Le Xinjiang – nouvelle frontière en chinois – présente, sur un territoire grand comme trois fois la France, tous les paysages de l’Asie centrale, mais en plus accentué. Les vestiges de sa turbulente histoire et des chemins de la Soie y sont superbes.

Carte d’identité du Xinjiang

Nom officiel : Région autonome ouighoure du Xinjiang
Situation : A l’est de l’Asie centrale et à l’ouest de la Chine entre Inde, Pakistan, Afghanistan, Tadjikistan, Kirghizstan, Kazakhstan, Russie, Mongolie et les provinces du Gansu, du Qinghai et du Tibet
Superficie : 1 660 400 km2
Population : 22 000 000 d’habitants : Ouighours 43 %, Chinois han 43 %, Kazakhs 7 %
Densité de population : 13,2 habitants par km2
Capitale : Urumqi (Ouroumtchi) 2 300 000 habitants
Nature du régime : Régime communiste
Gouverneur de la province : Nur Bekri
Langues : Chinois mandarin, langues turques (surtout ouighour)
Monnaie : Yuan
Religions : Islam, bouddhisme
PIB par hab. : 2917 dollars
Ressources principales : Coton, pétrole, gaz, soie
Taux de chômage : 10 % (estimation)

Urumqi (Ouroumtchi)

A 3 774 km de Pékin et 1 380 km de Kachgar par voie ferrée.
Ville au monde la plus éloignée de toute mer (2 250 km), Urumqi est la capitale de la « Région autonome ouighoure du Xinjiang », le grand Ouest chinois. Mais Urumqi, à l’image de toute la contrée au nord des Tian-Chan, n’est plus guère une ville ouighoure et musulmane : sa population de 2,3 million d’habitants se compose en majorité de Chinois han qui ont su faire de la cité le principal centre économique de l’Asie centrale.
La mise à l’écart des Ouighours explique en partie les émeutes du 5 au 7 juillet 2009 qui ont fait 197 victimes dans la capitale régionale.
Le Musée ethnographique, surtout consacré aux treize groupes ethniques peuplant le Xinjiang, vient de réouvrir.

Environs d’Urumqi

Le lac Céleste, qui mérite bien son nom, reproduit à 110 km à l’est d’Urumqi un paysage de type kirghize. Au pied du mont Bogda culminant à 5 445 m, il étale ses eaux bleu marine à 2 000 m d’altitude entre deux versants abrupts couverts de sapins des Tian-Chan. Le tour du lac en deux jours avec une nuitée sous yourte kazakhe est conseillé aux amateurs de nature alpestre.

Tourfan (Turfan)

A 190 km au sud-est d’Urumqi.
Cette oasis se situe sur le rebord d’une dépression qui descend à 154 m en dessous du niveau de la mer. La chaleur estivale y est étouffante, mais tout est conçu dans la ville pour la supporter : depuis les « karez » qui transportent l’eau des montagnes sous le sol pour éviter l’évaporation jusqu’aux rues ombragées de treilles pour se défendre du soleil.
La visite de la vallée des Vignes, Putao Gou, mais aussi des karez vous donnera une idée de l’immense effort qu’il fallut déployer pour créer un art de vivre à Tourfan. L’accueil, toujours chaleureux, n’a d’égal que l’excellence de la cuisine qui ajoute aux mets centre-asiatiques une touche chinoise fort bienvenue.

Minaret Emin

Ouvert tlj de l’aube au crépuscule. Entrée payante.
Bâti en 1777, de forme oblongue et haut de 44 m, ce minaret constitue, avec l’élégante mosquée Sugong, le seul monument tourfanais de quelque intérêt. Situé à 4 km à l’est de la ville, il en donne une belle vue intégrée à un paysage splendide. Les environs de l’oasis sont un paradis de l’archéologie.

Suivez le guide !

Fuyez le circuit des charrettes et faites plutôt à pied le tour des fortifications.

Vallée de Bezeklik

A 50 km à l’est de Tourfan. Ouvert tlj de l’aube au crépuscule. Entrée payante.
Même si, dans l’histoire, elles ont souvent été endommagées, les grottes aux Mille Bouddhas recèlent assez de merveilles pour que vous ne soyez pas déçu ! L’itinéraire d’accès traverse les célèbres montagnes de feu dont la luminosité d’un climat sec rehausse encore la polychromie.

Ruines de Gaochang

Ouvert tlj de l’aube au crépuscule. Entrée payante.
On peut les visiter au retour de Bezeklik. Au coucher du soleil, les vestiges fantastiques de cette capitale ouighoure du IXe siècle prennent un relief extraordinaire.
A proximité, les tombes d’Astana (Ouvert tlj de l’aube au crépuscule. Entrée payante) sont justement célèbres pour leurs fresques d’une grande finesse.

Ruines de Jiahoe

A 8 km à l’ouest de Tourfan. Ouvert tlj de l’aube au crépuscule. Entrée payante.
Ces ruines ont constitué une ville de garnison chinoise au IIe siècle. Le site, défendu par de hautes falaises de lœss au confluent de deux rivières, a de la grandeur.

