Kolašin et ses environs
Kolašin
A 73 km au nord de Podgorica.
Avec sa station de ski, c’est, après Žabljak, la principale localité touristique hivernale du Monténégro. Située à 965 m d’altitude entre les massifs de Komovi, de Sinjajevina et de Bjelasica (où se trouvent les pistes de ski de Jezerine), la ville, fondée au XVIe siècle, constitue une base idéale pour qui veut découvrir le parc national de Biogradska Gora. Elle n’a guère conservé de vestiges de son histoire qui se résume à une longue série d’embuscades entre tribus locales, les unes fidèles au christianisme, les autres converties à l’Islam.
Musée municipal
Outre des objets d’intérêt ethnographique (instruments de musique, berceaux et autres pièces de mobilier en bois, ferronnerie locale – dont de très anciennes clés en fer forgé), le musée possède une section consacrée à la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle l’édifice servit de prison, et à l’époque communiste.
Botanička Bašta Vincek (jardin botanique Vincek)
Au sud de la ville. Visite sur demande.
Créé en 1980 par un Polonais passionné, Daniel Vincek, ce jardin rassemble près de cinq cents plantes locales, endémiques ou non.
Nacionalni Park Biogradska Gora (parc national de Biogradska Gora)
Ouvert du 1er mai au 31 octobre. Entrée payante.
Situé dans le massif de Bjelasica, ce parc national institué en 1952 est connu pour abriter sur le tiers de sa surface l’une des dernières forêts primaires d’Europe, c’est-à-dire non coupée ou exploitée par l’homme.
Le prince Nikola Ier Petrović-Njegoš avait tenu à protéger la forêt dès 1878, au retour du congrès de Berlin, pour remercier les habitants de l’appui donné dans la guerre de Libération contre les Turcs. Sur ses 5 650 ha, de nombreuses essences ont trouvé un habitat idéal, des érables aux hêtres pourpres, jusqu’aux sapins dans les étages climatiques plus élevés. On y trouve les derniers ormes d’Europe, alors que l’arbre préféré d’Henri IV a pratiquement disparu de France, victime de parasites.
Par endroits, comme sur le pourtour du lac de Biogradska Gora, le parc national est le siège d’un curieux phénomène d’inversion : les conifères se situent à une altitude inférieure aux feuillus. Cette anomalie s’explique par le mouvement descendant des courants d’air froid : il fait plus chaud en hauteur…
Biogradsko Jezero (lac de Biogradsko)
Enchâssé à 1 090 m d’altitude au cœur d’une forêt primaire de sapins noirs dont les plus beaux exemplaires ont cinq siècles d’âge, il offre une merveilleuse vision bucolique. Accessible en voiture, on peut en faire le tour par des sentiers balisés en 1 h.
Suivez le guide !
Le massif du Komovi, au sud-est de Kolašin, près d’Andrijevica, est la région où l’on voit le plus de katun, les traditionnelles cabanes de bergers.
Mojkovac
A 21 km au nord de Kolašin.
Autrefois connue pour les mines d’argent de Brskovo, la ville, construite au bord de la rivière Tara, a possédé un palais de la Monnaie, où étaient frappées les pièces. Elle est aussi passée à la postérité pour la bataille remportée en 1916 par les Monténégrins sur l’armée austro-hongroise.
Elle tire aujourd’hui davantage profit de sa position enviable, au croisement de plusieurs voies de communication : la ligne de chemin de fer Bar-Belgrade et les routes qui mènent vers Podgorica, vers la frontière serbe ainsi que vers Žabljak.
Šiško Jezero (lac de Šiško)
A 12 km au sud-est de Mojkovac.
Plus facilement accessible que le lac de Biogradsko car situé sur la route qui mène de Mojkovac à Berane, c’est l’un des six lacs glaciaires du parc de Biogradska Gora, au cœur du massif de Bjelasica. D’une profondeur maximale de 3 m, long de 300 m, il est situé à 1 660 m d’altitude.
Le Nord-Est
Bijelo Polje
A 118 km au nord de Podgorica.
