zone très sauvage des 25 Fontes et revient par un chemin escarpé à travers un beau paysage de montagne (2 à 3 h). On peut évidemment faire seul cette dernière balade, à condition de ne pas la commencer trop tard dans l’après-midi. Le temps change vite à cette altitude, et le brouillard peut se lever en quelques minutes.

Suivez le guide !

Randonneurs, attention ! Il peut être imprudent de s’embarquer nez au vent sur les sentiers du Paûl da Serra. La brume monte rapidement de cette terre gorgée d’eau. Sans guide, on s’y perd facilement.

Vers le col d’Encumeada

Encore 2 km, et le paysage change d’un coup. La route engage une folle descente au long d’une falaise brûlée de soleil et serpente sur une crête vertigineuse.
Les nuages, poussés par les alizés, s’accumulent sur la face nord, semblent hésiter et, si aucune rafale ne bloque le passage, basculent lentement sur le versant sud en se répandant dans la vallée dans un extraordinaire ballet de fantômes.
Arrivé au col d’Encumeada, quelques centaines de mètres plus bas, on a le choix entre rebrousser chemin à travers le Paûl da Serra ou bien redescendre vers Funchal par Ribeira Brava.

De Ribeira Brava à São Vicente

C’est la route la plus rapide, et la plus facile, pour joindre les deux côtes. Un long tunnel perce désormais le massif montagneux. Une aubaine pour les chauffeurs de camions et les automobilistes locaux.
Les visiteurs avides de nature grandiose préfèrent cependant, eux, continuer à passer par le col.
La route ne grimpe pas directement à flanc de coteau : elle se contente, plus traditionnellement, de remonter la vallée de la « rivière sauvage », Ribeira Brava, qui a donné son nom à la ville côtière qu’elle traverse avant de se jeter dans la mer.
Saules et peupliers, oseraies et cannes à sucre, vignes et figuiers se partagent les premières pentes pendant une dizaine de kilomètres.
Mais bientôt il faut choisir : la route du tunnel continue de filer au fond de la vallée vers le grand trou noir qu’on aperçoit au pied d’un gigantesque à-pic. La route du col, elle, oblique à gauche et commence à grimper à travers le joli petit village de Serra de Agua(à 10 km au nord de Ribeira Brava), étagé sur plus de 100 m de dénivellation.

Col d’Encumeada

Après 2 km de montée très dure, voici le col qui domine de ses 1 007 m les deux versants de l’île, l’assaut des nuages sur les pics dentelés et, au loin, les deux côtes et le grand large.
De ce véritable carrefour pour les randonneurs, un sentier s’en va escalader des pics frisant les 1 700 m ; un autre, plus facile, suit la Levada do Norte, qui entame sa descente vers les terrasses de la côte sud.
De là également part la route qui monte vers le plateau désolé Paûl da Serra, grande attraction du premier itinéraire.

Suivez le guide !

Dans un virage, dominant d’un côté la vallée, de l’autre un énorme cirque rocheux hérissé de pics déchiquetés, avant d’arriver au col d’Encumeada, la pousada de Vinhaticos dresse ses murs de pierre de lave à 650 m d’altitude. Un excellent arrêt pour boire un verre ou déjeuner.

Descente vers la mer

La route redescend à travers des forêts de conifères. A Rosário (à 20 km au nord de Ribeira Brava), petit village épanoui dans ses cultures de céréales, de canne à sucre et d’osier, elle rejoint la voie principale, tout juste sortie du tunnel.
Et passe bientôt, avec une louable discrétion, à l’écart du clocher de São Vicente (à 39 km au nord de Funchal), le village le plus charmant de la côte nord. La mer est maintenant à deux pas. On entend déjà le grondement des rouleaux…

De Funchal à Faial

C’est la route qui permet d’approcher les plus hauts sommets, et même d’y accéder.
Elle démarre en pleine ville, Praça da Autonomia, suit la Rua Brigadeiro Oudinot jusqu’à Monte et, sitôt dépassées les dernières maisons, commence à monter en lacets très serrés à travers des forêts d’eucalyptus et d’acacias, d’où l’on découvre toute la baie, parmi de somptueux massifs d’hortensias et de rhododendrons.

Col de Poiso

A 14 km au nord de Funchal.
Chênes-verts et genévriers remplacent peu à peu l’épaisse végétation tropicale.
Durant quelques minutes, on roule phares allumés, le temps de percer les bancs de nuages qui noient très souvent le col de Poiso. Point le plus élevé de la route (1 413 m d’altitude), il se situe à mi-distance de Funchal et de Faial. C’est d’ici que part, sur la gauche, la petite route menant à l’un des panoramas les plus grandioses de Madère.