Hiking in XinJiang, China-Kanas 21

Hiking in XinJiang, China-Kanas 21 par: HYLA 2009CC BY-NC-SA 2.0

La Dzoungarie

A environ 100 km au nord-ouest d’Urumqi.

Réserve naturelle du lac Hanas

A 590 km d’Urumqi. Entrée payante.
Le lac Hanas, à 1 370 m d’altitude, et ses environs constituent la plus belle réserve naturelle des monts Altaï. La population est majoritairement kazakhe. Le climat, la faune et la flore se rapprochent du modèle sibérien.
A l’automne, la forêt aux essences variées explose de couleurs éclatantes. L’été assez frais se prête aux randonnées dans une nature encore préservée. Un permis retiré à Bu’erjin, chef-lieu local, est nécessaire pour entrer dans la zone.

Suivez le guide !

Vers la mi-juillet, bergers kazakhs et mongols se rassemblent dans cette région pour la fête du Nadam, illustrée par des courses de chameaux.

Yining

A 490 km d’Almaty.
Yining, également appelée Kouldja, se situe assez près de la frontière kazakhe. Jadis occupée par les Russes et les Soviétiques, cette ville stratégique, verrou de la vallée de l’Ili, fut un des hauts lieux de la confrontation entre la Chine, la Russie, puis l’URSS. Dans les environs, il reste peu de chose de la grande cité des chemins de la Soie Almalig, qui eut la particularité au XIVe siècle d’accueillir – avant de le martyriser – un évêque catholique.
Une vallée voisine abrite 20 000 Xibe, descendants de soldats mandchous qui défendaient la frontière. A 120 km au nord, les abords du superbe lac Saïram se prêtent à des treks dans des paysages baignés d’espace et de limpidité.

La Kachgarie

A environ 400 km au sud-ouest d’Urumqi.
L’immense dépression qui figure au sud des monts Célestes avec en son centre le désert du Taklamakan entouré d’un chapelet d’oasis est encore peuplée par une majorité de musulmans, notamment ouighours. C’est ici, en particulier dans le lacis très complexe de leurs villages, qu’ils essayent de préserver leur culture, leur art de vivre mis à mal par les nouveaux venus chinois.

Kachgar (Kashi)

A 1 495 km au sud-ouest d’Urumqi.

Kachgar, ville emblématique des chemins de la Soie, qui garde de son passé au moins une ambiance, a beaucoup souffert, ces dernières années, de sa rénovation « à la chinoise ». Bon ordre a été mis à l’invraisemblable et si pittoresque capharnaüm du bazar du dimanche… Mais il fait bon chiner dans des venelles où l’on peut réellement trouver, chez les brocanteurs, joailliers et libraires, des antiquités comme nulle part ailleurs en Asie centrale.
Le soir, déguster un tonor kebab, brochette cuite au four, en regardant le spectacle de la rue est un plaisir que l’on fait durer.

Bazar du dimanche

Rue Aizilaiti. Entrée libre.
Si rénové soit-il, il ne faut pas le manquer : ses abords bruissent de l’animation et de la fantaisie de naguère, tandis que la foule bigarrée est toujours au rendez-vous.
Le marché aux bestiaux (Entrée libre), même mis à l’écart, a gardé sa couleur locale avec l’essai des chevaux au galop dans la foule, ses ânes gigantesques, ses maquignons acharnés : ça crie, ça se dispute, ça hurle, ça plaisante !

Mausolée d’Abakh Hodja

Ouvert tlj. Entrée payante.
Datant du XVIIe siècle, ce mausolée aux belles faïences vertes, entouré d’un quartier traditionnel, permet, à proximité du marché aux bestiaux, de retrouver la sérénité centre-asiatique.

Grande Mosquée Id Kah

Entrée libre sous réserve d’une tenue vestimentaire décente.
Cœur de la cité, elle remonte à 1442 et donne l’occasion sous ses aïvanes et dans ses jardins d’observer la foi musulmane et de méditer.

Route du Karakoram

440 km jusqu’au col de Khundjerab.
Au départ de Kachgar, 390 km d’un itinéraire grandiose vous emmènent jusqu’au col routier le plus haut du monde (passe de Khundjerab à 4 800 m). Si vous n’avez pas le visa pakistanais qui vous permet d’accéder à la frontière, vous pourrez au moins vous rendre jusqu’à Tach-Kourgane (3 000 m, deux jours de voyage aller-retour), capitale du district autonome tadjik, où vous visiterez l’antique forteresse. Au minimum, faites l’effort d’atteindre chez les Kirghizes de Chine le lac Karakol (3 850 m) au pied du superbe Moustag Ata (7 546 m), le si bien nommé « Père de la Glace » (un jour de voyage aller-retour).
La chaîne du Karakoram et ses immenses vallées attenantes déploieront devant vous des paysages de montagne parmi les plus purs d’Asie centrale, avec une profusion de yourtes et de troupeaux, notamment de yaks et de chameaux. Vêtues de façon traditionnelle, les femmes tadjikes sont d’un pittoresque extrême. Les Kirghizes, au bord de la route ou du lac Karakol, vendent à bon prix des produits de leur artisanat, souvent plus authentiques qu’au Kirghizstan même.

