A l’est de Funchal
Santa Cruz
A 20 km à l’est de Funchal.
Un petit port à l’ancienne très caractéristique de Madère : des barques de pêche échouées sur une plage de galets, une église du XVIe siècle dont la façade blanche se rehausse de blocs de lave, des bananeraies en terrasses taillées à flanc de colline.
Un kilomètre plus loin, la route passe sous l’énorme piste d’atterrissage (2 781 m) de l’aéroport international. Un autre monde.
Machico
A 23 km à l’est de Funchal, par la voie rapide.
Deux kilomètres après l’aéroport, on débouche sur la plus ancienne cité de l’île. D’après la tradition, Zarco lui-même l’aurait fondée lors de son arrivée et lui aurait donné le nom de l’un de ses capitaines. C’est aujourd’hui une jolie localité, très pimpante et animée.
Igreja Matriz
Dressée sur une place ombragée de platanes, cette église manuéline reçut la visite de Jean-Paul II en 1991.
On y entre sur le côté gauche par un superbe portail en pierre de lave encadré de colonnes de marbre blanc.
Capela dos Milagres
Sur l’autre côté de la rivière qui coupe la ville en deux, la chapelle des Miracles, reconstruite en 1815 après sa destruction par une tempête, conserve un morceau de la croix qui, selon la légende, aurait été placée sur le tombeau des deux « amants de Madère », Robert MacKean et Anne d’Orset, là même où ils se seraient échoués, bien avant l’arrivée de Zarco.
Caniçal
A 7 km à l’est de Machico, après un tunnel long de 800 m.
La pêche au thon, et surtout l’établissement d’une zone franche où s’installent de nouvelles entreprises, compensent l’arrêt de la traditionnelle chasse au cachalot, interdite depuis 1981.
Les cétacés s’épanouissent désormais librement dans la baie, sous la surveillance d’une Société de protection des mammifères marins, qui en profite pour étudier leurs migrations.
Museu da Baleia
Largo da Lota. Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 12 h et de 13 h à 18 h. Fermé lundi. Entrée payante.
Des photos, des harpons, des modèles réduits de baleinières, un cachalot grandeur nature, ainsi qu’un documentaire tourné avant l’interdiction de la chasse à ce mammifère marin : le musée de la Baleine fait revivre l’épopée des anciens chasseurs sur leurs frêles esquifs. On pense à Moby Dick, le roman d’Herman Melville, que John Huston adapta au cinéma et tourna ici même en 1956.
Un poisson peu engageant
C’est la grande vedette des poissons de Madère et des îles.
Très bon et très laid. On l’appelle en portugais peixe-espada, en français poisson-épée. Il mesure environ 1 m et ressemble à une énorme anguille d’un noir anthracite. Ses yeux énormes et sa large gueule plantée de dents acérées sont proprement terrifiants. On le pêche la nuit, entre 800 et 1 500 m de profondeur, avec de longues lignes garnies de dizaines d’hameçons.
Débité en filets, de manière à ne jamais montrer sa tête, il est servi dans tous les restaurants, notamment avec des bananes frites. Un délice. Mais pour le voir en entier, vous fixant de son air redoutable, il faut aller dans un marché ou à l’arrivée des bateaux de pêche.
Piedade et Ponta de São Lourenço
Depuis Caniçal, une route de 5 km mène à Piedade, où s’étire la seule plage de sable de Madère.
Pour accéder aux falaises déchiquetées qui jalonnent l’extrême pointe de l’île, il faut suivre un sentier battu par les vents (2 h) ou bien s’y faire conduire directement par un pêcheur de Caniçal.
Un peu compliqué, mais le paysage en vaut la peine.
Côte nord
Des rouleaux qui se fracassent sur des rochers de lave, des falaises abruptes sur lesquelles butent les nuages poussés par les alizés, une forêt luxuriante datant de l’ère tertiaire : c’est un autre Madère, bien différent de celui de la côte sud.
Sauvage, échevelé, encore à l’écart de l’afflux touristique.
Porto Moniz
A 50 km de Funchal, via Ponta do Sol.