Sur le cours de la rivière Lim, la ville se trouve à moins de 20 km de la frontière serbe. La présence turque s’est étendue ici sur plus de cinq cents ans, de la conquête (fin du XIVe siècle) jusqu’en 1912. Bijelo Polje, qui signifie « champ blanc » tant ses terres sont fertiles et couvertes de fleurs au printemps, est aujourd’hui connue pour son eau minérale Bijela Rada, « marguerite blanche », qui assurerait une longévité exceptionnelle à ses amateurs.
Crkva Sv. Petar (église Saint-Pierre)
C’est le principal édifice orthodoxe de la ville. La première pierre fut posée à la fin du XIIe siècle par le prince Miroslav, frère du souverain serbe Stefan Nemanja, mais les deux clochers (un seul demeure) ne furent ajoutés qu’en 1252 par le roi Uros, et les chapelles apparurent au XIVe siècle.
L’église servit de mosquée de la fin du XVIIe siècle jusqu’à 1912, son campanile étant transformé en minaret. Une récente campagne de restauration a fait réapparaître les fresques camouflées par les Ottomans. C’est ici qu’a été composé le célèbre Evangile de Miroslav.
L’Evangile de Miroslav
L’Evangile de Miroslav est un manuscrit enluminé en cyrillique que l’Unesco a placé sur sa liste « Mémoire du monde », qui dessine une bibliothèque idéale. Réalisé au tout début du XIIIe siècle, il doit son nom à son commanditaire, le prince serbe Miroslav, et rassemble plusieurs textes du Nouveau Testament. Les enluminures, très colorées, à la fois géométriques et figuratives, représentent des humains et des créatures fantastiques.
En 1845, un acte de vandalisme est commis par l’archimandrite russe Ouspenski : il arrache une page du livre et la rapporte à Saint-Pétersbourg pour la montrer aux érudits locaux. La page n’a jamais été retournée. Quant à l’ouvrage lui-même, cela fait longtemps qu’il a quitté l’église Saint-Pierre, où il était conservé. Il est aujourd’hui exposé au Musée national de Belgrade, en Serbie.
Crkva Sv. Nikola (église Saint-Nicolas)
Plus petite que Saint-Pierre, l’église Saint-Nicolas a eu la chance de conserver des fresques de différentes époques – une aubaine pour les historiens d’art – et une bibliothèque fournie.
Musée municipal
Radnička bb. Ouvert du lundi au vendredi de 8 h à 16 h. Entrée payante.
Le musée, fondé en 1957, possède d’amples collections qui balaient toute l’histoire de la ville, depuis les temps préhistoriques jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Des résultats des fouilles sur le site néolithique de Bijedići voisinent avec la colonne byzantine en pierre de Majstorovina aux entrelacs géométriques. L’activité d’extraction est documentée par différents outils anciens, comme une lampe utilisée par les mineurs au Moyen Age. L’intérieur d’une maison locale a été reconstitué avec ses tapis, ses paniers d’osier, ses barattes à beurre, ses meubles en bois, etc.
Berane
A 34 km au sud de Bijelo Polje.
L’histoire n’a pas été tendre avec cette ville récente, placée sur la route reliant Podgorica à la Serbie. En 1912, cinquante ans après sa fondation, le départ des Ottomans est obtenu par les armes.
Trois décennies plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle est le théâtre de luttes fratricides et sanglantes entre communistes et nationalistes. Plus récemment, elle a été pointée du doigt pour avoir été un carrefour du trafic de drogue. Sa vitalité culturelle – un musée et plusieurs facultés universitaires y sont installés – et le projet de remettre en état l’aéroport local pourraient lui donner un second souffle.
Musée du Polimlje
Miloša Mališića 3. Ouvert tlj de 9 h à 16 h. Fermé le dimanche en hiver et le lundi en été. Entrée payante.
C’est l’histoire de la région du Polimlje, qui s’étend jusqu’à Plav, Rožaje et Bijelo Polje, qui est ici étudiée. Ses collections s’avèrent particulièrement fournies en pièces d’époque néolithique et de Halstatt, provenant des sites de Beran Krš et de Lisijevo Polje : sculptures anthropomorphes en pierre, récipients en céramique, anneaux en bronze… Des bijoux en bronze montrent l’habileté des artisans illyriens. L’un des objets les plus curieux du musée est une cotte de mailles de 18 kg, d’époque médiévale.