Suivez le guide !

70 km avant Tach-Kourgane part sur la droite une piste nouvelle qui relie par trois cols à plus de 4 000 m Kachgar à Douchanbé.

Le Taklamakan

Des villes mortes, dévorées par les sables, mais surtout de superbes oasis, jadis traversées par les chemins de la Soie, ceignent le terrible désert du Taklamakan.

Yengisar (Yingjisha)

A 90 km au sud de Kachgar.
Cette localité donne dans le couteau, de toute taille, à des prix fort modestes. Près du bazar, la fabrique de ces ustensiles vaut le coup d’œil.

Yarkand (Shaché)

A 250 km au sud-est de Kachgar.
Cette oasis prestigieuse entoure une vieille ville assez attirante. La mosquée Altyn(Entrée payante) jouxte un cimetière dominé par les carreaux bleus de la mosquée et du mazar (tombeau) Yeti Sultan. Point faible de cette cité : les femmes voilées d’une façon hideuse avec un long châle brun semblable à une serpillière y sont plus nombreuses qu’ailleurs.

Karghilik (Yecheng)

A 340 km au sud-est de Kachgar.
Au carrefour de la route vers le Tibet, cette cité qui fut caravanière possède un quartier ancien autour de la Jama Masjid, mosquée du XVe siècle.

Khotan (Hotan)

A environ 650 km au sud-est de Kachgar.
Elle demeure, avec 100 000 habitants, la capitale ouighoure du Sud. Le bazar du dimanche supplante en pittoresque comme en intérêt le bazar de Kachgar. Au fil de cette oasis, il faut visiter les petites fabriques de soie, par exemple celles du village de Jia. La débrouillardise règne : une roue de vélo sert à embobiner les fils, des pierres suspendues dans un puits tendent la trame, etc.
Dans les ateliers d’orfèvres, d’ébénistes, de tailleurs de jade, l’équipement électrique avoisine un outillage médiéval. Dans le lacis des ruelles où les Han ne se risquent pas, demandez à voir où l’on fabrique tapis ou papier. C’est parfois peu de chose : dans une cour, une vieille dame prend dans un chaudron la pâte de liber de mûrier, l’étale sur un cadre plongé dans un trou d’eau, l’agite pour égoutter, puis met à sécher.
Le résultat est une belle feuille d’un mauve léger. Les bonnes surprises ne manquent pas. Chacun va de sa belle ouvrage, en particulier pour les plafonds cannelés, sculptés, incrustés, peints. Bref, on quitte Khotan réconforté sur la nature humaine et le système économique local !

Keriya (Yutian)

A environ 850 km de Kachgar.
Cette cité présente en son centre la statue pachydermique de Mao serrant la main d’un Ouighour. Mais ce n’est pas la seule curiosité du lieu. En effet, en descendant la rivière de Keriya, on tombe dans le désert sur la petite minorité des 1 200 Kerians qui vivent là complètement isolés en s’adonnant à l’élevage.

Niya (Minfeng)

A environ 1 000 km de Kachgar.
Cette cité est le point de départ, près de la ville morte éponyme, de la très belle route traversant le Taklamakan sur 700 km. Par elle, vous atteindrez Kuqa (Kutché) au nord du désert en un jour. Si vous continuez tout droit en direction de Tchertchen (Qiemo) et de Charklik (Ruoqiang) par les routes 315 puis 218, souvent recouvertes par les sables, vous aurez à effectuer jusqu’à Korla – si on vous y autorise – un voyage très difficile d’au moins une semaine.
Mais vous aurez eu la satisfaction de visiter, en pleine dépression du Lob-Nor, les ruines de Miran (Ier-IXe siècles), de Loulan (Ier-IVe siècles) et de longer le cours du Tarim finissant. Cette région de Ruoqiang qui s’étend sur 202 300 km2 n’est peuplée que de 20 000 âmes !

Kuqa (Kuché)

A 700 km de Minfeng par la Trans-Taklamakan.
Cette cité ancienne présente une profusion extraordinaire de sites bouddhiques pré-islamiques, dont les grottes aux Mille Bouddhas de Kizil, Kumtura et Kizilgaha. Son bazar du vendredi jouit d’une grande renommée.

Aksou

A environ 550 km à l’est de Kachgar.
Cette ville est le point de départ d’une passionnante excursion de 80 km en direction du « Parc des arbres étranges ». A proximité immédiate, non loin de la frontière kirghize, se trouve le mazar (tombeau) de Kumirsatiamu. Cette minuscule oasis arrosée par une eau abondante est envahie par des saules millénaires, géants et rampants. Ce site aussi fantastique que reposant est l’occasion d’un culte chamanique pendant que le mazar voisin suscite la dévotion musulmane : le pèlerinage en est doublement profitable !