Le littoral adriatique : Budva
Alternant près de 70 km de plages de sable et de galets, de pinèdes et de vieilles cités de pierre, la côte monténégrine, de Budva à Ulcinj, est devenue un lieu de villégiature balnéaire très recherché.
Budva et ses environs
Budva
A 60 km au sud-ouest de Podgorica.
Grâce à ses plages nombreuses et variées, à son patrimoine culturel et à son parc hôtelier, Budva est, de loin, la première localité touristique du Monténégro. Au plus fort de l’été, elle devient partiellement victime de son succès lorsque la fréquentation atteint son pic.
Rappel historique
La ville a des origines très anciennes puisque, dès le VIe siècle av. J.-C., elle fut un comptoir grec, probablement muni d’une acropole sur l’actuel site de la citadelle. Sophocle la mentionne dans ses écrits. Au IIe siècle av. J.-C., ce sont les Romains qui assurent leur domination. Le site très favorable de Budva ne cesse d’attirer les convoitises. En 535, elle passe brièvement sous le contrôle de Byzance, connaît des incursions sarrasines – celle de 841 est restée dans les mémoires – puis reconnaît la souveraineté de la dynastie serbe des Nemanjić.
Au XIVe siècle, elle obtient un code juridique d’avant-garde pour l’époque en termes de droit : le statut du roi Dušan, comportant près de 300 alinéas. Au vu de sa position littorale, la ville ne pouvait manquer de connaître de longues fiançailles avec Venise. Les lions ailés que l’on voit gravés dans la pierre en divers endroits en sont un témoignage évident. Aujourd’hui, la ville s’est largement développée en dehors de la cité ancienne, qui n’occupe plus qu’un espace restreint à l’ouest de la baie, et les seuls envahisseurs sont désormais les touristes.
Les visiteurs serbes du temps de la Yougoslavie ont été remplacés par des estivants russes et d’Europe de l’Ouest. Largement détruite par le tremblement de terre de 1979, la vieille ville a été totalement reconstruite. Elle sert d’écrin idéal, chaque été, à un ambitieux festival de théâtre.
Enfants d’Harmonie
Les habitants de Budva en sont convaincus : les fondateurs de leur ville sont Cadmos et Harmonie, deux personnages mythologiques. Le premier est le frère de la belle Europe, enlevée par Zeus. C’est en la recherchant qu’il fonda la ville de Thèbes. Ayant commis l’erreur de tuer le dragon qui gardait le site, il dut, pour faire amende honorable, partir en exil avec sa femme Harmonie, fille d’Aphrodite.
Se dirigeant vers l’Illyrie, il entra dans Budva, qu’il choisit comme nouvelle capitale. Cette arrivée se fit sur un char à bœufs : le nom de la ville dériverait étymologiquement de celui des placides animaux. Fatigué de ses aventures, Cadmos émettra le souhait de devenir un dieu. Lui et son épouse eurent l’honneur d’être immédiatement transformés en serpents, qui firent effectivement l’objet d’un culte dans la région.
Stari Grad (Vieille Ville)
Les murailles entourent de tous côtés la vieille ville. Leur disposition actuelle date du XVIIe siècle : elles ont été élevées après le tremblement de terre de 1667, qui fit s’écrouler les remparts précédents.
Kopnena Vrata (porte de Terre)
A l’origine, la ville fortifiée n’avait que deux portes d’accès dans les remparts : la porte de Terre (Kopnena Vrata) et la porte de Mer (Morska Vrata), qui existent encore. Au-dessus de la première, un lion de Saint-Marc est sculpté dans la pierre, rappelant la longue domination vénitienne, de 1443 à 1797. Les quatre autres portes, qui donnent sur le port de plaisance, ont été percées plus tardivement.
Citadela (citadelle)
Ouvert tlj de 9 h à minuit. Entrée payante.
Elle occupe le point le plus élevé de la ville. Acropole des colons grecs, elle eut ensuite une vocation militaire qui fut renforcée jusqu’à la domination autrichienne dans la première moitié du XIXe siècle, et qui lui a imprimé sa physionomie actuelle. A l’intérieur, elle conserve les vestiges de l’ancienne église Santa Maria in Castello. La citadelle est aujourd’hui le site principal du festival Grad teatr, qui anime la ville en été.
Crkva Santa Marija in Punta (église Sainte-Marie-in-Punta)
A l’ombre de la citadelle, c’est à cet endroit que se situe la partie la plus ancienne des remparts, antérieure à l’an 1000. Construite à l’initiative des bénédictins au IXe siècle, l’église perdit sa vocation sous l’occupation française : l’armée napoléonienne en fit un dépôt de munitions. Juste à côté, la minuscule église Saint-Saba (Crkva Sv. Sava) a fait l’objet de mouvements de balancier : orthodoxe lors de sa fondation en 1141, elle est devenue catholique par la suite avant de revenir dans le giron orthodoxe en 1657.
Crkva Sv. Trojstva (église de la Trinité)
Construite au tout début du XIXe siècle, cette église orthodoxe montre la perte de puissance progressive du culte catholique. Bien située au centre de la place, elle est reconnaissable à sa coupole. Son intérieur contient en particulier une grande iconostase réalisée par le peintre grec Naum Zetiri. Le monument qui fait face à l’église est dédié à un célèbre écrivain et patriote local, Stepan Ljubiša (1824-1878), dont la maison, de l’autre côté de la vieille ville, a été transformée en musée.
