Agrigente - Temple de la Concorde (Sicile) © dottorpeni

Agrigente – Temple de la Concorde (Sicile) © dottorpeni

L’Art antique

Les vestiges des civilisations anciennes, l’extraordinaire profusion de peintres, sculpteurs et architectes aux XIVe, XVe et XVIe siècles, font d’un voyage en Italie un véritable pèlerinage au pays des Arts.

Les Etrusques aux VIIe et VIe siècles av. J.-C. ont laissé des traces d’un art fort attachant : excellents sculpteurs, ils travaillaient la pierre et le bronze ; peintres expressifs, ils couvraient leurs murs de fresques illustrant leur vie quotidienne. De l’époque grecque (VIIIe-VIe siècles) datent les extraordinaires ruines de Sicile et du sud de l’Italie (temple et théâtre de Paestum, Syracuse, Agrigente…). Par la suite, les Romains (Ve siècle av. J.-C. – Ier siècle apr. J.-C.), très impressionnés par la civilisation grecque, ont fait venir de Grèce non seulement des chefs-d’oeuvre, mais aussi des artistes, dont ils prirent des leçons; l’art romain n’a jamais égalé la finesse et l’originalité de l’art grec mais son architecture atteint une grandeur et une puissance qui la rendent unique. Citons entre autres : le Forum romain, les thermes de Caracalla et de Dioclétien, le Colisée et les Arcs de triomphe de Rome, les Arènes de Vérone… Presque toutes les villes italiennes comptent des vestiges plus ou moins bien conservés. On peut se faire une idée très exacte de l’aspect d’une ville romaine en visitant les ruines d’Herculanum et de Pompéi, ensevelies en 79 apr. J.-C. à la suite d’une éruption du Vésuve. Les cendres et la lave ont préservé les édifices, ainsi que les fresques et mosaïques.

Le Moyen Age

Byzance (IVe-XIe siècle) et, par elle, l’Orient, a profondément influencé certaines régions de la péninsule : Ravenne, Venise, la Sicile et même Rome (St Marc de Venise, les mosaïques de Ravenne). Comme toute l’Europe, l’Italie s’est couverte d’églises. Deux influences très nettes ont marqué son architecture romane : celle de l’Orient par Byzance et celle de la France du XIIe siècle. l’art roman s’est surtout épanoui en Lombardie, grâce au développement de puissantes corporations.

Le plan des églises est très simple, surmontées d’un toit en charpente et d’un clocher séparé (campanile). Quelques exemples : la basilique St Ambroise de Milan, les cathédrales de Vérone, de Pavie, de Parme et de Modène. Malgré l’invention de la croisée d’ogives en Lombardie, le style gothique s »implante très tard en Italie et n »y connaît pas un très grand succès. Introduit par les cisterciens français, le gothique est renouvelé par les nouveaux ordres nés sur la péninsule, et notamment par les franciscains et les dominicains à Assise, Sienne, Florence et Venise. Dans cette dernière ville se développe un extraordinaire style gothique « fleuri » (la Ca d’Oro sur le Grand Canal).

En Italie méridionale, des artistes français ont construit des châteaux à Trani, Castel Monte, et à Naples. La peinture à fresque produit des merveilles, avec Cimabue à Florence et Assise, Simone Martini à Sienne, Giotto à Assise et Padoue, Lorenzetti à Sienne… Quant à la sculpture gothique, elle s’épanouit à Pise avec Niccolo et Giovanni Pisano. La littérature atteint des sommets avec la Divine Comédie écrite par Dante en 1300, le Canzoniere de Petrarque (1370) et le Decameron de Boccace (1353).

La Renaissance

Le Quattrocento est le Grand siècle de I’histoire de l’art italien. Les architectes de Florence, avec Brunelleschi à leur tête, tentent une résurrection des formes classiques grecques et romaines. Les arcades, les colonnes classiques, la saillie des lignes horizontales des édifices (entre autres, l’utilisation des cimaises) sont caractéristiques des oeuvres architecturales de la Renaissance, que l’on trouve dans presque toutes les villes d’Italie, mais surtout à Florence et Venise. Avec Ghiberti et Donatello, la sculpture, obéissant à l’idéal classique, entre, elle aussi, dans une nouvelle phase. Ghiberti est l’auteur de la Porte du Paradis du baptistère de Florence. Donatello fond dans le bronze la première statue équestre depuis les Romains (le Gattamelata de Padoue), bientôt suivi par Verrocchio et son fameux Colleone de Venise. La peinture de cette époque s »illustre avec des artistes comme Fra Angelico, Masaccio, del Castagno, F. Lippi, Uccello, Ghirlandajo, Botticelli à Florence, Mantegna à Padoue et Mantoue, Piero della Francesca à Ferrare, Urbin, Rimini et Arezzo et Bellini et Carpaccio à Venise.