Vers le Pico do Arieiro et le Pico Ruivo

Pendant 7 km, elle grimpe dans un paysage lunaire, au-dessus des nuages qui tapissent le versant nord de l’île. Le vent souffle en tempête sur les quelques chèvres égarées entre les rochers. Enfin, une dernière butte, un parking, un escalier, et voilà, à 1 818 m d’altitude, le sommet du Pico do Arieiro.
En face, au-delà des effondrements de roches basaltiques cascadant dans d’obscures vallées, une muraille se déploie, dont les pics acérés déchirent le bleu du ciel. Le jeu des nuages et du soleil modifie en permanence la couleur, et jusqu’au volume, de ces flèches volcaniques que le Pico Ruivo, plus haut sommet de l’île, domine de ses 1 861 m. Il se trouve au centre de l’île et offre ainsi un spectacle fascinant. On ne s’en arrache que pour aller reprendre des forces dans la confortable « pousada » qui dresse ses murs épais un peu en contrebas.

A la conquête du plus haut sommet de Madère

Plusieurs sentiers conduisent au Pico Ruivo, le plus haut sommet de l’île (1 861 m). Le plus spectaculaire part de la terrasse du Pico do Arieiro, qui culmine à 1 818 m. Pour combler ces 43 m de différence, il ne faut pas compter moins de 4 à 5 h aller-retour.
Dès son démarrage, le sentier s’empresse en effet de descendre vers la vallée afin de rejoindre par une crête le massif principal. Il remonte ensuite une pente de plus en plus escarpée et glissante, entrecoupée de tunnels au sol boueux. Imperméable, lampe de poche, chaussures de montagne et bon état physique indispensables. On peut se restaurer et dormir au sommet, dans un refuge modeste mais bien commode.
De là-haut, la vue sur l’île est évidemment splendide, sauf en cas de nuages, fréquents l’après-midi.

Du col de Poiso à la côte nord

Revenu au col de Poiso, il ne reste plus qu’à descendre, en direction de la côte nord, jusqu’au petit hameau de Ribeiro Frio (à 34 km au nord de Funchal), autre excellente base de départ pour les randonneurs.
Sur la gauche, un large sentier fort paisible mène à l’un des sites les plus vertigineux de l’île, le Miradouro de Balcões (15 min environ). Depuis ce belvédère entre ciel et terre, on découvre l’imposant piton de la Penha d’Aguia, les grands massifs aux pointes déchiquetées et, tout au fond, des villages tachetant de blanc le vert des terrasses qui descendent vers la mer.
Sur la droite, au contraire, sitôt passé l’excellent restaurant de truites au bord du torrent, un sentier plonge dans l’épaisseur de la forêt, la fameuse laurissilva, et conduit les randonneurs jusqu’au village de Portela (4 h environ). Un parcours facile, qui se déroule presque entièrement le long de la Levada do Furado, très bien ombragée.
La côte nord n’est plus maintenant qu’à une vingtaine de minutes de voiture…

De Porto da Cruz à Machico

Une route moins spectaculaire, mais riche également en beaux points de vue. Ainsi, le splendide Miradouro de Portela(à 6 km de Porto da Cruz) domine de ses 670 m d’altitude la pointe pyramidale et verdoyante de la Penha d’Aguia et, au second plan, la chaîne des grands pics, notamment Arieiro et Ruivo, écharpés de rose au soleil couchant.

Santo da Serra

A 24 km au nord-est de Funchal.
Un peu plus loin, une route secondaire mène rapidement à l’élégante station estivale de Santo da Serra, à ses villas fleuries, à son terrain de golf très vallonné d’où l’on aperçoit déjà la mer et à la Quinta da Junta, ancienne propriété de la famille anglomadérienne Blandy, aujourd’hui librement accessible.
Quelques pas parmi les cèdres centenaires et les fougères arborescentes, et un belvédère met aux pieds du visiteur toute la vallée de Machico, du col de Portela à la mer.

Porto Santo

A 40 km au nord-est de Madère : 15 min de vol ou 1 h 30 de ferry.
Cette île sèche et plate possède la seule richesse qui manque à sa grande sœur : une longue plage de sable où se baigner toute l’année. Un trésor en ces temps de grand tourisme.

