
Egypte, Louxor, le temple de Karnak, grande salle hypostyle
On peut se rendre à Karnak en calèche ou en vélo, la distance entre le temple de Louxor et celui de Karnak étant de 3 km. Utiliser de préférence la corniche du Nil jusqu’au tournant à droite menant au temple d’Amon. Au retour, visiter les temples de Khonsou et de Mout et traverser le village d’El-Karnak. Ce chemin permet de revenir à Louxor par l’intérieur avant de regagner les bords du Nil.
Le Grand Temple d’Amon-Rê (véritable temple d’empire). Construit par les pharaons de la XIIe dynastie, il fut tellement élargi et embelli par les dynasties suivantes qu’il comprend une multitude de monuments de grand intérêt. Si l’unité en souffre un peu, il a l’avantage de réunir des styles de différentes périodes : les travaux furent exécutés sous presque tous les pharaons du Nouvel Empire, les rois de la dynastie Bubastite, le roi « éthiopien » Taharqa, les dernières dynasties indigènes et enfin les Ptolémées. La grande complexité des bâtiments (à l’apogée de son règne, chaque pharaon consacrait une chapelle supplémentaire à la divinité) est très surprenante ; une visite méthodique des lieux est donc nécessaire afin de ne rien manquer.
La large avenue de sphinx (à têtes de béliers) portant le cartouche de Ramsès II mène au 1er pylône où se trouve l’entrée principale. Un escalier permet d’atteindre le sommet du pylône (accès interdit actuellement) ; très belle vue sur la vallée du Nil et l’ensemble du temple. Si l’on repère les bâtiments sur le plan, on découvre devant soi la Grande cour et le temple de Ramsès III s’étendant sur la droite. Au bout de la Grande cour, on atteint le 2e pylône et l’entrée de la grande salle hypostyle, puis un 3e pylône et un obélisque dans la cour centrale. Un 4e pylône marque le début d’un autre vestibule à colonnes avec l’obélisque de la reine Hatchepsout (vers la gauche). Plus loin, un 5e pylône, des petites chambres, des cours et des chapelles. Enfin, les parties anciennes, le temple de Thoutmôsis et sa grande « salle des fêtes » avec ses chambres et ses chapelles. Sur la droite, parallèlement à cette dernière, le lac sacré en arrière-plan des 7e, 8e, 9e (endommagé) et 10e pylônes que l’on voit sur le côté. C’est d’ailleurs l’ordre à suivre pour la visite.
Le grand pylône ou 1er pylone est une oeuvre très tardive. Sa masse énorme est surprenante (15 m d’épaisseur, 43,5 m de haut et 113 m de long). À l’intérieur à droite, on verra une inscription de l’expédition d’Égypte du général Bonaparte indiquant la latitude et la longitude des principaux monuments d’Égypte.
La grande cour, la plus étendue des cours des temples égyptiens, a une surface de plus de 8 000 m2 (datant de la XXIIe dynastie). Immédiatement à gauche, le temple de Séthi II comprenant trois chapelles dédiées à Mout, Amon et Khonsou. Au milieu de cette cour, une seule colonne (haute de 21 m) subsiste du kiosque autrefois formé de deux rangées de colonnes. À droite, le temple de Ramsès III est en saillie (53 m de long) ; sur les parois de son pylône des scènes représentent le roi assisté par Amon-Rê (à qui le temple est dédié) immolant des captifs. La cour ouverte est entourée de 16 piliers osiriaques le long des murs couverts de bas-reliefs. Au sud, se trouve une salle à colonnes, avec au fond, les sanctuaires de Mout, d’Amon et de Khonsou ainsi que plusieurs chambres. Ce petit temple est un exemple classique de l’architecture religieuse pharaonique ; on le retrouve, dans ses grandes lignes, dans tous les lieux de culte
. Le 2e pylône. Il date probablement d’Horemheb. Devant l’entrée, deux statues de Ramsès II, ainsi qu’un colosse usurpé par Pinedjem. Le pylône est précédé d’une avancée d’Époque ptolémaïque.