On l’aperçoit soudain depuis la route qui dévale les pentes du plateau Paûl da Serra. Coincée entre l’océan et une falaise striée de terrasses verdoyantes, l’agglomération la plus septentrionale de Madère aligne ses immeubles modernes entre des rochers acérés, face à des rouleaux blancs d’écume.
Longtemps tenue en marge faute de bonnes routes depuis Funchal, Porto Moniz joue aujourd’hui la carte de la station balnéaire.
Certes, elle ne possède aucune plage, mais elle dispose de piscines aménagées à grand renfort de béton dans les rochers.
Leur eau est renouvelée à chaque marée et chauffe suffisamment entre-temps pour qu’on puisse y faire quelques brasses, ou plutôt y barboter, en contemplant des fonds aux tonalités turquoise et saphir.
Route de l’est
De Porto Moniz à São Vicente.
Taillée en corniche aux flancs de falaises abruptes frisant les 1 000 m de hauteur, la route de l’est colle au rocher et grimpe jusqu’à 800 m au-dessus de l’océan. Elle est entrecoupée de tunnels et traversée de cascades dégringolant du Paûl da Serra.
Pendant un court instant, on roule au milieu des vignes accrochées sur le promontoire de lave du minuscule village de Seixal (à 10 km à l’est de Porto Moniz), et puis l’équipée reprend, vertigineuse, jusqu’à São Vicente. Deux chiffres éloquents : il a fallu seize ans pour construire cette route de 19 km. Elle a coûté de telles sommes qu’on l’appelle l’Estrada de Oro (route de l’or). Parallèlement à cette route, une nouvelle, plus large, a récemment été construite.
São Vicente
A 18 km à l’est de Porto Moniz ; 39 km de Funchal, via Ribeira Brava.
Le vieux bourg, niché au débouché de la route venant de Ribeira Brava, sur la côte sud, se tient prudemment à un bon kilomètre de l’océan.
C’est le plus joli village de la côte. Ses vieilles maisons fraîchement restaurées se serrent autour d’une église du XVIIe siècle au clocher revêtu de céramiques noir et blanc. L’intérieur, piliers, plafonds et chœur compris, a été entièrement repeint en 1943 avec une allégresse un peu naïve, mais pleine de charme.
Un agréable bistrot lui fait face, où l’on peut se reposer au calme des émotions de la route.
Le village moderne aligne en revanche ses boutiques, bars, restaurants et hôtels balnéaires directement sur le littoral, au bord d’une longue plage de galets battue par les rouleaux.
De São Vicente à Santana
Le relief s’apaise pendant quelques kilomètres, jusqu’au-delà de Ponta Delgada(à 6 km de São Vicente).
Cette petite bourgade est réputée pour ses terrasses minuscules couvertes de ceps de malvoisie, tenus à l’abri du vent par des clôtures en genêts séchés.
Mais bientôt les falaises ruisselantes de végétation tropicale tombent si abruptement dans la mer que la route bordée de fleurs violettes, taillée d’abord en corniche, doit ensuite chercher un passage à travers les collines, remonter d’étroites vallées, franchir de petits cols, plonger vers le littoral et remonter encore aux flancs demurailles à pic.
De loin en loin, perdu en pleine nature, un miradouro (belvédère) domine la masse vert sombre de la forêt primaire qui monte à l’assaut des montagnes couronnées de nuages. C’est la fameuse « laurissilva », que son humidité a préservée du gigantesque incendie qui ravagea l’île pendant sept années consécutives peu après l’arrivée des premiers colons portugais.
Boaventura, Arco de São Jorge et São Jorge
Echelonnés sur 20 km depuis Ponta Delgada.
Seuls villages perdus dans ce délire végétal, Boaventura (à 8 km au sud-est de Ponta Delgada), au nom plein d’optimisme puisqu’il signifie « bonne aventure », disperse ses maisons de paysans à 450 m d’altitude, parmi les vignes et les massifs de fleurs.
C’est l’un des plus anciens villages colonisés et il est presque isolé du monde ;Arco de São Jorge (à 6 km à l’est de Ponta Delgada) étire son vignoble en terrasses au flanc de la montagne.