Crkva Sv. Ivana (église Saint-Jean)
Presque en face de la précédente, cette église, catholique jusqu’en 1828, a connu diverses transformations depuis le VIIe siècle. Son clocher, qui domine toute la ville ancienne, est une recréation de celui du XIXe siècle. Lorsque les Français occupèrent l’église Santa Marija in Punta, c’est ici que fut porté l’un des trésors les plus chers au cœur des habitants : l’icône de Notre-Dame de Budva, qui s’y trouve encore.
Cette peinture à la détrempe sur panneau, datant du XIIe siècle, est la protectrice de la ville, et a été portée d’innombrables fois en procession dans ses ruelles. Juste à côté de l’église ont été mis au jour les vestiges d’une basilique paléochrétienne du Ve siècle.
Arheoloski Muzej (Musée archéologique)
Petra I Petrovića 11. Ouvert en hiver de 10 h à 20 h (le samedi et le dimanche de 10 h à 17 h), en été de 8 h à 22 h. Fermé le lundi. Entrée payante.
Comme ailleurs, le séisme de 1979 a eu au moins un aspect positif. Il a rendu possible des fouilles archéologiques qui ont jeté une nouvelle lumière sur le passé de Budva. Dans la nécropole à l’ouest de la vieille ville, on a ainsi retrouvé à partir de 1981 des objets divers, témoignant des différentes civilisations qui se sont succédé sur le site.
Ces amphores et cratères, ces bijoux en or, ces broches dans le style de Gnathia (site des Pouilles, sur l’autre rive de l’Adriatique), ces heaumes illyriens en bronze, ces stèles funéraires, ces lacrymatoires d’inspiration romaine sont désormais exposés au musée. Ce passage en revue de l’histoire est complété au premier étage par des pièces beaucoup plus récentes, comme des habits traditionnels du XIXe siècle.
Galerie moderne
Cara Dušana 15. Ouvert de 8 h à 14 h et de 16 h à 19 h. Fermé le dimanche. Entrée libre.
Consacrée à l’art moderne et contemporain, la Galerie présente les œuvres de peintres monténégrins célèbres comme Petar Lubarda ou Edo Murtić. Une collection est consacrée aux artistes naïfs, une autre aux artistes de Budva.
Slovenska Plaža (plage des Slovènes)
Front de mer de la ville moderne.
Cette longue plage de galets de 1 600 m a un nom curieux, plage des Slovènes. Pour la petite histoire, ce seraient les touristes tchèques de l’entre-deux-guerres qui l’auraient ainsi baptisée. Elle est animée par de nombreux bars, qui émettent une musique rythmée et sonore…
Les environs
Sveti Nikola (île Saint-Nicolas)
Face à Budva. Transport payant.
Egalement appelée Školj, c’est la plus grande île de la côte monténégrine. Longue de 2 km, elle protège le littoral des vents du sud-ouest et possède une flore et une faune très riches, comprenant notamment des cerfs et des chevreuils. Dans le cimetière de la petite église Saint-Nicolas auraient été enterrés des croisés, victimes d’une épidémie lors de leur passage en direction de la Terre sainte en 1096.
Plage de Mogren
A 2 km au sud de Budva. Entrée payante sauf pour les clients de l’hôtel Avala.
Invisible depuis la vieille ville, cette jolie plage de sable constitue un agréable but de promenade. On peut y aller à pied par le sentier qui longe l’hôtel Avala à flanc de falaise, sous les pinèdes. Derrière la plage, sur une hauteur, se cachent les ruines de la forteresse du même nom, bâtie par les Autrichiens.
Plage de Jaz
A 5 km au sud-ouest de Budva. Accès libre.
S’étirant sur un bon kilomètre, c’est l’une des plus longues plages du littoral monténégrin. Elle est couverte de galets et possède un espace réservé aux nudistes. Le 9 juillet 2007, elle a accueilli un grand concert des Rolling Stones.
Manastir Podostrog (monastère de Podostrog)
A 2 km au nord-ouest de Budva.
Construit aux XVIIe et XVIIIe siècles au pied de l’imposant mont Ostrog, c’est l’un des plus importants centres monastiques du pays : c’est en effet ici que mourut en 1735 Danilo Ier, le fondateur de la dynastie Petrović-Njegoš. Au siècle suivant, Petar II y séjourna également et y rédigea une partie de son célèbre ouvrage, La Couronne des montagnes. Le monastère possède deux églises sous l’égide de la Vierge de l’Assomption. Dans la plus petite sont visibles des fresques du XVIIe siècle.
Manastir Podlastva (monastère de Podlastva)
A 5 km à l’ouest de Budva.
Placé sur la route de Kotor, cet ensemble monastique date du XIVe siècle. L’église de la Nativité-de-la-Vierge arbore la traditionnelle façade avec petit clocher à trois niches. On y conserve une belle iconostase du milieu du XVIIIe siècle, œuvre de l’un des membres de la dynastie de peintres Dimitrijević-Rafailović, et un cycle defresques remontant au XVe siècle.
Bečići
A 1 km à l’est de Budva.
Son sable très fin lui a valu la célébrité dès les débuts du tourisme balnéaire. En 1937, à Paris, cette plage longue de 2 km recevait un prix international comme étant l’une des plus belles d’Europe. On peut s’y rendre à pied par le sentier qui part de la marina de Budva. En saison, la baignade libre y est impossible : tout l’espace est occupé par des établissements qui font payer chaises longues et parasols.