Par le Nil, ce voyage est très agréable ; le bateau quitte Louxor pour faire escale à Esna, Edfou et Kôm Ombo. Par la route, très convenable, on suivra essentiellement la rive droite du fleuve dans la direction d’Assouan.
El-Gebelein : Á 30 km, les « Deux Montagnes » sur la rive gauche en face d’une vaste île. C’est l’ancienne Pathyris au pied de deux rochers ; ruines d’un temple d’Hathor, tombeaux de la ville de Crocodilopolis. El-Deir (à 53 km) : Bifurcation, la route qui longe le désert va à Edfou et Assouan ; la route de droite mène au barrage d’Esna (long de 870 m) et à la ville qui est sur la rive gauche.

Egypte, Assouan, temple de Philae
Le passage de l’unique écluse d’Esna (avant la visite du temple si l’on vient de Louxor) peut occasionner de sérieux retards (entre une heure et cinq heures !) à cause du nombre croissant de bateaux de croisière.
Esna (à 58 km) : Le temple de Khnoum, dieu à tête de bélier, est en plein centre. Les Ptolémées et les empereurs romains enrichirent le monument et ajoutèrent des bas-reliefs et des inscriptions. La salle hypostyle avec ses colonnes de plus de 13 m couvertes de bas-reliefs mérite d’être visitée. Le plafond est décoré de motifs astronomiques et les murs d’images du dieu Khnoum recevant les offrandes de l’empereur. Ouvert de 6 h à 17 h 30. Emporter une lampe-torche. Visite sous escorte policière, entrée payante.
Edfou (à 120 km)
Le site étant sur la rive gauche, un pont permet de traverser le fleuve. Le temple d’Horus, dégagé par l’égyptologue Mariette, est l’un des mieux conservés d’Égypte ; il était dédié au dieu-faucon Horus et à Hathor de Dendera. Les travaux de construction commencèrent en 237 av. J.-C. mais ils ne furent terminés sous les Ptolémées qu’en 57 av. J.-C. On pénètre dans le temple par le grand pylône décoré d’énormes reliefs montrant le roi et les dieux ; la cour est entourée d’une colonnade sur trois côtés. Murs et colonnes racontent les différents rites accomplis par le roi. Devant le vestibule à 12 colonnes, à gauche, un grand faucon portant la couronne de haute et de basse Égypte. Dans la salle hypostyle, douze colonnes à chapiteaux en forme de fleurs.
La chambre des offrandes communique avec les terrasses par deux escaliers. Le sanctuaire, au-delà de cette chambre, est entouré de nombreuses pièces. Sur le mur d’enceinte, on peut voir la fête célébrant la pose de la première pierre et la victoire d’Horus sur ses ennemis (présentés sous forme d’hippopotames ou de crocodiles). Un escalier de quelque 200 marches (accès réglementé) mène à la terrasse du grand pylône ; le panorama du temple, de la vallée du Nil, des palmiers, du désert et des montagnes est superbe. Aller voir le temple au coucher du soleil ; merveilleuse lumière sur la pierre ocre.
Kôm Ombo (à 165 km) Sur une colline que l’on voit de loin s’élève le temple aux deux divinités dédié au dieu Sobek (à tête de crocodile) et au dieu Haroéris (à tête d’épervier). Les deux entrées du pylône conduisent à la cour à portique, aux deux hypostyles et à trois chambres, tous à deux entrées et sorties correspondant aux sanctuaires des deux dieux.
Trois Ptolémées contribuèrent à la construction de ce temple qui commença au début du IIe siècle av. J.-C. Comme au temple d’Edfou, la cour est dallée. Au centre, on voit les ruines d’un autel et tout près, des bassins de granit. Les colonnes de l’hypostyle se terminent par des chapiteaux à forme florale. Noter au bas des architraves les lignes et les ébauches des artistes dont les travaux n’ont pas été achevés. On peut voir, dans les deux sanctuaires, les socles de granit noir sur lesquels reposaient les barques sacrées transportant les dieux. Tous les murs du temple, les couloirs et les enceintes sont ornés de bas-reliefs parfois encore couverts de peinture.
Dans le désert, près du village, on a découvert une nécropole de crocodiles et d’autres animaux sacrés. De la terrasse du temple, on voit le Nil et sa vallée.
Assouan