Les terres y sont très fertiles et aptes à accueillir une agriculture très diversifiée grâce à son microclimat ; São Jorge (à 4 km à l’est de Ponta Delgada), réputé lui aussi pour ses raisins qui donnent le délicieux sercial,possède en outre une belle église baroque dont le raffinement étonne dans un lieu si retiré. Le village offre un panorama extraordinaire sur les montagnes et la mer, avec de nombreux chemins de marche.
Ilha
Redescendue vers le littoral, la route ne tarde pas, après São Jorge, à remonter en direction de Santana. Au beau milieu d’un virage, une voie secondaire part sur la droite vers Ilha (à 10 km au sud de São Jorge), autre village perdu dans la montagne.
Le détour vaut la peine. A 400 m d’altitude, on continue de vivre ici comme autrefois, à l’ombre d’une massive église construite par les habitants.
Achada do Marquês
A 4 km d’Ilha.
Avant d’arriver à Ilha, sur la gauche, derrière un tunnel, se cache le hameau le plus isolé de la région. Juste quelques maisons dispersées parmi les fleurs, au fond d’un ancien cratère. Un petit paradis, où le temps semble définitivement arrêté.
La « laurissilva », Patrimoine de l’humanité
Parmi tous ses privilèges, Madère a celui de posséder l’une des forêts les plus anciennes de la Terre, la laurissilva. A l’ère tertiaire, elle s’étendait sur toute l’Europe, mais les glaciations l’éliminèrent peu à peu, et elle ne survécut qu’en Macaronésie, c’est-à-dire à Madère, aux Açores, aux Canaries et au Cap-Vert. C’est Madère qui en détient la plus grande superficie, environ 20 000 ha.
Exceptionnellement riche en vinhaticos (le laurier local), bois de fer, orchidées, fuchsias arborescents et oiseaux, dont le fameux bisbis, elle se déploie sur son versant nord, entre 400 et 1 300 m d’altitude, là où l’humidité atteint 85 %. Hommage suprême, l’Unesco l’a inscrite, en décembre 1999, sur la liste du Patrimoine naturel de l’humanité.
Suivez le guide !
Tout au long de la route Ponta Delgada-Santana, des paysans proposent à prix dérisoires des fruits tout frais cueillis. Excellente occasion de se rafraîchir, dans une région où les cafés sont rares.
Santana
A 50 km à l’est de Porto Moniz ; 38 km de Funchal, via Ribeiro Frio.
Avant la descente en lacets vers ce gros village étalé sur un plateau couvert de vignes à 435 m d’altitude, on admirera une vue superbe sur le rivage ourlé d’écume. Assez animé, le bourg lui-même est surtout réputé pour ses drôles de maisons aux toits en pente.
Depuis la mairie de Santana, un détour très agréable mène, par une étroite route bordée d’hortensias, jusqu’au Parque das Queimadas(à 5 km. Ouvert tlj de 9 h à 17 h. Entrée libre), à 900 m d’altitude.
Un site très fleuri, aux arbres magnifiques, dont le petit lac reflète le mont Ruivo, plus haut sommet de l’île. Les randonneurs expérimentés peuvent l’atteindre par un sentier sinuant dans les roches basaltiques (3 à 4 h).
De Santana à Porto da Cruz
La route principale, elle, continue de jouer aux montagnes russes entre vignobles et océan. De buttes en vallées, elle passe de l’ombre à la lumière, grimpe, se faufile. Elle fonce vers la montagne et soudain revient vers la mer, virevolte, repart.
Les points de vue se succèdent, tous superbes, tous différents. Le plus spectaculaire, on le découvre depuis le miradouro de Faial(à 8 km à l’est de Santana), au confluent des cultures en terrasses et des chaînes du littoral couvertes de forêts.
Depuis São Roque do Faial, petit village perché sur une crête, on peut rejoindre directement Funchal par Ribeiro Frio. Mais la route littorale se poursuit encore pendant quelques kilomètres jusqu’à Porto da Cruz, ultime bourgade de la côte nord.
Porto da Cruz
A 31 km au nord de Funchal.
Niché au pied d’un grand rocher, au fond d’un vaste amphithéâtre dominant la mer, ce port très calme, encore ignoré des foules, vit tout à la fois de la pêche, comme en témoignent les barques échouées sur la plage de galets, et de la culture de la vigne et de la canne à sucre.