Une île en marge

Découverte et baptisée par Zarco en 1419, un an avant Madère, ravagée par les lapins que le premier gouverneur avait eu la mauvaise idée d’importer, l’île se développa lentement. Le gouvernement de Lisbonne était alors beaucoup plus intéressé par l’importance stratégique et commerciale de Madère et des Açores. Seuls les pirates lui trouvaient quelque séduction…
Barbaresques et Français la pillèrent régulièrement jusqu’au xviiie siècle. La famine devint endémique, encore aggravée par les fréquentes périodes de sécheresse.
Tout change aujourd’hui. Union européenne aidant, des communications régulières, aériennes et maritimes, la relient désormais chaque jour au reste du monde. Elle n’en reste pas moins en marge, pour le plus grand bonheur des amateurs de simple détente, de sports nautiques et de pêche au gros.

Une plage de 9 km

Elle s’étend sur toute la côte sud, à l’ouest de Vila Baleira. Selon le témoignage de certains habitants, son sable doré posséderait des vertus curatives pour les maladies de la peau. Il attire en tout cas, l’été, de nombreux baigneurs.
Une dizaine d’hôtels de toutes catégories se sont installés sur ses bords au cours de ces dernières années, souvent réservés longtemps à l’avance par des Portugais du continent venus passer là des vacances familiales.
La plupart des étrangers, eux, ne viennent que pour la journée, le temps de s’offrir une séance de bronzage et de piquer une tête dans une eau merveilleusement pure, encore qu’assez fraîche(20 °C). Et aussi d’oublier le monde, sur une terre encore à l’écart des foules, au charme ténu mais bien réel.

Suivez le guide !

Profitez de votre séjour sur Porto Santo pour goûter son eau minérale bicarbonatée. Elle est si réputée pour sa vertu thérapeutique qu’elle est exportée à Madère, et même sur le continent.

Vila Baleira

C’est la seule agglomération de Porto Santo, une modeste petite ville coloniale, avec sa traditionnelle place principale plantée de palmiers et bordée de beaux bâtiments blancs. Outre ses plages de sable, elle regorge de lieux typiques et de sites culturels.

Casa de Colombo

Travessa da Sacristia. Ouvert du lundi au vendredi de 10 h à 17 h 30, le samedi de 10 h à 12 h. Entrée payante.
La maison de Christophe Colomb est l’attraction majeure de Vila Baleira.
De cet édifice en pierre brute, restauré en 1992 pour le cinq centième anniversaire de la découverte de l’Amérique par Colomb, on visite les deux pièces où il aurait vécu quelque temps en compagnie de sa femme, fille du défunt gouverneur, morte en couches.
Un bâtiment voisin abrite des gravures, des peintures et des cartes illustrant la vie aventureuse du grand navigateur.

Tour de l’île

Longue de 12 km, large de 6, l’île de Porto Santo se visite aisément en une demi-journée. Partant de Vila Baleira, la route la plus touristique grimpe les 437 m du Pico do Castelo, dont le miradouro domine un beau paysage de cultures en damier, la plage au sud, la côte rocheuse au nord.
Redescendue à travers des coteaux déserts où pâturent quelques vaches et moutons, elle oblique vers Camacha et Fonte de Areia, une fontaine de sable située près de falaises battues par les rouleaux.
Puis elle fait le tour du massif du Pico do Facho, plus haut sommet de l’île (516 m), et serpente jusqu’à la colline de Portela et à son moulin à vent, d’où s’étale l’immense plage de sable.
On peut également pousser, au sud-ouest, jusqu’au Pico das Flores (superbe vue sur l’îlot rougeâtre de Ferro ) et à la Ponta da Calheta, hérissée de rochers de basalte, face à une passe connue pour ses dangers.

Désertes et sauvages

Une dizaine d’îles et îlots, de souveraineté également portugaise, trouent la surface de l’océan aux environs de Madère. La plus proche, Deserta Grande, dresse ses 488 m de hauteur à 20 km environ de Funchal.
Longue de 15 km et large de 2, elle fut autrefois habitée, comme en témoignent de modestes ruines. Mais voilà bien longtemps qu’elle n’est plus fréquentée que par quelques chasseurs de lapins et de chèvres sauvages. Deux autres îlots, eux aussi totalement déserts, Bugio et Chão, dressent leurs rocailles aux proches environs. Seuls des plaisanciers y abordent quelquefois.
Beaucoup plus loin, entre Madère et les Açores, les Selvagens (Sauvages) ne servent plus d’étapes qu’aux oiseaux migrateurs. C’est là que le Captain Kidd aurait caché son trésor. Introuvable jusqu’ici.

Lire la suite du guide