Saturée et en perpétuelle pénurie de logements, Saint-Denis ne cesse de bourgeonner loin du centre-ville historique, de plus en plus loin vers l’est, sur le littoral, de plus en plus haut, vers les hauteurs qui la dominent. Ces dernières offrent d’ailleurs au voyageur un bon point de départ pour ses premières découvertes du milieu naturel de l’île.
En allant vers l’est
Rivière-des-Pluies
Le village de Rivière-des-Pluies est surtout célèbre pour sa chapelle en plein air dédiée à la Vierge Noire, haut lieu de pèlerinage depuis plus d’un siècle et demi. Il permet aussi de remonter à pied la rivière du même nom, au cœur d’une vallée déjà sauvage qui serpente jusqu’à l’Ilet-à-Quinquina, lieu de pique-nique et de baignade favori de nombreux Dionysiens.
Les Hauts de Saint-Denis
Sur les hauteurs, La Bretagne doit son nom à son climat brumeux et humide ayant favorisé le développement de nombreuses cultures vivrières, véritable potager de la capitale. Menacées par l’expansion urbaine, ces cultures cèdent peu à peu la place à des maisons de particuliers qui s’installent au milieu des derniers champs de salades et d’ananas.
Le phénomène se répète au Bois-de-Nèfles dominant Sainte-Clotilde qui grignote peu à peu cette bourgade située sur la route du pic Adam, aussi appelé morne des Patates-à-Durand, et qui serpente jusqu’à 700 m d’altitude en offrant de superbes points de vue. A 45 min du centre-ville, les aires de pique-nique du piton Bois-de-Nèfles sont très recherchées par les citadins.
Le sud de Saint-Denis
La Providence
Ouvert sur le boulevard de la Providence, au sud du centre-ville, le parc de la Providence abrite un couvent, les bâtiments de la Direction départementale de l’agriculture et ceux des Eaux et Forêts. De là part un sentier botanique qui grimpe jusqu’au Brûlé.

Cascade Maniquet La Réunion By: urznme – CC BY-NC-SA 2.0
Le Brûlé
Passé les dernières maisons de Saint-François, devenue la banlieue sud et montagnarde de Saint-Denis et qui ne cesse de repousser vers les hauteurs des villas toujours plus cossues, Le Brûlé fait encore figure de bourg des Hauts où vivent encore quelques planteurs d’azalées. La fête qui s’y déroule fin octobre rend d’ailleurs hommage à ces fleurs magnifiques qui embaument de nombreux jardins de l’île.
L’endroit connut son heure de gloire au milieu du XIXe siècle quand le paludisme força les habitants de Saint-Denis à quitter le littoral pour s’y réfugier. Les belles maisons en bois que l’on peut y admirer témoignent de cette période faste. Plus paisible aujourd’hui, Le Brûlé sert de point de départ pour découvrir l’immense forêt domaniale peuplée de cryptomerias et de goyaviers et qui cache en son cœur la splendide cascade Maniquet.
Un sentier conduit aussi en 4 h 30 de marche à travers la plaine d’altitude des Chicots et une forêt de tamarins à la Roche-Ecrite. Le sommet de cet à-pic, dominant de ses 2 277 m les cirques de Salazie et de Mafate, offre un point de vue époustouflant, avec en toile de fond le piton des Neiges et l’impressionnant rempart du Maïdo.
La route de l’Ouest
La Montagne
La route de La Montagne est jalonnée depuis Saint-Denis par des bornes kilométriques qui en constituent les seuls repères.
Le plateau qui domine la mer de ses hautes falaises est prolongé dans l’océan par le cap Bernard et la pointe du Gouffre. Longtemps demeuré une barrière infranchissable pour accéder à la côte ouest par le littoral, ce plateau fut colonisé dès le XVIIIe siècle le long d’un chemin pavé qui reliait Saint-Denis à La Possession. Le premier village qui apparaît au sommet d’une route en lacets, offrant sur plusieurs kilomètres de splendides points de vue sur Saint-Denis, est celui de La Montagne.
Comme Le Brûlé, l’attrait de La Montagne réside dans son climat pur et frais qui lui valut de devenir une destination très prisée des Dionysiens souhaitant quitter la moiteur étouffante et impaludée de Saint-Denis. Aujourd’hui encore, c’est bien cette même fraîcheur qui pousse quelques citadins aisés à habiter à La Montagne.