Manastir Djurdjevi Stupovi (monastère des tours Saint-Georges)
A l’ouest de la ville.
La structure, commencée au XIIe siècle, a été sans cesse remodelée et agrandie pour donner un bâtiment étonnamment harmonieux, même si les destructions successives n’ont laissé que peu de traces peintes. C’est un lieu d’une grande importance historique, puisqu’il fut fondé à l’initiative d’un cousin du souverain Stefan Nemanja ; au siècle suivant, saint Save, le fondateur de l’église orthodoxe serbe, y basa l’un de ses sept évêchés cependant qu’il dotait l’église d’une tour centrale.
Rožaje
A 29 km à l’est de Berane.
Posée sur la rivière Ibar au cœur d’un amphithéâtre constitué de sommets dépassant les 2 000 m, entourée de nombreuses forêts fournissant du bois, cette ville de 10 000 habitants est l’un des foyers de la population bosniaque au Monténégro. Appartenant au Sandjak de Novi Pazar (ancienne région administrative ottomane, aujourd’hui partagée entre la Serbie et le Monténégro), elle a conservé de cette époque sa mosquée Kurtagica et une puissante tour militaire.
Musée municipal
Installé dans une construction récente qui prend la forme des tours traditionnelles en pierre de la région, le musée contient des objets des arts et métiers populaires : des meubles et des coffres en bois peint ou gravé, des produits textiles tels que nappes, gilets et mouchoirs brodés, et de la vaisselle de céramique et de cuivre.
Plav et ses environs
Plav
A 44 km au sud de Berane.
Comme Rožaje, la ville a une population majoritairement musulmane. Située à plus de 1 000 m d’altitude sur une moraine déposée par un glacier aujourd’hui disparu, elle est proche des sources du Lim, la plus importante rivière de l’est du Monténégro, qui passe ensuite à Berane puis à Bijelo Polje. Son nom signifie « bleu », mais selon d’autres historiens, Plav aurait été fondée au début du Ve siècle par l’empereur romain Flavius Honorius, qui lui aurait légué son nom.
Les habitants de la région sont connus pour avoir émigré dans le monde entier, à la recherche de travail. Dans la seule New York, il se trouverait près de 20 000 descendants ou cousins des actuels habitants de Plav. Comme dans d’autres régions d’Europe, tel le Magne dans le Péloponnèse, il s’est développé à Plav une forme originale de tour d’habitation qui pouvait servir, le cas échéant, de donjon fortifié.
Le plus bel exemple en est la tour Redžepagić, qui remonte au XVIe siècle.
Suivez le guide !
Dans le centre de Plav, la grande mosquée n’a retrouvé que récemment sa fonction : après le départ des Ottomans en 1912, elle a servi de hangar puis de commissariat.
Plavsko Jezero (lac de Plav)
A 1 km à l’ouest de Plav.
Ce lac tout près de Plav est d’origine glaciaire. Sa surface varie en fonction des saisons, de la fonte des neiges et du régime de la rivière Ljuča, qui s’y jette… et en ressort sous un autre nom, celui de Lim.
Gusinje
A 11 km au sud-ouest de Plav.
Cette petite ville de 2 000 habitants, dont la population est en grande majorité albanaise, ne possède que de rares monuments (comme la mosquée, remontant au XVIIe siècle). Elle est surtout la porte d’entrée la plus aisée au massif du Prokletije.
Massif du Prokletije
Au sud de Plav.
C’est une véritable « dernière frontière ». Partagé avec l’Albanie, difficilement accessible, le Prokletije est un massif quasi vierge de présence humaine. L’annonce faite récemment que le point culminant du Monténégro y était situé (c’est le Maja Kolata, avec 2 528 m), et non dans le Durmitor comme on le croyait depuis des décennies, prouve combien la connaissance du Prokletije demeure sommaire.
Les plus hauts sommets se trouvent cependant de l’autre côté de la frontière, avec le Jezerces (2 693 m). Le projet d’en faire le cinquième parc national du Monténégro, régulièrement annoncé, devrait se concrétiser à la suite de cette révélation.