Florence - Dôme de Santa Maria del Fiore © mtsrs

Florence – Dôme de Santa Maria del Fiore © mtsrs

Le Cinquecento (XVIe siècle) est caractérisé d’abord par le passage d’un art essentiellement religieux à un art plus profane : l’Antiquité, la mythologie, l’homme lui-même, deviennent les sujets principaux. Rome prend alors une place grandissante, au détriment de Florence, sous l’influence des papes. Bramante et Palladio sont les plus grands architectes de l’époque. Palladio construit villas et théâtres d’une rigueur toute gréco-romaine (théâtre de Vicence). Egalement féru des arts de l’Antiquité, Bramante commence la basilique Saint-Pierre à Rome, édifice qu’il veut colossal et dont il a conçu le plan central en forme de croix grecque, devant soutenir une immense coupole ; Raphaël puis Michel-Ange, auteurs de la coupole, en ont terminé l’exécution.

Michel-Ange, la plus forte personnalité du siècle, est aussi sculpteur et peintre (tombeau des Médicis, plafond de la Chapelle Sixtine). Beaucoup d’oeuvres ont été réalisées par lui, ou d’après ses plans. Quant aux peintres, ils offrent à l’ltalie une gloire immortelle. Léonard de Vinci, toscan d’origine, commence par travailler à Florence avant d’être engagé par le duc de Milan (où il peint la Cène), puis il revient à Florence où il peint la célèbre Joconde, acheté ensuite par François Ier , roi de France. Raphaël, natif d’Urbino, a apprit son métier à Pérouse dans l’atelier du Pérugin, puis il a travaillé à Florence et à Rome (où il exécuta les célèbres suites de fresques pour le Vatican). A Venise, la décoration du Palais des Doges a rassemblée les plus grands talents : le Titien, ami et disciple du mystérieux Giorgione, le Tintoret, Véronèse. Quant à Parme, le talent du Corrège se développe.

Le Cinquecento est aussi un grand siècle pour la littérature et la musique. Période classique pour les écrivains, le XVIe siècle se signale par la publication du Prince de Machiavel, de Roland Furieux de l’Arioste, et du poème épique Jérusalem délivrée du Tasse. La musique est dominée par le talent de Palestrina, qui ne composera pas moins de 500 messes !

Le baroque et le classicisme

Un nouveau style architectural se développe au début du XVIIe siècle, caractérisé par l’abondance des formes. Le Bernin, auteur de la colonnade de St Pierre, est le plus connu et le plus représentatif des architectes baroques. Quelques peintres sont très actifs au début du XVIIe siècle, comme le Caravage, les frères Carrache (Ecole bolognaise) et le Guerchin. Mais ce XVIIe siècle, un peu stérile pour tous les arts, est marqué par une innovation extraordinaire dans le domaine de la musique : la représentation à Mantoue de l’Orfeo de Monteverdi en 1607, premier grand opéra de l’histoire de la musique. l’engouement pour ce nouveau genre, le théâtre chanté, est considérable en Italie. A Rome, le Bernin construit un opéra capable de contenir 3000 personnes (le Sant’ Alessio).

A Venise, des musiciens comme Cavalli et Cesti se vantent d’avoir écrit chacun plus d’une cinquantaine d’opéras, dont certains sont représentés dans la quinzaine de théâtres qui s’ouvre dans la Cité des Doges. A Naples, des saisons régulières ont été inaugurées, à partir de 1668. Au siècle suivant – le XVIIIe siècle – Venise est à peu près la seule ville où la peinture connaît une grande floraison, avec les Tiepolo, les peintres de paysages, les « vedutistes » Guardi et Canaletto, ainsi qu’un excellent peintre intimiste, Pietro Longhi. Si Venise accueille le plus grand talent du siècle, le prêtre Antonio Vivaldi (auteur d’une centaine de cantates et d’opéras ainsi que d’un demi millier de concertos), c’est à Naples que l’opéra va connaître son âge d’or. Lancé par A. Scarlatti, qui en a composé une cinquantaine, l’opéra connaît un engouement extraordinaire. De plus, c’est à Naples que, pour la première fois en 1733, est jouée la Serva Padronna de Pergolèse ainsi que les oeuvres de Cimarosa.