Le village est devenu ces dernières années le faubourg lointain le plus huppé de la capitale réunionnaise et il voit fleurir de somptueuses villas dominant la ville ou la mer, notamment le long du chemin de la Vigie qui menait autrefois à un point d’observation d’où l’on signalait l’approche des navires.
Domaine de Colorado
Peu après le 9e kilomètre, le chemin du Colorado conduit à une vaste zone de loisirs et de pique-nique établie sur d’anciens champs d’ananas. On y pratique le golf, l’équitation, le tennis et la randonnée le long de sentiers balisés allant de kiosque en kiosque (ouvert toute l’année, très fréquenté le dimanche). A une petite dizaine de kilomètres de là, Saint-Bernard permet de découvrir une ancienne léproserie devenue centre communal (ouvert en semaine de 9 h à 13 h) dans un environnement boisé.
En poursuivant sur la route de La Montagne, une route forestière, qui frôle un vertigineux passage au-dessus de la ravine de la rivière Saint-Denis, conduit à partir du 12e kilomètre à la plaine des Affouches et à sa splendide forêt de cryptomerias et de bois de couleur. Des chemins de randonnée permettent de rejoindre la Roche-Ecrite ou le village de Dos d’Ane.
Suivez le guide !
Arrêtez-vous en fin d’après-midi dans l’un des nombreux lacets de la route de La Montagne pour admirer le panorama splendide du soleil se couchant sur Saint-Denis.
De Saint-Denis à La Possession
La route de La Montagne rejoint le littoral à La Possession d’où partaient autrefois les bateliers permettant de rallier Saint-Denis depuis la côte ouest. Le train mit fin à cette activité avant de disparaître lui-même lorsque l’on ouvrit la première route littorale entre les deux villes au début des années 1960.
Aujourd’hui, ce sont les chalutiers pratiquant la grande pêche australe qui sont basés à La Possession, ainsi que les navires de la Marine Nationale chargés de protéger et surveiller les îles de Saint-Paul, Amsterdam, Crozet et Kerguelen. Ces dernières sont des bases militaires et scientifiques, administrativement dépendantes de La Réunion.
Route en Corniche
Cette route littorale, considérée comme l’une des plus chères de France pour sa construction et son entretien, a subi depuis son inauguration de nombreux aménagements, en partie gagnés sur la falaise où nichent des colonies de pailles-en-queue. L’ouvrage, qui permet une liaison rapide entre la côte ouest et la côte nord via Saint-Denis, demeure néanmoins la proie des éboulements et de la houle, notamment en période de cyclones.
La Grande-Chaloupe
A mi-chemin entre Saint-Denis et La Possession, la Grande-Chaloupe est de fait partagée entre les deux agglomérations. Cette enclave de nature assez sauvage permet à sa vallée de préserver de nombreuses plantes endémiques, mais c’est essentiellement la visite de son lazaret du XIXe siècle, de sa gare qui possède encore ses rails, de ses ponts métalliques, de ses tunnels ferroviaires et de sa locomotive Creusot classée monument historique qui motivera les curieux.
Le Port
Si c’est à La Possession que les grands navires, pétroliers, porte-conteneurs et autres font désormais escale dans un port moderne aux bassins démesurés, c’est à la ville du Port que fut longtemps dévolu ce rôle. Le Port est né en 1884 d’un chantier qualifié à l’époque de « chantier du siècle » et qui devait creuser dans la pointe des Galets le premier grand port de l’île. Depuis, la ville est pleine de paradoxes. Suréquipée culturellement et néanmoins peuplée de bidonvilles…
Suivez le guide !
Ne ratez sous aucun prétexte l’une des soirées électro du Kabardock, au Port. Cette nouvelle salle ultra-moderne offre une programmation musicale de haut vol.
Rivière des Galets
La côte nord se termine non loin de là aux abords de l’immense estuaire minéral de la rivière des Galets avec ses milliers de blocs de roche grise de toutes les tailles, immobiles, témoins de la fureur du cours d’eau en période de grandes pluies cycloniques. En remontant vers les hauteurs, on passe par le village de la Rivière-des-Galets qui file à l’assaut de la montagne vers le village de Dos-d’Ane offrant un point de vue intéressant à 1 200 m d’altitude.
Une petite randonnée permet, peu après la sortie du village, de longer, dans une végétation exubérante, les gorges impressionnantes de la rivière des Galets jusqu’au belvédère de cap Noir. Du petit kiosque qui invite à la contemplation, la vue sur le cirque de Mafate est grandiose et donne une première idée de sa majesté et de son aspect sauvage.