Après avoir passé deux semaines magiques dans les Fjords de l’Ouest et du Nord de l’Islande, il fut temps de quitter mon frère qui partait vers l’Est. Moi, mon programme devait m'amener dans un premier temps à rejoindre Reykjavik pour rejoindre le reste de l’équipe de volontaires et prendre le bus. C’était sans compter sur une erreur qui m’aura value une journée de stop épique et six semaines coupée du monde.
Donc, en cette belle journée de juillet, près du magnifique lac Myvatn, je tends mon pouce en direction de Reykjavik. Je suis sereine, il ne pleut pas. Je précise que je me trouve à l’opposé de la capitale. Trois heures s’écoulent sans événement notable, jusqu’à ce qu’un adorable couple me délivre de cet immobilisme forcé.
Quinze kilomètres effectués, j’avance enfin vers ma destination. La suite fut plus rapide, à peine dix minutes d'attente avant que ces deux amis écossais me fassent monter dans leur 4×4 pour me déposer à l’intersection avec la route de Húsavík, où ils devaient se rendre pour récupérer un ami.
C’est là que l’aventure commence. Je les remercie chaleureusement, saute de la voiture, claque la porte, et m'aperçoit que mon téléphone est resté dans leur véhicule… Ils ont hélas déjà démarré, je m’élance à la poursuite du 4×4. En vain, ils ne m’ont même pas vu leur faire de grands signes au milieu de la route.
C’est une scène digne d’un grand blockbuster américain.
Mais je me laisse pas abattre. Toujours en mode agent secret, adrénaline oblige, j'arrête la prochaine voiture pour Húsavík, pensant pouvoir retrouver ce fameux 4×4 rouge et les deux écossais…. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, des 4×4 rouge, il y en a absolument partout !
Ma gentille conductrice islandaise, voyant ma détresse, propose de m'emmener au poste de police le plus proche pour faire une déposition. Sur place, je décris le téléphone, donne mes coordonnées, discute avec la policière et croise les doigts, mais à ce stade, je n'ai plus vraiment d’espoir…. Quelle déception, j’avais acheté ce téléphone une semaine auparavant, et ici, on a pas vraiment le choix, dans tous les cas tu dois braquer une banque pour te l’offrir.
Au moins, cette mésaventure m'aura permis de visiter Húsavík. La ville valait vraiment le détour. Je tends à nouveau mon pouce, espérant qu'un nouveau conducteur puisse me déposer à Akureyri puis Reykjavik. À 21h 30 (partie à 8h le matin), j’arrive enfin au camping, conduite par l’ambassadeur islandais au Japon et sa bande d'amis... tout arrive en Islande !
Impossible donc de contacter l’équipe de bénévoles déjà présente au camping. Je m'installe dans la salle commune et emprunte un des ordinateurs à disposition. Mais impossible de consulter mes e-mail car maintenant, sécurité oblige, il faut valider un code sur son téléphone pour authentifier de nouvelles connexions… J’essaye alors de me connecter à Facebook, et là un message inattendu de ma mère : « Appelle-moi, je m’inquiète, j’ai reçu un appel de ton téléphone en anglais, il a été retrouvé au bord de la route à Godafoss … » Quoi mon téléphone perdu dans une voiture à Myvatn se paye une visite des superbes chutes d’eau de Godafoss en solo ! Je suis presque jalouse ! Et je n’aurai jamais l’explication du pourquoi du comment.
Le camping me permet alors d'appeler ma mère pour la rassurer, et je lui donne les coordonnées de la gentille policière pour la contacter. Elle passera chercher le téléphone au restaurant à côté et l’enverra à l’ambassade de France à Reykjavik. Par contre, le lendemain matin tôt, je dois prendre le bus pour Thorsmörk et ne reviendrais que dans six semaines…. Tant pis pour les six semaines, après tout ce ne sera pas plus mal, mais impossible de contacter les autres membres de l’équipe.
Fort heureusement la chance ne s’arrête pas là. Dans la salle commune, j’aperçois Nina à l'enregistrement. Il s'agit d'une autre bénévole, rencontrée deux semaines plus tôt, étant arrivé le même jour en Islande. Sauvée, je ne suis plus perdue. Nous plantons nos tentes ensemble, prêtes à partir pour la deuxième grande aventure du séjour.
Six semaines passent donc, en pleine nature, sans email, sans messages, sans réseau, sans rechargement, juste la nature et les copains. Sans téléphone, on se relaxe clairement, on évacue tous ses problèmes, c'est la liberté !
Ce n'est qu'à mon retour à Reykjavik que j’ai enfin pu me rendre à l’ambassade et miracle, le téléphone récupéré est bien le mien. Il en aura vu du pays lui aussi.
La carte mémoire manque à l'appel, il est certes un peu cabossé car le voyage ne fut pas un long fleuve tranquille, mais je suis évidemment très contente de ne pas avoir à en racheter un. Je l’allume : 200 e-mails, 55 messages whatsapp, et des dizaines de textos et autres messages facebook… Retour à la réalité.