La grande salle hypostyle pourrait être tenue pour l’une des merveilles du monde. Ses dimensions gigantesques, la perfection de sa conception et de son exécution suscitent l’émerveillement. Sur sa surface de plus de 5 000 m2 (102 m sur 52 m), 134 colonnes de grès, en 16 rangées, supportaient le toit. Les 12 colonnes de la nef centrale (21 m de haut) ont des chapiteaux de 3,34 m ; elles sont construites avec des tambours superposés, hauts de 1,10 m avec une circonférence de 10 m. Les autres colonnes sur les bas-côtés ont 13 m de haut ; elles supportaient un toit ; les colonnes centrales soutenaient à leur tour le toit de la nef centrale, qui s’élevait à 25 m environ au-dessus du sol. On a dénommé cette salle : « une forêt de colonnes ». Les peintures ont subsisté dans beaucoup d’endroits, en particulier sur les chapiteaux et le bas des énormes architraves. Tous les murs sont décorés de bas-reliefs et d’inscriptions illustrant les rapports des pharaons avec les dieux.
Le 3e pylône est mal conservé ; cependant à gauche on peut voir des représentations de la grande barque d’Amon précédée de la barque royale. Ce pylône date d’Aménophis III. Ses fondations contenaient des monuments plus anciens démontés, entre autres, la « Chapelle Blanche » de Sésostris Ier.
La cour intermédiaire ou cour d’Aménophis III. Quatre obélisques furent élevés entre le 3e et le 4e pylônes. Le seul encore debout (23 m de haut) est de Thoutmôsis Ier. Ces obélisques séparaient les entrées des 3e et 4e pylônes.
Le 4e pylône. Il ne reste qu’une partie de ce monument que l’on doit certainement à Thoutmôsis Ier. Des rois postérieurs et même Alexandre le Grand y ont apporté des modifications.
La salle de Thoutmôsis Ier contenait des piliers osiriaques et deux obélisques érigés par la reine Hatchepsout à l’occasion du jubilé de son avènement au trône. On peut voir au temple de Deir el-Bahari, sur la rive gauche de Thèbes, des reliefs muraux montrant peut-être le transport de ces obélisques et la cérémonie de leur dédicace. Taillés dans le granit rose d’Assouan, ils furent amenés à Thèbes par le Nil. Autrefois ces aiguilles monolithes, dorées au sommet, brillaient au soleil à longue distance. L’un de ces obélisques (près de 30 m) est encore debout, alors que des tronçons du deuxième sont couchés sur le sol près du lac sacré.

Karnak – Grande cour – Colonne de Taharqa
Les 5e et 6e pylônes (de Thoutmôsis Ier et Thoutmôsis III) ainsi que le vestibule qui les sépare ont mal résisté aux ravages du temps. Seules subsistent quelques colonnes et quelques inscriptions (listes géographiques). Derrière le 6e pylône, deux piliers de granit montrent les plantes héraldiques de haute et de Basse Égypte ; c’est le symbole, devant le sanctuaire, de l’union du Nord et du Sud, fondement de l’Empire.
Le sanctuaire des Barques Sacrées en granit est composé de deux chambres et n’est en fait qu’un reposoir des barques sacrées d’Amon d’époque très tardive. Les murs sont couverts à l’intérieur et à l’extérieur de bas-reliefs aux couleurs bien conservées montrant le roi faisant des offrandes, en présence des dieux, ainsi que d’autres cérémonies du culte et le départ de la Barque Sacrée.
Il est intéressant de remarquer sur les murs des chambres autour du sanctuaire que toutes les images d’Hatchepsout ont été enlevées ou martelées après sa mort et remplacées par le nom de son neveu Thoutmôsis III. Nous retrouvons souvent ces oblitérations dans l’ensemble du temple et dans la nécropole de Thèbes. Le vieux temple du Moyen Empire n’existe plus, ni le sanctuaire proprement dit.
La « salle des fêtes » de Thoutmôsis III. Dans le bâtiment principal, trois nefs sont délimitées par deux rangées de colonnes imitant des poteaux de tente ; noter leurs chapiteaux en forme de cloche. 20 colonnes et 32 piliers supportaient le toit. Tout autour, dans les chambres voisines, on voit des représentations d’animaux, de plantes exotiques, ainsi que des représentations rituelles. Ici également on trouvera une « liste royale » (aujourd’hui au Louvre) donnant les noms de 57 rois depuis les époques les plus lointaines jusqu’à la XVIIIe dynastie. Le temple est fermé vers l’est par la porte orientale et un mur de briques en limon du Nil, haut de 19 m. Ce mur qui entoure tous les édifices du temple fut très tardivement construit.