Lucques - Maison de Puccini © Ingorrr

Lucques – Maison de Puccini © Ingorrr

Dans le domaine littéraire, Venise s’illustre avec Carlo Goldoni, le « Molière italien », auteur d’une quarantaine de comédies, et Jacques Casanova, dont les aventures multiples sont remarquablement contées dans ses Mémoires.

XIXe siècle

A l’exception du sculpteur Canova, le XIXe siècle italien n’est pas un grand siècle pour les arts plastiques. En littérature, il faut citer le poète Giacomo Leopardi et le romancier poète et dramaturge romantique Alessandro Manzoni. Accordant moins d’importance à la musique instrumentale, l’Italie du XIXe siècle assiste à l’essor sans précédent de l’opéra, dominé par les grandes statures que sont Rossini (Otello, Guillaume Tell, Le Barbier de Séville…) Donizetti (Lucia di Lammermoor), Bellini (Norma), Puccini (Manon Lescaut, La Bohème, Tosca) et surtout Verdi (Rigoletto, La Traviata, Aïda, Otello, Falstaff…).

XXe siècle

Au XXe siècle, l’Italie connaît une véritable renaissance dans tous les arts et notamment avec le 7e art naissant, le cinéma. Après ses premiers pas au tout début du siècle, le cinéma italien connaît sa plus grande éclosion au lendemain de la seconde guerre mondiale avec le « néo-réalisme » : de Sica (Le voleur de bicyclette, Sciuscia, Miracle à Milan), Rossellini (Rome ville ouverte), Zampa (La Strada)… Dès lors, la guerre des grands talents s’est affirmée : Visconti, Fellini, Antonioni, Pasolini, Bellochio, les frères Taviani, Risi, E Scola, Comencini, et Ferreri.

Ouvert par d’Annunzio, le novecento littéraire italien recèle plusieurs générations de brillants écrivains comme les poètes Montale, Ungaretti et Quasimodo ainsi que le dramaturge Pirandello (Six personnages en quête d’auteur) et l’écrivain triestin Svevo.
Avant la seconde guerre mondiale, on citera des auteurs tels que Malaparte (Kaputt, La peau), Pavese (Le Bel été), Moravia (Les Indifférents), Buzzati (Le désert des Tartares) et Pratolini (Destinées), écrivains qui sont aujourd’hui des références. Après la guerre, Carlo Levi écrit Le Christ s’est arrêté à millier et Soldati, Le festin du Commandeur. Depuis, de nouveaux talents se sont affirmés, comme Pasolini, Elsa Morante, Sciascia, Cassola, Calvino et Eco.

Dans le domaine des arts plastiques, un nouveau mouvement pictural original, inspiré des théories du poète Marinetti, émerge : le futurisme. Ce dernier, représenté par les artistes Balla, Boccioni, Russolo, Severini, a adhéré aux grands mouvements développés en France, comme I’expressionnisme (avec Modigliani), le cubisme (Magnelli), le surréalisme (De Chirico), et l’art abstrait (Fontana, Bertini, Magnelli, Marc, A. Ambroise, millier, Scanavino, Peverelli..). Elle produit aussi de bons sculpteurs, tels Marino Marini, G Manzu, et Pomodoro.

Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l’architecture italienne compte de grands créateurs : citons Gio Ponti (Tour Pirelli de Milan), Nervi (palais de l’EUR de Rome, stade de Florence, l’Unesco à Paris, les deux palais des sports de Rome, le palais du travail à Turin), I’atelier BBPR (I’étonnante tour Velasca de Milan), Montuori et Marc (la gare Termini de Rome). La musique contemporaine est également très vivante aujourd’hui, avec des compositeurs comme Malipiero (Sette Marc), Casella Dallapiccola (Volo di notte), Maderna (2e concerto pour hautbois), Nono (II canto sospeso), Berio (Ulysses), et Bussotti (Passion selon Sade).

Enfin, il ne faut pas oublier l’apport des Italiens dans le domaine des formes nouvelles : mobilier, automobiles, ustensiles de cuisine, et le design.

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