Egypte, Assouan, mausolee de l’Agha Khan III sur la rive ouest dominant la premiere cataracte du Nil
Chef-lieu de la province de même nom, cette ville, située à la 1re cataracte, était déjà dans les temps anciens la porte des échanges avec la Nubie et l’Afrique. Aujourd’hui Assouan est un centre de tourisme d’hiver très recherché pour son climat sec, son air très pur et son ciel très bleu.
Si Assouan, capitale de la Nubie possède peu de monuments anciens, ses îles couvertes de fleurs, ses souks parfumés d’épices et de plantes, ses felouques aux hauts mâts donnent à la ville un charme permanent. Assouan est avant tout « la ville au coeur du flot », selon l’expression des ‘recs. Ici le Nil est encombré de noirs rochers, d’îles aux petits jardins qui abondent de manguiers, figuiers, sycomores et longs palmiers dont les troncs effilés nous font comprendre l’origine des colonnes et des chapiteaux des salles hypostyles des temples.
Perdu à l’extrémité sud de la ville, l’hôtel Old Cataract est, à lui seul une antiquité. Sa façade ocrée, coloniale, surplombe le Nil avec d’immenses chambres aux ventilateurs poussifs. Ce superbe hôtel a servi de décor au film Mort sur le Nil, d’après le roman d’Agatha Christie.
Le mausolée de l’Agha Khan, chef de la secte chiite des Ismaéliens nizarites, se trouve sur la rive occidentale du Nil. La maison blanche à ses pieds était la résidence d’été de son épouse la Begum. Le spectacle du fleuve à la tombée du jour avec les felouques aux voiles déployées, les gros rochers érodés par les flots, est inoubliable.
Les anciennes carrières de granit se trouvent au sud-est d’Assouan, sur la rive rive droite. Noter dans le rocher l’obélisque de 42 m qui ne fut pas achevé ; il est intéressant de voir comment l’artisan égyptien travaillait la pierre. On retrouve partout en Égypte des monuments et des statues de granit gris, noir ou rouge provenant de ces carrières.
Le musée de la Nubie a été ouvert récemment en face du Basma Hôtel. Dans une architecture contemporaine sont exposées les dernières découvertes effectuées en Nubie, certaines salles sont aussi consacrées à l’histoire de cette région.
L’île Kitchener :
appelée aussi Geziret el-Nabatat, c’est un beau jardin botanique avec de magnifiques arbres et fleurs.
L’île Eléphantine :
ancienne ville frontière fortifiée, l’île est situé en face de l’hôtel Old Cataract. Il est agréable de faire un tour de l’île, environ 2 km, avant la visite du temple et du musée. Le musée expose des objets de la région datant de l’Époque pharaonique jusqu’à l’Époque gréco-romaine. Le grand temple de Khnoum, construit sur les fondations de temples plus anciens, n’a pas résisté au temps ; mais l’ancien nilomètre est intéressant ; les mesures y sont inscrites en caractères grecs (entrée payante incluant le site et le musée).
Les tombeaux rupestres de l’Ancien Empire se situent sur la rive gauche, ils ont été creusés sur plusieurs terrasses dans le roc pour abriter les momies des gouverneurs et des dignitaires d’Assouan sous l’Ancien Empire et dans la période qui a suivi. On visite surtout ceux de Sarenpout Ier, Sarenpout II (la mieux conservée), Sabni Ier et Mekhou.

Egypte, Assouan, temple de Philae
Le monastère de Saint-Siméon :
Situé sur la rive gauche du Nil, on peut y arriver aisément à pied en 45 minutes (on peut louer un mulet ou un dromadaire). Construit par des moines chrétiens au vie siècle, c’est l’un des plus grands d’Égypte ; il est bien conservé. Le manque d’eau obligea les religieux à l’abandonner au XIII e siècle.
L’île de Philae :
Au siècle dernier, impressionné par l’iconoclastie des bâtisseurs du premier barrage d’Assouan, Pierre Loti évoquait dans La Mort de Philae « le bruit des anciennes pierres sculptées qui se détachaient des murailles et tombaient dans l’eau noire »…
Puis, pendant trente ans (1934-1964), le lac de retenue engloutit l’île et ses temples, sauf durant les mois de l’année où l’on rouvrait les vannes du barrage. Quand les eaux atteignaient leur plus haut niveau, seul émergeait le sommet des deux pylônes du temple d’Isis. En 1960, la construction du nouveau barrage, en amont de l’île, vouait Philae à une mort certaine. Des travaux gigantesques furent menés de 1972 à 1980 sous l’égide de l’Unesco. On construisit tout d’abord autour de l’île un immense batardeau constitué de deux rangées de planches entre lesquelles on déversa un million de mètres cubes de sable ; les eaux d’infiltration furent évacuées par pompage. On démonta ensuite les temples en 40 000 blocs après les avoir nettoyés. Ces blocs furent mesurés par photogrammétrie, ce qui permit aux ingénieurs de reconstituer, au millimètre près, leur aspect original. Avec cette réussite technique, achevée en mars 1980, prit fin la grande campagne internationale pour sauver les temples de Nubie. Les travaux de remontage du temple coûtèrent à l’époque 30 millions de dollars.
Aujourd’hui Philae, perle de l’Égypte, est sauvée. L’île était considérée autrefois comme la porte de l’Égypte et elle apparaissait comme une oasis dont la végétation tranchait avec les couleurs crues du désert alentour. Le christianisme n’est venu que difficilement à bout des cultes païens et, au Ve siècle encore, les tribus nubiennes se rendaient sur le site pour y adorer les divinités pharaoniques. On arrive sur l’île près du pavillon de Nectanebo.
On visitera le Temple d’Isis (chaque année, sa statue était transportée en barque dans l’île voisine de Biggah pour rendre visite à son époux et frère Osiris). Devant le temple, les propylées se composent de deux longues colonnades qui mènent au premier pylône devant lequel se trouvaient deux obélisques. Sur la droite de la colonnade se trouvent les restes de la porte de Ptolémée II Philadelphe.
La grande cour possède des colonnes dont les chapiteaux représentent des cistres à motifs floraux. Sur la gauche, le mammisi (ou maison de l’enfantement). Le deuxième pylône vient en oblique par rapport au premier.
L’intérieur fut transformé en église sous le règne de Justinien (557). On se rendra jusqu’à la Porte d’Hadrien consacrée à Osiris. Le kiosque de Trajan est de proportions élégantes ; c’est ici que les processions accostaient et passaient sous le kiosque.