On a franchi maintenant près de 450 m, depuis le 1er pylône. Si on revient sur ses pas jusqu’à la cour centrale, on trouvera sur la gauche une sortie qui mène au lac Sacré. Au coin nord de ce lac se trouve un scarabée de granit d’Aménophis III dédié au soleil.
Le 7e pylône de Thoutmôsis III, à droite, est flanqué de plusieurs statues royales dont certaines atteignent 4 m de haut.
Le 8e pylône a été construit par Thoutmôsis II et Hatchepsout ; noter les bas-reliefs bien conservés, représentant des scènes du culte, contre le mur arrière plusieurs statues, dont un colosse d’Aménophis Ier assis.
Le 9e pylône a été construit avec des blocs d’un sanctuaire d’Akhenaton ; il n’est pas aligné sur les deux précédents, mais fait davantage face au nord. Il est actuellement en cours de restauration.
Le 10e pylône d’Horemheb. Une deuxième avenue de sphinx mal conservés relie ce monument au temple de Mout.
À présent, retourner vers la cour centrale pour faire le tour extérieur de la grande salle hypostyle. Les bas-reliefs racontent l’histoire des guerres de Séthi Ier et de Ramsès II : victoires de Palestine, de Syrie et contre les Hittites. Noter près du massif sud du second pylône un rappel du triomphe de Chechanq sur Roboam, roi de Juda, quand le temple de Salomon à Jérusalem fut pillé.

Egypte, Louxor, le temple de Karnak, colonne du kiosque de Taharqa et colosse de Ramses II
Sur le chemin du retour au 10e pylône visiter à droite le temple de Khonsou, le dieu de la lune et dieu-fils de la triade thébaine. Construit par Ramsès III, les Ramessides, ainsi qu’Hérihor, il est typique du plan traditionnel. Tout près à l’ouest, le temple ptolémaïque et romain d’Opet (déesse-mère d’Osiris).
Du 10e pylône, on peut se rendre au temple de Mout, et de là au temple de Louxor. Chaque année, Amon-Rê était transporté en procession à Louxor, le «Harem du Sud». Karnak était la demeure permanente d’Amon et Louxor une sorte de résidence annexe.
Son et lumière tous les soirs. En français, les mardi, vendredi et dimanche. Prendre un lainage.
En regagnant Louxor par la corniche du Nil, on passe devant le musée de Louxor. Le bâtiment abrite une collection choisie de pièces provenant de Thèbes ou de sa région, présentées selon les normes les plus modernes de la muséographie (ouvert tous les jours de 9 h à 13 h et de 16 h à 21 h en hiver, de 17 h à 22 h en été, entrée payante). Entre autres chefs-d’oeuvre, on admirera les fragments du temple de Thoutmôsis III à Deir el-Bahari, un groupe en albâtre d’Aménophis III avec le dieu-crocodile Sobek de Soumenou, une paroi entièrement constituée de blocs amarniens (talatat) de Karnak. Voir aussi les reliefs de la cour d’entrée.
Non loin de là, le musée de la momification permet de mieux comprendre cette ancienne tradition égyptienne.
Temple de Ramsès III
Ramsès III fera également construire un temple destiné aux barques de la triade thébaine Amon, Mout et Khonsou. Les chapelles reposoirs prendront la place du sanctuaire de cet édifice bâti sur le modèle des grands temples égyptiens. Les reliefs du fronton de l’édifice montrent le roi dans sa posture de vainqueur devant Amon. Il écrase les ennemis de l’Egypte enchaînés. Ce pylône est flanqué de deux colosses royaux. D’une longueur de 60 mètres, le bâtiment comprend une cour entourée, sur trois de ses côtés, d’un péristyle ornée de statues osiriaques du pharaon, un vestibule soutenu par quatre colonnes, une salle hypostyle à huit colonnes et trois chapelles destinées à recevoir les barques sacrées.